Découvrez le Népal : Population

La mosaïque des peuples présents au Népal est exceptionnelle et le terme de multiculturalisme y trouve tout son sens. Du sud au nord, les populations illustrent la transition entre les deux continents culturels, le monde indien et le monde sino-tibétain. Les distinctions physiques chez tous ces groupes, où les métissages ont été fréquents, sont difficiles à établir. On peut noter que les ethnies du nord ont une tendance dite mongoloïde, alors que ceux du Bas-Himalaya sont proches de la physionomie des Indiens du nord. La langue s’avère être le critère qui les différencie fondamentalement : au sud, les langues indo-européennes, au nord, les langues tibéto-birmanes. Ces deux grands types humains ont des origines géographiques très éloignées : venus de Birmanie et de Chine, les Tibéto-Birmans se sont installés au Tibet mais ont débordé sur le Népal. Les Indo-Européens venus d’Asie centrale au sud, ont colonisé les montagnes les moins élevées.

Généralités

Selon une évaluation de 2019, le Népal compte 30 millions d’habitants, ce qui porte sa densité de population à un peu plus de 200 hab/km2. L’espérance de vie moyenne y est de 70,7 années. Le taux de fertilité est de 2,18 enfants par femme mais la mortalité infantile reste élevée à presque 29 %. La population est alphabétisée à 90 %. La langue officielle est le népali, parlé par 90 % de la population, mais plus de 50 langues et dialectes ont été recensés dans le pays, que l’on regroupe comme les populations en deux grandes familles linguistiques : les indo-européennes et les tibéto-irmanes.

La mosaïque des peuples montagnards : les Tibéto-Birmans

Les groupes tibéto-birmans partagent, outre des langues d’une même famille, un ensemble de croyances et de valeurs très anciennes qui n’ont pas disparu, alors même que certains de ces groupes ont été convertis au bouddhisme ou à l’hindouisme. Il subsiste chez eux une grande diversité, dans les langues elles-mêmes, dans la religion, dans l’organisation sociale et dans les modes de vie. Répartis de l’ouest à l’est du Népal, une multitude de groupes ethniques se sont établis ici bien avant l’apparition des royaumes hindous ou tibétains. Ils sont les derniers représentants d’une des plus vieilles civilisations de l’Asie dont les sociétés étaient très peu hiérarchisées et qui ignoraient l’État. Les tribus tibéto-birmanes sont aujourd’hui concentrées sur les pentes les plus élevées du Moyen-Himalaya, à des altitudes comprises entre 1 500 et 3 000 m. Plusieurs grandes ethnies peuvent être distinguées d’ouest en est : Magar, Gurung, Tamang, Newar, Rai, Limbu.

Les Magar, Gurung et Tamang

Les Magar sont originaires du Népal occidental, ils ont très souvent servi comme soldats, et sont de ce fait nombreux dans tout le pays ainsi qu’au Sikkim et au Bhoutan.  Beaucoup d’entre eux se sont rapprochés de l’hindouisme et ne parlent plus que le népali. Les Magar de l’Ouest ont toutefois conservé leurs chamans, qui interviennent en cas de crise.
Les Gurung, quant à eux, peuplent les pentes méridionales du massif de l’Annapurna. Les chemins de trekking qui partent de Pokhara vers le nord traversent des villages gurung. Progressant au fil des siècles depuis le Tibet vers des altitudes plus clémentes, ils ont peu à peu abandonné leur vie pastorale pour devenir paysans sédentaires et riziculteurs. L’organisation sociale gurung rappelle celle des Tibétains, dans une version simplifiée dominée par les Quatre Clans parmi lesquels on trouve ceux des chefs et celui des lamas, les prêtres bouddhistes tibétains.
Enfin, le pays des Tamang s’étend sur les hautes crêtes enserrant la vallée de Katmandou. Installés sur les routes entre Katmandou et le Tibet, les Tamang ont été largement exposés à l’influence du bouddhisme tibétain dans lequel le lama joue un rôle de premier plan et officie pour tous les rites du cycle de vie.

