Les différents archipels
Archipel de la Société. Du nom que Cook lui a donné, en l’honneur de la Royal Society de Londres, l’archipel de la Société est le principal de la Polynésie française. Il regroupe les îles du Vent à l’est, et les îles Sous-le-Vent à l’ouest.
Les îles du Vent comprennent l’île de Tahiti, tant convoitée, Moorea et trois autres petites îles. Tahiti se présente comme la plus grande et la plus peuplée de toutes les îles de Polynésie française. Siège de la capitale, centre de l’économie et de l’administration, porte d’ouverture sur le monde, elle est l’île principale, la seule en fait qui soit urbanisée. Alors que Tahiti semble bien éloignée de la métropole, elle devient en Polynésie le véritable centre d’un ensemble d’archipels, de par sa superficie (1 042 km2) et sa population (environ 190 000 habitants). De Tahiti, tous les voyageurs rayonneront vers les cinq archipels polynésiens.
Les îles Sous-le-Vent comprennent Bora Bora, la magnifique ; Maupiti, sa petite sœur ; Huahine, l’authentique ; Raiatea, la sacrée ; Tahaa, l’île Vanille, et quelques atolls plus éloignés.
Archipel des Tuamotu. Au nord-est de Tahiti, l'archipel des Tuamotu (qui signifient « îles nombreuses ») égrènent leur chapelet de 76 atolls sur plus de 1 500 km d’ouest en est et quelque 500 km du nord au sud. Leurs 15 350 habitants se répartissent ainsi sur le plus vaste archipel du territoire polynésien.
Les Tuamotu sont constituées de 78 atolls ou îles basses, de taille et forme variables, étendus sur 1 500 km de long du nord-ouest au sud-est. Le nord de l’archipel se situe à quelque 500 km de Tahiti et comporte les atolls les plus grands et les plus peuplés. Rangiroa constitue le plus vaste d’entre eux, avec 75 km de long, et le deuxième du monde, derrière Kwajelein, en Indonésie. Le plus petit, Nukutepipi, s'étend sur 4 km seulement. Certains sont ronds, comme Tikehau ; d’autres, ovales comme Manihi, ou même rectangulaires, comme Fakarava. Les lagons sont de profondeurs diverses, généralement moins de 70 m, voire complètement comblés ; un seul est soulevé : Makatea.
Archipel des Marquises. Au beau milieu du Pacifique, des blocs de lave surgissent d’entre les eaux, pour former les reliefs les plus audacieux. Ces volcans aux pics acérés jettent leurs falaises en pâture aux puissantes déferlantes du Pacifique, comme un défi permanent à la force de l’océan. Le résultat est un paysage dentelé, déchiqueté par les attaques de la houle et des vagues, creusé de gorges profondes et entaillé de vallées abruptes. Ces îles n’ont pas de récif de corail pour se protéger, et sont directement en proie aux assauts des éléments. Mais elles projettent dans le ciel des aiguilles de basalte à plus de 1 000 m et réservent des espaces à la vie animale et végétale. Dominant l’océan, de grands plateaux s’étendent. Les troupeaux viennent y brouter. Les caldeiras des volcans forment de grandes cuvettes où se nichent des villages, et les étroites vallées hébergent une végétation luxuriante faite de bananiers, d’orangers, de pamplemoussiers, de manguiers et d’innombrables plantes tropicales non recensées.
La terre des hommes est à 500 km des Tuamotu, à 1 400 km de Papeete, et à 4 000 km de Hawaii. S’étendant sur 300 km du nord-ouest au sud-est, l’archipel compte douze îles, dont six seulement sont habitées.
Trois îles dans le groupe Nord : Nuku-Hiva, Ua Huka, Ua Pou ; trois îles dans le groupe Sud : Hiva Oa, Tahuata et Fatuiva (Fatu Hiva).
