Des ressources naturelles : eau, or, uranium et autres métaux
Les glaciers, rivières et lacs d’altitude constituent d’importantes réserves d’eau, utilisées principalement par les besoins de l’agriculture. Le lac Song Kul, dans les monts du Tian Shan constitue ainsi la plus grande réserve d’eau douce naturelle du pays. Le choix, issu de l’URSS d’une agriculture irriguée, a généré également la construction de barrages, comme celui de Toktogul dans la vallée Ketmene-Tubé. Des systèmes de coopération ont alors été mis en place entre les pays en amont, détenant l’eau, et les pays en aval, utilisateurs. Concrètement le Kirghizistan cédait une partie de l’eau du réservoir de Toktogul à l’Ouzbékistan et au Kazakhstan pour l’irrigation de leurs terres. En échange le Kirghizistan recevait de ces deux pays du gaz pour ses besoins en chauffage. Depuis la fin de la période soviétique, ce système a été mis à mal et l’on voit naître des conflits liés à l’eau dans les zones transfrontalières. Le réchauffement climatique constitue un autre sujet d’inquiétude concernant la ressource eau. En effet la hausse des températures, outre une fonte accélérée des glaciers, pourrait entraîner une diminution de l’ensemble des réserves du pays. À noter que l’on trouve des sources d’eau directement accessibles, notamment dans la vallée d’Altyn Arashan. Des coutumes chamaniques, telles que des bandelettes de tissu enroulées autour des arbres, protègent – du moins symboliquement – les lieux. Le Kirghizistan possède également des ressources en métaux, dont l’or, le mercure et l’uranium. La mine d’or à ciel ouvert de Kumtor, située à 4 000 mètres d’altitude et exploitée par une société canadienne, représenterait à elle seule 12 % du PIB du pays. Quant à l’uranium, des mines furent exploitées pendant l’ère soviétique. La région fut ainsi surnommée la « Forteresse atomique des Tian Shan ». Ces mines, dont la plupart sont aujourd’hui désaffectées, conservent encore des déchets toxiques, dans des installations parfois déficientes. Cette situation présente un risque important de contamination des eaux et des sols, et ce, au-delà des frontières du pays, les sites étant positionnés en amont des réseaux hydrographiques qui drainent l’Asie Centrale.
Des risques naturels et anthropiques
La géologie et la géographie du pays lui confèrent une richesse en termes de ressources, mais aussi une vulnérabilité, qui la plupart du temps n’a pas été prise en compte lors de la construction des infrastructures. Les principaux risques naturels auxquels le pays est soumis sont le risque sismique, avalanches, inondations et glissements de terrain. Le réchauffement climatique pourrait quant à lui accentuer la fréquence et la gravité de certains phénomènes extrêmes. Les risques naturels, lorsqu’ils sont corrélés avec des risques anthropiques, ont des conséquences beaucoup plus graves pour les milieux et les populations. Ainsi le surpâturage favorise-t-il l’érosion et fragilise-t-il les sols, les rendant plus vulnérables lors d’avalanches ou d’inondations. La mine d’or de Kumtor n’a pas tenu compte de certains risques naturels lors de sa mise en exploitation. En 2003, des installations ont ainsi été détruites suite à la fonte d’un glacier. Auparavant, en 1998, un camion déversa accidentellement 2 tonnes de cyanure de sodium dans la rivière Barskoon, qui se jette dans le lac d’Issyk-Koul, causant des morts et des intoxications. Le risque de contamination au mercure, métaux lourds et déchets nucléaires est présent sur différents sites du territoire. La gestion des déchets des ménages constitue un autre enjeu environnemental et sanitaire, tant dans les villes que dans les villages. Enfin, l’air du Kirghizistan est parfois très pollué dans les villes et notamment la capitale, qui souffre d’un smog conséquent. Face à ces enjeux, des actions et réglementations se mettent en place. Il reste cependant des espaces naturels protégés, où le visiteur pourra apprécier un paysage et un environnement de qualité.
Des espaces naturels protégés : parcs nationaux, parcs d’État et réserves de biosphère
Afin de préserver la faune et la flore exceptionnelles de la contrée, différents espaces protégés ont été mis en place. Le pays compte ainsi 13 parcs nationaux (Ala-Archa, Kyrgyz-Ata, Besh-Tash, Kara-Shoro, Karakol, Chong-Kemin, Salkyn-Tor, Saimaluu-Tash, Sarkent, Alatai, Kara-Buura, Kan-Achuu et Khan-Teniri). Leur but est d’assurer une protection des habitats et des espèces, tout en permettant une fréquentation touristique. Le Parc national d’Ala Archa (nommé d’après une espèce de genévrier de la région) est l’un des plus emblématiques du pays. Situé à une trentaine de kilomètres de Bichkek, il offre des paysages remarquables, destination idéale pour des randonnées en montagne ou dans les gorges de la rivière Ala-Archa. Il abrite aussi des populations de léopards des neiges. Le pays comporte également des parcs naturels d’État, dédiés à des milieux ou des thèmes (forêts, réserves géologiques, botanique, etc.). Enfin le pays possède deux réserves de biosphère, classées au titre de l’UNESCO (la Réserve naturelle d’Issyk-Kul créée pour la protection des oiseaux migrateurs hivernant sur ses rivages, et la Réserve naturelle de Sara-Tchelek). L’ensemble de ces zones de protection couvrait 7,4 % du territoire kirghize en 2017.
Gestion des déchets et politiques environnementales
Des mesures ont été prises par le pouvoir local pour la gestion des déchets ménagers. Une loi de 2015 stipule ainsi l’interdiction d’enfouissement ou d’incinération des déchets en dehors des installations prévues à cet effet. Or celle-ci semble peu appliquée. D’autre part la collecte sélective des déchets n’est pas encore mise en place. Cependant, des entreprises locales ont pris l’initiative de développer une forme d’économie circulaire, en proposant le recyclage du papier et des bouteilles plastiques. Les ONG et les initiatives citoyennes en matière d’environnement émergent de plus en plus. Les efforts restent à poursuivre de manière générale pour répondre aux Objectifs du Millénaire pour le développement durable, notamment pour l’accès à l’eau potable, thématique qui a fait l’objet d’un engagement de la part du président du pays. Des programmes d’actions sont en cours, avec l’aide de bailleurs de fonds internationaux.