Les Rai, Limbu et Newar

Les Rai du bassin de la Sapta Kosi et les Limbu de l’extrême est du Népal sont appelés Kirant par les autres Népalais, ils sont les derniers à avoir été soumis par la dynastie Gorkha. Les Raï et les Limbu ont relativement bien résisté à la colonisation indo-européenne, même s’ils sont aujourd’hui en minorité numérique dans les districts qu’ils habitent. Les religions écrites de l’Inde et du Tibet n’ont pas encore affecté les représentations et les pratiques de ces deux ethnies.
Les Newar, quant à eux, sont les premiers habitants de la vallée de Katmandou. Ils ont une place à part dans le monde tibéto-birman. Peuple de paysans citadins et de commerçants, en contact avec l’Inde du Nord, ils ont développé l’une des civilisations urbaines les plus riches d’Asie. Issus d’une longue tradition artistique, les Newar sont reconnus pour leurs talents d’architectes, de potiers, de sculpteurs, de peintres... Si leur langue, malgré de nombreux emprunts au sanscrit, est sans conteste tibéto-birmane, leur société repose, en revanche, sur des modèles typiquement hindous. La communauté est au cœur de l’organisation sociale newar. Société secrète et compartimentée en castes, elle évolue en vase clos. Les Newar ont bâti des villages devenus cités, dans lesquelles les habitations sont regroupées en quartiers près des centres religieux.

Les populations de civilisation tibétaine

Dans les hautes vallées du Népal (Nyishang, Dolpo, Mustang, Manang, Langtang, pays Sherpa et Walung) vivent des populations qui ont fondé des enclaves tibétaines miniatures en dehors des frontières historiques du Tibet. Les Tibétains utilisent un grand nombre de dialectes et chaque région possède son propre langage, différent du tibétain classique et souvent incompréhensible dans les régions voisines. Aujourd’hui, avec l’arrivée régulière de réfugiés continuant à fuir le Tibet sous occupation chinoise, les peuples de culture tibétaine vivant au Népal ne cessent de s’accroître.

Les peuples indo-népalais

Habitants des montagnes. Aussi appelés Parbatiya (les montagnards) par les habitants de la vallée de Katmandou, les Indo-Népalais représentent environ 30 % de la population népalaise et s’avèrent influents. Fidèles à la conception brahmanique du monde, ils appliquent le système des castes, chacune possédant des caractéristiques, un mode de vie particulier, et un degré de pureté très précis. Cette vision de la société, qui englobe tout le monde dans un modèle prédéfini, a fourni aux Indo-Népalais une puissance déterminante dans l’histoire du Népal, leur permettant d’assimiler toutes sortes de populations, quelle que soit leur culture d’origine. Hormis une petite minorité musulmane, ils sont hindous et leur langue maternelle est le népali. Ils forment l’élite népalaise et appartiennent aux castes les plus élevées.

Habitants des plaines. Ce sont les « gens de la plaine » (Madishe) parfois assimilés aux Indiens avec une pointe de mépris. Certes, les similitudes sont nombreuses avec les Indiens situés de l’autre côté de la frontière : langue, mode de vie, religion sont relativement proches. Comme dans le cas des Indo-Népalais, les Hindous de la plaine forment un ensemble de castes qui dépendent économiquement et rituellement les unes des autres. Si, d’un district à l’autre, ils communiquent en hindi, leurs langues maternelles se composent de trois dialectes : d’ouest en est, l’awadhi, le bhojpuri et le maithili. C’est d’ailleurs par la langue que les gens de la plaine revendiquent leur identité au sein de la mosaïque culturelle du royaume népalais : ils refusent au népali le statut d’unique langue nationale, à laquelle ils voudraient voir associer l’hindi.

Les Tharu. Ils forment un agrégat de communautés rurales, traditionnelles et disparates. Certains chercheurs affirment qu’ils seraient les premiers habitants du Népal. Les Tharu parlent une langue d’origine indo-européenne et sont eux aussi organisés en castes. La majorité d’entre eux s’adonne à l’agriculture et pratique l’élevage sédentaire. Exploités par les propriétaires terriens, ils se sont endettés et sont contraints à poursuivre un servage qui les maintient dans la pauvreté. L’habitat tharu est reconnaissable : les maisons en bambous sont recouvertes de glaise et coiffées d’un toit en chaume. Elles ne disposent pas d’ouvertures, seules de fins orifices permettent à l’air de circuler. L’absence de fenêtre trouve deux origines : en limitant les ouvertures, les Tharu limitaient la transmission de la malaria et la présence des esprits. En effet, malgré l’intégration de nombreux rituels hindouistes, les Tharu sont restés animistes et croient que les esprits pénètrent dans les maisons par les fenêtres.

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