Découvrez la Polynésie : La perle de Tahiti

Le saviez-vous ? La perle noire de Tahiti n’est ni noire, ni de Tahiti ! En effet, elle peut prendre toutes les couleurs que présente la bordure des nacres à lèvres noires : du blanc nacré au gris lunaire, canon de fusil ou aile de mouche, en passant par le mordoré, le vert irisé, aubergine ou plume de paon, le violet, l’argent ou encore la couleur or – excessivement rare en Polynésie. La perle de Tahiti n’est donc jamais totalement noire, et les Polynésiens sont d’ailleurs plus prudents en les nommant « poe rava », ce qui signifie « perle foncée ». Il n’existe en outre aucune ferme perlière sur l’île même de Tahiti : de la petite exploitation familiale à la ferme industrielle employant jusqu’à quatre-vingts personnes, toutes sont désormais installées dans les archipels des Tuamotu et des Gambier. Mais qu’à cela ne tienne, la perle de culture de Tahiti restera toujours un pur trésor du patrimoine polynésien…

Histoire de la perle de Tahiti

L’histoire de la perle de culture de Tahiti est étroitement liée à celle d’un certain Jean-Marie Domard, docteur vétérinaire. Né en 1927, il postula en 1956 auprès du ministère de la France d’outre-mer pour sauver la « Pinctada margaritifera » et œuvrer au repeuplement des lagons nacriers de Tahiti. Pendant les dix années qui suivirent, la pisciculture et la perliculture en Polynésie française ont durablement changé. Domard commença par instaurer une règlementation des plans de pêche, limiter les périodes de plonge aux nacres, constituer des coopératives pour les pêcheurs et même créer une école pour les plongeurs. Il poursuivit ensuite sa mission par la réalisation d’un audit des bancs nacriers du territoire entre 1958 et 1959, dont il publia le compte-rendu en 1962. On y apprend notamment que si la grande huître nacrière et perlière est présente dans de nombreuses îles, ses gisements ne sont suffisamment importants pour être exploités commercialement que dans une vingtaine d’atolls des Tuamotu, dans deux atolls des îles Sous-Le-Vent, et à Mangareva. Il classa ainsi les lagons d’après leur importance de production, et arrêta ce classement à 27 îles et atolls. De ces constats, Domard décida la mise en place d’élevages domaniaux afin de préserver l’espèce : près de 55 000 pintadines furent ainsi placées en élevage ; en 1960, pas moins de 120 000 furent cultivées sur l’atoll d’Hikueru ! Pour régler la problématique des vols qui se généralisait, il fut décidé l’élevage de nacres percées d’un brin de nylon : ainsi percées, les valves portaient une marque indélébile rendant leur commerce interdit.

Le défi de la survie de l’espèce étant désormais en bonne voie, Domard se concentra dès 1961 à son plus grand rêve : les premières greffes d’huître perlière de Polynésie. Celles-ci eurent lieu dans le lagon de Hikueru, et furent réalisées par le greffeur japonais Churoku Moroi – les Japonais étant déjà renommés pour leur savoir-faire en la matière.

Technique de la greffe

Après avoir récolté les naissains issus de la fécondation en pleine eau, les perliculteurs séparent délicatement les minuscules nacres, puis les déposent dans de petits filets individuels afin de les protéger des prédateurs. Pendant trois ans, ils veillent minutieusement à la qualité et la température de l’eau, et les nettoient régulièrement afin qu’elles se développent harmonieusement. Quand les huîtres ont atteint leur maturité, elles sont prêtes pour la greffe.

