Mammifères marins
Plus de 20 espèces de dauphins et baleines ont été recensés en Polynésie. Afin d’éviter les rigueurs de l’hiver austral, les baleines à bosse d’Antarctique migrent vers les eaux tempérées de Polynésie pour mettre bas, se reposer et allaiter en sécurité. Ainsi, chaque année de fin juillet à fin octobre, les mères et leurs petits fréquentent les côtes des Australes (Rurutu notamment), de la Société, et des Tuamotu dans une moindre mesure.
Outre la belle concentration de baleines et de baleineaux en cette saison, la Polynésie accueille une importante population de dauphins, qui aiment batifoler près des passes, comme à Rangiroa dans la passe de Tiputa. Les espèces les plus communes sont le dauphin souffleur (essentiellement observé aux Marquises, aux Tuamotu, et à Bora Bora), et le dauphin à bec long (davantage habitués aux eaux claires et chaudes des îles de la Société), dont plus de 200 spécimens ont été recensés par le biologiste marin américain Michael Poole en une dizaine d’années d’observation.
Requins, pas de psychose
Une faune prédatrice assez dense vous attend près des passes et au large des récifs. En effet, Sa Majesté le requin (mao) habite aussi les eaux polynésiennes. Mais rassurez-vous, rassasié depuis longtemps par la densité des poissons, vous n’avez rien à craindre de lui.
Le requin gris, qui mesure environ 2 m, est le plus courant : il serait même étonnant que vous n’en croisiez pas en plongée. Le requin-citron, légèrement jaunâtre, et le requin-tigre peuvent quant à eux atteindre 4 m. Extrêmement puissant, ce dernier doit être respecté et maintenu en contact du regard, même si aucune attaque n’a jamais été recensée. Plus en profondeur, le grand requin-marteau rode habituellement au fond des passes, par 50 m de fond, à l’affût de raies-léopards ou des petites mantas. Il est toutefois possible d’en apercevoir à 15 m s’il a trouvé une proie qui l’intéresse ; c’est à Rangiroa qu’il est le plus souvent observé.
Plus proche des plages, attirés par l’odeur alléchante des cannes à pêche ou les déchets de généreux cuisiniers, les requins pointe noire (1,6 m tout au plus) font généralement le bonheur des photographes amateurs. Les requins dormeurs et pointe blanche fréquentent eux aussi les eaux calmes ; à Fakarava, un agréable snack de bord de mer se nomme d’ailleurs le Snack du Requin Dormeur, à juste titre…
Farandole de poissons
Isolée, la douce Polynésie compte près de 800 espèces de poissons, réparties en 90 familles, mais leur abondance et leur beauté surprennent toujours. Un bout de pain à la mer, et ce sont des milliers de poissons bariolés qui accourent à n’en plus rien voir : cochers, chirurgiens, mérous, napoléons, picassos, balistes, poissons-perroquets, sergents-majors, nasons au long nez, poissons-clowns, poissons-anges, poissons-globes, poissons porcs-épics, poissons-papillons, poissons-zèbres… La liste est longue ! Il suffit de mettre la tête sous l’eau pour les rejoindre, et c’est tranquillement et sans timidité qu’ils viendront à votre rencontre.
Les poissons les plus dangereux sont les poissons-pierres, qui reposent sournoisement au fond avec leur costume de pierre, en attendant que vous leur marchiez dessus pour vous inoculer leur poison mortel. Les poissons-dragons sont tout aussi dangereux, mais d’une beauté attirante malgré leurs piquants rouges et blancs. Méfiance donc !
Les raies – raies grises, pastenagues, léopards et raies tachetées – évoluent elles aussi gracieusement dans les lagons, et il n’est pas rare de les rencontrer. Les mythiques raies Manta quant à elles, fréquentent davantage les tombants et les passes que les lagons (sauf à Maupiti et Tikehau), mais vous aurez peut-être la chance de voir passer une énigmatique tache sombre sous votre pirogue (pas si énigmatique, du coup !). Cette somptueuse espèce peut atteindre les 4 mètres d’envergure. Attention toutefois : si les raies ne sont pas agressives, on oublie souvent que leur queue est dotée d'épines. Les nageurs ou plongeurs qui par mégarde leur marcheraient dessus, seraient exposés à un vif traumatisme local. Les piqûres mortelles sont très rares, mais l'accident demeure en tout cas très douloureux.
