Découvrez Taïwan : Religions

Des retraités en train de jouer aux cartes, des enfants en bas âge qui s'amusent dans leurs poussettes, des étudiantes qui viennent prier pour leurs examens, des mères de famille qui espèrent un nouvel enfant. Les temples à Taïwan sont en constante effervescence. Selon des études récentes, 11 millions de pratiquants se rendent régulièrement au temple, l'île en comptant plus de 16 000. La société taïwanaise est dominée par le taoïsme et le bouddhisme, exception faite des aborigènes qui sont majoritairement chrétiens. Le confucianisme n'est pas considéré comme une religion, mais plutôt comme une philosophie. Les temples en l'honneur de Confucius sont davantage un monument destiné à honorer la sagesse de l'homme qu'un lieu de culte. La religion ici se distingue par une incroyable ouverture d'esprit envers les autres cultes, ce qui a favorisé un certain syncrétisme religieux propre à l'île.

Un mélange de cultes

Les deux divinités les plus priées de l'île, Matsu, protectrice taoïste des marins, et Guanyin, déesse bouddhiste de la miséricorde, peuvent être célébrées dans un même temple, indifféremment par des taoïstes et des bouddhistes. Cet amalgame n'est pas uniquement un gage de tolérance, il trouve son origine dans l'histoire mouvementée de l'île. Durant l'occupation japonaise (1895-1945), la politique d'intégration s'est étendue au domaine religieux, ainsi le bouddhisme, religion officielle nipponne, devait être célébré dans tous les temples taïwanais ; les insulaires se sont pliés à cette obligation, en continuant de prier en catimini les divinités taoïstes installées dans le fond des temples. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Chinois, majoritairement taoïstes, ont inversé la disposition imposée par les Japonais, en mettant en avant le culte taoïste, tout en conservant les statues bouddhistes. Voilà comment, encore aujourd'hui, des temples peuvent être le théâtre de croyances d'apparence contradictoire. Ce phénomène a été d'autant plus possible que les premiers colons, en arrivant à Taïwan, ont importé leur propre culte. Celui-ci s'est adapté aux besoins d'une nouvelle société, dont les conditions de vie difficiles, soumises aux aléas de la mer et de la montagne, réclamaient des pratiques religieuses apaisantes et encourageantes. C'est ainsi que de nouveaux rites et même de nouveaux dieux ont été créés formant ce que l'on appelle la religion populaire. Les cimetières rassemblent les sépultures de toutes les religions confondues.

Taoïsme

Le taoïsme est considéré par certains comme la seule vraie religion chinoise, le confucianisme étant plutôt une philosophie et le bouddhisme étant importé d'Inde. Le taoïsme a été fondé par Laozi (prononcer Lao Tseu, 570-490 av. J.-C.), un personnage énigmatique contemporain de Confucius. Contrairement à ce dernier, Laozi n'était pas un politicien, mais un mystique qui prônait l'harmonie des hommes avec le cosmos. On attribue à Laozi un ouvrage philosophique très original, mais très obscur, le Livre de la Voie et de la Vertu (Dao de jing, en chinois). C'était probablement à l'origine un recueil de proverbes, recopiés par les scribes pendant des centaines d'années, qui s'est modifié. Cependant, l'idée fondamentale du livre est le Tao (ou Dao), la voie. Laozi engage à fuir le monde, à rechercher une liberté et une puissance personnelles. Le taoïsme est un mélange du culte des esprits, de la nature et des ancêtres, une quête mystique des lois qui gouvernent notre vie, en quelque sorte une quête de l'immortalité. Cette religion cherche à libérer l'homme du monde dans lequel il vit afin de le faire accéder à l'harmonie parfaite, le monde du vrai Tao.

