L'islam
Lorsque vous arriverez à Java, vous serez immédiatement frappé par l'omniprésence de l'islam dans tous les aspects de la vie sociale. En effet, l'Indonésie est le plus grand pays musulman du monde en termes de croyants. Sur sa population avoisinant les 274 millions d'habitants, près de 90 % sont musulmans, qui représentent approximativement 13 % des musulmans à l'échelle mondiale. Chaque année, 221 000 fidèles indonésiens effectuent le pèlerinage à La Mecque. Le pays compte environ 750 000 mosquées.
En Indonésie, l'évolution de l'islam s'est déroulée de manière relativement pacifique, sans aucune grande conquête ni heurts majeurs avec le judaïsme. Au contraire, cette religion a dû s'harmoniser avec les croyances animistes locales et les religions prédominantes des anciens royaumes indianisés, principalement le bouddhisme et l'hindouisme. Avant l'arrivée des commerçants musulmans sunnites et soufis d'Asie du Sud, de Chine méridionale et du Moyen-Orient au XIIIe siècle, l'Indonésie était largement influencée par ces deux religions. Un fait captivant à noter est que la toute première mention d'une communauté musulmane en Indonésie date d'environ 1297, quand Marco Polo a observé et relaté l'existence de marchands musulmans résidant au milieu de la population hindoue à Perlak. Les marchands, cherchant à faciliter les échanges commerciaux grâce à une religion commune qui permet de partager repas et prières, ont été parmi les premiers à embrasser l'islam. Au début du XVIe siècle, presque tous les souverains de Java s'étaient convertis. Seule Bali, située à l'est de Java, a maintenu sa royauté hindoue et son système de castes. La religion de Mahomet s’est imposée tardivement à Java par rapport à Sumatra ; d’ailleurs, les Acehnais, très musulmans s’enorgueillissent encore d’avoir été les premiers convertis à l’islam. A Aceh, la charia a été instaurée. A Java, l’islam a été intégré aux coutumes locales sans heurts, et cela a formé la « religion de Java » des croyants abangans, un mélange d’islam et de traditions séculaires. La pratique du selamatan, le repas des cérémonies, est toujours courante. Il célèbre les événements de la vie collective : mariage, circoncision, etc. Tout selamatan se compose de montagnes de riz qui deviennent les symboles du repas rituel. Mais aujourd’hui, l’islam moderniste, d’inspiration du Moyen-Orient, gagne en force et les abangans sont incités à se tourner vers la « vraie » foi. L’Indonésie a longtemps été vue comme un exemple de bonne entente entre les religions, symbole d’un Islam ouvert et tolérant.
Les fêtes islamiques comme l’Aïd al-Fitr (ou Lebaran) et l’Aïd al-Adha sont célébrées avec beaucoup d'enthousiasme en Indonésie. Marquant la fin du mois sacré du ramadan, l’Aïd al-Fitr est l'une des fêtes religieuses les plus importantes du pays. C'est une période de réunion familiale, de pardon et de renouvellement des liens sociaux. L’Aïd al-Adha, quant à elle, commémore la volonté d'Abraham de sacrifier son fils en obéissance à Dieu, et elle est généralement suivie du sacrifice d'animaux comme des moutons, des chèvres ou des vaches, dont une partie de la viande est distribuée aux pauvres.
Le radicalisme de certains a pris racine dans les années 1980, concrétisé par l’ouverture d’écoles coraniques extrémistes où ont été formés les nouveaux combattants du Jihad ; la plus connue est le pondok Ngruki, près de Solo. Mais dans leur grande majorité, les Indonésiens pratiquent leur religion de manière plutôt modérée. L’islam a également une traduction politique, à travers deux partis : la Nahdlatul Ulama (NU) qui défend l’islam traditionnel de Java, et la Muhammadiyah, organisation réformatrice. Ces deux organisations sont relativement modérées et prennent part au jeu politique national.
L'hindouisme
L'introduction de l'hindouisme en Indonésie remonte au IIe siècle, lorsque des marchands et des érudits originaires du sud de l’Inde commencèrent à établir des contacts commerciaux avec les populations locales de l'archipel. Ce processus s'est déroulé de manière graduelle, permettant à la religion hindoue de s'entremêler subtilement avec les pratiques animistes et chamaniques autochtones. Parmi les royaumes anciens les plus influents, on compte le royaume de Kutai en Kalimantan Est, Tarumanagara à Java Ouest, et Holing (Kalingga) au centre de Java. Toutefois, c'est le royaume de Mataram qui se distingue le plus, renommé pour avoir édifié le temple de Prambanan, considéré comme l'un des complexes hindous les plus majestueux et vastes au monde.
