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Un pays unique avec la diversité d’un continent entier

Portrait démographique et urbanisation. Avec une population représentant un trentième de la population mondiale, l'Indonésie se positionne comme le quatrième pays le plus peuplé au monde, après l'Inde, la Chine et les États-Unis. L'âge moyen de ses habitants est de 29,9 ans, et l'espérance de vie est de 75 ans pour les femmes et 70 ans pour les hommes. Dans le paysage actuel de l'archipel, une transition démographique remarquable s'opère, caractérisée par un essor urbain prépondérant, où désormais 60 % de la population se concentre dans des agglomérations urbaines, reléguant la ruralité à une proportion minoritaire de 40 %. Historiquement ancré dans une tradition agricole villageoise, le pays a été témoin d'une réduction notable de son taux de fécondité, lequel a chuté à 2,6 enfants par femme depuis le milieu des années 1990. Cette diminution de la natalité coïncide avec une population majoritairement juvénile, l'âge médian se situant aux alentours de 30 ans, signifiant ainsi un potentiel considérable de force de travail dynamique pour le futur. Cependant, en dépit du fait que près d'un tiers de la main-d'œuvre se consacre encore au secteur agraire, une tendance au déclin de l'intérêt pour les professions agricoles parmi la jeunesse se manifeste, présentant des enjeux importants pour la préservation des savoir-faire agricoles ancestraux et la gestion de la main-d'œuvre dans les zones rurales. Jakarta, la capitale de l'Indonésie, se profile comme une mégalopole en pleine expansion, avec des projets ambitieux visant à dépasser la population de Tokyo d'ici 2030. L'ensemble de la région métropolitaine, englobant Jakarta et ses environs de Bogor, Depok, Tangerang et Bekasi, abrite actuellement plus de 30 millions d'habitants, et ce nombre pourrait atteindre les 35 millions d'ici la prochaine décennie. La proposition de déplacer la capitale vers l'île de Kalimantan pourrait avoir des impacts considérables sur le plan social et de l'emploi, affectant les millions de travailleurs qui vivent à Jakarta et dans les zones avoisinantes.

L'Indonésie se distingue aussi par sa diversité ethnique remarquable, incarnant parfaitement sa devise, « Unité dans la diversité ». Elle est le foyer de plus de 1 100 groupes ethniques, chacun avec ses propres langues et ses propres coutumes, priant des dieux différents et se nourrissant de plats différents.

Deux vagues migratoires déterminantes. La population indonésienne actuelle est originaire de deux groupes ethniques venant de deux vagues migratoires différentes : les Australo-Mélanésiens et les Austronésiens.

Celle des Australo-Mélanésiens, d'ascendance africaine, s'est dispersée dans la région avant la fin de la première période glaciaire il y a quelque 17 000 ans. Durant cette période, le niveau des océans était considérablement inférieur à son état actuel, ce qui a rendu possible une connexion terrestre entre le continent asiatique et les principales îles de l'archipel indonésien, telles que Sumatra, Bornéo et Java. Cette conjoncture géologique a facilité le passage des populations sur ces îles, leur permettant de traverser des distances maritimes relativement réduites pour s'établir en Nouvelle-Guinée, ainsi que dans d'autres régions de la Mélanésie et en Australie. De nos jours, les descendants de ces groupes ethniques occupent les terres de Papouasie ainsi que les îles de Seram ou Timor.

Initiée il y a quelque 6 000 ans depuis le sud de la Chine, la seconde grande migration vers l'Indonésie a été menée par les peuples austronésiens. Traversant Taïwan et les Philippines, ces migrants ont, au fil des millénaires, établi leur présence sur l'ensemble des îles principales de l'Indonésie et au-delà, allant jusqu'à étendre leur influence jusqu'aux îles de Micronésie et de Polynésie, couvrant une zone géographique allant de la Nouvelle-Zélande jusqu'à l'archipel d'Hawaï et l'île de Pâques. La plupart des Indonésiens d'aujourd'hui descendent de ces peuples.

Répartition des principaux groupes ethniques aujourd'hui. L'archipel indonésien est composé de trois grandes familles ethniques : les Austronésiens, les Papous et les Chinois.

Les Javanais, constituant le groupe ethnique prédominant, représentent près de 45 % de la population totale, soit plus de 95 millions d'individus, bien que Java ne couvre que 7 % de la superficie totale de l'Indonésie. Ce groupe forme même le plus grand groupe ethnique d'Asie du Sud-Est, principalement concentré à Java, mais également présent dans d'autres régions du pays, ce qui en fait l'ethnie la plus influente politiquement et culturellement d'Indonésie. Alors que 93 % des Javanais sont de confession musulmane, certains maintiennent encore les traditions et croyances hindoues et bouddhistes. La culture javanaise, riche et diversifiée, se manifeste à travers leurs coutumes, traditions et expressions artistiques. Les Javanais sont particulièrement réputés pour leur attachement au batik, leurs performances élaborées de marionnettes wayang, et leur musique distinctive du gamelan.

Les Javanais sont suivis, en termes de population, par les Soundanais, qui forment le deuxième groupe ethnique le plus important en Indonésie. Ils résident principalement dans la province de Java occidental, incluant des villes majeures comme Bandung, Bogor et Bekasi, et comptent environ 30 millions de membres. Le soundanais est leur langue principale, et leur riche culture est marquée par des éléments distinctifs tels que l'angklung, un instrument traditionnel en bambou originaire de la région de Sunda, ainsi que des danses traditionnelles telles que le jaipong et le tari topeng (danse du masque).

