Découvrez la Pologne : Les enjeux actuels

Depuis une décennie, la Pologne s’ouvre de plus en plus sur le monde, et ce à différents niveaux. Grâce à sa croissance économique soutenue, le pays a attiré de nombreux investisseurs étrangers et par conséquent renforcé ses liens commerciaux internationaux. Son intégration à l’Union européenne (UE) en 2004 lui a permis d’inscrire durablement son investissement dans plusieurs organisations régionales et internationales. En outre, l’adhésion à l’UE a facilité l’accès à la mobilité pour la jeune génération polonaise, qui voyage plus que les générations antérieures et apprend avec enthousiasme de nouvelles langues étrangères. La communauté d’expatriés polonais s’étend d’ailleurs dans le monde entier, alors que le pays s’ouvre de nouveau à l’accueil d’étrangers, issus de différentes nationalités. Aujourd’hui, ce sont principalement des grandes questions sociétales qui créent le débat au sein du pays, mais aussi avec ses voisins européens.

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Un pays prospère confronté à des enjeux sociaux et politiques

L’économie du pays figure comme étant l’une des plus dynamiques de l’Union européenne, avec une croissance régulière du PIB atteignant 4,5 % en 2022 et 0,2 % en 2023 (source : Country Economy), ainsi qu'un taux de chômage en baisse, plafonnant à 3 % en 2024 (source : Country Economy). La Pologne est aujourd'hui un point central dans l'industrie manufacturière, les services financiers et les technologies de l’information. Fort de ses relations internationales bien ancrées, le pays accueille désormais des investissements étrangers pour le développement de start-up dans les secteurs de l’énergie renouvelable, des biotechnologies et de l’innovation. Malgré la belle évolution économique que connaît le pays, des inégalités sociales et régionales persistent. En effet, les écarts de salaires et de niveau de vie entre les zones urbaines et les zones rurales sont considérables. Dans les villes et les villages reculés, le taux de chômage est plus élevé que dans les grandes villes. De plus, les salaires peuvent y être deux à trois fois moins élevés. La qualité de vie des habitants ruraux est affectée directement par le manque de dynamisme et d’attractivité de leur territoire. L’isolement est plus important, la faiblesses des infrastructures et des services publics se fait également ressentir.

 

L’augmentation de l’immigration rend le pays plus cosmopolite, mais tend à renforcer les inégalités sur le territoire. La jeunesse, qu’elle soit polonaise ou immigrée, est plus ouverte et privilégie ainsi les grandes villes comme lieux de résidence. Elles sont en effet mieux connectées, mieux équipées et plus diversifiées. Le pays, maintenant impliqué dans le programme Erasmus grâce à son adhésion à l’Union européenne, devient une destination attrayante pour les étudiants étrangers. Le dynamisme des communautés universitaires, le large choix en termes de programmes, la richesse culturelle du pays ou encore le coût de la vie beaucoup moins élevé que dans d’autres pays européens sont autant d’atouts pour choisir la Pologne comme destination lors d'un échange universitaire.

 

Malgré cette mutation de la société, il existe aujourd'hui des tensions entre les partisans conservateurs (résidant traditionnellement dans les zones rurales) et les partisans libéraux/progressistes (résidant principalement en zones urbaines). L'élection du parti PiS (Droit et Justice) en 2015, puis sa réélection en 2020 a renforcé les discordes entre ces deux bords de la population. Incontournable parti nationaliste, PiS est vivement pointé du doigt par l’Union européenne à cause de son comportement à l’égard des migrants et des minorités sexuelles. Ainsi, les relations entretenues par la Pologne avec la France, l'Allemagne et d’autres pays européens connaissent parfois quelques frictions. Cependant, chacun sait à quel point il est essentiel de maintenir des relations diplomatiques cordiales avec ce pays, véritable acteur majeur sur les questions de sécurité et d’énergie. L’objectif de la Pologne est désormais de pérenniser son développement économique, européen et international, tout en répondant aux enjeux politiques et sociaux sur son territoire.

La place des minorités sexuelles et des femmes dans le pays

Le parti conservateur (PiS), autrefois au pouvoir, avait des positions très arrêtées sur les questions de genre et d’orientation sexuelle. Le sujet était controversé en Pologne, avec des politiques vivement critiquées par les organisations de défense des droits de l’homme. En 2019, des élus affiliés au PiS avaient lancé l’initiative des « zones libre d'idéologie LGBT », visant à autoriser l’exclusion des personnes LGBTQIA+ de certains commerces ou services privés dans plusieurs villes. Cette initiative avait suscité une forte opposition, et l’Union européenne ainsi que divers organismes avaient condamné la discrimination du pays. Sous la pression de l’UE, la majorité de ces zones ont été déclarées illégales par les tribunaux polonais. Lors de la campagne de réélection de 2020, le président Andrzej Duda avait tenu des discours anti-LGBTQIA+, affirmant que « les idéologies LGBT étaient plus dangereuses que le communisme ». Malgré ce climat, la communauté LGBTQIA+ polonaise a continué à se mobiliser pour faire entendre ses droits, en organisant des manifestations, souvent encadrées et surveillées pour éviter les agressions homophobes.

