Découvrez Taïwan : Les Sources chaudes

Impossible de se rendre à Taïwan sans visiter l'une des sources thermales de l'île. Grâce à la forte activité volcanique qui y règne, il en existe plus d'une centaine, réparties tout le long du territoire, principalement dans les contreforts des montagnes centrales. Les plus célèbres ont été transformées en établissements thermaux, en suivant les codes de la tradition japonaise du onsen, un héritage de la colonisation nipponne. D'autres sont encore totalement à l'état naturel : pour les trouver, il suffit de repérer la source à la vapeur qui s'en dégage puis de construire à l'aide de pierres une petite piscine privée à même la rivière. Ces hot springs sont chargées en minéraux réputés pour leurs effets bénéfiques sur la santé : soufre, carbonate de sodium, eau ferreuse, etc. L'occasion rêvée de s'offrir une cure de jouvence tout en découvrant une part essentielle de la culture taïwanaise.

Un don des volcans

Taïwan se trouve à la rencontre entre les plaques tectoniques du Yangtze (sud-est de la Chine) et des Philippines. Il en résulte une activité géothermique intense. Lorsque l'eau s'infiltre en profondeur dans la couche terrestre, elle s'en retrouve chauffée par une chaudière naturelle. Comme les minéraux se dissolvent plus rapidement à haute température, ils se concentrent ainsi dans l'eau, qui, à cause de la pression engendrée par la vapeur, remonte vers la surface. En général, les sources jaillissent le long des rivières, l'eau chaude se mélangeant à l'eau froide, ce qui permet d'obtenir de l'eau à la température souhaitée en construisant une baignoire naturelle. Si l'eau est chargée en soufre, elle dégage une odeur d'œuf pourri assez désagréable, mais reste très recherchée en raison de ses vertus thérapeutiques. Des fumerolles s'observent cependant au nord du pays, dans le Parc national de Yangmingshan. Elles sont le signe d'une intense activité géothermique : l'eau s'évapore au contact de la lave à l'intérieur même de la croûte terrestre et s'échappe par des fissures. Dans certaines sources, comme celle de Guanziling à Tainan, l'eau se charge de terre créant ainsi une boue thermale aux effets médicinaux très recherchés par la population locale. D'autres sources apparaissent ou disparaissent au gré de l'activité sismique, comme à Jinshan, où un tremblement de terre en a fait jaillir au milieu du XIXe siècle. Taïwan abrite également un phénomène extrêmement rare : des sources chaudes qui jaillissent dans la mer et produisent des bains thermaux salés. Sur l'Île Verte, au large de la côte est, la ville de Zhaori a développé un établissement thermal unique en son genre : trois grandes piscines d'eau salée naturellement chauffée ont été installées juste en face de l'océan Pacifique. L'hôtel est assez luxueux, mais admirer le coucher de soleil tout en barbotant dans une eau de mer à 40 °C garantit une expérience mémorable !

L'héritage japonais de l'onsen

Utilisées depuis la préhistoire par les aborigènes de l'île, ces sources ont généralement un débit relativement faible. Cette méthode, bien que rustique, possède un certain charme, mais n'est utilisée de nos jours que par les campeurs et par les habitants qui résident dans les environs. Dans certains cas, le volume qu'elles produisent est assez important pour générer des cascades ou remplir de véritables piscines naturellement chauffées. Celles-ci sont assez rares, et bien que la première mention de ces sources remonte à la fin du XVIIe siècle, ce n'est qu'en 1893 qu'un commerçant allemand, dont l'histoire a oublié le nom, fonda le premier établissement thermal de Taïwan. Il s'établit à Beitou, près de la nouvelle capitale Taipei. Cependant, il faut attendre la colonisation japonaise pour que l'usage des bains thermaux devienne une véritable mode et s'ancre durablement dans la culture taïwanaise. Le Japon, pays façonné par l'activité volcanique, compte également de nombreuses sources chaudes. Les textes historiques font mention de leur usage pour des raisons thérapeutiques dès le début du VIIIe siècle. À partir du début du XVIe siècle, les Japonais codifient cette pratique, appelée onsen. Tokugawa Ieyasu lui-même, juste après avoir conquis le Shogunat qui marque le début de l'ère Edo (1603), a passé une semaine à la source de Shimane, pour y recevoir des soins. L'onsen obéit à une étiquette très précise et y manquer relève de l'offense pure et simple. Avant de pénétrer dans un des bassins de l'onsen, il faut s'être préalablement rincé et savonné. Car on ne s'y rend pas pour se laver, mais pour pratiquer la hadaka no tsukiai, littéralement la « socialisation nue ». Les bains publics traditionnels étant non mixtes, la nudité y est de rigueur et seule une petite serviette sert de cache-sexe. Une fois immergé, le baigneur l'enroule habituellement autour de la tête.

