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Culture précolombienne

L’évolution de l’art précolombien est retracée au Museo Nacional de arqueología y etnología, de la ville de Guatemala. On y découvre toute la diversité de la culture maya qui est loin de se limiter aux pyramides et aux temples. On décèle dans la production maya des influences olmèques, toltèques et aztèques. L’art maya semble avoir atteint très rapidement sa maturité sans passer par une phase de tâtonnements. Son développement est intimement lié aux avancées exceptionnelles effectuées par cette civilisation dans nombre de domaines : arts et architecture, mais aussi écriture, agriculture, astronomie et mathématiques. L’importance capitale que les Mayas accordaient à la religion et aux rites se ressent dans la multiplicité des objets, tous porteurs d’une dimension spirituelle.

La production d’œuvres artistiques débute autour de 1500 avant notre ère, par la période préclassique qui se prolonge jusqu’à 200 après J.-C. La période la plus prospère de cette civilisation se situe entre 200 et 900 ; la période post-classique s’étale jusqu’au XVe siècle et s’achève brutalement avec les conquêtes espagnoles.

L’art maya est salué comme le plus raffiné de l’Amérique précolombienne. Parmi les sujets qui le caractérisent, les divinités et les scènes religieuses, les hauts dignitaires et les héros. Plus rarement, des scènes de vie quotidienne, des animaux et des motifs ornementaux apparaissent sur les poteries et les objets usuels. La figure humaine, qu’elle représente un dieu ou un mortel, est exécutée avec maîtrise et expressivité. La céramique, souvent des vases funéraires, est illustrée de scènes de l’autre monde ou d’hommages rendus aux guerriers.

Les Mayas ont produit d’innombrables sculptures. En pierre, en stuc et bien sûr, en jade, les statues se dressaient sur une stèle ornée d’incisions figuratives et de hiéroglyphes. Il est probable que le bois ait également été utilisé, bien que peu d’exemples soient parvenus jusqu’à nous. On rencontre également des linteaux en pierre sculptés sur la plupart des constructions. Signalons les linteaux en bois d’une grande finesse des temples du Sitio Arqueológico de Tikal, l’un des sites archéologiques les plus admirés du Guatemala.

Transférées au Musée d’archéologie, les sculptures de la cité de Kaminaljuyù préfigurent la période classique. Seules deux statues funéraires préclassiques ont été laissées sur le site tristement ravagé. A son apogée, entre 400 et 100 av. J.-C., la cité qui comptait des milliers d’habitants renfermait une multitude de temples.

Peinture murale maya

L’art de la fresque était couramment pratiqué par la population maya. Ces peintures mettent en scène des personnages des deux sexes et de tous âges, les offrandes étant un thème prépondérant.

C’est dans un palais du site archéologique La Blanca, dans la province du Petén, au nord du pays, que les archéologues ont mis au jour le première peinture murale à fresque, c’est-à-dire que les pigments ont été dilués et appliqués sur un enduit encore humide, afin de faciliter le dessin. Ce procédé, rarement utilisé par les artistes mayas, est comparable à celui des maîtres italiens de la Renaissance. La scène, dépeinte entre 600-900 après J.-C., est en réalité une peinture historique qui relate une présentation d’offrandes.

Au Guatemala, il n’est pas rare de découvrir des fresques anciennes en rénovant sa maison. A Chajul, une série de peintures de danses cérémonielles a ainsi été retrouvée dans une demeure privée, sous des couches de peinture. Des joueurs de flûte et de tambour accompagnent des danseurs lors d’une procession. La présence de ces peintures d’une grande valeur historique s’explique par le fait que Chajul était jadis l’un des centres de la communauté maya ixil. Datées du XVIe siècle, ces œuvres mayas intègrent des influences européennes. Cela, et le fait qu’elles appartiennent à la sphère privée et non religieuse, les rend d’autant plus précieuses.

Le Centro de Arte Popular à Antigua est spécialisé dans les traditions mayas. Peintures, poteries, objets religieux et sculptures savamment sélectionnés sont présentés dans cette galerie d’art.

Art colonial

De la découverte de l’Amérique au début du XIXe siècle, l'Espagne et le Portugal imposent leur religion mais aussi leurs coutumes sur le continent sud-américain. Des villes sont bâties sur les ruines des civilisations précolombiennes. Dans le domaine artistique, les modèles européens sont assimilés par les populations locales. Cette période, dont les débuts coïncident avec la Renaissance en Europe, est imprégnée de modèles de l’Antiquité et de la longue tradition d’art religieux occidental. L’évangélisation se traduit par des propositions esthétiques hybrides. Le patrimoine religieux de l’époque coloniale est mis en valeur au Museo de Arte Colonial d’Antigua. Sculptures, peintures et le mobilier sont fortement marqués par les codes du baroque espagnol. La sculpture en bois polychrome a recours à l’iconographie chrétienne. Au Guatemala sont produites des sculptures d’une grande expressivité, aux détails réalistes richement soulignés. La spiritualité des expressions se teinte parfois de sensualité. La figure humaine s’enrichit d’une expressivité qui ne peut qu’émouvoir. Les représentations de la Sainte-Vierge expriment une douleur intense comme on peut le constater dans les édifices du Guatemala. L’église coloniale de San Andrés Xequl présente une façade baroque polychrome, à dominante jaune, pour le moins chargée. Richement ornée de statues et de peintures, il est impossible de la manquer.

