Découvrez le Kirghizistan : Population

Le Kirghizistan est un pays multi-ethnique où les Kirghizes (ou Kirghiz) sont tout juste un peu plus de la majorité. Plus de la moitié de la population vit dans la vallée de Ferghana, fertile, mais étroite bande de terre au pied des montagnes et dont la plus grande partie appartient à l’Ouzbékistan. Les Ouzbeks y sont d’ailleurs l’ethnie majoritaire, même dans la partie kirghize de la vallée. Le reste de la population est principalement regroupée autour de la capitale, Bichkek, restée assez soviétique, et sur la rive nord du lac Issyk Kul, entre Balakchi et Karakol. La population kirghize se caractérise par sa jeunesse : 35 % de la population est âgée de moins de 15 ans alors que tout juste 5 % des Kirghizes ont plus de 65 ans. Avec un taux d’accroissement de 25 ‰, les jeunes sont de plus en plus nombreux et posent à l’État kirghize de nombreux défis dont celui de l’enseignement, du chômage, mais aussi de la prévention autour de la drogue et du sida.

Les Kirghizes

Les Kirghizes sont une ethnie d’origine turque, installée dans l’actuel Kirghizistan, dans le sud des steppes kazakhes, le Pamir tadjik et chinois. Les Kirghizes sont un peuple de nomades originaire du haut bassin de l’Ienisseï. Ils font parler d’eux pour la première fois en 840, lorsqu’ils vainquent l’Empire ouïghour alors établi en Mongolie. Ce peuple probablement indo-européen turquisé règne moins d’un siècle avant d’être repoussé par les Khitans, puis de migrer progressivement vers la région des Tianshan. La conversion des Kirghizes à l’islam est tardive, puisqu’elle ne commence qu’au XVIIe siècle, et reste empreinte de fortes traditions chamanistes. Les Kirghizes sont aujourd’hui largement sédentarisés, et se consacrent principalement à l’élevage de moutons, chevaux et yaks. Durant la période soviétique, les Kirghizes étaient minoritaires dans le pays qui porte leur nom (45 % de la population). Les Russes constituaient alors 19 % de la population locale, et les Ouzbeks 11 %. On compte en revanche de nombreux Kirghizes en Chine (120 000 dont une grande partie avait fui la répression soviétique) et en Ouzbékistan (180 000 dans la vallée de Ferghana).

Un melting-pot ethnique et culturel

Les Kirghizes ne constituent, selon les sources, que 60 à 65 % de la population du pays et celui-ci compte de nombreuses minorités issues principalement des ethnies turques. Sans oublier les Russes, toujours très présents, et les Chinois, qui le sont de plus en plus.

Les Ouzbeks sont majoritaires dans la vallée de Ferghana, mais peu présents dans le nord du pays. Ils pèsent aujourd’hui pour près de 15 % de la population totale au Kirghizistan et constituent la plus importante minorité du pays. Ethnie turque, musulmane sunnite, installée dans l’actuel Ouzbékistan, dans la partie tadjike et kirghize de la vallée de Ferghana et dans le nord de l’Afghanistan, les Ouzbeks ont conquis les terres de l’actuel Ouzbékistan au début du XVIe siècle. Ils sont issus de tribus turques des steppes, et ont commencé à se constituer en tant qu’ethnie homogène à partir du XIVe siècle, sous l’autorité de la dynastie Chaybanide. Leur montée en puissance dans la région a été notamment marquée par la création des khanats ouzbeks de Boukhara, Khiva et Kokand, fondés du XVIe au XVIIIe siècle. Si Ouzbeks et Kirghizes ont appris de longue date à vivre ensemble, les tensions ethniques se sont faites plus vives lors de l’indépendance, comme en ont violemment témoigné les affrontements à Osh en 1990 et de nouveau dans la vallée de Ferghana en 2010. Les Russes ont pour beaucoup émigré après l’indépendance. De 20 % avant 1991, ils ne représentent plus que 9 % de la population du Kirghizistan, essentiellement dans le nord du pays. Le mouvement de retour au pays après l’indépendance a été important, mais les relations avec la Russie sont toujours restées au beau fixe, comme en témoignent encore les statues de Lénine à Bichkek ou Osh, disparues dans les pays voisins, mais toujours présentes au Kirghizistan. Le long de la frontière chinoise, on côtoiera une forte minorité Dungane. Les Dungans, originaires du Gansu, du Ningxia, du Xin Jiang et du Shaanxi, sont des musulmans chinois ayant fui les guerres en Chine à la fin du XIXe siècle pour trouver refuge au Kazakhstan et au Kirghizistan. Ils pèsent pour 1,2 % de la population kirghize et constituent la plus forte communauté Dungan hors de Chine. La mosquée Dungan de Karakol est un exemple marquant de leur forte implantation territoriale. Enfin, toujours côté chinois, on trouvera également une minorité d’Ouïghours, qui forme le 4e groupe minoritaire au Kirghizistan à égalité avec les Tadjikes. Chacun pèse pour 1,1 % de la population. Ce tableau contrasté et varié de la population kirghize s’enrichit encore de nombreuses autres ethnies issues d’un long brassage historique : Ukrainiens, Coréens, Tatars, Allemands, Turcs, Tchétchènes, Chinois et Kazakhes sont les autres minorités présentes au Kirghizistan et constituent, tous confondus, plus de 5 % de la population.

Un clivage nord-sud ethnique et historique

Outre l’opposition ancienne entre les sédentaires et les nomades, la politique expansionniste du khanat de Kokand en vallée de Ferghana au XVIIIe siècle n’a fait que creuser davantage la fracture entre le nord et le sud du Kirghizistan. Le nord entretenait ses racines, en grande partie héritées de la vallée de l’Ienisseï, d’où sont originaires les Kirghizes, et était regroupé autour du mode de vie nomade, de l’oralité de la culture et des pratiques chamanistes, en dépit de la progression de l’islamisation. Le sud, à l’inverse, acceptait mieux les mesures concernant la sédentarisation et l’islamisation du fait de l’action des confréries soufies depuis le XVIe siècle. De cette opposition découlaient des révoltes de plus en plus nombreuses. Les historiens ont eu tendance à exagérer ces révoltes en leur conférant un caractère « national » et identitaire, alors que bien souvent, dans le sud, elles faisaient suite à un alourdissement de l’impôt et à la saisie de terres. Dans le nord, elles répondaient à la recherche d’une autonomie des tribus. L’insurrection d’un grand nombre de tribus kirghizes septentrionales et la rapidité de la conquête russe de ces régions attestent néanmoins l’inimitié séculaire qu’il existait entre elles et le khanat de Kokand. Les Kirghizes de l’ouest de l’Issyk Kul ont inauguré le ballet des grandes révoltes du XIXe siècle, qui semblaient être les premières révoltes coordonnées contre un État sédentaire, sans que les Kirghizes aient éprouvé le besoin de s’en aller.

Quelle langue parler ?

Le Kirghizistan a la particularité d’avoir conservé une langue officielle, le russe, tout en retrouvant, après l’indépendance, sa langue nationale, le kirghize. Ajoutez à cela que les Ouzbeks de la vallée de Ferghana pèsent pour 25 % de la population, ce qui veut dire qu’un quart des habitants du Kirghizistan parle également ouzbek… Pour être sûr de vous débrouiller partout, optez pour le russe. Si vous parlez turc, vous pourrez vous en sortir avec le kirghize et l’ouzbek, qui relèvent de la famille des langues turciques, mais devrez jongler avec des accents qui changent énormément entre le sud et le nord du pays.

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