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Le Bhoutan ne fait décidément rien comme les autres. Alors que la plupart des États ont adopté la démocratie dans la douleur, le pays du Dragon-Tonnerre a imposé la démocratie à la demande de son roi, Jigme Singye Wangchuck. C’est lui, qui, dans les années 2000, décide d’ouvrir ce petit pays, longtemps fermé au reste du monde. Propulsé dans l’ère de la consommation, le Bhoutan a su diversifier ses sources de revenus, notamment grâce à l’ouverture du pays au tourisme, mais reste très conscient des dangers de la modernisation, souhaitant préserver coûte que coûte ses traditions et valeurs. Entouré de voisins aux économies puissantes, le Bhoutan possède d’abondantes richesses naturelles et affiche l’une des croissances économiques les plus rapides d’Asie du Sud. Néanmoins, aujourd’hui, plus que jamais, le petit État himalayen doit faire face à de nouveaux défis pour pouvoir poursuivre sa transition en douceur.

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La vie politique au Bhoutan

Jusque dans les années 1960, le Bhoutan n’avait ni routes, ni écoles. Et pourtant, il aura fallu seulement 40 ans pour que cette ancienne monarchie absolue adopte sa première Constitution, en 2008, à l’initiative de Jigme Singye Wangchuck, le 4e Druk Gyalpo. De cette Constitution a émergé un système dynamique de gouvernance démocratique, qui a su renforcer la souveraineté, la paix et la prospérité du pays. Le royaume est administré par un parlement composé d’un souverain, le Druk Gyalpo, d’un Conseil national ou « Lhengye Zhungtshog », et d’une Assemblée nationale, le « Tshogdu », fondé en 1953, qui compte 47 députés. Le Conseil national, lui, est composé de 25 membres : un pour chacun des 20 « dzongkhag » (districts) du pays, plus 5 membres nommés par le roi. Le roi demeure le chef de l’État, même s’il peut désormais être destitué par un vote réunissant les voix des deux tiers des membres du Parlement. Il n’a plus de pouvoir exécutif ni législatif.

La scène politique bouthanaise est dominée par deux partis : le PDP, le Parti Démocratique du Peuple, dont est issu l’actuel Premier ministre, et le DPT, le Parti Vertueux. En mars 2008, pour la première fois de leur histoire, 318 0000 Bhoutanais étaient appelés aux urnes dans les 47 circonscriptions du pays pour participer à des élections législatives et faire leur choix entre ces deux partis, sensiblement identiques dans leurs propositions : le renforcement des systèmes d’éducation et de santé, l’amélioration de l’accès à l’eau, à l’électricité et au réseau routier. Avec 44 sièges sur 47, c’est le DPT qui remporta le scrutin, emmené par Jigme Thinley, très populaire auprès des Bhoutanais car proche du roi, et qui fut donc désigné Premier ministre. En 2013, en revanche, pour leur second vote, les Bhoutanais ont préféré faire confiance au leader du Parti Vertueux, Tshering Tobgay. Succédant à Jigme Thinley au poste de Premier ministre, Tshering Tobgay a remis ouvertement en cause, dès son élection, le discours sur le Bonheur National Brut, arguant que cette politique avait eu tendance à lisser les problématiques réelles qui se posent aujourd’hui au Bhoutan : l'endettement, la pauvreté et le chômage des jeunes.

Politique extérieure

Sur le plan des relations extérieures, le Bhoutan, longtemps resté à l’écart du reste du monde, a établi des relations très étroites avec l’Inde. Mais, depuis quelques années, le Pays du Dragon-Tonnerre semble trouver étouffante la tutelle indienne. En témoigne la crise des carburants lors des élections au Bhoutan en 2013 : l’Inde avait alors supprimé ses subventions sur le gaz et le kérosène qu’elle vendait au Bhoutan, ce qui provoqua une explosion du prix de gaz et de l’essence. Une crise liée au rapprochement amorcé entre Thimphu et Pékin. Longtemps resté méfiant à l’égard de la Chine, en raison du conflit avec le Tibet dont il est resté très proche, le royaume himalayen multiplie, depuis une dizaine d’années, les coopérations avec son voisin chinois, à travers diverses visites culturelles et politiques. De quoi alimenter encore la bataille d’influence que se livrent les deux géants asiatiques pour obtenir les faveurs du Bhoutan. Une chose est sûre : la jeune démocratie doit encore faire ses preuves auprès des Bhoutanais, inquiets face au développement de la corruption et de la paupérisation à travers le pays.

