3 200 à 3 300 ans

Des Austronésiens venus initialement de Chine, via les Philippines et Timor arrivent en Nouvelle- Calédonie et peuplent le territoire.

Les poteries retrouvées permettent de diviser la préhistoire de l’archipel en deux périodes. La période de Koné est marquée par la poterie Lapita et la poterie Podtanéan.

Fin du XVe siècle

C'est l'époque des explorateurs.

L’Europe imagine qu’un vaste continent équilibre les masses des autres continents : Terra australis. Le Portugais Fernand de Magellan est le premier à tenter et à boucler le tour du monde à la voile (1519-1521). Découvrant à la pointe sud du continent américain le détroit qui porte aujourd’hui son nom, il s’aventure sur ce vaste océan qu’il nomme Pacifique, tant ses eaux lui semblaient calmes.

1774

Située à l’écart des routes maritimes, la Nouvelle-Calédonie ne sera localisée que tardivement, deux cents ans après l’Australie. James Cook et Antoine Bruny d’Entrecasteaux seront les premiers Européens à dresser avec précision les premières cartes de l’île. Le 4 septembre 1774, dans un navire commandé par Cook, on découvre la Nouvelle-Calédonie.

1792

À la recherches des navires de La Pérouse disparus quatre ans auparavant dans le Pacifique, d’Entrecasteaux et Jean-Michel Huon de Kermadec débarquent en Nouvelle-Calédonie en 1792.

1827

D’Entrecasteaux, meurt en mer, le 20 juillet 1793, au large de la Nouvelle-Guinée. Jules-Sébastien Dumont d’Urville part à son tour sur les traces de La Pérouse entre 1822 et 1829. Son nom reste attaché à la conquête du pôle Sud, qu’il baptisa Terre Adélie en hommage à sa femme. Il découvre les îles Loyauté : l’île Britannia (Maré), l’île Chabrol (Lifou) et l’île Halgan (Ouvéa), avant l’arrivée des commerçants de santal.

1840

C'est le début de l'évangélisation. Deux missionnaires polynésiens sont installés sur la Grande Terre et la conversion au protestantisme prend bien sur les îles Loyauté. Aujourd'hui encore, les habitants des îles Loyauté sont majoritairement protestants.

1853

Napoléon III envoie l’amiral Auguste Febvrier-Despointes officialiser le rattachement des îles, jugé effectif à compter du 24 septembre 1853. Napoléon III cherche en effet des terres destinées à accueillir une nouvelle colonie pénitentiaire.
En même temps, la présence française dans le Pacifique est affirmée.

1854 - 1866

C'est au rythme de 40 civils par an depuis 1862, que la France prend possession de l'archipel. Les Kanaks n’apprécient évidemment pas l’expansion des Européens sur leurs terres, comme l’attestent les attaques de la mission de Saint-Louis et de la concession du Mont-Dore.
Et pour la main-d’œuvre, la France contourne le problème de l'immigration avec les bagnards.

Plus de 20 000 d’entre eux seront ainsi transportés sur le Caillou. Les 248 premiers transportés, arrivés le 9 mai 1864 après cent trente jours de mer, construisent les installations pénitentiaires destinées à accueillir leurs futurs « camarades ». Les suivants seront affectés aux grands travaux d’utilité publique : construction des routes, remblayage des marais...

 

Tardy de Montravel, pour des raisons pratiques et stratégiques, crée le fort Constantine (du nom de son bateau) et fonde par la même occasion Port-de-France, en juin 1854, qui prendra le nom de Nouméa en mars 1866.


1871-1879

Louise Michel, une déportée célébre
Louise Michel est condamnée en 1871 à la déportation à cause de sa participation à la Commune, elle sera une des premières femmes déportées. Elle se passionne pour l’île, écrit des pièces de théâtre qu’elle fera jouer par des autochtones et prendra la défense des Kanaks lors de la révolte de 1878. Amnistiée fin 1879, elle quittera définitivement la Nouvelle-Calédonie pour Marseille. Ses légendes et chansons de geste kanaks sont le souvenir de cette expérience humaine. Le film de Solveig Anspach Louise Michel la rebelle, tourné en Nouvelle-Calédonie et sorti en 2010, retrace le parcours de cette femme engagée. Elle restera l’amie de Georges Clemenceau qu’elle connut au début de la Commune.