Tortues en danger
Timides et prudentes, elles viennent pondre sur les plages désertes. Cinq espèces de tortues marines sont recensées en Polynésie : la tortue luth (Dermochelys coriacea), la tortue verte (Chelonia mydas), la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata), la tortue caouanne (Caretta caretta) et la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea), toutes menacées et donc protégées.
Animaux sacrés en Polynésie, les tortues faisaient autrefois l’objet de rituels précis ; dans certains atolls, on les élevait même à petite échelle dans des parcs familiaux. Depuis 2020, les îles de Scilly et l’atoll de Bellinghausen (motu One), dans l’archipel de la Société, ont été classées réserve naturelle intégrale. Malgré tout, la population a nettement diminué : sur les atolls de Mopelia et de Scilly, une baisse de 94 % du nombre de spécimens a été enregistrée. Le braconnage reste un danger de tous les instants, et les réserves marines ne l’empêchent pas toujours.
Mollusques et coquillages
Quelque 1 500 espèces de mollusques peuplent aussi les eaux polynésiennes, avec une endémicité plus forte aux Marquises (environ 20 %), aux Australes, et dans une moindre mesure dans la Société et aux Tuamotu-Gambier.
Le lagon de Tahiti est par ailleurs connu pour ses coquillages de collection : certains, comme la porcelaine (Cypraea tigris) ou la Toison d'or (Conus textile), sont devenus rares. Le triton géant (Charonia tritonis), le casque rouge (Cassis rufa) et le casque cornu (Cassis cornuta) sont quant à eux quasiment en voie d'extinction. Les stocks naturels d'huîtres perlières (Pinctada margaritifera) ont été surexploités et la diversité génétique de l'espèce s'est réduite. Çà et là, d'autres coquillages sont éparpillés sur le sable, tels que les vermets tachetés et les très beaux bénitiers aux lèvres fluorescentes.
Si vous passez par Huahine, Frank de Motu Trésor, passionné de conchyliologie, se fera un plaisir de vous faire visiter son petit musée du coquillage tout en vous expliquant les différents coquillages.
Attention si vous prévoyez de rapporter un coquillage dans votre valise : certains sont dangereux. C'est notamment le cas du cône, aiguisé comme un fuseau, qui injecte son poison quand on en touche la pointe. Gare à vos mains donc, et vérifiez toujours que le coquillage soit bien vide !
Récifs coralliens
La région la plus riche du monde corallien se situe dans l’Ouest Pacifique et le Sud-Est asiatique. La Polynésie s’étend à la frontière orientale de cette région et s’avère donc relativement pauvre en espèces coralliennes, mais l’étendue du territoire implique une faune variée et spécifique. On compte environ 170 espèces de coraux, appartenant à une cinquantaine de genres différents. Dix-huit de ces espèces sont endémiques à la région.
Malheureusement, les dernières études sont manifestes : les récifs de plusieurs îles de la Société se sont dangereusement dégradés ces dernières décennies. Pourrissement des coraux ou déséquilibre dans le peuplement des algues constituent de sombres avertissements. Les cyclones chroniques et l’infestation d’Acanthaster (espèce d’étoile de mer prédatrice du corail) sont d’autres préoccupations, tout comme l’exploitation du corail noir dans les îles Sous-le-Vent (utilisé pour la bijouterie), et la croissance démographique qui met en péril la stabilité de ce riche écosystème. La partie frangeante des îles est bien sûr la plus touchée pour être la plus exposée aux activités humaines.
Oiseaux
Peu nombreux, les oiseaux (manu) ont longtemps été utilisés pour les parures de chefs. Certains passent toute leur vie sur la même île, d’autres sont migrateurs, menaçant souvent les premiers dans leur milieu.