Le taoïsme a groupé autour de lui une foule d'usages et de représentations qui ne trouvaient pas leur place dans le confucianisme rationaliste. C'est pourquoi on a vu proliférer une telle abondance de formes impliquant la divination, l'exorcisme des mauvais esprits et toutes les croyances populaires (feng shui). Un autre principe important du taoïsme est le wu-wei, l'action sans agir, l'art d'être actif en demeurant passif. Le principe de la polarité (yin et yang) imprègne également toute la pensée taoïste. Vers la fin de sa vie, Laozi quitta la Chine à dos de buffle, disparaissant à jamais vers le Tibet et les contrées occidentales. Certains diront plus tard qu'il était parti convertir les barbares, et que le Bouddha ne serait autre que Laozi lui-même… Plus de 8 500 temples sont dénombrés à Taïwan pour une population de 4,5 millions de fidèles.

Confucianisme

Le confucianisme, qui est plus une école de pensée (morale et politique) qu'une religion, a dominé la Chine durant deux millénaires. Confucius n'était pas un prophète ni un penseur religieux, mais essentiellement un lettré savant et un éducateur. Il s'intéressait surtout aux rapports humains, cherchait à définir un idéal aristocratique de l'honnête homme, et enseignait un ordre social pratique. Le système de Confucius est essentiellement une morale pratique. Celle-ci insiste sur l'auto-édification basée sur l'acquisition des sept vertus : zhong, la fidélité, aussi bien envers soi-même qu'envers autrui ; shu, l'altruisme « ce qu'on ne désire pas pour soi, ne pas le faire à autrui » ; ren, l'humanité parfaite ; yi, l'équité ; li, respect des rites ; zhi, perspicacité, intelligence et xin, la droiture. Les cinq livres canoniques du confucianisme sont le Livre des mutations, le Livre des odes, le Livre des origines, l'Histoire des printemps et automne et le Livre des rites. De la philosophie morale et politique de Confucius, l'Empire avait fait une religion d'État. Lors de la proclamation de la première République chinoise en 1911, ce culte fut aboli. En 1988, on réhabilita officiellement Confucius qui, symbole des valeurs traditionnelles, avait aussi été banni par Mao. La pensée confucéenne a été constamment réinterprétée au cours de l'Histoire chinoise, pour servir les dynasties au pouvoir. Les communistes n'ont pas échappé à la règle : après avoir interdit toute référence à Confucius, ils ont progressivement réincorporé à leur idéologie des éléments du confucianisme réinterprétés à leur avantage. Si bien que l'on commence à parler dans les années 1990 de national-confucianisme (confucianisme nationaliste). Le culte des ancêtres découle directement de la pensée confucéenne. L'obéissance et le respect aux parents étaient l'un des premiers devoirs de l'homme (être un bon fils). Ce dévouement filial et la vénération des ancêtres demeurent la pierre angulaire de la pratique confucéenne. Ces valeurs se retrouvent dans les sociétés qui ont adopté l'écriture chinoise. Le respect des enfants envers leurs parents, l'épouse envers son mari, conduisant à l'obéissance des travailleurs à leurs chefs, explique en partie la discipline qui règne dans les entreprises chinoises. Les Nouveaux Dragons (Corée, Singapour, Taïwan, Hong Kong) ont fondé leur ascension économique sur ces valeurs : loyauté envers le groupe, respect des supérieurs, esprit de famille. De petits autels protègent chaque maison, boutique ou bureau. Presque toutes les familles possèdent des tablettes commémoratives de leurs ancêtres disposées sur un autel particulier placé dans la salle principale de la demeure, généralement dans le salon.

