Le surtourisme au Japon devient un problème majeur, en particulier pour des sites comme le mont Fuji ou les rues des geishas. Le record d’affluence annuel a été dépassé en 2019, avec 31,9 millions de touristes. Un chiffre monumental, qui pourrait bien être dépassé à nouveau très prochainement, puisque le tourisme reprend de plus belle après la pandémie du Covid-19.
Seulement, si les retombées économiques sont bien réelles, ce surtourisme cause également de nombreux problèmes. En effet, le Japon a bien du mal à réguler cette arrivée massive d’une trentaine de millions de visiteurs étrangers, pour 125 millions d’habitants. Cela pourrait d’ailleurs paraître surprenant, quand la France absorbe sans trop de problèmes 85 millions de touristes, avec une population deux fois plus petite. C’est non seulement que le nombre de nuitées par touriste est plus élevé, en raison de la situation insulaire du Japon, mais aussi que les touristes sont moins bien répartis sur le territoire.
Le surtourisme au Japon fait alors l’objet de multiples programmes politiques, dont le seul but est d’obtenir un tourisme plus raisonnable pour l’économie et pour les Japonais.
Le Mont Fuji : mise en place d’une jauge de visiteurs et d’une taxe
Le mont Fuji, symbole du pays, est aussi l’un des sites les plus touchés par le surtourisme au Japon. Ils sont environ 300 000 chaque année à faire figurer son ascension au programme de leurs choses à faire au Japon. Pourtant, ce tourisme de masse est d’autant plus dangereux, que le Fujisan, comme les Japonais le surnomment, est un espace naturel, et donc il est d’autant plus fragile. Il est ainsi exposé à l’érosion, à la destruction des habitats de nombreuses espèces vivantes ou encore à l’accumulation de déchets.
Pour limiter l’impact écologique du tourisme, le Japon a mis des règles en place. Ainsi, à partir du 1er juillet 2024, il faudra payer une taxe de 2000 yens, soit environ 12 € pour grimper le mont Fuji par le sentier Yoshida, qui est de loin le plus populaire. Plus encore : le nombre de visiteurs sera limité à 4 000 personnes par jour, et le sentier sera même interdit entre 16 h et 2 h du matin, heures choisies par de nombreux touristes pour pouvoir admirer le lever du soleil depuis le sommet. Pourtant, cette pratique est particulièrement dangereuse, en raison du manque de visibilité, du risque de chute ou de blessures, et des difficultés parfois sous-estimés à faire un tel effort la nuit.
Le but de la manœuvre est alors multiple : inciter les touristes à trouver d’autres alternatives, limiter les accidents en empêchant l’ascension aux heures les plus dangereuses, limiter la sur-fréquentation du mont Fuji et protéger ce site naturel.
Les ruelles des geishas bientôt interdites aux touristes
En plus des lieux naturels, les villes elles aussi sont victime du surtourisme au Japon. C’est par exemple le cas d’Hatsukaichi, connue pour le célèbre torii (portail rouge japonais) du sanctuaire d'Itsukushima. Depuis le 1 er octobre, pour limiter le tourisme, le sanctuaire impose ainsi une taxe de 100 yens (environ 60 centimes) aux touristes souhaitant le visiter.
Mais la ville souffrant le plus du surtourisme au Japon est très certainement Kyoto. Avec l’extrême fréquentation de la ville connue pour refléter un Japon traditionnel, viennent aussi de nombreuses incivilités, qui excèdent les habitants. Le quartier de Gion, qui abrite les fameuses ruelles des geishas, souffre particulièrement du phénomène. Les dames sont ainsi fréquemment harcelées par les touristes, qui forment des troupes autour d’elles pour les prendre en photo, si bien qu’en décembre 2023, un comité politique du quartier a demandé à la ville de prendre des mesures pour lutter contre la surfréquentation. C’est désormais chose faite, car à partir d’avril 2024, les ruelles des geishas seront interdites d’accès aux touristes.
Au Japon, il est donc désormais recommandé de prévoir des visites hors des sentiers battus, voire préférer visiter des pays éloignés du tourisme de masse ou des destinations dupes, pour équilibrer la charge du tourisme dans le monde.