Quelques espèces très courantes se remarquent partout, comme le Vini, mignon petit piaf à tête grise. En ouvrant l’œil en altitude, vous repérerez également le busard de Gould, un rapace, et la salangane de la Société. Au-dessus de la mer, virevoltent des frégates, des fous de Bassan et des pétrels. Le kaveka quant à lui (sterne fuligineuse) se concentre par centaines de milliers d’individus sur certains motus des lagons des Tuamotu ou aux Marquises ; on fait d’ailleurs d’excellentes omelettes avec leurs œufs…
Autres petites bêtes
Vous ne rencontrerez aucun animal dangereux ou venimeux : pas le moindre serpent, scorpion ou araignée ! Les geckos et les margouillats, petits reptiles utiles et plutôt jolis, mangent les insectes dont les moustiques. Assez abondants, ces derniers peuvent véhiculer des maladies féroces telles que la dengue, le zika et le chikungunya. Les nonos, petites mouches voraces, sont moins dangereuses mais plus agressives. Vous rencontrerez aussi certainement ces horribles blattes, pouvant mesurer jusqu'à 5 cm ! Cela ne révèle pas nécessairement un manque d'hygiène, c'est le lot de toutes ces destinations chaudes au climat tropical et humide. Les insectes les plus dangereux sont les scolopendres, ou cent-pieds, qui peuvent atteindre 20 cm de long, et injecter du venin avec leurs crochets. Douloureux, mais pas mortels !
Une végétation luxuriante
Une dense végétation couvre les îles d’un épais tapis coloré, des plages jusqu’au sommet des montagnes. Les vastes vallées des grandes îles brillent des mille points rouges que répandent les flamboyants sur leurs coteaux, tandis que les fleurs du frangipanier ajoutent du jaune, et le tiaré de multiples points blancs.
La végétation varie beaucoup selon les archipels. Sur les atolls, les conditions difficiles dues au sel et aux sols pauvres n’ont permis qu’à très peu d’espèces de s’installer. Quoiqu’un vignoble ait été planté à Rangiroa, avec un étonnant succès ! Aux Australes à l’inverse, le climat est si frais que l’on peut faire pousser toutes sortes de fruits et légumes ; on dit même de Rurutu qu’elle est le « grenier de Tahiti ». Les Marquises quant à elles, possèdent quelques variétés endémiques. D’une manière générale, cocotiers, pandanus, tamanu et arbres fruitiers tels que le fameux arbre à pain (uru), le manguier, le papayer, le goyavier, le bananier ou encore le noni (très nauséabond mais véritable médicament naturel selon certains), sont les plus fréquemment rencontrés. Moorea est également très connue pour ses plantations d’ananas.
Le pays des fleurs
Les divines senteurs florales qui embaument le cadre tropical demeurent pour beaucoup le souvenir le plus impérissable d’un séjour en Polynésie. D’ailleurs, si vous voyagez avec Air Tahiti Nui, hôtesses et stewards vous offriront une fleur de tiaré, l’emblème de Tahiti, à peine embarqué dans l'avion : ici débute votre voyage des sens... Cette fleur et son envoûtant parfum vous accompagnent partout en Polynésie.
Parmi les autres essences, le frangipanier donne des fleurs jaunes et blanches au fort pouvoir odorant. Le flamboyant, originaire de Madagascar, déploie de petites fleurs rouges décorant les vallées. L’hibiscus quant à lui, fleurit en plusieurs couleurs : jaune, orangé et parfois rouge vif. Le jasmin, l’ylang-ylang et la menthe verte font également partie du paysage olfactif.
Confectionnées en colliers, en couronnes, portées à l’oreille ou dans les cheveux, pour décorer la maison ou la voiture, ou tout simplement posées dans une coupelle d’eau pour embaumer, les fleurs sont un élément essentiel de la vie à Tahiti.
Si vous souhaitez vous mettre à la mode polynésienne, sachez que la fleur est arborée sur l’oreille gauche si votre cœur est pris, à droite s’il ne l’est pas…