Archipel des Australes. L’archipel des Australes est, comme son nom l’indique, le plus austral (ou méridional) de la Polynésie française, entre 550 km et 1 250 km de Tahiti. Les îles de cet archipel s’étirent sur plus de 1 300 km, formant un arc de cercle orienté du nord-ouest vers le sud-ouest, dans le prolongement volcanique des îles Cook. Au nombre de sept, elles sont espacées entre elles d’environ 150 à 200 km sauf la lointaine Rapa, à plus de 500 km de toute terre habitée. Leur éloignement respectif a su contribuer à l’essor de cultures bien particulières basées sur l’autonomie de subsistance et à la préservation de leur patrimoine naturel. Chacune est différente (il existe autant de dialectes que d’îles habitées, même si Tubuai a perdu le sien au profit du tahitien et du français) ; leur diversité parle d’une richesse que les voyageurs moins pressés prendront grand plaisir à découvrir.
Archipel des Gambier. À 1 700 km au sud-est de Tahiti, l’archipel des Gambier est le plus reculé de Polynésie française. Vestige d’un gigantesque volcan effondré, il est formé d’une grande couronne corallienne en forme de losange de plus de 80 km de circonférence, au milieu duquel sont disséminées plusieurs îles hautes : Aukena, Taravai, Agakauitai, Akamaru, Makaroa, Manui, Kamaka et Mangareva, l’île principale. Sur le motu Totegegie, le plus important de la couronne, est situé l’aéroport, au nord-est du lagon. Le reste de la couronne est composé de quelques petits motus et d’un grand récif barrière immergé et, pour cela, extrêmement dangereux.
Géologiquement parlant, les Gambier sont à mi-chemin entre Bora Bora et l’atoll, complètement effondré. Trois passes invisibles permettent l’accès à ce petit monde paradisiaque et véritablement hors du temps, où le rouge des flamboyants épouse le vert des pâturages et le bleu de l’azur infini.
Îles volcaniques
Les îles polynésiennes sont formées de l’éruption de volcans sous-marins venus percer la surface des eaux. Au gré de quelques millimètres par an, le plancher océanique du Pacifique se déplace du sud-est vers le nord-ouest ; en dessous, le magma forme par endroits des points chauds qui percent le plancher sous-marin en pointillés. Apparaissent alors des montagnes sous-marines posées sur le fond des plaines abyssales, s’élevant parfois plus haut que l’océan et créant ainsi les îles. Tahiti notamment, le plus gros volcan de Polynésie française, débute à moins 5 000 m et dépasse la surface de 2 241 m d’altitude, soit une montagne d’environ 7 km de haut !
Aujourd’hui, la Polynésie française ne compte que des volcans éteints depuis des dizaines de milliers d’années, et donc potentiellement que des îles mortelles – vivant tout de même quelque 100 millions d’années : de quoi profiter du lagon encore un peu de temps !
Après leur violente naissance éruptive, les volcans s’éteignent puis meurent, et sous le poids des âges, ils commencent à s’affaisser et à s’enfoncer, jusqu’à ce que la dérive océanique ne les emporte. Les îles hautes et montagneuses, pouvant dépasser les 2 000 m d’altitude, constituent donc les volcans les plus récents – celui de Tahiti Iti aurait à peine un million d’années –, tandis que les îles basses résultent de volcans plus anciens. Chaque île ou ensemble d’îles en étant à une phase différente de sa vie, vous comprenez désormais la raison d’une telle variété de paysages entre les îles hautes et les îles basses – autrement appelées « atolls ».
Atolls
Lorsque le volcan disparaît sous les eaux, il devient donc atoll. Seuls survivent la barrière récifale et ses îlots (les motus), alignés en pointillés comme aux Tuamotu. L’atoll est une simple bande de sable de quelques centaines de mètres de large, entrecoupée de chenaux (hoa) et de passes (ava). Les motus fusionnent parfois par l’accumulation de sable : se déroulent alors sur des dizaines de kilomètres, presque posés sur l’océan infini, des bancs de sable à fleur d’eau.
Il existe 78 atolls aux Tuamotu, et quelques-uns dans les autres archipels. Ces îles basses, de forme et de taille diverses, peuvent varier de 4 km à 80 km de long, et épouser des formes tantôt rondes, ovales ou rectangulaires comme à Fakarava, tantôt même des formes plus romantiques, telles que Tupai, « l’île cœur » dans l’archipel de la Société. Les atolls qui perdent leur barrière ou les îles qui n’en ont jamais eue s’enfoncent irrémédiablement, pour donner ce qui se nomme un « guyot » : une montagne sous-marine.
