iStock-1924336604.jpg

Une histoire de plaques

L'Indonésie se trouve à l'intersection de ces deux plaques tectoniques majeures que sont la plaque eurasienne et la plaque indo-australienne, engendrant une abondance de volcans. Par exemple, Bali se trouve sur le parcours de cette fameuse ceinture de feu du Pacifique, où l'on trouve environ 450 volcans émergés, représentant 75 % des volcans de la Terre. Cette chaîne s'étire presque linéairement à travers l'océan Pacifique sur quelque 40 000 km, bordant les côtes de nombreux pays et îles situées aux frontières des plaques tectoniques et des principales failles océaniques, s'étendant de la Patagonie aux îles Tonga, en passant par l'Alaska, le Japon et l'Indonésie.

La position géographique de l'Indonésie sur la ceinture de feu du Pacifique est stratégique. Cette zone est le théâtre de la collision de la plaque tectonique du Pacifique avec plusieurs autres plaques continentales, engendrant fréquemment des tremblements de terre. C'est également dans cette région que se concentre une grande partie des éruptions volcaniques les plus importantes au monde.

Le long arc volcanique de la Sonde, s'étirant sur plus de 3 000 km de Sumatra jusqu'à la mer de Banda, abrite la majorité des volcans indonésiens. Cette chaîne volcanique résulte de la subduction (lorsqu'une plaque s'enfonce sous une autre qui avance en sens inverse) de la plaque indienne sous la plaque asiatique. Plus au nord, la complexité tectonique s'intensifie avec plusieurs zones de subduction, notamment à Sulawesi-Sangihe et Halmahera, dues à la convergence de diverses micro-plaques.

L'archipel des 17 000 îles et des 500 volcans

L'Indonésie est reconnue mondialement pour sa forte concentration de volcans actifs et pour le nombre considérable d'éruptions qu'elle a connues au fil de l'histoire. Ces éruptions ont souvent été désastreuses, entraînant des pertes humaines, des dégâts sur les terres cultivables, des coulées de boue volcanique (lahars), des tsunamis et des émissions de nuées ardentes. Parmi les catastrophes volcaniques les plus marquantes de l'époque moderne, l'Indonésie a été le théâtre de deux événements majeurs : l'éruption du Tambora en 1815, qui a provoqué des perturbations climatiques à l'échelle planétaire et une « année sans été » en Europe en 1816, et l'éruption du Krakatoa en 1883, dont les répercussions sont restées profondément ancrées dans la mémoire collective.

Les volcans en Indonésie se distinguent par leurs caractéristiques uniques, prenant diverses formes, comme les stratovolcans, les volcans boucliers ou les caldeiras. Ces structures naturelles captivent l'intérêt scientifique, tout en jouant un rôle essentiel dans la vie quotidienne en Indonésie, affectant l'agriculture, le climat et même le secteur touristique.

L'étude des volcans du pays offre une perspective passionnante sur les processus géologiques terrestres et souligne l'importance de comprendre et de surveiller ces phénomènes pour réduire les risques et protéger les populations. Bien que souvent destructrices, les éruptions volcaniques en Indonésie sont aussi un rappel puissant de la force et de la majesté de la nature.

Environ 500 volcans parsèment l'Indonésie, dont près de 135 sont actifs. Parmi eux, 43 ont connu 184 éruptions significatives au cours des 1700 dernières années, causant la mort de plus de 57 200 personnes. La plus catastrophique, en termes de victimes et de dégâts, fut celle du Tambora le 10 avril 1815, qui a fait à elle seule 11 000 victimes. Il existe également 5 volcans sous-marins actifs le long des côtes.

Les volcans Kelud et Merapi, situés sur Java, figurent parmi les plus actifs, étant responsables de milliers de décès sur l'île. Depuis l'an 1000, le Kelud a connu plus de 30 éruptions, avec une éruption majeure atteignant le niveau 5 sur l'indice d'explosivité volcanique, tandis qu'on comptabilise plus de 80 éruptions pour le Merapi.

