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La pêche en tête de pont

Avec ses1 200 îles réparties sur 90 000 km² d’océan, la ressource marine est la première des richesses aux Maldives. La pêche fait partie des activités traditionnelles de l’archipel et s’inscrit comme l’activité industrielle historique. Le secteur a connu une importante révolution dans les années 1970 avec l’apparition des « dhonis » à moteur. Ces bateaux construits à partir de planches de cocotier pratiquent la pêche des thons albacore et bonites à la palangre. La part de la pêche dans le PIB occupait autrefois la première place, mais ne représente désormais que 10 % en raison du boom de l’industrie touristique. En 2015, la croissance de l’industrie halieutique se contractait pour la première fois en raison d’un amenuisement des ressources et de la baisse des cours au niveau mondial. Elle n’en demeure pas moins la seule source d’exportation du pays.

Le tourisme, source essentielle de revenus

Le tourisme constitue le fer de lance de l’économie maldivienne. En 40 ans, le pays est passé de deux îles-hôtels en face de Malé à 132 îles-hôtels répartis sur l’ensemble de l’archipel. Le gouvernement maldivien a façonné ce concept unique au monde pour limiter les contacts entre la population et les touristes occidentaux. Le phénomène s’est répandu comme une tache d’huile s’élargissant en cercles concentriques. Les investisseurs ont d’emblée cherché à occuper les plus grandes îles à proximité de Malé. Les avancées technologiques ont permis de progresser toujours plus loin : hydravion pour remplacer la lenteur des bateaux, désalinisation de l’eau de mer pour garantir de l’eau potable, énergie solaire pour compenser les générateurs au fioul. Dans les années 1990, les hôteliers se heurtent déjà à la raréfaction des grandes îles. Ils compensent cette limite en augmentant le nombre de lits dans les resorts. Les Maldives sont ainsi passées d’une moyenne de 39 lits par hôtel dans les années 1970 à 233 en 1995. Cette restructuration se combine avec une orientation vers un tourisme de luxe. Les hôtels rivalisent d’idées flamboyantes ; les chambres sur pilotis plantées dans le lagon deviennent la norme ; les services sont toujours plus nombreux. Le nombre d’arrivées est passé d’un millier en 1972 à 1,7 million en 2019. Les îles sont mises en location par le gouvernement qui signe des baux d’une durée moyenne de 21 ans. Il touche également une taxe de séjour de 6 $US par nuit et par personne, ainsi qu’une taxe d’aéroport de 10 $US par passager au départ. La part du tourisme dans le PIB était de 60 % en 2020, soient 3,2 milliards $US. Ce résultat permet d’afficher un PIB par habitant parmi les plus élevés des pays d’Asie s’élevant à 10 627 $US en 2019. Si le tourisme joue un rôle économique bénéfique sur le plan national, il est bien moindre au niveau individuel. Moins de 10 % des Maldiviens travaillent dans le secteur touristique, la très grande majorité des emplois étant assurée par des immigrés venus de pays d’Asie du Sud. Une loi impose néanmoins un management maldivien dans les resorts. En réalité, les postes sont très souvent dédoublés et tenus par un personnel occidental mieux qualifié. En 2010, le gouvernement décide d’ouvrir les îles habitées aux touristes, afin de faire profiter la population locale de la manne. L’offre d’hébergement très simple permet de faire venir des touristes qui ne peuvent s’offrir un hôtel 5-étoiles, mais qui souhaitent profiter de l’expérience maldivienne. Les touristes sont reçus chez l’habitant et doivent se plier aux règles en vigueur : alcool interdit, baignades sur les bikini beach réservées aux Occidentaux. Cette forme de tourisme permet de diviser la note par trois minimum. Elle séduit une clientèle jeune et venue en majorité de pays de la région. À tel point que certaines îles habitées se sont transformées en destination, avec une offre hôtelière concurrentielle. L’île de Maafushi a vu fleurir plus de 60 chambres d’hôtes et hôtels sur ses 12 hectares en à peine 10 ans.

Crise COVID et perspectives

La pandémie de COVID-19 a eu un effet dévastateur sur l’économie des Maldives. L’archipel s’est fermé au tourisme du 27 mars au 14 juillet 2020 et seuls 555 500 touristes sont entrés dans le pays cette année-là, générant une chute de la fréquentation de 67,4 % par rapport à 2019. Le PIB s’est effondré de 32 % (contre une augmentation de +7 % en 2019), le taux de pauvreté a augmenté de 5,1 % pour atteindre 7,3 % de la population, les recettes fiscales liées à l’activité hôtelière ont plongé de 56 %. Le FMI conserve tout de même une projection optimiste avec le retour d’un PIB pré-COVID à l’horizon 2022-2023. Le gouvernement mise sur une forte reprise du tourisme en maintenant la destination ouverte et en vaccinant massivement sa population. En août 2021, 60,7 % de la population avait reçu 2 doses de vaccin. Les hôtels investissent lourdement pour rassurer les touristes avec des protocoles sanitaires et de désinfection stricts. Nombre d’entre eux se sont soumis à des certifications indépendantes ou à des protocoles internes dûment documentés et vérifiés. Ces efforts semblent porter leurs fruits puisque le pays enregistrait près de 400 000 arrivées au cours des 4 premiers mois de 2021. La pandémie a fait ressortir la nécessité de diversification de l’économie maldivienne. Un plan de développement durable de la pêche établi avec l’aide du Japon est en cours d’implémentation. Son but est de moderniser flotte et structures portuaires, et d’intensifier l’aquaculture. Les lagons sont propices à la création de fermes d’élevage de mérous ou de langoustes et les mangroves, d’élevages de crabe. La promotion de l’agriculture vivrière est notamment à l’ordre du jour. Sur le plan touristique, il convient d’améliorer la connectivité inter-atolls afin de faciliter le transport des passagers et des produits. L’Inde apporte son soutien financier au Projet de connectivité du Grand Malé qui devrait permettre de désaturer la capitale. Un système de ponts et chaussée reliera les îles de Villingili, Thilafushi et Gulhifalhu. Après avoir financé le pont reliant Malé à Hulhumalé, la Chine participe au projet de rénovation et d’agrandissement de l’aéroport international. L’allongement de la piste doit permettre d’accueillir des A380 et de nouvelles places de parking pour les aéronefs sont prévues.