Une huître en très bonne santé est alors sélectionnée : elle deviendra l’huître donneuse. Son manteau producteur de nacre est découpé en une cinquantaine de petites lamelles appelées « greffons ». Les huîtres receveuses, quant à elles, sont greffées une à une à la pince et au scalpel, par des professionnels payés à prix d’or. De plus en plus souvent, ce sont désormais des Polynésiens ou des Chinois, qui réussissent à acquérir le savoir-faire des maîtres japonais. Une petite incision est pratiquée dans l’organe reproducteur de l’huître ; y sont déposés le greffon et le nucléus, une bille parfaitement sphérique produite à partir d’un mollusque pêché dans la rivière du Mississipi. La taille du nucléus choisi par le greffeur varie selon l’espace offert par la gonade (organe génital de l’huître). C’est donc une véritable opération chirurgicale, qui ne dure que quelques secondes, et à laquelle la majorité des huîtres ne survivent pas. Immergée de nouveau, l’huître sécrète tranquillement sa nacre au rythme d’un millimètre par an. Régulièrement nettoyée et contrôlée, elle est ouverte pour la première récolte au bout d’un an et demi (ou plus longtemps si le perliculteur le désire). Lors d’une récolte, seulement 2 % des huîtres donnent une belle perle ; les rebuts constituent une immense partie de la production, et sont interdits à la commercialisation.

Une deuxième greffe est possible uniquement si la première perle est de qualité car en vieillissant, l’huître perlière produira une nacre de moins en moins belle.

La perliculture et son économie

La perle de Tahiti, produite en Polynésie française et nulle part ailleurs, constitue la deuxième source de revenus de la Polynésie française. Ce secteur n'est aujourd'hui plus aussi porteur qu’auparavant (la concurrence est forte avec les productions australiennes, indonésiennes, japonaises et chinoises), et la pandémie a mis le secteur de la perliculture en souffrance. Depuis 2019, les recettes d'exportation sont divisées par deux et aujourd'hui et il y a un manque au niveau des greffeurs. En effet, les greffeurs chinois qui ont été bloqués dans leur pays en raison de la crise sanitaire a provoqué une baisse de la production.

En Polynésie, les exportations de produits perliers sont divisées en trois catégories : les perles de culture brutes qui représentent environ 98 % des recettes, les ouvrages en perle (produits transformés) qui représentent 1,5 % des recettes, et les keishis, mabe et autres perles de culture brute teintées, qui représentent les 0,5 % restant. Autrement dit, l'importance de la Polynésie est quasiment nulle dans le secteur de la bijouterie à base de perles travaillées ; il conviendrait donc de développer ce marché de la bijouterie afin d'obtenir « une plus grosse part du gâteau ».

Pour rester compétitifs sur le marché, les producteurs doivent être de plus en plus efficaces et adapter en permanence leur capacité de production. Une condition qui n’est pas sans inquiéter les propriétaires des petites fermes perlières, qui risquent un jour ou l’autre de se faire absorber par les gros producteurs. Plusieurs ont d’ailleurs fermé ces dernières années.

Pour parer à cette délicate réalité économique, ou en tout cas essayer de la prévenir au mieux, plusieurs mesures telles que la création de Groupements d’Intérêt économique (GIE), la mise en œuvre d’une réglementation du négoce et celle d’une classification officielle des perles de Tahiti, constituent des actions encourageantes.

Guide d’achat et classification officielle

La perle de culture de Tahiti autrefois appelée « Perle noire » est l'un des rares joyaux organiques au même titre que le corail et l'ivoire. L'appellation officielle « perle de culture de Tahiti » est réservée aux perles provenant d'une greffe de l'huître perlière Pinctada margaritifera (variété cumingui) ou « huître à lèvres noires », cultivée en Polynésie française. Vous pouvez admirer cette culture entre autres au Musée de la Perle Robert Wan à Papeete, à la ferme perlière Champon à Taha'a, ou Vairua Perles à Raiatea.

La classification officielle des perles de culture de Tahiti permet de déterminer le prix d'une perle en fonction de 3 critères : la taille, la forme, et la qualité de sa surface. Certaines teintes rares ajoutent par ailleurs une plus-value, de même que l'assortiment de plusieurs perles de même couleur (pour des boucles d'oreilles ou un collier).

Concernant la taille, le diamètre des perles est exprimé en millimètres. Il varie généralement entre 8 et 16 mm, avec des exceptions pouvant aller jusqu'à 20 mm, voire même au-delà ; le prix augmente tous les demi-millimètres.
Plusieurs catégories de forme sont également à relever :

Ronde : sphère parfaite ou assimilée, dont le taux de variation du diamètre est inférieur à 2 %.