De nos jours, dans les stations thermales les plus touristiques, qui s'apparentent plus à un parc aquatique qu'à un onsen traditionnel, les maillots de bain sont autorisés, et lorsque la mixité y est permise, ils sont obligatoires. Enfin, une fois immergé dans le bassin, le visiteur devra se garder de parler trop fort, ce moment devant avant tout servir à la relaxation du corps et de l'esprit. L'expérience de l'onsen ne peut se comprendre que dans le contexte du shintoïsme et de la spiritualité nipponne.

Les colons japonais qui débarquent à Taïwan à partir de 1895 apportent donc avec eux la pratique de l'onsen et développent dans tout le pays des établissements thermaux. En mars 1896, Hirado Gengo, un colon originaire d'Osaka, ouvre le premier hôtel proposant des bains thermaux à Beitou, qui grâce à la proximité de Taipei, devient le principal centre de la culture des sources chaudes à Taïwan. Dans les 50 ans qui suivirent, de nombreux autres onsen ouvrent dans le pays, les plus célèbres se trouvant à Yangmingshan, Guanziling et Sichongxi. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale et l'exil du Kuomintang dans l'archipel, le gouvernement de Tchang Kaï-chek cherche à faire disparaître l'héritage de la colonisation japonaise et à affirmer le caractère chinois de la culture taïwanaise. Les établissements thermaux vont souffrir de cette politique : les Taïwanais les délaissent et l'arrivée des salles de bains dans les habitations va transformer leur usage. Alors que les onsen représentaient avant tout le seul accès quotidien à l'hygiène pour la population, ils deviennent progressivement des établissements de soins thérapeutiques que l'on fréquente occasionnellement. Dans les années 1990, avec la démocratisation du pays, le gouvernement cherche à développer l'industrie touristique. Grâce à leurs infrastructures déjà bien développées, les sources chaudes représentent une attraction touristique de premier ordre. Le gouvernement en fait la promotion et les investissements dans de nouveaux établissements permettent l'ouverture de nouvelles sources. Le succès est immédiat.

Une véritable culture populaire

Véritable effet de mode, il existe aujourd'hui des sources chaudes aménagées dans tout le pays. Les sources de Beitou, toujours alimentées en eaux thermales grâce à la proximité du volcan Datun, comptent parmi les plus populaires du pays. Accessible en métro depuis Taipei, la commune de Beitou (ou Beitou) accueille des dizaines d'établissements, qui conviendront à tous les budgets, des plus modestes aux plus luxueux. Mais la source qui connaît le plus grand succès reste sans aucun doute les Sources chaudes publiques, situées juste à côté du Musée des Sources chaudes de Beitou. Le week-end, elles sont prises d'assaut par les habitants de Taipei qui s'y rendent en famille ! Pour y passer un moment de détente, il vaut mieux donc s'y rendre en semaine. Dans tous les cas, la découverte des sources chaudes de Beitou reste un incontournable de tout séjour à Taïwan. Il existe cependant des sources chaudes bien plus isolées et tranquilles, tout en restant près de Taipei. À environ quinze kilomètres du terminus de la ligne verte Bitan, les sources de Wulai sont très réputées. Si le village de Wulai attire de nombreux citadins le week-end, des dizaines de sources chaudes naturelles jaillissent un peu partout le long de la rivière.