1873-1874

Henri Rochefort

Sa déportation au bagne de Nouvelle-Calédonie est politique ; Marquis de Rochefort-Luçay, il se lance dans une carrière de journaliste et fonde La Lanterne où il attaque avec vigueur le régime impérial. Député de Paris, nommé membre du gouvernement de la Commune, il est condamné à la déportation, mais s’échappe de Ducos, en 1874, au bout de quatre mois, c'est la seule évasion réussie du bagne de Nouvelle-Calédonie. À son retour en métropole en 1880, il est amnistié et entame la rédaction de ses aventures en Nouvelle-Calédonie. Son évasion fournira même le thème d’un tableau à Manet.

1874-1881

Mise en place du code de l’indigénat, qui sera définitivement validé en 1887, faisant des populations autochtones des « sujets de la France », mais ne jouissant d’aucun droit civil.

 

L'insurrection kanak débute sur la côte ouest. Le 19 juin 1878, un colon est assassiné, point de départ de la grande révolte kanake. Ataï, chef du village de Kowalé, mènera la rébellion pendant sept mois autour de la région de La Foa et de Bourail. Le soulèvement entraîne la mort de deux cents personnes côté français, et près de deux mille Kanaks périssent au cours des combats ou suite à la répression. Ataï sera finalement décapité par des Kanaks de Canala auxiliaires des militaires français. Sa tête sera envoyée au Musée de l’Homme à Paris... Elle reviendra en Nouvelle-Calédonie en 2014 et sera remise aux autorités coutumières.

La découverte du nickel

La fermeture du bagne en 1897, sur décision du gouverneur Feillet, ouvre un nouveau cycle dans le processus de colonisation du territoire et entérine les mutations à l’œuvre.

En effet, dès 1870, les aventuriers de tous bords affluent en Nouvelle-Calédonie à la recherche d’or, de cuivre, de chrome et de cobalt, bien avant l’intérêt suscité par le nickel. Pourtant, c’est en 1864 que Jules Garnier découvre le précieux minerai, qui fera la richesse de l’archipel et dont l’exploitation ne débute réellement qu’en 1874. Quelques années s’écoulent, avant la constitution, en 1880, de la société Le Nickel (SLN). Jusqu’en 1890, la Nouvelle-Calédonie assure 90 % des besoins mondiaux. L’arrivée au début du XXe siècle d’un nouveau producteur, le Canada, bouleverse le marché mondial. Les cours du minerai s’effondrent. Un tiers des mines du territoire reste exploité, mais les autres ferment les unes après les autres.

La seconde guerre mondiale

Le bataillon du Pacifique est reformé en 1940. La Nouvelle-Calédonie est alors une des premières colonies à rejoindre la France libre. Cette unité combattante, formée également de Tahitiens, se couvrira de gloire sur tous les fronts.

 

La population à Nouméa et en brousse est largement favorable à l’appel du général de Gaulle. Des volontaires s’engagent alors dans le bataillon du Pacifique. L’attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, étend la Seconde Guerre mondiale à l’ensemble du Pacifique.

En 1942, les États-Unis choisissent la Nouvelle-Calédonie comme base de la contre-offensive contre le Japon.

 

Le 12 mars 1942, 17 000 soldats américains débarquent sur le sol calédonien et y diffusent leur culture : une autre façon de vivre, de s’amuser, de consommer, de penser. C’est l’époque « Ouaco », du nom d’une conserve originaire du village calédonien du même nom, du Coca-Cola, des films hollywoodiens, des snack-bars, du whisky, des Jeeps, des pin-up, des hangars demi-lune, des ponts métalliques... Au plus fort de la bataille du Pacifique, cent trente mille hommes stationnent sur l’archipel, soit le double de la population autochtone.

Les japonais pendant la Seconde Guerre Mondiale

Les Japonais, venus principalement pour le travail, s'installent en Nouvelle-Calédonie avec leurs familles dès le début du XXe siècle, notamment dans les sociétés liés au nickel, qui recherche une main-d'œuvre bon marché.

