Découvrez le Kazakhstan : Société (vie sociale)

La population du Kazakhstan se définit en premier lieu par la multitude de ses origines et de ses croyances. Un melting pot d'ethnies et de religions ayant évolué dans la steppe ou dans les montagnes, ayant subi l'influence russe au nord ou musulmane au sud, ayant troqué son mode de vie nomade pour une sédentarisation forcée il y a seulement un siècle… Difficile de faire plus contrasté ! Des différences qui s'expriment au grand jour entre Astana, la capitale politique, moderne, aux bâtiments futuristes, et Almaty, la capitale culturelle, traditionnelle, qui cultive son statut de berceau des Kazakhs. Malgré ce portrait de prime abord bien disparate, la société elle-même fonctionne suivant des traits communs bien spécifiques, comme l'appartenance à un clan, l'attachement à la culture, le retour du religieux et le désir de liberté et d'indépendance. Tour d'horizon des faits de société les plus visibles auxquels il faut vous attendre.

Appartenir à un clan est primordial

On a évoqué, dans le dossier « Histoire », les nombreux clans qui se divisaient l'espace de la steppe et dont la puissance variait en fonction du résultat de querelles incessantes et souvent millénaires entre les uns et les autres. Aujourd'hui encore, ces clans dictent bien des aspects de la vie sociale, politique ou économique du pays. Les 30 ans passés au pouvoir par Noursoultan Nazarbaev lui ont permis de placer les membres de sa famille à bien des postes clés de l'État, mais sans pour autant faire disparaître les autres clans, qui lorgnent désormais le pouvoir. Cette appartenance à un clan est un trait commun à toutes les républiques d'Asie centrale. Au Kazakhstan, l'appartenance à l'une des trois hordes traditionnelles, liée à l'origine géographique, a joué un rôle tout au long de l'histoire du XXe siècle. Les Petite et Moyenne hordes, qui nomadisaient au nord de la steppe, ont été « russifiées » très tôt, et leurs enfants éduqués dans les Universités de Moscou ou Saint-Pétersbourg sont bien souvent revenus au pays pour nourrir la fibre nationale et l'identité kazakhe à travers les arts ou la politique. Ils subirent de plein fouet les grandes purges staliniennes. Dans le sud du pays, tenu par la Grande Horde, la lutte contre les Russes du nord s'est souvent faite par adhésion aux idées soviétiques, raison pour laquelle on en a retrouvé les membres, comme Nazarbaev, aux manettes du pays dès la période communiste, puis lors de l'indépendance. Aujourd'hui encore, partout en Asie centrale, l'appartenance clanique continue à jouer un rôle primordial dans l'organisation de la société.

Un système éducatif hérité de l’époque soviétique

Avant l'arrivée des Soviétiques, l'éducation était réservée à une élite, et les études supérieures bien souvent limitées aux universités russes. Le taux d'alphabétisation au tournant des XIXe et XXe siècles est extrêmement bas au Kazakhstan, où la culture nomade n'a jamais reposé sur l'écrit mais sur les traditions orales. Le système éducatif soviétique, imposé dans toutes les Républiques socialistes d'Asie centrale, a permis une alphabétisation très rapide des populations locales et leur mise à égalité, y compris entre hommes et femmes, sur les bancs de l'école. Des universités voient le jour à Almaty ou Kyzyl Orda, et les Kazakhs de toutes les couches sociales peuvent également partir faire chez le grand frère russe des études supérieures. Avec l'indépendance, ce schéma prend un sérieux coup dans l'aile par le simple fait que les crédits disparaissent. Des dizaines de milliers d'enseignants à travers le pays quittent leur poste faute de percevoir un salaire, ou ne le percevant qu'avec des mois de retard. La libéralisation de l'économie a permis au Kazakhstan de rebondir plus rapidement et plus facilement que ses voisins. Mais un problème de taille se pose : dans quelle langue enseigner ? En russe ou en kazakhe ? Les nouveaux professeurs parlent kazakhe et les écoliers n'ont appris que le russe. L'équilibre est souvent difficile à trouver mais, 30 ans plus tard, il en ressort une certitude : les étudiants terminent leurs études en maîtrisant a minima le kazakhe, dans bien des cas le kazakhe et le russe et, depuis une mesure gouvernementale volontariste engagée dans les années 2010, l'anglais, du moins dans les grandes villes. Le mouvement de recul de l'alphabétisation observé au début des années 2000 a ainsi été enrayé (le budget alloué à l'Éducation nationale tourne alors autour de 18 % du PIB), mais il demeure un problème d'inégalités flagrant. Les grandes universités sont à Almaty ou Astana, où la vie est plus chère qu'ailleurs, et peu d'étudiants de province ont les moyens d'y suivre des études. Almaty, Chymkent, Astana et Karaganda captent 65 % des étudiants de l'ensemble du pays. Le Kazakhstan, en 2022, publiait des chiffres encourageants : 750 000 étudiants avaient suivi plus de 12 ans de scolarité.

