3000 avant JC

Le pays de Magan

Dès le troisième millénaire av. J.-C., des populations anciennes vivent sur le territoire omanais du commerce des minerais, plus particulièrement de celui du cuivre qu’elles exportent vers tous les pays du Golfe. Les plus importantes mines de cuivre se trouvent alors près de Sohar, au nord, et dans la région de la Sharqiyah. Le cuivre est extrait puis transformé en lingots de quelques centimètres, pour être ensuite acheminé soit par voie terrestre, à dos de dromadaire, vers Umm al-Naar (Abu Dhabi) et Dilum (Bahreïn), soit par voie maritime vers Sumer (Irak), ainsi qu’en Mésopotamie et dans la vallée de l’Indus (Inde). On échange le minerai contre de l’orge et des tissus. Les marins omanais sont d’excellents navigateurs, parmi les premiers à utiliser les étoiles pour calculer leur position et à se servir du vent et des courants générés par les moussons pour optimiser leur navigation. Leurs bateaux sont faits en faisceaux de roseaux, calfeutrés au bitume. La lecture de tablettes sumériennes révèle l’existence d’un État appelé Magan, « la montagne de cuivre », qui correspondrait à l’émirat d’Abu Dhabi et au Sultanat d’Oman. Cette période de l’histoire est aussi marquée par le commerce de l’encens qui est à cette époque une denrée prisée de toutes les civilisations. Sumériens, Égyptiens, Grecs et Romains l’utilisent en grandes quantités pour leurs rituels religieux et comme maquillage, parfum ou remède thérapeutique. Le boswellia sacra, arbre dont est extrait l’encens le plus précieux du monde, pousse, comme c’est le cas encore aujourd’hui, dans la région du Dhofar au sud du Sultanat. À l’époque ancienne, la résine est chargée dans les ports de Sumhuram et Taqah, et transportée vers Tarim (au Yémen) et le reste du monde. En parallèle le pays commerce également avec l’Inde et pratique essentiellement l’échange de chevaux et d’épices.

De 536 avant JC au milieu du VIIe siècle après JC

La domination perse

Victime de son développement et de sa position stratégique au carrefour de l’Afrique et de l’Asie, Oman attire plus d’un conquérant. Le fondateur de la dynastie perse achéménide, Cyrus le Grand, se saisit du pays en 536 av. J.-C. Il occupe tout d’abord Sohar et baptise Oman du nom de « Mazoon ». Les Arabes d’Oman se réfugient alors à l’intérieur du pays et sur la côte située au sud de Mascate. Au milieu du Ve siècle apr. J.-C., la tribu arabe des Azd, menée par Malik ibn-Fahm, arrive par le sud et s’installe dans la région de Sharqiyah, prenant Qalhat pour capitale. Puis elle s’empare de Sohar et expulse les Perses du pays en 640. La domination perse laisse néanmoins ses empreintes sur le territoire : elle influence considérablement l’art local et apporte un précieux savoir-faire en matière d’agriculture.

640

L’arrivée de l’Islam

L’impulsion est donnée par Amer Ibn al Aas, qui arrive à Oman en 630 apr. J.-C., porteur d’une lettre du Prophète destinée à Abed et Jaifar, les deux fils de Julanda bin al Mustakbir qui régnent ensemble sur le pays. Oman est ainsi l’une des premières nations de la péninsule à embrasser l’islam, et ce du vivant de Mahomet. À la mort de celui-ci en 632, suite au schisme entre sunnites et chiites, Oman est l’un des rares pays à emprunter la voie médiane du kharidjisme (mouvement dissident qui ne souhaitait rejoindre aucun des deux camps) et plus particulièrement sa branche la plus pacifique : l’ibadisme. Le premier imamat d’Oman naît de cette volonté de créer un État musulman pur et parfait. Le tout premier imam ibadite, Julanda bin Massoud, est élu à Nizwa en 751 apr. J.-C., mais trouve la mort dans un combat. Ce n’est qu’en 801 que Warith bin Kaab est élu à son tour. Durant cette période, le commerce prospère et l’économie connaît un essor sans précédent, notamment sous l’influence d’Abu Ubaida bin Abdullah qui ouvre, en 750 apr. J.-C., la première route vers la Chine. Encens, cuivre, chevaux, dattes et épices circulent par les ports de la région de la Batinah et du Dhofar. Les marins arabes mettent en place une série de comptoirs qui s’étendent de l’actuelle Afrique du Sud jusqu’à l’Érythrée. C’est à cette époque que le port de Sohar connaît sa plus grande activité, en devenant un incontournable carrefour maritime où se ravitailler en eau et nourriture.

