Une biodiversité à préserver
Comme à Saint-Barthélemy, la végétation marine est aussi réhabilitée grâce à des pépinières dont le but est de favoriser la pousse du corail par exemple. La réserve naturelle de Saint-Martin permet la préservation des principaux écosystèmes : les récifs, la mangrove, les étangs et la forêt sèche littorale. Sur 3 060 hectares, 2 900 hectares sont consacrés à des espèces et fonds marins. En milieu marin, mis à part les très nombreuses espèces de poissons (diodon, mombin, poisson-papillon, poisson-perroquet, poisson-chirurgien, ange, sergent-major, coffre) et d’invertébrés (oursins, lambis, étoiles de mer), les animaux les plus remarquables restent les tortues marines (verte, imbriquée et luth) qui viennent pondre sur la plupart des plages de l'île et de ses îlets. De décembre à avril, la zone marine est également une zone de rassemblement des baleines à bosse, qui affectionnent particulièrement les hauts fonds pendant la période de reproduction.
Des envahisseurs durs à canaliser : les sargasses
En métropole, on entend assez peu parler de ces algues brunes qui sont en train de devenir le cauchemar des Antilles. Depuis 2011, les sargasses envahissent les Caraïbes et avec une ampleur qui devient problématique au niveau sanitaire et économique ! Normalement inoffensives en petite quantité, et en mer, elles s'échouent dans toutes les Caraïbes. Et c'est l'activité de l'homme la seule responsable de leur prolifération. Les industries diverses dont certaines productions d'éthanol au Brésil utilisent de très fortes quantités de produits phytosanitaires (engrais, phosphore, azote, pesticides, fongicides). Des mesures ont été mises en place pour combattre ce fléau dont un Plan sargasses doté de 10 millions d'euros en 2018 et 2019, et depuis 2022, un nouveau de 36 millions d'euros pour 4 ans ! Ces investissements doivent servir pour s'équiper en machines et permettre de créer des équipes de ramassage manuel. Des pistes de valorisation de ces déchets naturels sont à l'étude, les sargasses pourraient servir comme matière à la fabrication de bioplastique, de cirage, de papier ou encore de combustible. Mais pour l'instant, aucune solution satisfaisante n'a été trouvée et régulièrement, de nombreuses plages sont encore polluées par les algues brunes.
Héritage naturel : une faune terrestre diversifiée
Afin de préserver l’héritage naturel, l’association Les Fruits de Mer mène des actions de collecte d’informations et œuvre à la promotion de la faune et flore de l’île. Elle organise des ateliers et conférences et travaille conjointement avec le Musée Amuseum Naturalis pour la sauvegarde du patrimoine naturel de l’île. La plupart des espèces présentes au début de la colonisation ont disparu des îles, comme le lamantin (phoque d’eau douce), l’agouti (petit rongeur) ou le trigonocéphale (serpent, il en reste en Martinique). Seuls les oiseaux (colibris, sucriers, merles et autres oiseaux-mouches) pourront être photographiés et finiront les miettes de votre petit déjeuner. Vous pouvez également observer des iguanes prendre le soleil sur les côtes rocheuses et des mammifères tels que le racoon (raton laveur) et la mangouste qui se nourrissent de crabes, d'œufs et de petits poissons. Il est vrai que l'emblème de l'île est le pélican, mais l'iguane est une véritable star qui se laisse facilement observer. Il en existe deux espèces : l'iguane commun, qui est invasive et l'iguane des Petites Antilles, une espèce menacée. Cet animal préhistorique, qui semble venu d'un autre temps, revêt des couleurs différentes selon son âge : vert pomme étincelant lorsqu'il est jeune, gris adulte, puis orange en prenant de l'âge. Il est très probable que vous en rencontriez sur la route d'Oyster Pond à l'îlet Pinel. L’île possède une petite richesse ornithologique, 85 espèces d’oiseaux, même si beaucoup l'ignorent. Il existe, en effet, une cinquantaine d’espèces d’oiseaux environ, certains étant sédentaires, d’autres migrateurs. Leur présence et leur régularité sont fortement compromises d’une part par les aléas de la nature (les cyclones), et l’homme (tourisme, démographie) d’autre part. Citons les plus connus comme la frégate, les sucriers, les aigrettes, le pélican, la mouette, les crabiers, les merles, que l’on retrouve surtout près des bords d’étang, dans la mangrove et dans les forêts. Les oiseaux marins, pour leur part, fréquentent les alentours de l’île de Tintamarre.
Si on vous laisse entendre que les moustiques sont prêts à se jeter dans vos draps, croyez-le, ce n’est pas de l'ordre de la métaphore. La lutte contre ces belliqueuses bestioles est impitoyable, et il vaut mieux être armé pour répondre à leurs attaques répétées, surtout à l'aurore et au coucher du soleil. Le moustique Aedes aegypti peut transmettre la dengue et désormais le chikungunya qui a fait son apparition aux Antilles fin 2013. Le virus Zika s'est ajouté à la liste début 2016. On peut rencontrer quelques petits scorpions et des mygales notamment dans les environs de Pic Paradis. Le grillon et le cabrit-bois (genre de grande sauterelle) ne vous apparaîtront qu’en rêve, mais vous imposent tous les soirs un concert de musique populaire animale, qui réunit aussi le coassement des grenouilles. Les colibris posés sur l’hibiscus cohabitent avec les papillons aux coloris variés qui ornent les fleurs en proposant des alternatives bariolées. Vous rencontrerez des anolis (lézards) et des crabes sur les plages.
Un futur vert ?
Un fort développement de constructions immobilières oblige Saint-Martin à protéger son magnifique environnement, du moins ce qu'il en reste. L’équilibre de la flore et de la faune est sans cesse menacé par les activités de l’homme, le tourisme croissant et des conditions naturelles très délicates. En 2018, un lieu exclusivement consacré à l’environnement, l’Institut caribéen de la biodiversité insulaire, devait voir le jour à Cul-de-Sac. Son ouverture a été reportée suite au passage d'Irma et à la nécessité de reconstruire d'autres infrastructures prioritaires. Sa création/construction est inscrite dans le plan de gestion 2018-2027 de la Réserve naturelle. Ce sont les associations qui prennent le plus de mesure pour protéger leur écrin de terre. Et les deux parties de l’île se répondent d’un même élan ! Pour exemple, dans le cadre international du nettoyage de la plage, nombreux sont les participants qui s’associent des deux côtés de l’île. L’environnement et l’art font bon ménage et les filets fantômes (les filets des pêcheurs abandonnés) sont récupérés afin de créer des œuvres artistiques pour sensibiliser le public. Belle idée !