Culture autochtone
Bien avant l’arrivée des explorateurs, les peuples autochtones pratiquaient un art de la peinture, très éloigné des codes européens. Les principaux supports étaient alors le corps humain, les céramiques de même que les murs des grottes. Les natifs du Brésil ont prolongé la peinture corporelle et la céramique décorée jusqu’à nos jours.
Les œuvres rupestres montrent une majorité de scènes de chasse, dont certaines datent de la préhistoire. Ces représentations répondaient à des fonctions rituelles et étaient probablement dotées de pouvoirs magiques destinés à favoriser la chasse. Les plus anciennes peintures pariétales, datées à 32 000 ans, se situent dans le Parc national de la Serra de Capivara. Par la suite, la période coloniale a totalement ignoré ces traditions picturales.
Vers le baroque
Des artistes accompagnaient les premiers explorateurs pour documenter les découvertes sur ce continent. Aquarellistes et graveurs ont ainsi reproduit la faune et la flore, les paysages ainsi que la vie des autochtones. Au XVIIe siècle, après l'invasion hollandaise dans le Nordeste, des peintres flamands se rendent au Brésil. Frans Post, le plus réputé, réalise une série de tableaux dans la tradition hollandaise des paysages, représentant notamment la faune et la flore de la région. En plus de sa beauté esthétique, son œuvre a valeur de document historique. Plusieurs de ses tableaux sont exposés à l'Instituto Ricardo Brennand à Recife. Au début du XVIIIe siècle, le baroque européen imprègne la peinture brésilienne et se nuance d’influences locales. Les codes de ce style artistique majeur au Brésil, à savoir le sentiment, le drame, le goût de l’opulence le prédisposent à véhiculer le message de l’Eglise catholique. Rares sont les œuvres qui sont signées.
Le romantisme
Les Français sont les inspirateurs d'une peinture brésilienne académique romantique, où l'exubérance de la nature et la lumière ont une place prépondérante. Ainsi la « mission artistique française » fait venir des peintres sous la houlette de Joaquim Lebreton en 1816, notamment Nicolas-Antoine Taunay, Jean-Baptiste Debret ou François-René Moreaux. En grand amateur d'art, l'empereur Don João VI est à l'origine de cette initiative à son retour du Portugal, mais il se heurte aux partisans de la tradition baroque. Cette nouvelle Academia Imperial de Belas Artes (AIBA) créée en 1826 à Rio fait émerger dans la deuxième moitié du XIXe siècle une scène picturale propre au pays. Des artistes talentueux comme Victor Meirelles (Panorama de Rio, 1890) ou Pedro Americo (Batalha de Avai, 1879) forment une solide collection.
La Pinacoteca de São Paulo réunit l’art brésilien du XIXe siècle et du XXe siècle dans toute sa variété. Peintures, sculptures, photographies ou gravures, on trouve des artistes paulistes, comme Almeida Júnior, Pedro Alexandrino et Oscar Pereira da Silva ainsi que des bronzes de Rodin. Le Museu Nacional de Belas Artes de Rio abrite la plus grande collection d’art brésilien du XIXe siècle.
Le modernisme
Au début du XXe siècle, São Paulo acquiert une place prépondérante grâce à l’émergence d’une classe aisée. Un esprit cosmopolite souffle sur la ville. La vague moderniste touche les artistes brésiliens dans les années 1920. Ses principaux représentants sont Lasar Segall (d’origine lituanienne) et le Carioca Emiliano Di Cavalcanti, célèbre pour ses peintures de métisses.
Le modernisme brésilien est un mouvement clé de la culture artistique du pays. Dans l’Europe d’avant-guerre, les courants d’avant-garde tels le futurisme, le dadaïsme ou le cubisme secouent la scène artistique. Les Brésiliens ne se contentent pas de copier ces courants, ils veulent s’appuyer sur des éléments de leur propre culture. Une véritable rupture pour l’époque. Le modernisme brésilien se nourrit des influences étrangères afin de les arranger à sa sauce. Les arts plastiques et la littérature sont les principaux champs d’expression modernistes. Dans l’œuvre du peintre Anita Malfatti et du sculpteur Victor Brecheret, précurseurs du mouvement, on verra la manifestation des valeurs expressionnistes. Tarsila do Amaral et Vincente do Rego Monteiro, tous deux peintres, puiseront dans le courant cubo-futuriste.
A l’effervescence culturelle de São Paulo s’oppose l’ambiance plus traditionnelle de Rio. La Semana de Arte Moderna, ou Semana de 22 (1922), pensée par le peintre Di Cavalcanti et qui se tint dans le Théâtre municipal de São Paulo, marque le début du modernisme. Les artistes de la première phase du mouvement A Primeira Geração (La première génération) développent un art expérimental, selon le projet des écrivains Mario et Oswald de Andrade. Cette première phase, plus radicale, brise les mœurs de la société. La deuxième et la troisième phase, dites postmodernes, exercent leur influence sur le mouvement jusque dans les années 1960. Ainsi, Candido Portinari (1903-1962) s’est avéré être un peintre néoréaliste prolifique (plus de 5 000 œuvres). L’universalité de son œuvre lui a valu plusieurs commandes, parmi lesquelles les peintures murales du siège des Nations unies à New York.
