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Politique

Le sultan Haitham est le chef de l’État, son autorité suprême et le chef des armées. Il détient les pouvoirs législatif, exécutif et militaire, préside le Conseil des ministres, nomme ou révoque les membres du gouvernement et les juges suprêmes, promulgue les lois, ratifie les traités et accords internationaux, décide du budget de l’État et octroie l’amnistie pour les châtiments. Son action s’appuie sur le Conseil d’Oman. Celui-ci se compose de deux instances, les partis politiques n’existant pas : le Majilis al-Shura (Conseil consultatif) dont les membres sont élus tous les trois ans par les citoyens omanais ; le Majilis al Dawla (Conseil d’État) constitué de membres directement nommés par le Sultan. Le sultanat est divisé en onze gouvernorats, eux-mêmes subdivisés en districts ou wilayat dirigés par des walis.

L’Égypte et la Jordanie, l’Iran et Israël, la Grande-Bretagne et les États-Unis, l’Inde, la Chine et les Émirats, que d’amis différents ! Codifiée par le Sultan Qabous, la politique extérieure d’Oman est fondée sur l’équilibre, une forme de neutralité pluripolaire et des logiques commerciales enchâssées dans une grande histoire afro-indio-océanique. Liée à Washington par des accords militaires qu’illustre la présence d’une base discrète, Mascate est également gardienne d’une relation étroite avec Téhéran, du Shah aux mollahs, à rebours des autres pays du Golfe. On ne choisit pas ses voisins et la géographie commande : Oman au sud et l’Iran au nord contrôlent le détroit d’Ormuz. Observez une carte et vous comprendrez que le sultanat est au bord et non pas dedans, comme une fenêtre vers l’Afrique et l’Asie. Cette position de puissance modeste et pacificatrice donne des libertés, comme celle de recevoir fin 2018 le Premier ministre israélien Netanyahu. Ces choix n’empêchent pas le sultanat d’être parallèlement membre de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique depuis un demi-siècle.

Économie : les enjeux

Privatisation des entreprises publiques, « omanisation » des emplois, diversification sectorielle : la priorité est désormais d’inventer l’après-pétrole en travaillant l’industrie manufacturière, le tourisme, la logistique, les pêches et les mines.

La stratégie économique d’Oman est basée sur des plans quinquennaux qui fixent les objectifs de tous les secteurs gouvernementaux, avec une ferme volonté d’exploiter beaucoup mieux la position stratégique du territoire. Moteur de ces ambitions, la Zone économique spéciale de Duqm planifiée à terme sur 2 000 km² (avec déjà son aéroport, ses hôtels, son pôle logistique, sa raffinerie, ses entrepôts gigantesques, ses frigos à poisson) est comme un pied de nez à Dubaï, l’émirat des free zones, et présente l’avantage géopolitique d’être face au vaste océan hors du piège du Golfe, en eaux libres.

Cette politique de grand développement est d’autant plus nécessaire que l’ombre du chômage pointe à l’horizon (17 % selon l’Organisation Internationale du Travail), en particulier pour les jeunes actifs (50 %). Confronté au « printemps omanais » en 2011, le gouvernement a réagi en créant 50 000 emplois dans la fonction publique, principalement dans l’armée et la police, un vrai poids sur le budget. Le secteur public, qui affiche un taux d’omanisation élevé (84 % contre 13 % dans le secteur privé) n’est plus en mesure d’absorber les 45 000 jeunes qui arrivent sur le marché du travail tous les ans. Certains emplois (comme chauffeur de taxi, de bus, employé de relations publiques dans les entreprises privées) sont exclusivement réservés aux Omanais, exclusivité étendue en 2004 à la vente de prêt-à-porter, textiles et tissus, et à la fabrication de bateaux de pêche.

Les énergies

Découvert dans les années 1920, le pétrole a véritablement commencé à être exploité à la fin des années 1960 avec de premières exportations commerciales en 1967. Une filière en large partie pilotée par Petroleum Development Oman, véritable « Etat dans l’Etat », détenu à 60 % par le gouvernement et à 40 % par des multinationales (Shell 34 %, Total 4 % et Partex 2 %). Les principaux gisements se trouvent dans la partie déserte du pays, à Yibal, Natih et Fahud. L’exploitation des hydrocarbures a largement contribué à faire atteindre son niveau de développement actuel au pays, considéré comme à revenus élevés par la Banque mondiale (PIB de 19 500 USD par habitant). Oman demeure néanmoins un « petit » pays en termes de production avec un maximum de 1 million de barils/j – au 20e rang mondial – vendus à 78 % à la Chine, et des réserves ténues. La société nationale des pétroles se place donc désormais sous l’ombrelle moins carbonée de Energy Development Oman, nouvelle entité de pilotage de toutes les énergies, renouvelables en priorité. De vastes projets se dessinent pour le solaire, tandis que le gaz, découvert en 1991, dans la région d’Al-Wusta, est transformé en GNL à Qalhat près de Sur pour être exporté principalement vers la Corée.

En matière de production d’eau et d’électricité, c’est Oman Power and Water Procurement qui pilote les projets. Concernant l’eau, une croissance moyenne de la demande de +7 % par an d’ici à 2025 est prévue, confirmant les projets de nouvelles usines de dessalement, Ghubrah III, Barka V, Wadi Dayqah, Batinah Nord, Dhofar et Masirah. Côté électricité, les projections de croissance de la demande sont à +5 % par an en moyenne d’ici 2025. Outre deux projets de centrales à gaz, OPWP conduit les projets de centrales solaires de Manah I et Manah II, dont la mise en service est prévue respectivement pour 2023 et 2024. Oman entend désormais se concentrer sur le développement des énergies renouvelables, appelées à constituer 16 % du mix électrique d’ici 2025.

