LE MAUSOLÉE DE ZENGHI ATA

A une quinzaine de kilomètres au sud de Tachkent. Prendre le bus 153 à l’hippodrome. Le mausolée de Zenghi Ata et celui de sa femme Ambar Bibi furent édifiés au XIV^e siècle sur l’ordre de Tamerlan. Une légende raconte les péripéties de cette construction : entre deux conquêtes, Tamerlan avait décidé de l’édification d’un mausolée au vénéré soufi Akhmed Yasavi, près du village de Turkestan dans l’actuel Kazakhstan. Mais la construction n’avançait pas car chaque matin on retrouvait le travail de la veille détruit. Les artisans décidèrent alors de veiller pour voir qui démolissait leur ouvrage. C’est ainsi qu’une fois la nuit tombée, ils virent un taureau immense et très puissant se ruer sur les murs et les renverser sur son passage. Tamerlan voulut voir de ses propres yeux, mais alors qu’il veillait devant le chantier du mausolée, il entendit la voix de Yasavi lui disant d’élever un mausolée pour son oncle Zenghi Ata, lui aussi prêtre soufi et saint patron des bergers, avant de construire le sien. Encore fallait-il trouver le corps de ce saint homme… La voix de Yasavi indiqua comment procéder : il fallait suivre un chameau blanc jusqu’à ce qu’il se baisse à terre pour la septième fois. Dès le lever du soleil, les serviteurs de Tamerlan se rendirent au marché et suivirent un chameau blanc jusqu’aux environs de Tachkent, où l’on fit construire un mausolée à Aï Khodja, surnommé Zenghi Ata, le « père noir », en raison de sa peau mate. Ce haut lieu de l’islam a été rénové récemment et n’a plus cette allure de ruine romantique qu’on lui connaissait dans les années 1980. Les pèlerins sont fervents et nombreux, les touristes discrets. Le mausolée originel date du XIV^e siècle. Architecture, décorations et mosaïques sont typiques de l’époque timouride. La madrasa fut ajoutée au XVIII^e siècle, et la mosquée au XIX^e siècle. Le minaret date du début du siècle dernier. Le mausolée d’Ambar Bibi se trouve dans le cimetière qui jouxte le mausolée de Zenghi Ata. Les femmes sont nombreuses à venir s’y recueillir, en faisant trois fois le tour du bâtiment tout en embrassant les murs. Ceux-ci sont recouverts de prières, de vœux ou de simples mots tracés avec des stylos à même la brique jusqu’à l’extrême hauteur à laquelle peut se porter un bras. Les pèlerines vont ensuite choisir un arbre dans le cimetière aux branches duquel elles attachent des petits morceaux d’étoffe pour que le vent emporte leurs prières.