Les volcans de Sumatra

Sumatra est caractérisée par la présence du Bukit Barisan, une imposante chaîne montagneuse traversant l'île du nord au sud sur environ 1 700 km. Cette chaîne est le résultat du déplacement de la plaque australienne, qui avance à une vitesse de 5,5 cm par an. Ce mouvement tectonique est à l'origine de fréquents séismes, dont celui mémorable de fin décembre 2004, et contribue à la formation de réservoirs de magma sous l'île.

La région abrite 36 volcans actifs, tous situés sur l'île de Sumatra, à l'exception du Weh, isolé sur une île voisine au nord-ouest de Sumatra. Cette isolation est le résultat d'une éruption majeure survenue au Pléistocène, qui a submergé les plaines entre Weh et Sumatra. Parmi ces volcans, le lac Toba se distingue en tant que plus grand volcan de la zone, formé suite à l'effondrement de sa caldeira il y a environ 74 000 ans. Le point le plus élevé de la chaîne montagneuse, ainsi que de toute l'Indonésie, est le Kerinci, qui atteint une altitude de 3 805 mètres.

Les volcans de Java et du détroit de la Sonde

Le détroit de la Sonde, qui fait office de frontière naturelle entre Sumatra et Java, abrite l'île volcanique de Krakatau, positionnée entre ces deux grandes îles. Java, bien que plus petite que Sumatra, se distingue par une densité plus élevée de volcans actifs. Cette île compte 45 volcans, en plus des 20 cratères et cônes faisant partie du complexe volcanique de Dieng.

Sur Java, le Merapi se démarque comme l'un des volcans les plus actifs et les plus dangereux au monde. En 2010, il avait manifesté une activité intense, entraînant l'évacuation de 280 000 personnes et la mort de 300 autres. Le Merapi a connu une éruption remarquable au début de l'année 2023. Vers la fin de l'année 2023 et au début de 2024, le Merapi est à nouveau entré en phase d'activité. Ce volcan culmine à 2 885 mètres d'altitude, et ses éruptions, caractérisées par des coulées de lave, des cendres et des gaz, ont des conséquences considérables sur le trafic aérien local ainsi que sur les régions avoisinantes, comme à Bukittinggi, une ville qui compte 99 000 habitants, est située à seulement 14 km du Merapi.

Le volcan Krakatau, souvent appelé Krakatoa en anglais par erreur, est situé à 40 km au large de Java, dans le détroit de Sunda qui sépare Java de Sumatra. Il figure parmi les volcans les plus actifs de la planète. Son éruption du 27 août 1883 est considérée comme l'une des plus dévastatrices de l'ère moderne, avec une puissance estimée à environ 13 000 fois celle de la bombe atomique d'Hiroshima. Cette éruption a entraîné un désastre colossal : les cendres volcaniques ont été propulsées jusqu'à plus de 80 km d'altitude, atteignant même Singapour et plongeant le détroit dans l'obscurité pendant près de deux jours. Au total, 20 km3 de roches ont été éjectées de la terre. L'explosion a été ressentie à des distances extrêmes, jusqu'à Perth en Australie et l'île Rodrigues près de Maurice, soit à presque 5 000 km. Les cendres dispersées dans l'atmosphère ont tellement affecté le ciel que pendant trois ans, les couchers de soleil furent exceptionnellement spectaculaires, au point de provoquer des alertes incendie aux États-Unis, où des habitants les confondaient avec de grands feux. Les tsunamis générés par cette éruption ont détruit environ 200 villages avec des vagues atteignant 30 mètres de hauteur, faisant le tour du globe jusqu'à sept fois. On estime que plus de 36 000 personnes ont péri à cause des vagues, certains experts évoquant même un bilan dépassant les 120 000 morts. Suite à cette catastrophe, la température globale de la Terre a diminué de 1,2°C pendant les cinq années suivantes.