De 971 au XVIe siècle

La période des invasions puis de la domination Nabhânide

La prospérité de Sohar dure jusqu’en 971, année où les Perses envahissent la ville et la détruisent. La période qui suit est marquée par une succession d’invasions et de domination étrangère jusqu’à la suprématie de la dynastie omanaise des Nabhânides, au pouvoir de 1154 à 1570. Durant cette période, Oman s’établit comme une nation prospère, d’où des dhows partent en permanence du grand port de Sohar (reconstruit et de nouveau très actif) pour commercer avec les négociants voisins : une manne pour les marins ! À cette époque, Sohar est probablement l’une des villes les plus importantes du monde arabe…

A partir de 1507

La mainmise portugaise

Au début du XVIe siècle, après la découverte du Cap de Bonne-Espérance par Vasco de Gama et ses marins en route pour les Indes, les Portugais accostent à Oman. Dès 1507, ils occupent les ports et les sites stratégiques du pays. En 1514, Alfonso de Alburquerque (Gouverneur des Indes portugaises de 1509 à 1515, et aussi militaire et explorateur de renom) s’empare du détroit d’Ormuz pour en faire une base militaire. Mascate est plus difficile à prendre, car plusieurs nations (comme les Perses, les Turcs et d’autres Européens) convoitent cet emplacement stratégique. Les Portugais parviennent néanmoins à la soumettre en 1515 et s’assurent le contrôle d’une vaste partie des côtes omanaises, sans toutefois prendre possession de l’intérieur des terres où sévit une forte résistance nationale. Pendant cette occupation, ils fortifient tous les ports afin de se prémunir des rébellions internes et de la menace turque, dominante dans la région.

1624

La libération du joug portugais

Oman doit sa libération à l’imam de Rustaq, Nasser bin Murshid, qui marque le début de l’ère Yaruba en prenant le pouvoir en 1624. Celui-ci comprend que le pays doit s’unir pour chasser l’occupant et entreprend plusieurs voyages à travers le territoire pour fédérer les différentes populations sous son autorité unique. Il constitue une flotte puissante et libère le port de Sohar en 1643, ainsi que quelques villes côtières. Mascate et Mutrah résistent jusqu’après sa mort et sont finalement reprises en 1649 par son successeur, le Sultan bin Saif qui met un point final à 150 années d’occupation portugaise. Ce dernier, de la dynastie des Yaruba comme son prédécesseur, continue le travail d’unification du pays initié par Nasser bin Murshid.

De 1650 au début du XVIIIe siècle

Les années de prospérité sous la dynastie Ya’aruba

S’ensuit une période de prospérité et de développement outre-mer, vers l’Afrique (Mogadiscio, Mombassa, Zanzibar) et l’Inde, que favorisent la performance et la qualité de la flotte omanaise. Du statut de dominés, les Omanais passent à celui de colonisateurs, et établissent des comptoirs d’épices et d’esclaves de l’est de l’Afrique (Zanzibar surtout) jusqu’au Bahreïn et Pakistan. C’est au cours de cette même période que sont bâtis la plupart des forts, tels ceux de Nizwa, Jabrin, Rustaq et Al-Hazm.

De 1737 à 1744

L’occupation perse

En 1718, la mort de Sultan bin Saif II, le sultan de l’époque, met cependant fin à cette ère de croissance. Avec le problème de la succession, des guerres civiles éclatent un peu partout dans le pays et les Perses réinvestissent une grande partie du territoire à partir de Sohar dès 1737. Ils l’occupent jusqu’en 1744, année de l’accession au pouvoir d’Ahmed bin Said dont la première action marquante consiste à chasser définitivement l’ennemi perse du sol omanais.

De 1744 à 1806

La dynastie des Bu Said

Élu imam de Rustaq, Ahmed bin Said, ancien gouverneur de Sohar connu pour sa sagesse et sa valeur, redonne au territoire sa force et son unité, et s’élève au rang d’imam d’Oman en 1747. Il fonde la dynastie des Bu Said, actuellement toujours au pouvoir, établit sa capitale à Mascate qui devient une ville puissante, et règne jusqu’à sa mort en 1783, date à laquelle son fils le Sultan Bin Ahmad lui succède. En 1789 (1798 ?), Oman signe un traité de commerce et de navigation avec l’Angleterre, désireuse de contrôler cette partie du globe et notamment la route des Indes et d'y stopper toute initiative étrangère. Ce privilège fait plus d’un envieux et, en 1800, des pirates envahissent le nord du pays avec des wahhabites, membres d’une secte islamique d’Arabie centrale.

