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La pyramide de la politesse

Le système de hiérarchisation est la base de la structure sociale coréenne. L’on doit le respect aux plus âgés que nous, mais également à ceux dont le statut social est supérieur. Par exemple lors d’une conversation avec un Coréen, l’âge va être demandé dans les toutes premières minutes. En effet cela va permettre d’établir la hiérarchisation et donc le degré de politesse à adopter. La manière de parler va donc s’adapter en fonction de la personne avec laquelle il y a échange. Cela va au-delà de la différence « tutoiement, vouvoiement » que l’on connaît. Cette distinction d’âge s’opère aussi lors des repas, on ne doit pas s’asseoir avant les aînés ni même commencer à manger avant eux, ce qui constituerait une forme d’irrespect. La manière de servir de l’alcool va elle aussi varier en fonction de qui sert qui. Il est à noter que les plus jeunes doivent être littéralement au service des aînés et contribuer à ce que rien ne leur manque.

L’école : un succès qui se paye

En Corée du Sud, la compétitivité règne en maître. Bien évidemment dans le monde du travail, comme partout, mais en Corée cette course vers la réussite commence dès l’école. La subdivision est relativement similaire à la nôtre. La première étape est le jardin d’enfant, puis arrive l’enseignement primaire, l’enseignement secondaire pour finir par l’université. Les Coréens sont parmi les meilleurs élèves du monde, leur rapport aux études étant particulièrement intense et poussé.

Cette culture du succès et de la réussite est appuyée par le gouvernement qui a même créé des cours gratuits en ligne, l’EBS (Educational Broadcasting System). Nombre de familles investissent aussi pour leurs enfants dans des académies et des institutions privées que l’on nomme hagwon. Souvent très coûteux, ces lieux d’études qui ferment souvent tard le soir (22h) préparent les jeunes en vue du Suneung. Le Suneung peut être comparé au baccalauréat français à la différence qu’il est presque considéré comme un jour sacré en Corée, tant il a de la valeur pour le futur des étudiants. Les résultats que l’on obtient à cet examen décident des universités que l’on va pouvoir ou non fréquenter. Plus les résultats sont élevés plus les portes des grandes écoles et par la suite des entreprises prestigieuses s’ouvrent facilement. C’est pour cela que ce jour est tellement important dans la société coréenne, qui pour l’occasion tourne d’ailleurs au ralenti. Elle s’adapte à l’évènement de manières surprenantes. Les magasins ainsi que les entreprises ouvrent plus tard afin de permettre un trafic plus fluide ; les avions ne passent pas au dessus des villes dans lesquelles se déroulent les examens, les transports qui emmènent les étudiants ont la priorité et le plus original est sans doute que même les policiers sont réquisitionnés pour conduire eux-mêmes les éventuels retardataires. Cela montre l’importance de ce jour et des études en règle générale. Cette période dans la vie des Coréens présente également un aspect très grave, en effet ils sont aussi les plus nombreux à se suicider durant cette période, en raison d’une pression et d’une compétitivité toujours plus grandissante…

Deux ans à offrir à son pays

Il est dit en Corée que les hommes pleurent trois fois dans leur vie : quand ils naissent, au décès de leurs parents, et lors de leur départ pour le service militaire. Et c’est de ça dont il est question. Puisqu’il n’y a malheureusement toujours pas de paix officielle avec la Corée du Nord, les jeunes hommes sud-coréens doivent effectuer un service militaire d’environ deux ans. Par la suite, ils auront des « piqûres de rappel » durant plusieurs années. Ils peuvent choisir entre l’armée de terre, la marine ou l’armée de l’air. Les branches les plus dures et éprouvantes sont souvent moins longues de quelques mois. Jadis, les soldats étaient complètement coupés de leurs familles. De nos jours, la situation s’améliore un peu. Ils ont le droit à quelques permissions ainsi qu’à une utilisation de leur téléphone portable évidemment très limitée et encadrée. Les jeunes hommes expérimentent les conditions très réalistes d’un conflit armé. Le but étant d’être prêts à se défendre, au cas où...

Mariages, divorces et naissances

Qu'en est-il des familles, des mariages, des divorces et des naissances en Corée du Sud ?

Cette société confucianiste est généralement très protectrice envers les femmes qu’elle juge plus faibles. La moyenne d’âge pour qu’une femme se marie est d’environ 30 ans.