Corail et lagons
Parallèlement, un petit animal s’installe dans les eaux riches et chaudes autour des îles : le corail. Il s’agit d’un minuscule animal primitif constitué de milliers de polypes, sorte de toutes petites anémones de mer dotées de tentacules et d’une bouche. Par millions, au fil de milliers d’années, leurs squelettes calcaires s’entassent pour former des barrières de corail autour des îles. Cerclée de cette barrière récifale, ces dernières sont chaudement protégées. C’est notamment le cas des îles hautes de Tahiti, Moorea, Huahine, Raiatea, Tahaa, Maiao, Tubuai, Raivavae et Mangareva : à une centaine de mètres du rivage, leur barrière est ponctuée de quelques passes formées par les rivières, et de quelques motus aux cocotiers plus ou moins solitaires.
Le cas de figure de Bora Bora et de Maupiti est un peu différent : ici, les motus se sont rejoints et ce sont eux qui encerclent le lagon quasiment en totalité. De petites montagnes de verdure se sont formées au sein d’un immense lagon bleuté, entouré d’îlots magiques pointant juste au-dessus de la surface.
Enfin, s’il n’y a jamais eu de corail ou jamais suffisamment pour former un lagon, comme c’est le cas dans toutes les îles des Marquises, ainsi qu’à Mehetia dans l’archipel de la Société, et à Rapa et Marotiri, à l’extrême sud-est des Australes, les îles sont agressées et battues par les puissantes lames du Pacifique. Ici, peu de plages mais beaucoup de falaises aux reliefs tranchants ; ce sont en principe les îles les plus sauvages.
La profondeur des lagons varie généralement de 20 à 50 m au maximum, formant ainsi une immense mer intérieure. Remplis de sédiments et riches en faune, les lagons sont parfois comblés, offrant alors une vaste surface de territoire, comme à Nukutavake. Certains même, ont connu un phénomène géologique différent de l’affaissement « classique » des volcans et se sont soulevés. Aux Tuamotu, Makatea, qui était en outre déjà comblé, a ainsi été propulsée à 80 m de hauteur et se présente aujourd’hui comme un vaste plateau entouré de falaises ; Rurutu aux Australes, a connu le même sort et compte aujourd’hui d’innombrables grottes et falaises.
Porte d’entrée et de sortie dans les lagons, les passes forment des ouvertures dans le pointillé de motus et dans la barrière récifale. Initialement formées par l’eau fraîche d’une rivière fragilisant le corail, elles varient entre 2 et 40 m de profondeur, et s’étendent de 10 m à 1 km au maximum. Uniques points de passage entre l’intérieur et l’extérieur du lagon, ce sont de véritables réserves de vie et les courants peuvent y être très puissants. Abrités de la houle, les bateaux en profitent aussi pour s’y faufiler. À noter que certains atolls ne possèdent pas de passe.
Plages
En Polynésie, le sable blanc étincelant est si fin qu’il coule comme de l’eau entre les doigts... Sur des kilomètres de plages désertes, Robinson n’est vraiment pas loin et l’imaginaire rejoint enfin la réalité. Pourquoi le sable est-il si fin et si blanc sur les rivages ? Justement parce que ce n’est pas du sable ! Encore une fois, le corail, composé de calcaire, est beaucoup plus friable que le sable et ses gros grains, issus de la dure silice.