Une répartition inégale des richesses

Il n'y a pas qu'en termes d'accès à l'éducation que les Kazakhs doivent faire face aux inégalités. La répartition des richesses est également un point de déséquilibre apparu dès l'indépendance, et qui s'est accentué dans les années 2010, lorsque la manne des hydrocarbures a entraîné des taux de croissance de 7 à 8 % sans que l'ensemble de la population n'en perçoive les dividendes. En 2016, le Kazakhstan a intégré le groupe de l'OPEP+ (rassemblement de pays producteurs de pétrole). Mais dans le pays, l'écart se creuse de plus en plus entre les très riches populations des deux « capitales » et des villes bénéficiant directement de la manne pétrolière, et celles plus modestes dans le reste du pays. Pour preuve, la très clinquante Astana, et son budget de plus de 100 milliards de dollars pour attirer les grands noms de l'architecture mondiale, alors que dans le pays une large partie de la population vit encore dans des immeubles délabrés de l'époque soviétique, avec un accès limité aux hôpitaux, universités et autres services publics.

Des traditions nomades vivaces

Malgré la sédentarisation des populations, la soviétisation des esprits et le désir d'Occident qui a suivi l'indépendance, les traditions et la culture nomade ont réussi à perdurer, fruit d'une longue habitude de la clandestinité. Lors de la conquête musulmane, déjà, bien des traditions liées au chamanisme ou au zoroastrisme continuaient d'être véhiculées oralement et pratiquées en cachette. Et à nouveau, sous l'occupation soviétique, c'est bien souvent l'islam qui, à son tour, fut pratiqué dans le secret. Après l'indépendance, le regain de nationalisme et le besoin de retrouver une identité ont poussé nombre d'habitudes jusque-là laissées au folklore à revenir sur le devant de la scène. Ainsi les traditions du mariage, au Kazakhstan, sont intimement liées aux pratiques datant de l'ère nomade. En premier lieu, toute union doit répondre à des impératifs politiques d'alliance entre clans ou familles d'un même clan. Et, hormis dans les grandes villes, les mariages en province sont bien souvent arrangés dès le plus jeune âge sans que les futurs époux aient leur mot à dire. Pour autant, ceux-ci doivent se plier à un rituel bien précis, notamment celui de la demande en mariage, au cours de laquelle les capacités intellectuelles, la beauté, la situation sociale de l'une et de l'autre sont jaugées par la famille. Les fiançailles auront toujours lieu chez la famille de la future épouse. À cette occasion sont fixés les détails de la cérémonie, les rôles de chacun, la dot, etc. Enfin, pour tout faire dans les règles de l'art, le jour dit, le promis doit se rendre à cheval dans la famille de sa compagne et chanter une ode qu'il lui aura composée. En l'entendant, la jeune fille se doit d'éclater en sanglots, témoignant ainsi de sa tristesse à l'idée de quitter ses parents. Puis elle entonnera à son tour une chanson à l'adresse de ses parents, pour les consoler de son départ. Les deux époux peuvent ensuite retourner à la demeure du jeune marié et commencer leur nouvelle vie, non sans avoir auparavant trouvé un recoin de la steppe où ils passeront leur nuit de noces, et dont l'emplacement sera marqué par deux fouets croisés, symbolisant leur union.