 

En matière de droits des femmes, des progrès ont été observés, notamment en rapport avec l’éducation et l’emploi. La part des femmes actives en Pologne a augmenté depuis 2017, occupant souvent des postes à responsabilités. Cependant, les inégalités salariales persistent et les femmes se heurtent encore à un plafond de verre. En 2020, le gouvernement polonais avait exprimé sa volonté de retirer sa ratification à la Convention d’Istanbul, un accord visant à lutter contre les violences domestiques et à promouvoir l’égalité des sexes, considérant qu’elle violait les valeurs familiales traditionnelles et promouvait l’idéologie de genre.

 

La Coalition civique (KO), désormais au pouvoir, mène une toute nouvelle politique, cherchant à promouvoir l'inclusivité et l'égalité. Le parti a notamment demandé une plus grande protection contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre, en faisant pression en faveur des partenariats civils pour les couples de même sexe, et en s'opposant aux « zones libre d'idéologie LGBT ». KO s'engage également sur la question de l'avortement et les lois actuelles qui l'encadrent (considérées comme trop restrictives par le parti), ainsi que sur la lutte contre les violences domestiques, sexuelles et discriminatoires.

L’épineuse question de l’avortement

La question de l’avortement en Pologne est un exemple probant des régressions subies ces dernières années. En octobre 2020, la Cour constitutionnelle a interdit l’avortement en cas de « malformation grave et irréversible du foetus », alors que cette raison représentait la majorité des avortements légaux. Le risque de handicap était la principale justification pour les Polonaises de recourir à l’IVG dans un pays où le gouvernement ne fournit aucune allocation pour les enfants handicapés.

Cette décision a provoqué de nombreuses manifestations à travers la Pologne et une vive opposition de la part des associations de défense des femmes, de la communauté internationale et de plusieurs pays européens. Entre janvier 2021 et janvier 2022, plus de 1 000 femmes polonaises ont déposé un recours auprès de la Cour européenne des droits de l’homme. Cet accès restrictif à l’avortement pousse aujourd’hui les femmes à recourir à des interventions clandestines, souvent dangereuses et coûteuses, ou à se rendre illégalement dans les pays voisins où la législation est plus permissive.

Paradoxalement, certaines cliniques privées en Pologne proposent des avortements médicamenteux ou chirurgicaux sans être réellement inquiétées, malgré les lourdes sanctions potentielles. À l’heure actuelle, l’avortement en Pologne n’est légal que dans deux cas : en cas de viol ou d'inceste, ou lorsque la vie ou la santé de la mère est en danger. Cependant, même dans ces cas légaux, certains médecins refusent de pratiquer l’IVG.

Le nouveau parti centriste pro-européen au pouvoir depuis 2023 (KO) cherche à renverser ces politiques restrictives et à promouvoir une approche plus inclusive. KO soutient l’accès libre et sécurisé à l’avortement et milite pour des réformes visant à garantir les droits des femmes, y compris la réintroduction de l’avortement pour les cas de malformation grave du fœtus. Le parti prône également une augmentation des allocations et des soutiens pour les familles d'enfants handicapés, et des programmes d'éducation sexuelle complets pour mieux informer et protéger les jeunes. KO ambitionne de faire de la Pologne un pays où les droits des femmes sont pleinement respectés et protégés.

La place des minorités ethniques

Bien que la Pologne soit un pays ethniquement homogène, des minorités y sont belles et bien installées. Ukrainiens (surtout avec le contexte géopolitique actuel), Biélorusses, Tatars, Allemands, Roms, Lituaniens et Russes cohabitent depuis plusieurs décennies sur le territoire polonais. Certaines de ces minorités ont été – et peuvent encore être – victimes de discriminations et de préjugés. Leur intégration économique et sociale constitue un enjeu majeur pour la Pologne. Dès la fin du communisme en 1989, le pays avait pourtant pris des mesures, afin de garantir à ces minorités une représentation politique et l’accès à des droits linguistiques. Cependant, avec la présence au gouvernement du parti conservateur PiS de 2015 à 2023, la rhétorique nationaliste du gouvernement n’a fait qu’accroître la xénophobie à travers le pays.

Le nouveau parti au pouvoir, Coalition civique (KO), adopte désormais une approche différente envers les minorités ethniques, tout en tentant de préserver de l'identité nationale et les valeurs du pays. Le parti insiste sur la nécessité de renforcer l'intégration des minorités tout en préservant la culture polonaise. Pour ce faire, des mesures sont envisagées pour favoriser l'éducation et l'emploi des minorités, tout en encourageant le respect mutuel et la compréhension interculturelle.

De plus, le nouveau gouvernement affirme son engagement à lutter contre toutes formes de discrimination et de préjugés à l'égard des minorités ethniques. Des initiatives concrètes sont prévues pour garantir l'accès équitable aux droits politiques, linguistiques et sociaux pour tous les citoyens, indépendamment de leur origine ethnique.

Cependant, malgré ces intentions affichées, l'approche du KO suscite également des débats et des critiques au sein de la société polonaise. Certains doutent de la volonté réelle du gouvernement à promouvoir une véritable inclusion des minorités, craignant que ses politiques ne favorisent davantage la polarisation ethnique et sociale dans le pays.

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