Les mariages ne conquièrent plus la majorité de la population, sauf étonnamment dans le cas des unions internationales. Plusieurs raisons viennent expliquer ce phénomène. Dans un premier temps, il faut préciser que la famille a son mot à dire, on ne se marie pas avec qui l’on veut. Certaines unions se sont donc vues compromises à cause de ça. Mais ce n’est pas la raison principale de cette chute des mariages. Le mariage constitue un poids assez lourd à porter pour les hommes coréens comme pour les femmes. Beaucoup renoncent en raison d’un avenir trop incertain. Les hommes vont devoir travailler plus afin d’offrir une vie confortable à leur épouse. Les femmes quant à elles vont devoir s’occuper de leur foyer mais aussi et surtout de la famille de son époux. Il est donc difficile pour elles d’allier la vie professionnelle qu’elles désirent avec une vie de famille souvent lourde de responsabilité.

On pourrait penser qu’au sein de cette société confucianiste, les divorces ne sont pas monnaie courante. Il y a de quoi être surpris lorsqu’on sait que les mariages sont seulement deux fois supérieurs aux divorces. Les divorces sont donc autorisés sauf pour les hommes qui ont commis un adultère. Cela sert en quelque sorte de bouclier protecteur pour les femmes.

La natalité étant liée en grande partie aux mariages, il est logique que la Corée se trouve parmi les pays où le taux de natalité est le plus faible. Il est en dessous de 1 % pour la ville de Séoul. Dans ce cas aussi tout s’explique : le temps manque aux parents pour s’occuper d’une potentielle éducation, l’argent manque aussi pour l’enseignement et l’éducation. Les Coréens font donc de moins en moins de bébés et cela engendre un vieillissement inéluctable de la population.

Homosexuels et transgenres : un combat loin d’être gagné

Dans cette société grandement conservatrice il y a un sujet tabou, l’homosexualité. Ils considèrent cela comme un comportement anormal qui à défaut de pouvoir être éradiqué doit être caché. La pression religieuse de la part des catholiques notamment n’est pas sans conséquences et entraîne insultes, menaces et parfois même des réactions violentes.

Dans le code militaire, l’homosexualité constitue même un délit pénal et donc peut être sanctionnée de diverses manières dont la peine de prison. Certaines manifestations comme le Korean Queer Festival défendent les droits de la communauté LGBT. Mais ces manifestations sont toujours attentivement encadrées par les forces de l’ordre afin d’éviter les éventuels conflits avec l’opposition. Même si dans son ensemble la société a plus tendance à stagner, les jeunes générations tendent vers une acceptation de l’homosexualité. Quelques personnalités publiques ont même fait leur coming out afin de lutter pour leur reconnaissance et leurs droits.

L’alcool comme lien social

En Corée du Sud, la consommation d’alcool est importante. Mais ici, elle tisse un lien étroit avec la socialisation, en particulier dans le monde du travail. Boire seul est très mal perçu. Après une journée harassante de travail ou bien à la fin d’un projet, les membres d’une compagnie se retrouvent autour d’une bouteille, souvent plus qu’une il faut bien le dire. Parmi les alcools best-seller du pays arrive en première position le soju 소주 (liqueur de riz) puis le makgeolli 막걸리 (vin de riz) ou bien encore la bière (maekju 맥주). La pression et les codes sociaux ainsi que le bas coût de l’alcool (1 300 wons pour une bouteille de soju) jouent en la faveur d’une consommation toujours plus accrue. Si vous partagez un repas avec un Coréen, quelques règles s’imposent. On ne se sert jamais tout seul, il faut que quelqu’un vous propose. Dans ce cas vous tenez votre verre des deux mains et vous buvez de la main droite. Il faut toujours attendre que la personne la plus âgée boive en premier. Si l’on est plus jeune, il faut tourner la tête ou bien cacher son verre de la main lorsqu’on boit. De plus, refuser un verre est considéré comme une attitude effrontée.

Chirurgie plastique

La Corée a l’obsession de l’apparence qui lui colle à la peau. Il faut toujours être plus mince et plus beau. Cette image de perfection est relayée par les médias et les célébrités. Il en découle donc une utilisation excessive de la chirurgie esthétique, autant pour les hommes que pour les femmes. La Corée du Sud est aujourd’hui le pays dans lequel on pratique le plus ce type d’acte chirurgical. L’apparence idéale, recherchée par les Coréens et Coréennes, se rapproche beaucoup des critères occidentaux. Il faut avoir une peau très claire mais aussi des paupières dédoublées afin d’obtenir des yeux bien plus grands. Près de 3 millions d’opérations sont ainsi effectuées chaque année. Il faut dire que bon nombre de publicités affichées au grand public mettent en avant cette pratique et elles laissent entendre que pour réussir il faut être beau. Par exemple les entreprises privilégient la beauté d’un candidat à un poste. Chaque employé constitue l’image extérieure de la compagnie pour laquelle ils travaillent. Dans cette optique de réussite omniprésente dans cette société, les parents offrent souvent un petit passage sous le bistouri à leurs enfants dans le bus de faciliter l’accès à un emploi…