Suite à son explosion, le Krakatau fut réduit en un volcan sous-marin. En 1927, un nouveau volcan surgit de la mer, nommé Anak Krakatau, signifiant « le fils du Krakatau ». Ce volcan, atteignant presque 350 mètres, continue de croître. Il a commencé une phase éruptive en 1994 et a émis d'importants nuages de fumée en mai 2009. Le 3 octobre 2011, l'Anak Krakatoa a libéré un nuage de cendres dépassant les deux kilomètres de hauteur, annonçant une intensification de son activité. Vers la fin de cette semaine-là, le nombre de tremblements sismiques associés au volcan a atteint près de 6 000 par jour. Le 22 décembre 2018, une augmentation de l'activité de l'Anak Krakatoa, amorcée durant l'été, a conduit à un glissement de terrain sous-marin et déclenché un tsunami dans le détroit de la Sonde. Au 25 décembre 2018, les autorités ont recensé 429 victimes et de nombreux disparus sur les îles de Java et Sumatra. La hauteur du volcan a été réduite de 338 mètres à 110 mètres, et une surface de deux km² de l'île volcanique s'est effondrée dans la mer. Selon l'Agence indonésienne de vulcanologie, entre 150 et 180 millions de m³ de roches et de cendres ont été précipités dans l'océan. Une autre phase éruptive a débuté le 10 avril 2020. Le 24 avril 2022, une éruption a envoyé un nuage de cendres à une altitude de 3 000 mètres.

Les volcans des petites îles de la Sonde

L'archipel des petites îles de la Sonde se compose d'une série d'îles, parmi lesquelles Bali, Lombok, Sumbawa, Florès, Sumba et Timor sont les plus notables. Ces îles se trouvent au nord du plateau continental australien et abritent ensemble 31 volcans.

Parmi ces volcans, le Lewotobi a attiré l'attention en entrant en éruption le 23 décembre 2023, et cette activité se poursuivait au début de l'année 2024. Le sommet du Lewotobi atteint une hauteur de 1 703 mètres. L'éruption a libéré de la lave, des cendres et des gaz, engendrant des répercussions significatives sur les zones avoisinantes, ainsi que sur le trafic aérien. Des nuages de cendres projetés par le volcan ont atteint une altitude de 3 400 mètres, soulignant l'ampleur de l'éruption.

Les volcans de la mer de Banda

Située au sud de l'archipel des Moluques, la mer de Banda englobe un ensemble d'îles mineures. Cette région est géologiquement distinctive, étant le point de convergence de trois plaques tectoniques majeures (eurasienne, pacifique et indo-australienne), un phénomène qui a débuté dès l'ère Mésozoïque. Cette zone géologique particulière abrite neuf volcans.

Les volcans de Sulawesi et des îles Sangihe

La Sulawesi est une île en forme de « K », formée de quatre péninsules distinctes. Elle présente une région centrale montagneuse principalement non volcanique dans la partie sud. En revanche, les activités volcaniques de l'île se concentrent sur la péninsule nord et se prolongent vers le nord jusqu'aux îles Sangihe. Dans cette zone, on compte 14 volcans actifs, y compris un volcan sous-marin qui n'a pas encore été nommé. En avril 2024, le mont Ruang, dans le nord, est entré en éruption, obligeant des milliers de personnes à évacuer.

Les volcans de Halmahera

Halmahera, une île située au nord de l'archipel des Moluques, s'est développée suite à l'interaction de trois plaques tectoniques. Ce phénomène géologique a donné naissance à deux chaînes montagneuses qui se croisent, formant ainsi quatre péninsules distinctes, séparées par trois baies profondes. Sur le côté ouest de l'île, un arc de 16 volcans s'étire du nord au sud, et s'étend également à certaines îles volcaniques environnantes telles que Ternate et Tidore.

Parmi ces volcans, le Dukono, situé dans la région des Moluques, est particulièrement actif. Ce volcan, dont le sommet se dresse à 1 229 mètres d'altitude, émet continuellement de la lave, des cendres et des gaz, affectant grandement les régions avoisinantes et perturbant le trafic aérien. La ville de Tobelo, peuplée de 10 000 habitants, se trouve à seulement 13 km du Dukono. Lors des éruptions, des nuages de cendres peuvent s'élever jusqu'à 4 000 mètres d'altitude.