Le champion de l’économie « responsable »

L’économie du Bhoutan figure parmi les plus petites du monde. Agriculture, exploitation forestière, et plus récemment tourisme et hydroélectricité forment la base des revenus du pays qui est passé en quelques décennies d’une économie de subsistance agraire à un système d’échanges internationaux. L’exploitation des ressources naturelles (bois, pomme, piment…) demeure la principale source de revenus du pays et fait vivre la majeure partie des habitants. L’agriculture (qui représente 16 % du PIB) et l’élevage occupent 40 % de la population. Conscient de la richesse de son patrimoine, le Bhoutan a fait de la préservation de son environnement une priorité et l’un des leitmotivs de la politique du Bonheur National Brut. Le Pays du Dragon-Tonnerre a ainsi été le premier pays au monde non-fumeur, prohibant la vente et la distribution de tabac en 2004. Les sacs plastiques sont interdits, de même que les pesticides et désherbants chimiques, et en 2020, le Bhoutan devient le premier pays à produire 100 % de ses fruits et légumes selon les principes de l’agriculture biologiques.

Tourisme et électricité : les deux piliers de l’économie bhoutanaise

Depuis le milieu des années 1980, la production d’énergie est devenue un enjeu majeur pour le pays. Le Bhoutan compte à ce jour cinq centrales hydroélectriques et exporte près de 75 % de sa production, essentiellement vers l’Inde, en plus de couvrir la totalité de sa consommation domestique ; six sont en construction. À lui seul, le secteur de l’énergie représente la part la plus importante du PIB. Néanmoins, le Pays du Dragon-Tonnerre souhaite abolir sa dépendance aux énergies fossiles en privilégiant les voitures électriques. Un vrai défi pour ce pays qui a vu la taille de son réseau routier multiplié par six en 10 ans, ce qui a considérablement augmenté le nombre de véhicules particuliers sur les routes. Outre l’énergie hydroélectrique, le Bhoutan vit majoritairement grâce au développement massif du tourisme. 45 ans après son ouverture aux visiteurs, le tourisme est devenu la principale industrie de services du pays et représente un cinquième de ses ressources. En 2018, ils étaient 275 000 touristes à fouler le sol bhoutanais contre 287 en 1974, soit 1 000 fois plus !

Depuis le début des années 2000, le tourisme connaît un boom sans précédent, avec aujourd’hui quelque 1 500 agences assermentées dans le pays ! Mais un tourisme qui se veut à faible impact écologique. Toujours fidèle à sa volonté de préserver ses ressources naturelles, le gouvernement bhoutanais souhaite en effet contrôler scrupuleusement l’accès à son territoire en limitant le nombre de visiteurs qui se rendent chaque année au Bhoutan et en fixant un tarif forfaitaire journalier dont les touristes doivent s’acquitter. Une source de revenus particulièrement fructueuse pour le royaume.

Les enjeux aujourd’hui

Aujourd’hui, si le niveau de vie reste relativement bas, le pays du Dragon-Tonnerre peut se targuer de posséder l’une des croissances économiques les plus rapides d’Asie du Sud. Les enjeux économiques du Bhoutan sont principalement liés à la poursuite de son développement et à l’attraction des capitaux étrangers. Une entrée rapide dans la modernité peut expliquer une politique économique parfois tatillonne, notamment dans le secteur du commerce international. Politique qui freine le développement des investissements étrangers. Aussi, le Bhoutan est confronté à de nombreux défis qu’il lui faudra résoudre dans les années à venir, à commencer par le problème de l’exode rural et la désaffection des campagnes au profit des villes, qui connaissent par conséquent un taux de chômage très élevé, notamment chez les jeunes. Faisant figure d’exemple sur le plan environnemental, le pays devra également concilier son entrée dans la société de consommation tout en sauvegardant sa culture et ses valeurs. Autre défi : parvenir à absorber le nombre grandissant de touristes, tout en proposant des infrastructures en adéquation avec les standards internationaux et avec le prix relativement élevé du visa.

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