Climats éclectiques
Le territoire polynésien étant aussi étendu que celui de l’Europe, les climats des différents archipels, tous tropicaux, présentent parfois d’importants écarts. Les Marquises se situent à 8 degrés sud de l’équateur, tandis que certaines îles des Australes dépassent le tropique du Capricorne. De ce fait, les intempérances de l’océan peuvent être plus excessives aux Marquises et provoquer sécheresse et inondations. Les atolls des Tuamotu sont quant à eux moins exposés aux pluies du fait de leur absence de montagne ; l’eau douce peut toutefois y devenir un problème crucial. Les Australes, enfin, jouissent d’un climat plus frais, voire tempéré. Il peut y faire 10 °C et parfois grêler ! Rapa, l’île la plus au sud, peut même voir sa température chuter à 5 °C au sommet des montagnes.
La mer est aussi plus chaude aux Marquises et plus fraîche aux Australes, où les coraux ne poussent pas. Ne formant ni barrière protectrice, ni lagon, cela confère aux îles une morphologie complètement différente.
Saison sèche et saison humide
La saison sèche s’étend de mai à octobre (sauf aux Marquises, où il pleut davantage). Il s’agit de l’hiver austral, c’est la période la plus agréable car un gigantesque anticyclone englobe la Polynésie et y reste accroché. La taille du Pacifique engendre des anticyclones bien plus importants que ceux que l’on retrouve sous nos latitudes. Ces mois-ci tournent entre 24 et 28 °C, les meilleurs mois étant juillet et août. Mais cela n’empêche pas quelques petites pluies. Sous un vent de sud-est vers l’équateur, les alizés (mara’amu) sont chargés d’humidité. Ils déclenchent des pluies du côté au vent, franchissent les montagnes et augmentent la température en plaine du côté sous le vent : c’est « l’effet de foehn ». Avec leur végétation agrippée jusqu’au sommet des montagnes, les îles sont presque toujours coiffées d’un bonnet de nuages.
La saison humide s’étend sur le reste de l’année, de novembre à avril. L’été austral, baigné de soleil, excite les humeurs de l’océan. Les averses se font plus fréquentes, l’air est saturé d’humidité et l’atmosphère est lourde et moite. Les orages se font plus violents, le vent arrache parfois même la cime des cocotiers, et le baromètre peut encore chuter. La dépression prend le nom de tropicale faible, puis moyenne, puis forte. Quand elle dépasse le cap des 117 km/h, elle devient cyclone. Son œil apparaît, elle hurle et peut cracher du vent et des pluies à plus de 400 km/h ! Heureusement, ce phénomène demeure relativement rare en Polynésie, et en réalité, la saison des pluies correspond simplement à une période où il pleut plus souvent ! L’atmosphère est un peu plus lourde, et les citadins plus stressés. Cela peut être l’occasion de contempler de magnifiques nuages se déplaçant à toute vitesse – si près de nous que l’on croirait pouvoir les toucher. Ils peuvent donner des averses extrêmement localisées, inondant parfois un district de Tahiti, tandis que les autres îles sont baignées de soleil. Il arrive même qu’il pleuve de l’autre côté de la rue, sans que l’on ne ressente ici la moindre goutte de pluie !
Chaque année, une cérémonie est organisée pour fêter le passage entre deux saisons et rendre hommage à la constellation des Pléiades : « Matari’i i ni’a » autour du 20 novembre, et « Matarii i raro » autour du 20 mai.
Les cyclones
Si le phénomène est heureusement rare en Polynésie, il arrive que le pays se retrouve sur la trajectoire de cyclones dévastateurs. Un cyclone est une dépression tropicale forte, dont la vitesse des vents dépasse 117 km/h. Il peut s’étendre sur plus de 800 km de diamètre, avec des vents pouvant atteindre les 400 km/h. Au centre d’un cyclone, l’œil peut mesurer jusqu’à 40 km de large. Les cyclones se forment à la même latitude que la Polynésie, grosso modo entre les Australes et les Tuamotu. S’ils se déplacent généralement à 30 km/h environ en direction du sud-ouest, il reste impossible de prévoir leur trajectoire. À proximité des cyclones, se forme une mer démontée. Lors du passage de la queue du cyclone, les vents soufflent à plus de 100 km/h, ce qui dévaste une région plus grande encore que la taille du cyclone lui-même. Si vous vous trouvez dans l’œil, vous n’êtes pas au bout de vos peines – loin s’en faut – mais le cyclone vous offre un entracte : la pression y est particulièrement basse et les vents y sont nuls.
Avec ses habitants vivant à fleur d’eau, les Tuamotu sont bien sûr les plus exposées. Les habitants des îles hautes le sont aussi, mais peuvent se prémunir de la montée des eaux en se réfugiant sur la montagne. Si les Maohis n’avaient autrefois d’autre moyen de se renseigner que d’écouter la mer et le vent, les observations par satellite nous permettent aujourd’hui d’anticiper, de repérer la présence d’un cyclone, et donc d’évacuer et de se protéger. Malgré tout, les moyens mis en place resteront toujours dérisoires face à la puissance des éléments : nous voilà tout petits face à Mère Nature !
Il n’y a aujourd’hui plus beaucoup de pertes humaines lors de cyclones en Polynésie française. Des abris anticycloniques ont été construits dans toutes les îles ou presque ; à défaut, les habitants se réfugient dans les seuls bâtiments en dur du village : l’école et l’église. Le logement social dans les îles est souvent fait de « fares MTR », habitations légères prévues pour résister à des vents de 250 km/h. Les autorités collent un peu partout des affiches sur lesquelles figurent des conseils pour attacher son toit ou bien amarrer son bateau. Généralement, les jours où une dépression importante est annoncée, les écoles sont fermées.
Le phénomène El Niño
El Niño, « l'Enfant Jésus » en espagnol, est un courant chaud qui se déplace de l'ouest vers l'est du Pacifique. Il est ainsi baptisé par les pêcheurs du Pérou, car arrivant généralement à l'époque de Noël, il amène du poisson en masse sur les côtes. S'il n'est étudié que depuis un siècle, les premiers récits en faisant mention datent du XVIe siècle et son activité remonte à plus de 5 000 ans. Ce phénomène cyclique, accompagné de cyclones, se reproduit tous les trois à sept ans. On a beaucoup parlé d'El Niño, notamment en 1997 et 1998, car ce fut le plus puissant cyclone du XXe siècle, et en 2010 avec le cyclone Oli qui a frappé le Territoire.