Le christianisme, influence des missionnaires en milieu rural
Près de 60 % de la population serait chrétienne aujourd’hui. Parmi cette majorité chrétienne, on trouve des Indiens originaires de Goa, un ancien comptoir portugais maintenant anglophone. Les chrétiens sont répartis entre luthériens, anglicans, et les membres des autres Eglises protestantes, essentiellement pentecôtistes, adventistes et baptistes. Le rôle des Eglises dans le développement du christianisme dans le pays est considérable. Les missions chrétiennes isolées dans les endroits les plus reculés et arides de Tanzanie organisent les tournées des flying doctors (soutenues ou organisées par ces Eglises) et tiennent les hôpitaux de brousse. De nombreux villages ou groupes de pasteurs nomades ne bénéficieraient d’aucun soutien matériel et médical, en particulier lors des périodes de sécheresse, sans leur précieuse aide. Certaines missions effectuent un travail remarquable de formation aux métiers manuels ou aux travaux agricoles, d’éducation et de soutien aux femmes. Mais aussi d’amélioration des plants et des espèces, de perfectionnement des techniques agricoles, de développement de l’irrigation, de formation à l’hygiène et aux soins médicaux, notamment pour les enfants. Dans les villes aussi, les congrégations sont très actives, en prenant soin de nombreuses écoles, en fondant et gérant des hôpitaux, et en s’occupant des plus pauvres. En particulier, les sœurs et les frères de mère Teresa sont présents dans plusieurs grandes villes. Le pape Jean-Paul II a été chaleureusement et massivement accueilli dans le pays en 1990. En outre, les missionnaires, souvent d’origine européenne, veillent désormais à la préservation du patrimoine culturel de certaines ethnies.
L’islam, influence des Arabes sur la côte et à Zanzibar
Les musulmans sont concentrés à Zanzibar, Pemba (à 99 % musulmane), mais aussi Mafia et la côte swahilie. De 80 à 90 % des musulmans tanzaniens sont sunnites. C’est l’héritage de deux siècles de colonisation par le sultanat d’Oman. En dehors de quelques événements très localisés et sans lendemain (dont l’attentat contre l’ambassade américaine de Dar es Salaam en 1998), le fondamentalisme musulman ne semble heureusement pas trouver d’échos. Les mœurs à Zanzibar suivent les principes d’un islam traditionnel : prière cinq fois par jour, principalement à la mosquée très fréquentée, fêtes religieuses attendues avec ferveur et célébrées en famille. Tous les jours à Stone Town, comme dans les villages, on entend les muezzins faire l’appel à la prière dans les mosquées de la ville, dont un très tôt le matin. Mariage obligatoire, dot pour la famille, polygamie très répandue et des familles nombreuses (cinq enfants par femme en moyenne) sont la norme. Les jeunes filles portent le voile dès l’âge de 5 ou 6 ans pour la plupart. Pour autant la cohabitation avec les touristes est harmonieuse, les habitants de Zanzibar sont accueillants, à condition que les visiteurs s’habillent décemment quand ils se baladent dans les villes et villages.
L’animisme bantou présent par syncrétisme
L’animisme désigne un ensemble de cultes, de mythes, de rites naturels et surnaturels fondé sur la croyance en un peuple d’esprits, représentant les forces de la nature et des défunts, et qui aurait le pouvoir d’influencer la vie des hommes actuels. Officiellement, les croyances exclusivement animistes ne sont plus partagées que par quelques ethnies, les khoisans et couchites par exemple. En réalité, si la religion occupe une place fondamentale dans la vie des sociétés africaines, elle est mêlée, chez beaucoup, de croyances aux esprits maléfiques, dues à des restes d’animisme, à un retour tardif à certaines de ses croyances ou un ancrage insuffisant dans un groupe religieux.
Les croyances peuplent de toute façon l’univers des Bantous animistes, puisque les choses sont animées, le monde lui-même, ses objets et ses animaux sont sacrés : partout, les esprits sont présents. Le Bantou ne doit donc en principe pas craindre la mort car tout est esprit et il existe une vie au-delà, mais il doit d’abord craindre toute lésion à la puissance vitale, et rechercher l’équilibre cosmique. Il vit cependant dans un monde d’inquiétude et de peur, celui des ancêtres plus ou moins bienveillants, des génies, des esprits et forces naturelles, qui se manifestent tous dans les rêves, les signes naturels, les symboles que seul le sorcier est censé comprendre. Dans ce système, seule la magie permet de se concilier le monde environnant, et le sorcier peut donner les moyens et les explications pour neutraliser les puissances occultes.
Egalement, les guérisseurs (appelé djudju en Tanzanie) seraient doués pour jeter des mauvais sorts, et le sacrifice d’un animal serait alors nécessaire pour apaiser les esprits. Ils ne se contentent pas de soigner par les herbes et les plantes, mais se transforment en sorciers en s’attribuant des pouvoirs magiques qu’ils utilisent contre forte rémunération.
Les Maasaïs, entre animisme et christianisme
Éduqués par des missionnaires chrétiens, mais empreints d’une religion animiste très puissante, les Maasaïs christianisés en sont un bon exemple du syncrétisme qui peut exister entre les deux religions. Les Maasaïs conservent en effet leurs traditions, l’organisation en clan, l’éducation du guerrier et le rite de passage à l’âge adulte. Mais la liturgie intègre de nombreuses danses et symboles locaux. Ce sont souvent les populations, en difficulté matérielle ou non, qui sont aidées par ces missionnaires. Mais en réalité, très religieux, les Maasaïs croient en une religion monothéiste, mais ne croient pas à une vie post-mortem. Leur dieu est aussi bien celui du bien que celui du mal, celui qui donne la vie mais aussi la mort. Ils le prient sous des figuiers sacrés (Ficus sycomorus ou fig trees), ou autres lieux sacrés, notamment sur la montagne de Dieu, Ol Doinyo Lengaï, un volcan en activité où ils procèdent parfois à des sacrifices d’animaux. Certaines de leurs valeurs se rapprochent étrangement des valeurs chrétiennes : importance du partage avec ceux qui sont dans le besoin, pardon au moment des grandes fêtes (notamment lors de l’eunoto, le guerrier doit oublier toutes les offenses qui lui ont été faites), franchise, honnêteté... Les laibons, prêtres et sorciers, dirigent la prière du clan, distribuent les amulettes.