Bien entendu, surtout en ce qui concerne la dernière partie, ces pratiques ne sont plus suivies à la lettre. Et à Almaty, la grosse limousine rose ou le Hummer blanc nacré remplace bien souvent le cheval… Néanmoins, en voyageant dans le pays, vous aurez certainement la chance d'observer des cérémonies de mariage et les festivités, souvent complétées par des jeux équestres pour les familles les plus riches, qui y sont associées.

La place des femmes dans la société

Dans la culture nomade, bien qu'il s'agisse aussi d'une société patriarcale, la femme avait un rôle bien précis à tenir et un statut parfois plus enviable que dans les cités. Responsable de bien des corvées, dont la tenue de la yourte, elle s'occupait également de l'éducation et conservait les richesses de la famille sur elle, sous forme de bijoux ou de soieries. Avec l'arrivée des Soviétiques, la femme, en tous cas le temps de sa scolarité, a évolué à l'égalité avec les hommes sur les bancs de l'école, et jouissait officiellement des mêmes droits et devoirs qu'eux une fois diplômée. L'indépendance a marqué un retour aux valeurs de l'islam, qui s'est fait sentir rapidement dans les républiques d'Asie centrale, mais dans une moindre mesure au Kazakhstan, où la présence russe est restée longtemps très forte, voire majoritaire dans certaines parties du pays, et où l'islamisation a été plus tardive et moins profonde que dans les pays voisins. Pour autant, afin de peser face à la forte proportion de Russes dans la population, autant que pour affirmer l'identité nationale kazakhe, l'islam est peu à peu revenu sur le devant de la scène, comme en témoignent les nombreuses constructions de mosquées à travers le pays. La place de la femme a pâti ces dernières années de ce retour vers le religieux, pas forcément dans les villes, mais certainement dans les provinces et les régions plus reculées de la steppe.

Un habitat contrasté

Amateurs d'architecture, vous serez servis au Kazakhstan. N'y cherchez pas trop d'immeubles Art nouveau ou d'églises baroques, l'architecture vous aidera plus à décrypter l'histoire sociale du pays qu'à alimenter votre compte Instagram. Mais soyez certains qu'Astana n'est pas la seule curiosité architecturale du pays. Derrière la capitale et ses bâtiments futuristes dessinés par l'élite de l'architecture mondiale, vous côtoierez aussi les barres d'immeubles de l'époque soviétique, celle pendant laquelle il fallait absolument sédentariser des centaines de milliers de personnes. On pense également aux villes nouvelles, Aktau en tête avec ses « Mikrorayons », créés pour accueillir les ouvriers venant exploiter les richesses du sous-sol kazakh. Et il y a enfin la yourte, résurgence d'un passé nomade encore bien ancré, sous laquelle vous aurez certainement l'occasion de dormir au gré de vos pérégrinations dans le pays. La yourte est un lieu dont la structure répond à des règles strictes, reflet de la vision de l'univers pour les nomades tout comme de la structure de la société. L'orifice rond au sommet de l'habitation symbolise les cieux, et le foyer se trouve pile en dessous. Deux piliers centraux, autour du foyer, supportent la structure entière. Ils sont considérés comme sacrés : il ne faut jamais passer entre ces colonnes, ni faire passer quoi que ce soit entre eux. Traditionnellement ouverte vers le sud, la yourte combine répartitions géographique et fonctionnelle. Le nord est la place sacrée, où sont placés l'autel des ancêtres et les objets les plus précieux. Le sud est la zone de travail, celle où se trouve le foyer, autour duquel les femmes peuvent préparer la nourriture. La partie ouest de la yourte est réservée aux hommes et aux invités, alors que l'est est celui des femmes et de la vie domestique.

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