Survol
Fort de plus de 3 millions de kilomètres carrés, le territoire indien présente une assez grande cohésion géographique et géologique si l’on considère sa surface. Il peut être divisé de la façon suivante : les régions de l’Himalaya et ses contreforts au nord et à l’est ; la plaine indo-gangétique qui forme un large bandeau au pied de la chaîne himalayenne ; la zone désertique du Thar au nord-ouest, coincée entre la plaine de l’Indus (Pakistan) et la chaîne des Aravalli (est du Rajasthan) ; le plateau du Deccan au centre encadré par les chaînes des Satpura (nord du Maharashtra), des Ghats occidentaux et des Ghats orientaux ; la bande littorale qui court de Mumbai à Calcutta, frangée par la mer d’Arabie et le golfe du Bengale et les Ghats occidentaux et orientaux. A la plaque continentale s’ajoutent les îles des Lakshadweep (au large du Kerala et dans la continuité des Maldives) et les îles Andaman et Nicobar dans le golfe du Bengale, au large de la Birmanie.
La chaîne de l’Himalaya
Il y a 80 millions d’années, l’Inde était une île qui se trouvait à 6 400 kilomètres au large de l’Asie. La plaque indienne, se déplaçant vers le nord, est entrée en collision avec la plaque eurasienne il y a environ 62 millions d’années. Cette datation a été obtenue en 2020 par une approche pluridisciplinaire mêlant étude stratigraphique, sédimentologique et géochronologique. La plaque indienne continue de progresser de 5 centimètres par an environ, s’enfonçant sous la plaque eurasienne, et provoquant des séismes réguliers de très forte magnitude. La mer qui séparait l’Inde de l’Asie a disparu avec la collision. Mais on en retrouve des indices. Le sommet de l’Everest, qui se situe au Népal, est formé de calcaire marin.
L’Himalaya forme une barrière naturelle impénétrable en forme d’arc, longue de 2 400 kilomètres. Elle sépare le sous-continent indien de l’Asie de l’Est. La chaîne débute au Karakoram, une région aux confins du Pakistan, de l’Inde et de la Chine. Elle s’achève en Assam, au nord-est de l’Inde, où se déverse le Brahmapoutre. Certains géologues rattachent à la chaîne himalayenne ses contreforts occidentaux et orientaux, au Baloutchistan et en Birmanie. Au-delà de ce débat d’experts, l’Himalaya correspond à une formation géologique de trois chaînes parallèles formant un bloc montagneux de 250 à 400 kilomètres de large. La chaîne sub-himalayenne, aussi appelée “collines de Shivalik”, forme la chaîne la plus basse. Elle se dresse au-dessus du plateau indo-gangétique indien. Son élévation moyenne est de 1 200 mètres. La deuxième rangée, qualifiée de « Bas Himalaya », s’élève entre 2 000 et 5 000 mètres. Elle est principalement positionnée en Inde et constitue le relief principal des États et territoires du Jammu-et-Cachemire, du Ladakh, de l’Himachal Pradesh, de l’Uttarakhand, du nord du Bengale-Occidental, du Sikkim et de l’Arunachal Pradesh. La troisième chaîne, ou « Haut Himalaya », est la plus ancienne géologiquement parlant, et la plus haute. Elle abrite 10 des 14 sommets culminant à plus de 8 000 mètres. Parmi ceux-ci, un seul se trouve en Inde, le Kanchenjunga (8 586 m), à cheval entre le sud du Népal et le Sikkim.
La formation géologique de ces trois chaînes diffère et répond à des évènements correspondant à des périodes différentes. La chaîne la plus ancienne est celle du « Haut Himalaya », constituée essentiellement de sédiments marins fossilisés. En rencontrant la plaque eurasienne, la mer de Téthys disparaît. La chaîne du « Bas Himalaya » est, elle, essentiellement constituée de roches cristallines, mais aussi de séries sédimentaires. La chaîne sub-himalayenne présente une géologie formée à l’ère tertiaire. Malgré la proximité de l’Himalaya avec les tropiques, les zones au-dessus de 5 000 mètres sont couvertes de neige toute l’année. La signification du mot himalaya vient d’ailleurs du sanskrit, signifiant « demeure des neiges ». La chaîne de l’Himalaya possède de nombreux glaciers qui versent dans les vallées de plus basse altitude pour former des rivières.
Les plaines fluviales
Les fleuves du Gange et du Brahmapoutre, parmi les plus longs du monde, découlent directement des glaciers de l’Himalaya. Le Gange trouve sa source au pied du glacier Gangotri dans l’Uttarakhand. Le Brahmapoutre, lui, aura traversé le Tibet d’ouest en est, avant de gagner l’Assam, formant ainsi la vallée la plus profonde du monde. Il poursuit sa course à travers le Bangladesh. Les deux fleuves se rejoignent au nord du golfe du Bengale, où ils se jettent, formant le plus vaste delta du monde, les Sundarbans. En y ajoutant la vallée de l’Indus qui se trouve au Pakistan, ces trois fleuves irriguent le plateau indo-gangétique, qui épouse les contours de la chaîne himalayenne. L’élévation peu élevée du terrain, à 350 mètres au-dessus du niveau de la mer, crée l’illusion d’une uniformité géographique. En réalité, la plaine indo-gangétique comprend des zones différentes. Le pied des collines de Shivalik est constitué d’une fine bande de rochers et cailloux impropres à l’agriculture. Juste en dessous, la zone du Tarai forme une ceinture de hautes herbes et de forêts de sal, au sol argileux. Côté Brahmapoutre, l’approche de la vallée, appelée Douars, est constituée de plaines inondables de type alluvionnaire. Le plateau du Gange est traversé par de nombreux tributaires qui forment comme des langues de terre limoneuses. Cette zone est considérée comme le grenier à grains de l’Inde. Elle s’étend du Pendjab, à l’Haryana, puis forme une large bande autour de la vallée du Gange et autour du Brahmapoutre. Le plateau indo-gangétique est la plus vaste zone alluvionnaire au monde. Plat, alimenté en sources souterraines, avec peu de forêts, il constitue la plus grande aire agricole au monde.