Cependant, l'arrivée de l'islam aux XIIIe et XIVe siècles, suivie par son adoption progressive par les élites, a entraîné un déclin de l'influence hindoue dans de nombreuses régions. En réaction, Bali s’est transformée en un refuge pour les hindous qui fuyaient les zones de Java devenues musulmanes. Là, l'hindouisme a non seulement survécu, mais a également prospéré, devenant le pilier religieux et culturel prédominant de l'île. Aujourd'hui, Bali reste une enclave hindouiste forte en Indonésie. Cette religion constitue en effet la foi principale de près de 90 % des Balinais, alors qu'elle n'est pratiquée que par environ 2 % de la population nationale.
Les événements religieux importants dans l'hindouisme indonésien comprennent le Nyepi, le jour du silence célébré comme le Nouvel An balinais (le 11 mars en 2024 ; le 31 mars en 2025). Il s'agit d'une journée de réflexion pendant laquelle les habitants s'abstiennent de toute activité physique et mentale. Il y a aussi Galungan, qui célèbre la victoire du bien sur le mal, et Kuningan, marquant la fin de la période de Galungan (du 28 février au 9 mars en 2024 ; du 23 avril au 3 mai en 2025). Quant aux temples hindous incontournables à visiter, le Pura Besakih à Bali, appelé « temple mère », est un vestige de près de 2 000 ans situé sur les pentes du mont Agung. Le Tanah Lot, un autre temple emblématique de Bali, est célèbre pour son emplacement unique sur un rocher isolé en mer. Et, comme mentionné précédemment, le complexe de Prambanan, dédié aux divinités trimurti hindoues Brahma, Vishnou et Shiva, est reconnu pour ses sculptures minutieusement détaillées et son architecture grandiose.
Le bouddhisme
Également originaire d'Inde, le bouddhisme est arrivé en Indonésie quelques centaines d'années après l'hindouisme. Il a connu son âge d'or sous la dynastie Sriwijaya (située au sud de Sumatra), entre le XIIe et le XIVe siècle, période durant laquelle le royaume a été reconnu comme le plus grand bastion du bouddhisme en Asie du Sud-Est. Grâce aux richesses acquises par le commerce, les dirigeants de Sriwijaya ont pu créer des armées pour conquérir des îles voisines, étendant ainsi leur influence religieuse jusqu'à Java, et même jusqu'au sud de la Thaïlande et au Cambodge. Toutefois, cette influence a progressivement diminué avec l'émergence et l'expansion de l'islam dans les XIIIe et XIVe siècles. Les bouddhistes indonésiens représentent environ 1 % de la population, soit près de 2 millions de personnes. Elle comprend des adeptes des trois principales branches du bouddhisme : Theravada, Mahayana et Vajrayana, dont la majorité sont d'origine chinoise, principalement concentrée à Jakarta, dans le centre de Java, dans les îles Riau, à Banten, dans le sud de Sumatra et à l'ouest du Kalimantan. L'événement religieux le plus important est la célébration de Wesak. Ce festival emblématique, coïncidant avec la pleine lune du mois de Wesak (le 23 mai 2024 ; le 13 mai 2025) commémore les trois événements majeurs de la vie de Siddhartha Gautama : sa naissance, sa mort, ainsi que son éveil, ou illumination, le transformant en Bouddha. A cette occasion, des milliers de fidèles se rassemblent au temple de Borobudur, une merveille architecturale du IXe siècle au centre de Java, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Ce site, le plus grand édifice bouddhiste de la planète, se transforme alors en lieu de convergence spirituelle où chants et méditations se mêlent dans une atmosphère envoûtante.
Le catholicisme et le protestantisme
Le catholicisme a essentiellement été amené par les Espagnols et les Portugais, le protestantisme par les Hollandais. Les chrétiens (orang kristen) représentent 8 % de la population. Deux tiers d’entre eux sont protestants et un tiers est catholique. Le pape Jean-Paul II s’est rendu sur l’île de Flores en 1989. Les Chinois se sont largement convertis au christianisme. Vous verrez essentiellement des églises chez les Bataks de Sumatra, les Torajas et les Minahasans des Célèbes, aux Moluques, en Nouvelle-Guinée, à Flores et Timor, dans Nusa Tenggara. Vous pourrez également passer par la cathédrale gothique de Jakarta, une ancienne construction hollandaise qui se trouve juste à côté de la grande mosquée Istiqlal.
Le confucianisme
Le confucianisme est présent sur l’archipel depuis des siècles. Dans toutes les grandes villes indonésiennes, on trouve un quartier chinois et une forte communauté chinoise. La communauté sino-indonésienne représente près de 6 % de la population. Longtemps classé dans la catégorie des organisations bouddhistes, le confucianisme n’a que depuis peu droit de cité aux côtés des cinq grandes religions. Le confucianisme a été intégré comme religion officielle le 17 janvier 2000, geste de reconnaissance de la culture chinoise. Il était jusqu’alors interdit par décret sous la présidence de Soeharto. En 2012, la ville de Medan a accueilli le congrès mondial du confucianisme, mais ce congrès a été perturbé par des groupes musulmans intégristes. Le Nouvel An chinois est fêté en Indonésie, mais de façon discrète.