Il suffit donc de marcher quelques centaines de mètres en amont et de construire avec quelques pierres sa propre baignoire naturelle là. Une expérience mémorable et facile à organiser depuis la capitale.

Au sud du pays, dans la province de Tainan, les sources de Guanziling comptent parmi les plus rares au monde. Située à 2 700 mètres d'altitude, Guanziling est au cœur des montagnes taïwanaises. Ancien territoire de la tribu aborigène Pingpu, les Japonais y découvrirent en 1898 un véritable trésor. Les sources y rejettent des boues thermales chargées en méthane et presque uniques au monde. Ce gaz hautement inflammable est également rejeté par des fumerolles dont certaines brûlent depuis des centaines d'années sans interruption. Ce phénomène naturel exceptionnel se laisse principalement observer dans la « grotte du feu et de l'eau », où le méthane libéré par une mince fissure se consume littéralement sur l'eau. Une grotte qui a inspiré de nombreuses légendes autochtones. La plus célèbre est assez cocasse : un dragon de feu et un dragon d'eau ont eu un jour une altercation ; le combat qui s'ensuivit dura si longtemps qu'aucun vainqueur ne semblait émerger. Les dieux, pour conclure le débat, décidèrent d'inverser les rôles : le dragon de feu se changea en dragon d'eau, et inversement. De cette défaite des deux partis est née la grotte. Une chanson d'amour très populaire « Love for Guanziling » a achevé de rendre ces sources célèbres et qui sont donc très fréquentées par les Taïwanais.

Pour ceux qui aimeraient vivre une expérience typique de la culture japonaise des onsen, certains établissements proposent une expérience traditionnelle des sources chaudes japonaises. Un des plus anciens onsen a été construit pour le gouvernement japonais en 1939, dans la ville de Jinshan, tout au nord du pays. Autrefois appelé « New Tower Hot Spring », il s'agit de l'un des plus vieux hôtels du pays spécialisés dans les cures thermales. Preuve du désintérêt de Tchang Kaï-chek pour la culture de l'onsen, la bâtisse a été transformée en fort militaire, dans la perspective d'un débarquement des troupes communistes. L'armée taïwanaise avait bouché la source chaude et la « New Tower Hot Spring » a longtemps été oubliée. Avec la menace d'une invasion chinoise qui s'est atténuée avec le temps, les militaires ont progressivement abandonné le lieu. Il ne restait plus qu'une ruine quand un groupe d'entrepreneurs a décidé de restaurer l'ancienne source chaude. Aujourd'hui parfaitement fonctionnelle, la source, rebaptisée « Governor-General Hot Spring », a ouvert ses portes en 2000 dans un cadre magnifique et continue de nos jours à faire vivre la tradition de l'onsen à Taïwan.

Nous avons répertorié dans ce guide non seulement les établissements publics ou privés les plus réputés, mais également quelques sources sauvages réparties dans tout le pays. Si elles sont parfois difficiles d'accès, trouver en parcourant la jungle une source d'eau chaude perdue au milieu des montagnes constitue un moment magique d'un séjour à Taïwan. Pour les trouver, nous avons utilisé une carte Google interactive, la Taiwan Hot Springs Master Map, qui se trouve très facilement en ligne grâce à une simple recherche internet. Cette carte répertorie plus de 150 sources à travers le pays et indique si un établissement commercial la gère, si le débit est assez fort pour construire une baignoire naturelle ou tout simplement si la source existe encore. Une véritable mine d'informations, malheureusement uniquement en anglais, qui reste cependant très pratique à utiliser.

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