Les minerais

Les Omanais exploitent depuis près de 5 000 ans des mines d’or, d’argent et surtout de cuivre dans la région nord de la Batinah. Le gouvernement attache une grande importance à ce secteur, et encourage le secteur privé omanais et les sociétés étrangères à investir dans ce domaine. De nouveaux relevés géologiques et géophysiques sont entrepris pour identifier les sites contenant du cuivre et de l’or, et des explorations sont constamment en cours.

Le sultanat exploite aussi le sel. La raffinerie de Qurayyat produit annuellement 3 000 tonnes de sel de table et 5 000 tonnes de sel industriel.

Agriculture et pêche

Autosuffisant à 40 %, le sultanat met l’accent sur le développement l’aquaculture, de l’élevage des volailles, des cultures hors sol. Oman est un pays importateur net de certaines denrées alimentaires de base comme les produits laitiers, le riz cuisiné et la viande, tandis que les fruits et légumes sont produits en quantité suffisante. Le pays cultive principalement des dattes et des bananes, ainsi que des citrons verts, du blé, du sorgho et certains légumes de saison comme les tomates ou les pommes de terre. La culture de dattes connaît un regain d’intérêt, représentant plus de 60 % des terres cultivables et 200 variétés recensées. Le secteur privé a été encouragé à investir dans les différentes industries de transformation de dattes et de produits issus des arbres.
Autre produit exporté : la noix de coco. Sur 6 847 tonnes de production annuelle, 1 700 tonnes sont exportées, le reste étant consommé localement. Les cocotiers couvrent 396 ha des terres cultivables du Dhofar. Une usine de production de lait de coco est à l’étude.
Même si son rôle n’est plus aussi prestigieux qu’autrefois, l’encens est toujours apprécié à Oman et commercialisé dans le monde entier. L’oléo-gomme est recueillie sur quelque 8 000 arbres qui poussent à l’état sauvage dans le Dhofar. Le gouvernement prévoit d’en planter 40 000 autres.

Le secteur de la pêche est également de nouveau en plein essor. Plus de 150 espèces de poissons et de crustacés ont été identifiées. Le thon, le mérou, le kingfish et les sardines sont les plus communément consommés localement ou exportés, ainsi que, dans une moindre mesure, les crevettes, les ailerons de requin ou les langoustes. La véritable renaissance de la pêche en tant qu’industrie locale remonte à 1978, au moment de la création du Fonds d’encouragement aux pêcheurs. Ce fonds est en fait une aide financière octroyée pour l’achat de petits bateaux de fibre de verre et de moteurs hors-bord, initiative qui a permis aux communautés de petits pêcheurs de retenter leur chance. Le gouvernement entend investir davantage et moderniser le secteur : des pêcheries ont été mises en place dans le Golfe d’Oman et dans la mer d’Arabie, la flotte s’est dotée de bateaux à moteur puissants pour la pêche à la sardine et au thon, et la pêche à la langouste connaît un essor intéressant dans l’île de Masirah et la région du Dhofar.

Place du tourisme

Fort de ses nombreux atouts, de la stabilité du pays (absence de tout incident terroriste) et riche de promesses, le tourisme fait partie des secteurs clés de la politique de diversification du pays. Les autorités sont conscientes de ce potentiel et se sont lancées dans des plans ambitieux de rénovation du patrimoine culturel et cultuel (forts, musées, mosquées…). Le plan Vision 2040 fait du Sultanat une plateforme régionale des voyages et du tourisme pour faire passer la part dans le PIB à 6 % dans les 20 ans à venir. Avec un objectif de croissance fixé à 7 % par an, le gouvernement encourage les capitaux étrangers directs et une plus grande participation du secteur privé. Le développement des infrastructures de transports, et notamment le nouvel aéroport international de Mascate, participe de l’attractivité du pays. La compagnie nationale Oman Air a d’ailleurs entrepris l’extension de sa flotte et du nombre de ses destinations pour être une ambassadrice efficace des objectifs touristiques les plus ambitieux.

Parallèlement, le gouvernement encourage le développement de plusieurs gros projets, notamment aux lisières nord et sud de Mascate (Al Mouj et Sifah), dans le Dhofar (marina d’Hawana, hôtels et résidences attenantes…), et dans des secteurs plus reculés comme Duqm. Sont aussi favorisés le développement des infrastructures hôtelières et l’implantation des grandes chaînes internationales comme St. Regis ou Mandarin Oriental en plus de celles déjà présentes - Accor, Anantara, Crowne Plaza, Intercontinental, Kempinsky,  Marriott, Millennium, Radisson, Six Senses, The Chedi, etc.

En plus des moyens mis en l’œuvre, le pays déploie des efforts particuliers pour mettre en place des équipes compétentes. Une Académie de Tourisme et d’Accueil d’Oman a été créée dans le but de former de jeunes Omanais aux métiers du tourisme ; la spécialité de guide touristique y est proposée. De plus, les étudiants de l’université Sultan Qaboos de Seeb reçoivent une formation théorique et pratique leur permettant de travailler dans les agences, hôtels ou sur le terrain.