Bouddhisme

Taoïsme et confucianisme, les deux principaux systèmes de pensée, étaient déjà établis lorsque le bouddhisme (dont l'idéal est la suppression de la souffrance) est arrivé en Chine à l'époque des Han (vers le IIIe siècle), probablement par des commerçants indiens et via la Route de la Soie. En 645, le grand voyageur moine de Chang'an (Xi'an), Xuan Zang, revenait d'un pèlerinage d'Inde avec un grand nombre de sutras bouddhiques qu'il mit onze ans à traduire du sanskrit en chinois. Quelques-uns des premiers adeptes ne voyaient dans le bouddhisme qu'une forme modifiée du taoïsme. Il y eut de profondes influences entre taoïsme et bouddhisme chinois qui se développèrent rapidement en Chine du Nord. Deux grandes tendances se sont dégagées du bouddhisme : le Grand Véhicule (Mahayana) et le Petit Véhicule (Theravada ou Hinayana). Le Grand Véhicule, ou le grand moyen de progression, offre à chacun la possibilité d'atteindre l'illumination du Nirvana. Les Bodhisattva, qui aident les êtres vers le salut, vont jusqu'à sacrifier leur propre salut au salut du monde. Le Petit Véhicule, la doctrine originale du Bouddha, n'offre de perspective de salut qu'aux seuls religieux. Les adeptes doivent réussir par leurs propres forces, à travers des vies successives, à acquérir suffisamment de mérites pour échapper au samsara (cycle infernal des réincarnations) et atteindre l'illumination. Les adeptes du Grand Véhicule sont actuellement en majorité dans le monde bouddhique (Chine, Tibet, Mongolie, Corée, Japon, Viêt Nam). Le Petit Véhicule est surtout répandu en Thaïlande et au Cambodge, au Laos, au Myanmar et au Sri Lanka. En ce qui concerne le bouddhisme tibétain, les deux doctrines principales sont celles des Bonnets rouges (la plus ancienne) et des Bonnets jaunes. Les Bonnets rouges s'appliquent aux pratiques magiques et prennent des libertés avec les règles morales et la discipline monastique. Les Bonnets jaunes pratiquent une discipline plus sévère et ne tolèrent aucun accommodement avec la règle du célibat des moines. En Chine, plusieurs écoles bouddhiques se constituèrent, dont une branche connue sous le nom de Chan, d'où découle le Zen japonais. Dans la Chine ancienne, les monastères bouddhiques servaient d'auberges pour les voyageurs, d'orphelinats et d'hôpitaux (on peut toujours passer la nuit dans certains monastères, ce qui est commode quand on escalade les monts sacrés). Le bouddhisme a aussi apporté un nouveau sens du respect de tous les êtres vivants, ce qui a conduit au végétarisme, dans la mesure où l'on refuse de tuer les animaux pour se nourrir. Les moines bouddhistes (les bonzes) et de nombreux pratiquants étant végétariens, les temples ont souvent des cantines végétariennes. Taïwan compte environ 3 900 temples bouddhistes, 10 000 bonzes et près de 5 millions de fidèles.

Les autres religions

L'ikuan taoïsme. I-kuan-tao peut se traduire par la « voie d'une seule unité » en chinois. Cette doctrine religieuse puise non seulement ses origines dans les enseignements traditionnels chinois, mais aussi dans les autres religions du monde. L'ikuan taoïsme est la troisième religion à Taïwan avec près d'un million de fidèles qui adhèrent en outre à l'enseignement de Confucius. Le culte se célèbre généralement devant un autel familial.

Le christianisme. Au XVIIe siècle, les Hollandais furent les premiers à introduire le protestantisme sur l'île. Ils procédèrent à d'importantes missions d'évangélisation. Deux ans plus tard, les Espagnols, catholiques, firent de même. Mais la christianisation de la population orchestrée par les Hollandais, seuls maîtres de l'île après avoir chassé les Espagnols, a été interrompue par Koxinga et son armée. Ce n'est qu'au XIXe siècle que les missionnaires protestants sont revenus sur l'île ; ils s'entourèrent de 60 000 fidèles dont les rangs furent grossis par les chrétiens de Chine continentale fuyant le communisme en 1949. L'île compte aujourd'hui environ 450 000 protestants et 300 000 catholiques, principalement dans les communautés aborigènes, majoritairement chrétiennes.

L'islam. La communauté musulmane enregistre 50 000 fidèles dont le premier peuplement remonte au XVIIe siècle. En effet, Koxinga comptait dans ses rangs des soldats musulmans, qui s'installèrent pour partie dans l'île. Le second peuplement date de 1949 quand 20 000 musulmans débarquèrent avec le gouvernement de la République de Chine. Il y a plusieurs mosquées à Taïwan, dont deux à Taipei. On notera que de plus en plus de restaurants proposent de la nourriture Halal.

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