Suite à l'attaque de Pearl Harbor, l'Amérique demanda à ses alliés d'emprisonner ses ressortissants japonais dans des camps. Environ 1 200 civils japonais vivant en Nouvelle-Calédonie ont été internés et transférés en Australie. Privés de tous leurs biens, ils ne pouvaient retourner en Nouvelle-Calédonie. Certains vivaient en Nouvelle-Calédonie depuis plus de 30 ans. Bien qu'ils soient d'origine japonaise, ils vivaient avec leurs familles dans la colonie. Plus tard, leur demande de retour en Nouvelle-Calédonie a été refusée. La plupart d'entre eux étaient au Japon, certains ne parlaient pas la langue, et tous étaient dans une détresse totale. Ils sont partis à la recherche de fortune en Nouvelle-Calédonie, sont revenus vaincus et sont restés silencieux dans leur nouveau pays déchiré par la guerre. A l'époque, les épouses calédoniennes, dont on dit qu'elles ont pactisé avec leurs ennemis, sont stigmatisées par la société et subissent toutes sortes d'effets psychologiques. Eux et leurs enfants ont été expulsés de leurs maisons ou contraints de racheter leur propriété.

1956

La loi du 23 juillet 1956 débouche sur une plus grande autonomie pour la Nouvelle-Calédonie. Le député Maurice Lenormand crée dans le même temps le mouvement de l’Union calé- donienne (UC), au slogan fédérateur : « Deux couleurs, un seul peuple ». La question de l’indépendance émerge alors.

1978 - 1987

Le mouvement indépendantiste se radicalise.
En mars 1982, les indépendantistes accèdent au pouvoir territorial et Jean-Marie Tjibaou devient président du Conseil du gouvernement.

Dés 1984, le FLNKS (fond de libération national kanak et socialiste) constitue unilatéralement un gouvernement provisoire, ceci amène entre autres le début dit des événements 1984-1988).

En décembre, dix Kanaks sont assassinés lors d’une embuscade à proximité de Hienghène. Ceci fait suite à de nombreux incidents sur la côte est.

1936-1989

Jean-Marie Tjibaou

Né en 1936 à Tiendanite, cette forte personnalité est restée toute sa vie attaché aux valeurs culturelles de sa terre. Élève du petit séminaire de Canala, il se destine à être prêtre et est ordonné en 1965 à Hienghène. Attiré par les sciences humaines, il profite d’une bourse pour entreprendre des études de sociologie à Lyon, puis d’ethnologie à Paris. En parallèle, la tension monte en Nouvelle-Calédonie et Jean-Marie entend bien participer aux changements de son pays. En 1975, il concrétise sa vision politique en organisant à Nouméa le festival Mélanésia 2000, qui met à l'honneur la culture kanake. En 1977, Jean-Marie Tjibaou remporte les élections municipales de Hienghène, et est nommé vice-président du 8e congrès de l’Union calédonienne, principal parti indépendantiste. Deux ans plus tard, il crée le Front indépendantiste, puis le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). Le 26 avril 1988, Jean-Marie Tjibaou participe aux négociations des accords de Matignon avec le Premier ministre Michel Rocard et Jacques Lafleur. Il signe ces accords qui prévoient une autonomie graduelle de la Calédonie sur une période de dix ans. Cette décision lui coûtera la vie, puisqu’un an plus tard, le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou est assassiné par un extrémiste indépendantiste.

1988

Le 22 février 1988, un groupe d’indépendantistes attaque vingt-deux gendarmes à Poindimié ; neuf d’entre eux sont pris en otage pendant douze heures.

 

Le 22 avril 1988, un autre groupuscule indépendantiste se lance à l’assaut de la gendarmerie de Fayaoué sur l’île d’Ouvéa. Quatre gendarmes sont tués et 30 pris en otage dans l’une des grottes de l’île. Dix-neuf indépendantistes et deux militaires trouvent la mort au cours de l’affrontement.