Le groupe ethnique le plus grand après les Soundanais est celui des Madurais. Prédominants sur l'île de Madura (province de Java Est) et dans la partie orientale de Java, leur population est estimée à 13 millions de personnes. Les Madurais parlent le madurais, pratiquent majoritairement l'islam et dépendent principalement de l'agriculture et de l'élevage pour leur économie. Ils sont également reconnus comme les inventeurs du fameux satay indonésien. Anciennes et profondément enracinées dans la culture locale, les courses de taureaux, appelées « Karapan Sapi », demeurent une tradition dont ils tirent une grande fierté, se déroulant de juin à octobre dans différentes villes de Madura.

On trouve ensuite, au sein des communautés sino-indonésiennes, les Chinois mandarins, les Chinois min et les Chinois cantonais. Malgré leur présence souvent ancienne en Indonésie, les Chinois peuvent encore être perçus comme des étrangers. Historiquement, les Chinois ont été les boucs émissaires des frustrations des Indonésiens et ont été confrontés à la terreur lors des grandes manifestations de mai 1998. Bien que de nombreux Chinois aient adopté des noms et un mode de vie indonésiens, ils parviennent à préserver certaines de leurs traditions, notamment sur le plan architectural et linguistique. En l'an 2000, le confucianisme a été officiellement reconnu comme la sixième religion officielle d'Indonésie.

Dernier grand groupe, les Papous se composent de divers groupes ethniques tels que les Asmat, les Dani, les Biak, les Yali, et d'autres encore, chacun possédant ses propres langues, coutumes, traditions et structures sociales distinctes. En Papouasie, il existe environ 255 groupes autochtones, certains d'entre eux demeurant isolés. Les habitants des hautes terres se consacrent à l'agriculture de patates douces, d'ignames et de cannes à sucre, tandis que les habitants des zones basses se tournent souvent vers les sagoutiers pour leur alimentation de base, tout en pratiquant la pêche et la culture modérée. Sur le plan économique et politique, les Papous restent largement marginalisés. Les concessions foncières accordées pour l'exploitation minière, la coupe de bois et les plantations ont été attribuées sans compensation ni considération pour les impacts sur l'environnement et les communautés locales. En matière de croyances religieuses, les Papous présentent une diversité allant de l'animisme et du chamanisme à l'adoption de religions plus récentes, notamment le christianisme, amené par les Néerlandais dans les années 1850.

En dehors de ces groupes majeurs, l'Indonésie abrite une multitude de minorités ethniques telles que les Acehnais, les Bataks, les Minangkabaus à Sumatra, les Dayaks à Bornéo, les Minahasas, les Makassars, les Bugis, les Bajaus et les Torajas aux Célèbes, et les Balinais et les Sasaks à Nusa Tenggara.

Les langues

La République d’Indonésie n’est pas seulement le plus grand archipel du monde, c’est aussi un grand ensemble de peuples et de communautés. Plus de 700 dialectes sont actuellement parlés en Indonésie, parmi lesquels les langues régionales de chaque île (javanais, soundanais, balinais, minangkabau, toraja, mandar, sasak, madurais, makasar, etc.), qui sont la langue maternelle de beaucoup d’Indonésiens.

Cinq langues sont parlées par plus de 10 millions de locuteurs : il s’agit du javanais avec plus de 80 millions de locuteurs, du soundanais, du pesidir, du madourais et du malais. Mais tout État moderne a besoin d’un moyen de communication compréhensible par tous. Et c’est le malais indonésien (bahasa Indonesia) qui a emporté la mise, car il n’était pas associé à un groupe ethnique particulier. Comme cette langue s’écrit en caractères romains, qu’elle n’a pas de tons et qu’elle utilise une grammaire assez simple, elle est relativement facile à apprendre. L’indonésien est en grande partie dérivé du malais, dont il est très proche, mais il est émaillé de sanskrit, d’arabe, de persan, de chinois, de néerlandais, de portugais et plus récemment de français et d’anglais. C‘est ainsi que ces différents langages se sont progressivement et imperceptiblement immiscés dans la bahasa Indonesia, devenue langue officielle du pays en 1928. Le deuxième congrès indonésien de la jeunesse avait alors encouragé la formation d’une langue nationale unifiée : « Satu nusa, satu bangsa, satu bahasa » (« un pays, un peuple, une langue »). Les Indonésiens dans toute leur diversité acceptèrent d’adopter une langue commune pour faire union. Cette nouvelle langue a servi à symboliser l’unité nationale. C’est une langue très simple que l’on peut apprendre rapidement ; elle n’a pas de grammaire ni de conjugaison. Pour former un adverbe par exemple, il suffit de dire deux fois le mot en question.
Sur le territoire indonésien, le bahasa Indonesia n’est que la seconde langue apprise, après la langue maternelle. L’apprentissage est obligatoire à l’école, mais il arrive dans des régions reculées qu’elle ne soit pas parlée par tous les locaux, ce qui crée des difficultés de compréhension entre Indonésiens eux-mêmes. Chaque chef du village ou « maire » est censé parler indonésien ; c’est une condition pour occuper ce poste.