De 1806 à 1856

Le règne prospère de Said Bin Sultan

C’est alors que se révèle une grande figure de l’histoire d’Oman, Said bin Sultan, fils de Said Badr bin Saif qui a trouvé la mort dans la bataille. Said bin Sultan met fin à l’invasion et prend le pouvoir en 1806. Son règne, qui dure jusqu’en 1856, est synonyme de croissance et d’expansion. Oman devient l’épicentre d’un vaste empire colonial qui s’étend de la Perse jusqu’à la côte est africaine et accorde une place toute particulière à l’île de Zanzibar qui devient la deuxième capitale d’Oman de 1831 à 1856. Carrefour commercial entre l’Afrique, l’Asie et le Golfe, Zanzibar booste l’économie omanaise grâce aux négoces de pierres précieuses et d'épices des Indes, soieries, porcelaines et laque de Chine, or et ivoire d'Afrique australe, verreries, armures, tissus, parfums, encens, chevaux et perles du Moyen-Orient, sans oublier un important trafic d'esclaves. De nombreux traités sont signés avec des nations étrangères, telles que le Japon et la Chine, et des ambassadeurs sont envoyés en visite officielle auprès des grandes puissances européennes et des États-Unis.

Mi XIXe siècle

Le début du déclin et la mise en place du protectorat britannique

À la mort de Said bin Sultan, le pays est divisé entre ses deux fils : l’un se voit attribuer le royaume de Zanzibar, l’autre celui de Mascate-et-Oman. Ce partage inégal provoque l’intervention de la communauté internationale et se solde par l’accès à l’indépendance du sultanat de Zanzibar et la perte parallèle de ses possessions africaines pour Oman en 1861. L’abolition de l’esclavage provoque également un déclin économique qui est alourdi par d’autres facteurs négatifs comme l’ouverture du canal de Suez en 1860 et l’arrivée du bateau à vapeur en 1869 qui rend obsolète la flotte des voiliers omanais. En 1891, tout en conservant nominalement son indépendance, Oman est placé sous protectorat britannique, statut qui sera maintenu jusqu’en 1970.

XXe siècle

Isolement et dissensions internes

S’ensuit une période de recrudescence des conflits internes entre les deux principaux espaces du pays : Mascate et la zone côtière (appelée Mascate) et l’arrière-pays (appelé Oman). Ces dissensions entraînent un isolement de la nation par rapport au reste du monde. Lorsque le Sultan Taymur bin Faysal monte sur le trône en 1913, les chefs tribaux de l’intérieur lui imposent un nouvel imam, instaurant un double pouvoir dans le pays : Mascate et Nizwa. Cette situation ne prend fin qu’en 1956, sous le gouvernement du Sultan Saïd bin Timour (père de l’actuel sultan, au pouvoir de 1932 à 1970), qui profite de luttes successorales pour affirmer son contrôle et obtenir l’abdication de l’imam de Nizwa. En 1957, le Sultan, aidé des forces britanniques, empêche qu’un nouvel imam ne prenne le pouvoir à Nizwa. La révolte s’achève définitivement en 1959. Dès 1961 cependant, une nouvelle révolte éclate dans le pays, dans le Dhofar cette fois-ci, où des courants indépendantistes (Front Populaire de Libération), soutenus par des troupes du Yémen, entrent en rébellion. Cette situation chaotique dure jusqu’à l’accession au pouvoir de Sa Majesté le Sultan Qabous, en 1970.

De 1970 à 2020

Le renouveau

En 1970, le Sultan Qaboos bin Said destitue son père dont il ne tolère plus le gouvernement isolationniste et despotique. Grâce à l’aide renouvelée des militaires anglais, il met fin à la guerre du Dhofar en 1976 et offre une unité, un drapeau et un nom à son pays : Mascate-et-Oman deviennent le Sultanat d’Oman. Le pays est désormais en marche vers le XXIe siècle. Le plus grand défi du Sultan consiste à faire revenir ses compatriotes au pays en leur offrant une bonne éducation et du travail, afin qu’ils contribuent ensemble au plein développement de la nouvelle nation, notamment grâce à la manne financière croissante procurée par le pétrole. C’est « la Renaissance ». Depuis lors, Oman embrasse les principes du libre-échange et de l’ouverture des marchés, tandis que l’État joue un rôle essentiel dans la planification des programmes de développement dans tous les domaines. Le secteur privé apporte une réelle contribution à l’économie tandis que le programme « d’omanisation » encourage les jeunes à acquérir, par la formation, les compétences qui devraient leur permettre d’accéder aux fonctions jusqu’ici détenues par les expatriés. Les femmes ne sont pas tenues en marge et participent activement à la vie politique et au développement économique du pays. Une même ouverture est pratiquée en politique étrangère, où le sultanat se distingue pour ses principes de non-intervention dans les affaires internes des autres pays, le respect des lois internationales et le renforcement des relations avec toutes les nations. Cette inscription dans la modernité ne se fait pas au détriment des patrimoines et traditions dont la préservation reste le ciment de l’identité nationale.

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Janvier 2020

Une politique de continuité

Nommé au pouvoir en janvier 2020 à la mort du Sultan Qabous, le nouveau Sultan Haïtham bin Tarif s’est engagé à suivre la lignée de son prédécesseur.