Les maisons de maître
Les maisons de maître ont été construites à la période de l’esclavage et se repèrent assez aisément lors d’une balade à Saint-Martin. Dans tous les esprits, la « maison coloniale » s’apparente à une villa, confortable et luxueuse, mais la réalité est souvent différente. De nombreuses maisons de maître restent des habitats modestes, de petite taille et construites en bois ciselé, avec des toits en tôle. Elles sont en outre très colorées et disposent d’une galerie extérieure. On les assimile plus à de belles fermes françaises plutôt qu’à des palais. Aujourd’hui, la plupart de ces maisons font office de musées. On peut en admirer quelques-unes sur la route de l’Espérance, à Grand-Case.
Les cases créoles, emblèmes du Saint-Martin Français
Les petites cases typiques au bois ciselé et finement décoré, aux couleurs intenses, vives et parfois criardes, sont la fierté des habitants dans les rues de Marigot, Grand-Case ou Philipsburg. La case créole est une petite maison en bois qui ne compte que deux ou trois pièces ne dépassant pas 3 m sur 6 m et qui a été construite pour résister aux cyclones. Elle est posée sur des fondations sommaires, mais qui lui permettent d’être isolée du sol, et son toit à quatre pans est souvent recouvert de tôles. On note que, par le passé, celui-ci était composé de bois peint, de roseaux ou de chaume. Les fenêtres peuvent accueillir des feuilles de palmiers, qui permettent de mieux faire circuler l’air et donc de rafraîchir les pièces. Avec la surexploitation du bois et le défrichage pour le développement des champs de cannes à sucre, les ressources en bois ont été épuisées au début du siècle dernier : il était alors possible de commander des cases en kit importées des États-Unis, à commander sur catalogue. Aujourd’hui, en se promenant dans les rues des communes de Saint-Martin, on note souvent que beaucoup de façades sont délabrées, la faute à la succession de cyclones dans la région, et au manque de moyens pour entretenir et remettre à neuf les habitations. Mais la case créole est toujours un habitat agréable à regarder et qui évoque un des charmes emblématiques de l’île.
L’architecture anticyclonique et les normes de construction
Autant que cela puisse étonner dans des régions où peuvent défiler les cyclones, l’habitat des Antilles peut être très léger, au point de ne pas résister aux fortes rafales de vent. On pense aux conséquences dramatiques de l’ouragan Irma qui, en 2017, a mis de nombreux bâtiments à terre. Il est donc important pour les nouvelles constructions de respecter les normes anticycloniques avec des toitures aux rebords réduits pour éviter les soulèvements. Les vis sont également recommandées à la place des clous pour la fixation des toits. Les portes et les fenêtres doivent aussi être protégées avec un volet anticyclonique. Le choix des implantations des habitations est très important. Ainsi, on évitera les bords de mer, fort exposés au vent et aux grandes marées et on privilégiera l’intérieur des terres.
Par ailleurs, certaines normes en vigueur visent à optimiser la sécurité des constructions, de même qu’à protéger le littoral. Le statut des 50 pas géométriques, héritage de l’ancien régime Antilles-Guyane, s’applique aux constructions situées sur le littoral. Il s’agit de l’interdiction pour les particuliers de construire sur 81,20 m depuis le bord de mer. Malgré tout, on retrouve des maisons qui ont été construites de manière anarchique et c’est pour cette raison que deux agences Ad hoc ont été créées, afin de régulariser les nombreuses constructions qui se font sans autorisation.
Depuis 2012, la Collectivité possède des compétences en matière d’urbanisme local. Les élus travaillent ardemment pour mettre en place le code de l’urbanisme qui doit à la fois tenir compte de l’environnement français, et également du code européen prenant en compte son statut de RUP (Région Ultra Périphérique). On constate une forte volonté de la part des autorités pour réorganiser le domaine de la construction, avec un long travail en perspective, l’île étant en pleine période de reconstruction suite à Irma.
Quelques monuments à ne pas manquer
Édifiée sur la route du Fort Louis, l’église catholique de Marigot a été bâtie en 1941, date à laquelle le Père Wall prit ses fonctions à Saint-Martin et entreprit l’édification du monument pour offrir un lieu de culte aux chrétiens catholiques qui n’en avaient pas. Il fit également construire l'église de Grand-Case à peu près à la même époque et selon les mêmes techniques, employant de la pierre et de la chaux.
Surplombant la baie de Marigot, face à Anguilla, le Fort Louis a été construit en 1789 par la population du bourg de Marigot, sous l'impulsion du gouverneur de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, Jean Sébastien de Durat. S’il a été érigé pour défendre les entrepôts du port de Marigot, il a par la suite été laissé à l’abandon et est tombé en ruines. Restauré au XIXe siècle, il a de nouveau par la suite été laissé à l'abandon. Depuis 1993, l'association archéologique Hope Estate, en étroite collaboration avec les unités du service militaire adapté (SMA) de Guadeloupe, a entrepris des travaux de restauration et le site fait l’objet de visite culturelle avec des panneaux explicatifs.
Autre site incontournable, les vestiges d’un village Arawak, situé à 80 mètres d'altitude et dominant la plaine de Grand-Case : le site archéologique de Hope Estate. Venus d’Amérique du Sud en 550 av. J.-C., les Amérindiens ont installé ce village de forme circulaire, laissant des vestiges de roches gravées ainsi que de très belles poteries.