Fin, clair, propre, le sable des plages polynésiennes est une composante essentielle du rêve. Mais attention, vous ne trouverez pas ces plages tant attendues sitôt débarqué de l’avion ! Cruelle déception, les plages de cartes postales demanderont un effort supplémentaire : le sable blanc se retrouve plutôt sur les motus qu’il faudra rejoindre en pirogue, ou bien aux Tuamotu. Mais si Tahiti ne peut pas se vanter de compter les plus belles plages du territoire, l’île a tout de même de belles surprises à réserver aux voyageurs s’éloignant du centre névralgique de Papeete. Certaines ont la particularité d’offrir un sable noir (origine volcanique oblige) ! Il est si sombre qu'il ressemble parfois à de la suie quand il est sec, et si fin que l'on croirait à une route goudronnée lorsqu’il est mouillé. Mais il peut être plus clair et avoir des teintes grises, s’il est mélangé avec du sable blanc. Les plages de sable noir sont surtout situées sur la côte est de Tahiti, et aux Marquises.
Les plages les plus photogéniques de Polynésie se trouvent certainement aux Tuamotu, mais est-ce parce qu’elles sont si étendues ou bien parce qu’elles sont désertes ? Aux îles Sous-le-Vent, elles sont moins intimes, mais plus animées : on y passe un après-midi à jouer de la guitare et du ukulélé jusqu’à la nuit. D’ailleurs, ne dites pas à un Polynésien que les couchers de soleil sont aussi magnifiques chez vous : c’est forcément faux ! À cette heure-ci d’ailleurs, gare aux « nono » : ces petites mouches diablement voraces sont notamment très répandues aux Marquises.
Espaces naturels protégés
La Polynésie française dénombre aujourd’hui 51 sites naturels classés, un chiffre qui évolue d’année en année. Parmi eux :
Deux réserves naturelles intégrales classées en catégorie I selon le code de l'environnement : une dans les Tuamotu (incluant l'atoll de Taiaro), et une dans l'archipel de la Société (incluant les atolls de Scilly et de Bellinghausen).
Un parc territorial à Tahiti classé en catégorie II : le parc de Te Faaiti (728 ha). Situé dans la vallée éponyme, on peut y observer des espèces d’oiseaux protégées en Polynésie française, à l'instar de la rousserole à long bec, du martin-chasseur vénéré, de la salangane de la Société, ou encore du ptilope de la Société ; des sites de nidification du pétrel de Tahiti et du puffin d’Audubon ; un nombre conséquent d’espèces végétales indigènes ou endémiques rares et/ou protégées ; des sites archéologiques ancestraux et autres paysages typiques des vallées tahitiennes (hauts sommets, falaises rocheuses, plateaux, vallées encaissées, etc.).
Un espace mixte (réserve naturelle et parc territorial) : le domaine de Vaikivi à Ua Huka (Marquises), d’une superficie officielle de 240,4 ha.
Une douzaine de monuments naturels classés de catégorie III, situés sur les îles de Tahiti et Moorea. Parmi eux, trois cascades (toutes à Tahiti, dont la cascade de Vaipahi), huit grottes (dont la grotte de Maraa à Tahiti, et celle de Vaitaraa à Moorea) et une source : la source pointe Narii Domingo, à Hitiaa sur Tahiti.
Cinq aires de gestion des habitats et des espèces de catégorie IV : quatre aux Marquises (Eiao, Hatutaa, Motu One et Mohotani) et une dans l'archipel de la Société à Raiatea (Te Mehani 'Ute 'Ute).
Neuf paysages protégés de catégorie V : six à Tahiti (pointe Hotuarea, pointe Vénus, plateau de Tamanu, belvédère du Taharaa, le Pari et le lac Vaihiria), un à Bora-Bora (motu Tapu), et deux aux Marquises, à Fatu Hiva (baie des Vierges) et Ua Pou (baie de Hohoi).
Une aire de ressources naturelles gérées de catégorie VI sur la commune de Teahupoo à Tahiti (765 ha) : c'est la dernière à avoir été classée, en juin 2014.
Deux espaces bénéficiant d'une reconnaissance internationale : le lagon de l'île de Moorea ratifié par la convention de RAMSAR, et la fameuse réserve de biosphère de Fakarava, établie par le programme MAB de l'Unesco. Constituée de sept atolls (Aratika, Fakarava, Kauehi, Niau, Raraka et Taiaro qui est inhabité), cette dernière s'étend au total sur 288 877 ha, dont 31 022 ha de couronne récifale, 256 388 ha de lagon et 8 316 ha de surface terrestre (motus).