La première Biennale de São Paulo a lieu en 1951. L’art abstrait et l’avant-garde bénéficient enfin d’une large plateforme de diffusion. L’événement est déterminant pour l’évolution de la peinture brésilienne.
L'art contemporain
L’année 1984 marque le retour officiel de la peinture avec l’exposition Onde está você, geração 80 ? (Où êtes-vous, génération des années 1980 ?). Elle réunit à Rio de Janeiro 123 artistes, débutants pour la plupart, qui proposent à eux tous un regard renouvelé sur la peinture.
Le MAC, le musée d'art contemporain de Rio, situé à Niteroi, compte une riche collection d'artistes brésiliens contemporains. Un nouveau musée, le Museu de arte do Rio (MAR), propose des collections temporaires d'art contemporain et de photographie. Près de Belo Horizonte, les passionnés d'art contemporain se rendront dans le magnifique parc d'Inhotim. Voici une sélection de figures de l’art contemporain :
Hélio Oiticica, peintre et sculpteur, il est le pionnier de l’art concret au Brésil. Oiticica disparaît à 43 ans en 1980, mais laisse une œuvre importante, respectée par la critique internationale.
Romero Britto, né à Recife en 1963, représente le pop art. Inspiré par les maîtres modernes, il utilise nombre de couleurs et de thématiques populaires dans ses travaux. L'artiste signe aussi une collection d'objets du quotidien.
Os Gêmeos, ou les jumeaux de São Paulo Gustavo et Otavio Pandolfo sont aujourd’hui une référence dans le monde du graffiti. Avec leurs personnages jaunes et leur univers poétique et coloré, ils construisent un monde onirique, mais pas moins critique de la réalité.
Street art à Rio
Les Brésiliens différencient le tag ou « pichação », perçu comme un acte de rébellion, du « grafite » qui relève d’une démarche artistique. Depuis 2009, le gouvernement brésilien a légalisé la pratique du street art à condition d’obtenir l’accord du propriétaire. Encore plus à Rio de Janeiro qu’ailleurs, l’art des rues explose littéralement, et dévoile sa belle diversité à la vue de tous. Il est le moyen d’expression qui clame les valeurs populaires et témoigne des opinions en cours. Quel que soit son message, l’œuvre murale reste colorée et passionnée. Cependant, les actions se multiplient en faveur d’un art réfléchi et de qualité. Les plus significatives sont les festivals d’art de rue qui rassemblent des artistes du monde entier.
En explorant les rues de Rio, restez à l’affût de ce florilège de grandes signatures brésiliennes. Rafaela Monteiro aka Rafa Mon arrive tout droit de l’univers de la mode. On reconnaît ses fresques à leur tonalité onirique et poétique. Mondialement connu, Eduardo Kobra exprime son art dans des fresques monumentales à tendance réaliste. Originaire de la banlieue de São Paulo, il ajoute à ses compositions colorées des jeux kaléidoscopiques qui font sa renommée. En plus d’exposer à Paris, en Espagne et en Argentine, Marcelo Eco disperse des œuvres dans toute la ville de Rio. Il aime reproduire dans un style graphique le portrait d’un moustachu au menton en pointe, qui serait peut-être Salvador Dali. En tout cas, on le retrouve partout dans Rio de Janeiro, sous diverses formes, et plus particulièrement sur l’Avenida Nossa Senhora de Copacabana.
Partout, mais où ? A Rio, les murs du Jardin botanique et du métro sont connus pour leurs fresques. Pour guider une balade dans la ville, voici d’autres pistes. La fresque du tramway dans Santa Teresa rappelle la place qu’occupait autrefois ce moyen de locomotion dans la vie quotidienne des habitants. « Le bondinho » a été fermé en 2011 après deux accidents dramatiques. Le quartier de Botafogo est non seulement riche en street art, mais il réunit les artistes attachés à la forme plus qu’au fond. Ici, loin des messages politiques et de rappels à la réalité, une abondance de pépites colorées embellit l’environnement urbain juste pour le plaisir. A l’opposé, les œuvres du Centro revendiquent le souvenir d’événements historiques, de la vie rurale à l’esclavage. C’est ici que se trouve la plus grande peinture murale du monde : Eduardo Kobra a réalisé dans le centre une commande à l’occasion des J.O. sur le thème des tribus indigènes et des cinq continents. Reconnue au Guinness Book ! Dans le quartier chic et branché d’Ipanema, le graffeur anonyme Oraculo Project répand l’amour à travers des messages au pochoir disséminés sur le sol. En anglais et en portugais. Le même artiste colore des troncs d’arbre en rouge pour sensibiliser à la destruction des forêts.