Semi-ronde : sphère légèrement déformée, dont le taux de variation du diamètre est supérieur à 2 % mais inférieur à 5 %.

Goutte, poire, ovale, bouton : perles qui présentent toutes au moins un axe de symétrie, et dont les formes évoquent une goutte, un ovale, etc.

Semi-baroque : perle qui présente au moins un axe de révolution. Elle se situe à la croisée des chemins, n'étant ni goutte, ni baroque.

Baroque : perle irrégulière qui ne rentre pas dans les catégories précitées. En général sans axe de symétrie.

Cerclée : la perle cerclée est caractérisée par la présence d'au moins un cercle concentrique situé au-delà du tiers supérieur ou inférieur de la perle, quelle que soit sa forme. Les perles présentant des anneaux de couleur ne sont pas considérées comme des perles cerclées.

Enfin, la catégorie de surface est déterminée par la combinaison de deux caractères physiques : l'état de la surface et l'intensité du lustre. La perle doit présenter une couche perlée d'un minimum de 0,8 mm d'épaisseur, continue sur au moins 80 % de la surface, et ne doit pas laisser apparaître le nucleus (ou noyau), même par transparence. Le classement s'étend de la catégorie « A » (perle sans imperfection, excellent lustre) à la catégorie « D » (perle présentant un lustre faible et des imperfections légères sur plus de 60 % de sa surface, avec une tolérance d'au plus 20 % d'imperfections profondes et/ou des piqûres blanches). Un excellent lustre correspond à une réflexion totale de la lumière, lui conférant un effet miroir. Au contraire, une perle sans lustre observe plutôt un aspect mat. Après un examen rapproché, le niveau de perfection et le lustre sont facilement identifiables à l'œil nu. Certaines couleurs sont mises en valeur sur une peau claire et d'autres sur une peau plus mate. Il est recommandé d'essayer les perles à la lumière du jour pour déterminer la couleur qui vous va le mieux, mais aussi pour identifier les imperfections de surface, le niveau du lustre, et pour mieux apprécier la beauté de votre future perle.

Tout produit ne répondant pas à ces critères est considéré comme un rebut et est interdit à la vente. Mais si la classification est un outil précis, elle n'est hélas pas enseignée aux vendeurs de perles et son application n'est pas contrôlée par les autorités locales. Elle peut donc être interprétée différemment dans chaque ferme perlière et a fortiori dans chaque boutique. Et puisque le prix dépend de cette évaluation, la même perle pourra être expertisée différemment d'une boutique à l'autre selon l'expérience et l'éthique professionnelle du propriétaire. Faites donc preuve d'observation, de patience et de curiosité pour dénicher la perle de vos rêves à un prix adéquat et raisonnable.

Entretenir votre perle

Maintenant que vous avez « craqué » pour ce bijou lors de votre visite à Rangiroa par exemple chez Guauguin's Pearl, ou à Moorea chez Pearl Romance, sachez en prendre soin. Souvenez-vous que les perles sont des matières produites par des organismes vivants, elles sont constituées de cristaux de carbonate de calcium sensibles aux acides. Les perles n'ont donc pas la même dureté que les pierres précieuses. Pour les protéger, évitez de les mettre en contact direct avec d'autres bijoux qui pourraient les rayer ; évitez également le contact avec des détergents ou des produits acides tels que les laques ou les parfums. Ne pas dormir ni se baigner avec ses perles est aussi une règle élémentaire pour en prendre soin. Quand vous les rangez, prenez l'habitude de nettoyer les perles montées sur or ou argent avec un chiffon doux. Vous pouvez également les laver avec de l'eau et un peu de savon liquide neutre, en prenant soin de bien les rincer, les sécher, puis les lustrer avec une microfibre ou peau de chamois. Vous pouvez aussi bien sûr les confier à votre joaillier pour un petit entretien…

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