Francisco Cabrera

Considéré comme le portraitiste le plus influent d’Amérique latine, Francisco Cabrera (1781-1845) est le premier artiste guatémaltèque à se démarquer à titre individuel. Né et mort à Guatemala Ciudad, Cabrera se distingue tout d’abord dans le domaine de la gravure de miniatures. Formé dès l'âge de 13 ans à la Maison des monnaies de Pedro Garci Aguirre, sa maîtrise technique lui permet d'accéder au poste de maître correcteur de l'Académie royale de dessin du Guatemala en 1797. Il laisse de nombreuses miniatures de personnalités de son époque ou des blasons (celui du Collège des avocats est considéré comme une de ses pièces maîtresses), mais meurt dans la misère. Son talent ne sera reconnu que tardivement.

Art moderne

La peinture du pays peine à se faire connaître en dehors de ses frontières. Au Museo Nacional de Arte Moderno Carlos Mérida de la capitale, on peut découvrir quelques créations artistiques d'avant-garde, un art nationaliste datant de la période révolutionnaire des années 1950 ou encore des œuvres postmodernes.

Carlos Mérida (1891-1985), peintre et muraliste né dans la ville de Guatemala ose une approche à la croisée du modernisme et des traditions sud-américaines. Figuratif, surréaliste, cubiste, son parcours couvre divers styles. Rattaché au muralisme mexicain, il privilégie les formes géométriques à la figuration narrative. Dans ses œuvres murales, Mérida intègre dès les années 1950 des mosaïques de verre et de céramique. Il réalise de vastes compositions à Mexico, dont la plus grande, réalisée pour le complexe de Benito Juarez a été détruite par le tremblement de terre de 1985. D’origine métissée, il défend toute sa vie le peuple quiché. Mérida étudie la musique dès son plus jeune âge, avant qu’un problème d’audition ne l’amène à se réorienter vers la peinture. Encore étudiant, il rejoint l’avant-garde locale et part découvrir les Etats-Unis, l’Europe puis le Mexique où il terminera ses jours. A Paris, il fait la connaissance de Modigliani, Picasso et Mondrian. En 1915, il retourne au Guatemala et prépare une exposition au bâtiment Rosenthal, perçue comme la naissance de la peinture moderne dans son pays.

Au Guatemala, il réalise quelques œuvres monumentales dont, au Palacio municipal de Guatemala, la mosaïque géométrique Canto a la raza ; Glorificación de Quetzal à la Chancellerie du Guatemala. Primé à la Biennale de São Paulo en 1957, il reçoit ensuite l’ordre du Quetzal dans son pays d’origine. Ses œuvres ont rejoint les plus grands musées du monde.

Autre personnalité marquante du XXe siècle, Jacobo Rodríguez Padilla (1922-2014) est le fils du peintre Rafaël Rodriguez Padilla, fondateur de l'École des Beaux-Arts du Guatemala. Son père, qui prend part au complot visant le dictateur en place, est assassiné en 1929. Jacobo devient un peintre, muraliste et sculpteur engagé. Il fonde avec quelques écrivains guatémaltèques, dont Augusto Monterroso, le groupe Saker-Ti (« Aurore ») en 1947 afin de soutenir le retour à la démocratie et de dynamiser la scène culturelle. Padilla monte alors l’une des seules galeries d’art de cette période. Considérée comme un groupuscule communiste, Saker-Ti ne survivra pas au renversement du président Arbenz, fomenté par les Etats-Unis en 1954. Jacobo Rodríguez Padilla, contraint à l'exil, partage ensuite sa vie entre le Mexique et la France, où il réside jusqu'à sa mort en 2014. Il produit une œuvre à la fois légère et profonde. Ses sculptures en pierre ne sont pas sans rappeler ses origines. Le cinéaste salvadorien Guillermo Escalón lui a consacré en 2008 un documentaire, parfait pour se familiariser avec son univers aux accents nostalgiques.

Art contemporain

Les motifs traditionnels sont perpétués par des artistes tels que Arturo Martínez de tendance naturaliste, Carmen Lind Pettersen, et ses aquarelles aux couleurs locales ou encore Nan Cuz, et ses interprétations mystiques. Dans les années 1980, un courant détache l’art de son passé en même temps que les conflits armés s’apaisent. La jeune génération revisite les courants avant-gardistes occidentaux (pop art, happening, land art, photographie, art conceptuel entre autres).

De nos jours, les talents se multiplient. Le photographe Eny Roland Hernandez montre un univers satirique entre religion et politique. A la manière de JR, il recouvre les murs de la ville de ses photographies imprimées puis reconstituées. Le sculpteur Luis Fernando Ponce détourne des objets pour composer des tableaux décalés d’une apparente naïveté. L’autodidacte Erick Menchu fonde le collectif la Torana en 2006, ouvert à toutes les individualités. Rudy Cotton se fait connaître par des affiches de film qu’il dessine pour le cinéma de son village. La peintre Michelle Wagner sonde la psychologie de ses modèles dans des toiles entre hyperréalisme et expressionnisme abstrait.

Où découvrir ces artistes ? Pourquoi pas dans les galeries d'art et espaces culturels d’Antigua. La Antigua Art Gallery promeut la variété de l’art du Guatemala, portée par Hugo Gonzales Ayala, Dulce Gonzalez ou Cesar Barrios. Des sculptures en plein air complètent les salles. Depuis 1993, El Sitio Cultural présente la jeune scène guatémaltèque autour d’une variété d’événements. Tenue par l’artiste néo-figurative éponyme, Maria Eskenasy Fine Art accueille les visiteurs dans un jardin tropical. Reconnue comme une artiste phare, Maria Eskenasy hisse le Guatemala sur la scène internationale.