Le désert du Thar
Situé au nord-ouest de l’Inde, le désert du Thar forme une frontière naturelle entre le Rajasthan et le Pakistan. Il est délimité par la plaine indo-gangétique au nord, le Sindh (Pakistan) à l’ouest, le Kachchh (Gujarat) au sud et la chaîne des Aravalli (Rajasthan) à l’est. Cette vaste zone semi-désertique de 220 000 km² s’est formée à l’ère précambrienne (entre 4 et 2,5 milliards d’années). Des plaines sablonneuses alternent avec de petites collines rocailleuses. La mousson contourne le désert par l’est, qui ne reçoit que peu de pluie. Il en résulte une végétation clairsemée, essentiellement composée de buissons et arbustes.
Le plateau du Deccan
Ce vaste plateau occupe le centre et une grande partie du sud de l’Inde. Il est délimité au nord par la chaîne des Satpura qui traverse le Maharashtra d’est en ouest, les Ghats occidentaux à l’ouest et les Ghats occidentaux à l’est. Le sol est principalement constitué de grès, de granit et de basalte. L’altitude moyenne est de 600 mètres. Protégé par les Ghats, donc des vents et de la pluie, le climat y est semi-aride et il y fait une chaleur torride en été, notamment là où l’altitude est moins élevée. Il est malgré tout traversé par de longues rivières qui se jettent dans le golfe du Bengale : la Godavari prend sa source au Maharashtra, du côté de Nashik, et se jette après une course de 1 500 km ; le fleuve Krishna prend sa source au sud du Madhya Pradesh ; la Cauvery (ou Kaveri) prend sa source à l’ouest du Karnataka et traverse l’État, puis le Tamil Nadu.
Les Ghats occidentaux
La côte ouest de la péninsule indienne est parcourue par la chaîne des Ghats occidentaux, qui s’étire du Gujarat (au nord) jusqu’au Tamil Nadu (au sud), sur 1 600 km. Également appelées montagnes Sahyadri, elles interceptent les entrées maritimes et connaissent de fortes précipitations, notamment en période de mousson. Ce climat particulier associé à une topographie favorable crée des conditions uniques de développement de la biodiversité. On compte près de 40 parcs nationaux et réserves naturelles dans ces montagnes. L’altitude moyenne de la chaîne de montagne est de 1 200 mètres. Son sommet le plus élevé est l’Anamundi (Kerala), qui culmine à 2 695 mètres, ce qui en fait la montagne la plus haute hors de l’Himalaya. En raison d’une température douce toute l’année et d’une pluviométrie importante, le sud des Ghats occidentaux (Ooty, Munnar, Periyar…) est propice à la culture du thé et des épices (poivre, cardamome, anis étoilé, cannelle… ). Plusieurs fleuves et rivières d'importance prennent leur sources sur le flanc oriental des Ghats occidentaux : Godavari, Krishna, Cauvery ou Tungabhadra. En conséquence, la chaîne des Ghats occidentaux est aussi un centre important de production d’électricité. Les barrages de retenue y sont nombreux.
Les Ghats orientaux
Les Ghats orientaux se dressent entre le plateau du Deccan et le golfe du Bengale, et forment une ligne parallèle à la côte est de la péninsule indienne. Cette chaîne de montagnes discontinue a subi l’érosion causée par les grands fleuves qui trouvent leur source dans les Ghats occidentaux et se jettent dans le golfe du Bengale. L’élévation moyenne de la chaîne est de 700 mètres. La végétation est moins abondante et diverse qu’à l’ouest, en raison d’une pluviométrie moindre et d’une exploitation intensive des forêts au début du XXe siècle, notamment pour la construction des chemins de fer.
La bande côtière
Une étroite bande littorale court entre les Ghats et la mer d’Arabie (à l’ouest) et le golfe du Bengale (à l’est). A l’ouest, la côte est subdivisée en deux grandes sections : la côte du Konkan, qui s’étire de Mumbai au sud de Goa, et la côte de Malabar, qui s’étire du Karnataka au sud du Kerala et la pointe de Kanyakumari. A l’est, la plaine littorale est appelée côte de Coromandel et s’étend du sud du Bengale Occidental à l’embouchure de la Cauvery. Ces plaines, qui ne dépassent guère 70 km de large, sont propices à l’agriculture notamment du riz, du blé et du coton.
Les îles et archipels
Le littoral indien ne compte que peu d’îles si on prend en compte sa longueur : 7 500 km ! Mumbai, qui était à l’origine érigée sur 7 îles, a avalé ce découpage fragmenté à coup d’artificialisation des sols et de remblaiements. Le petit archipel de Sriharikota, à 70 km au nord de Chennai, forme une barrière naturelle qui protège la côte à cet endroit. La zone de mangrove des Sundarbans au Bengale Occidental forme un labyrinthe d’îles et îlots dont les contours sont modifiés en fonction du niveau de l’eau. L’archipel des Andaman et Nicobar, constitué de 572 îles, ferme le chapelet insulaire indonésien au nord. Côté mer d’Arabie, l’archipel des Lakshadweep fait face au Kerala, dans l’alignement des Maldives. Seules quelques-unes de ses 27 îles sont ouvertes aux touristes.