À l’origine, les Arawaks
Venus en pirogue du Venezuela, les premiers habitants de l'île, à l'ère méso-indienne, semi-nomades, s'installent sur le littoral entre 3350 et 400 av. J.-C. Les populations suivantes (vers 550 av. J.-C.), de langue arawak, préfèrent l'intérieur des terres. Saint-Martin possède d'ailleurs le site archéologique le plus ancien des Petites Antilles, sur les hauteurs de Hope Estate. Ils migrent ensuite vers le bord de mer entre 250 et 700 apr. J.-C. Des traces prouvent la présence de Taïnos (en provenance des Grands Antilles) jusqu'en 1650, soit trente ans après l'arrivée des premiers colons européens.
Une population particulièrement métissée
Les populations des îles caribéennes sont généralement métissées, mais c'est particulièrement le cas à Saint-Martin. S'il ne reste aucun descendant des Amérindiens, premiers habitants de l'île, le métissage est dû notamment à l'arrivée des colons européens, issus eux-mêmes de différentes nationalités (française, néerlandaise, espagnole, anglaise, portugaise) et à l'histoire de l'esclavage et de la traite négrière. Après l'abolition (1848 en partie française, 1863 en partie néerlandaise), les habitants de Saint-Martin ont régulièrement migré (puis ré-immigré) vers les îles alentour pour des raisons notamment économiques. Comme dans le reste des Antilles, des Indiens, appelés « coolies » de façon péjorative, sont recrutés pour pallier le manque de main-d’œuvre et à peu près à la même époque (milieu du XIXe siècle) des Syro-Libanais. Après l'installation de la préfecture en 1863, arrivent de nombreux « métropolitains », puis les lois de défiscalisation et la frénésie des constructions font venir d'abord des Guadeloupéens puis des Haïtiens, plus récemment, des Dominicains, des Jamaïcains, etc. Aujourd'hui, environ 30 % de la population de la partie française est étrangère.
… et jeune
La population a connu une très forte croissance, surtout dans les années 1980, principalement grâce au développement du tourisme. On note aussi, depuis le début des années 1980, une explosion démographique due à une arrivée massive de population attirée par le développement de la construction, provoqué par la loi Pons sur la défiscalisation qui n’a jamais aussi bien fonctionné qu’à Saint-Martin. La partie française ne comptait que 8 000 habitants environ en 1982, et plus de 28 000 en 1990. En 2013, il y aurait 75 000 habitants sur toute l’île. Actuellement, à peine 15 % de la population est réellement saint-martinoise. Selon l’IEDOM (Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer) 40,3 % de la population est âgée de moins de 25 ans en 2013 (31,9 % en Guadeloupe à titre de comparaison). L’âge moyen de la population s’élève à 32,8 ans contre 28,2 ans en 1999. Dans les 10 prochaines années, la tendance s’annonce jeune également (25,6 % de la population âgée de moins de 15 ans contre 27,6 % en 2013), en prenant en compte la forte augmentation des plus de 65 ans (10,3 % en 2030, contre 6,4 % en 2013). En plus de vieillir, la population décroît et l'île perd chaque année des habitants.
Une île polyglotte
Les deux langues officielles à Saint-Martin sont le français et le néerlandais. Mais, que ce soit du côté hollandais ou du côté français, l’anglais est la langue la plus couramment pratiquée et reste un moyen d'unir la population de l'île. Cet anglais n’est pas utilisé dans sa forme standard. Il connaît beaucoup de variations aux niveaux phonétique, morphologique et du vocabulaire. On parle de broken english, ou encore de pidgin english, une sorte de patois caribéen, qui mêlent influences britanniques, françaises, latines, africaines, etc.
L’espagnol fait aussi partie des langues parlées sur l’île, en raison de l'immigration des îles hispanophones avoisinantes, principalement de République dominicaine.
Même si le mot « créole » désigne bien une langue à part entière, l’évolution des uns et des autres a apporté une seconde nécessité, celle de différencier le créole selon les espaces qui la pratique. C’est pour cette raison que l’on parle aujourd’hui de créole réunionnais, martiniquais, guadeloupéen, dominicain, haïtien, etc. Quant à Saint-Martin, l’île possède des communautés qui pratiquent des créoles d’espaces différents (Martinique, Guadeloupe, Haïti, la Dominique, Sainte-Lucie, etc.). Malgré des variantes, il est possible de dialoguer en créole et de se comprendre sans faire partie de la même communauté.
Le papiamento, le créole des Antilles néerlandaises, est surtout pratiqué par les populations d'Aruba, Bonaire et Curaçao. Son nom proviendrait du mot « papaer » qui signifie parler en vieux portugais. Il connaît quelques variantes selon l'île. Il est d'ailleurs appelé papiamento à Aruba et papiamentu sur Bonaire et Curaçao.
La langue de la justice
Le nord de l'île de Saint-Martin fait partie de la République française, c'est pourquoi en matière de justice la procédure se déroule toujours en français. Des traducteurs sont disponibles pour les personnes étrangères ou des immigrants qui, dans certains cas, ne connaissent que le créole, l'espagnol ou l'anglais. Du côté hollandais, tous les documents officiels sont publiés en néerlandais; malgré le fait qu'une grande partie de la population ne parle pas cette langue.