1932-2010

Jacques Lafleur

Né en 1932 et fils d’Henri Lafleur (homme politique et entrepreneur important), il est à la tête d’un vaste groupe commercial et industriel et s’impose pendant 25 ans comme « l’homme fort » du territoire. Fondateur en 1978 du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR, tendance droite libérale), il signe les accords de Matignon en 1988 (on se souvient de sa poignée de main historique avec le leader indépendantiste Jean-Marie Tjiabou) et l'Accord de Nouméa dix ans plus tard, qui octroient une autonomie substantielle à la Nouvelle-Calédonie. Longtemps considéré comme inamovible et jugé trop autoritaire par ses opposants, il perd les élections provinciales de mai 2004 : c’est la fin d’un règne sur l’archipel. Jacques Lafleur rentre en dissidence dans sa famille loyaliste et fonde un nouveau parti en juillet 2006, le Rassemblement pour la Calédonie. Mais en 2007, il perd son siège de député contre le candidat officiel de l’UMP Gaël Yanno. En avril 2010, après quarante ans de carrière politique, Jacques Lafleur démissionne de ses derniers mandats à l’Assemblée de la Province Sud et au Congrès de Nouvelle-Calédonie. Il décède en Australie, le 4 décembre 2010.

26 juin 1988

Accords de Matignon

Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou signent les accords de Matignon stipulant que le gouvernement français gérera les affaires du territoire jusqu’en juillet 1989.

Dix ans plus tard, le 5 mai 1998, signature de l’Accord de Nouméa, pour prolonger la période intermédiaire des accords de Matignon de 20 ans.

1998 - 2008

Le 6 novembre, le référendum sur l’autodétermination est accepté à 72 %.

Début janvier 2000, c'est le début du transfert de certaines compétences de l’État français vers la Nouvelle- Calédonie, écoles primaires, droit minier, droit maritime...

En 2008, c'est le double anniversaire de deux accords historiques : l’Accord de Nouméa signé il y a 10 ans, et les accords de Matignon de 1988 qui ont mis fin à la quasi-guerre civile entre loyalistes et indépendantistes majoritairement kanaks.

Eté 2010

Le Congrès avance sur les signes identitaires prévus par l’Accord de Nouméa : l’hymne (Soyons unis, devenons frères), la devise (Terre de parole, terre de partage), le graphisme des billets de banque, et le drapeau. Il n’y aura pas de drapeau commun, mais selon le souhait de Pierre Frogier, alors président de la province Sud et du Rassemblement-UMP, deux drapeaux qui flottent côte à côte : le drapeau français et celui du FLNKS. Ce choix restera très controversé.

2013

Le FLNKS prend la présidence tournante du groupe mélanésien Fer de Lance, organisation politique du sud du Pacifique.

27 février 2013 : Jean-Jacques Brot prend les fonctions de Haut-commissaire de la République.

10 avril 2013 : Première coulée de nickel dans l’usine du nord à Koniambo Nickel.

Mai 2013 : Une grève générale contre la vie chère paralyse le pays. Le gouvernement accepte de prendre des mesures nécessaires pour une baisse immédiate des prix.

2018 - 2021

Les référendums

Trois référendums ont lieu pour répondre à cette question "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?"

En 2018, le non l'emporte à 78 734 voix contre 60 199 pour.

 

La loi prévoit, en cas de victoire du "non", un mécanisme où le tiers des membres du Congrès de la Nouvelle-Calédonie peut demander l'organisation de deux nouvelles consultations dans les deux et quatre ans après le premier référendum.

En 2020, le « Non » à l'indépendance obtient 56,4 %, le « Oui » recueille 43,6 %.

 

La consultation de décembre 2021 est la dernière prévue dans le processus d'autodétermination.

Le "non" l'a emporté avec 96,50% des voix, avec une participation de 43,87%.

2023

Les indépendantistes, qui ont boycotté le troisième référendum d’autodétermination de décembre 2021 en raison de la crise du Covid-19, contestent la légitimité du scrutin remporté à 96,5 % par les partisans de la France.


Partisans de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et opposants devraient se réunir à Paris à la mi-avril, sur invitation de la première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé Gérald Darmanin dans Le Figaro lundi 6 mars.

 

Cette réunion vise à statuer sur l'ouverture du corps électoral, sujet sensible en Nouvelle-Calédonie.

"L’accord de Nouméa signé en 1998 dispose que seuls les natifs et les résidents qui peuvent prouver dix ans de résidence à cette date peuvent voter aux élections provinciales. Les loyalistes réclament de longue date l’ouverture du corps électoral, mais les indépendantistes y sont farouchement opposés. Le ministre a répété pendant sa visite qu’il souhaitait que les élections provinciales prévues en mai 2024 se tiennent avec un corps électoral modifié. « On ne peut pas fonctionner avec un corps électoral resté bloqué en 1998 », a-t-il plaidé."