Découvrez l'Allemagne : Société (vie sociale)

Avec son économie solide, son système éducatif progressiste, son système de santé stable et son marché de l'emploi dynamique, l'Allemagne fascine et suscite même souvent l'admiration chez ses voisins européens. Pourtant, la réalité des faits est souvent plus complexe. Si le marché de l'emploi affiche un taux de chômage particulièrement bas, il souffre aussi d'importantes disparités régionales et sociales, qui poussent à la précarité de nombreux citoyens. De la même manière, si les logements écologiques, modernes et innovants ont le vent en poupe, ils ne doivent pas cacher un marché de l'immobilier en profonde crise, au point de mener de nombreuses entreprises de construction à leur faillite. Malgré toutes ces complexités, le mode de vie allemand se targue d'une excellente qualité de vie, classée douzième meilleure au monde par Numbeo, septième selon US News et onzième selon les données de la Banque mondiale.

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Éducation

Chaque Land a la responsabilité de son propre système éducatif, si bien que l'on retrouve des spécificités locales, notamment au niveau des programmes d'enseignement. Mais globalement, le parcours scolaire reste le même dans tout le pays : les jeunes enfants de 3 à 6 ans vont au Kindergarten, soit à l'école maternelle, puis à la Grundschule, l'école primaire, jusqu'à 10 ans. Ensuite, pour les études secondaires, correspondant au collège en France, ils optent, selon leur niveau scolaire et leur projet professionnel, pour l'un des quatre établissements au choix. La Hauptschule prépare à un apprentissage professionnel pendant 5 ans, sans prérequis de niveau. La Realschule propose une formation professionnalisante et un peu plus approfondie pendant 6 ans. Le Gymnasium est l'équivalent à la fois du collège et du lycée français, car cette formation généralisée s'étend sur 8 ou 9 ans et prépare à l'Abitur, équivalent du baccalauréat. Enfin, la Gesamtschule, le plus rare des quatre établissements, propose une formation plus universelle et moins spécialisée mélangeant les trois autres, de manière à éviter une orientation trop précoce. Ensuite, les élèves se dirigent vers des universités, des formations en alternance de type CAP, ou des lycées professionnels. Les formations professionnalisantes ont bien plus de succès qu'en France. C'est la raison pour laquelle, en proportion, moins d'Allemands possèdent un baccalauréat (Abitur) ou un diplôme universitaire que les Français. D'ailleurs, l'Allemagne compte plus de Fachhochschulen, des établissements d'études supérieures spécialisées, qui proposent un enseignement technique, que d'universités.

Le Kindergarten est optionnel, mais la plupart des parents choisissent d'y placer leurs enfants. L'école est obligatoire à partir de 6 ans et jusqu'à 16 ans, et l'éducation à la maison est interdite. L'école publique est gratuite, et représente l'option choisie par l'immense majorité des Allemands. Le système scolaire allemand présente quelques autres spécificités, notamment le fait que les notes soient attribuées de 1 à 6, 1 étant la meilleure note. Une autre, bien connue, est le fait que pendant les études primaires et secondaires, les cours n'ont lieu que le matin. Ils se terminent généralement en début d'après-midi, pour que les élèves aient du temps à consacrer à des activités extra-scolaires sportives, musicales ou artistiques… Les écoles proposent souvent, dans ce laps de temps, des Arbeitsgemeinschaften, soit des ateliers ou activités, qui restent toujours optionnels. En effet, le système éducatif allemand repose sur le concept de Bildung, c'est-à-dire formation, dans le sens de donner forme à quelque chose. Le but n'est pas exclusivement d'apporter du savoir aux élèves, mais avant tout de leur permettre de se développer en tant qu'individus tout en apprenant à sociabiliser avec leurs camarades et leurs professeurs. Ce concept presque philosophique de développement de soi est central dans l'éducation outre-Rhin, et constitue certainement sa principale spécificité.

Emploi

Le taux de chômage en Allemagne a beaucoup varié au cours des 50 dernières années. Après avoir grimpé jusqu'à 11 % en 2005, celui-ci n'a cessé de diminuer, jusqu'à se stabiliser autour de 3 % depuis 2017. En effet, la pandémie de coronavirus n'a que peu impacté le taux de chômage, notamment en raison de la mise en place du chômage partiel, qui a permis d'éviter de nombreux licenciements, grâce à l'argent injecté par l'État. Le chômage est toutefois inégal entre l'Est et l'Ouest, ce dernier, avec une puissante industrie et une économie solide, ayant des taux plus bas que les États d'ancienne RDA. Le chômage est surtout d'ordre structurel : certains secteurs, notamment industriels ou manuels qui demandent un haut niveau de compétences techniques, ont des difficultés à recruter du personnel qualifié. En effet, en 2024, 80 % des entreprises allemandes déclarent être à la recherche de travailleurs qualifiés, et 40 % d'entre elles déclarent que cette pénurie affecte leur fonctionnement. Si l'importante immigration permet pour l'instant de pourvoir de nombreux postes, le vieillissement alarmant de la population menace le marché de l'emploi, puisque la population active devrait prochainement diminuer fortement. Le marché le plus dynamique est celui des services, qui emploie les trois-quarts de la population active allemande. Les manufactures représentent quant à elles 24 % des emplois et l'agriculture seulement 1 %.

Toutefois, malgré un taux de chômage plutôt bas, on constate des inégalités au sein du pays, avec une explosion du nombre de bas salaires au début des années 2000. Parmi ceux-ci, les mini-jobs sont une particularité du marché de l'emploi allemand. Par ce nom, qui est rentré dans le vocabulaire courant, sont désignés les emplois à temps partiel de courte durée. Pour être considéré comme tel, un mini-job ne doit pas être rémunéré plus de 538 € bruts mensuels en 2024, et ne doit pas dépasser 70 jours par an. S'ils ne requièrent aucune cotisation sociale, les mini-jobs ne donnent pas non plus accès à des prestations sociales. Ainsi, ils sont souvent précaires : les employés n'ont ni assurance maladie, ni indemnités chômage, ni retraite… Pourtant, environ 7 millions d'Allemands occupent ce genre de postes, et un tiers d'entre eux cumule plusieurs emplois.

Ce sont d'ailleurs ces inégalités, qui ont mené, en 2015, à l'introduction, pour la première fois, d'un salaire minimum. Jusque-là, seuls certains secteurs professionnels bénéficiaient d'un salaire minimum qui avait été négocié par leurs syndicats. Initialement à 8,50 € bruts de l'heure, le SMIC a été fixé à 12,82 € pour 2025, notamment en conséquence de l'inflation.

Enfin, l'Allemagne possède le plus ancien système de retraite de toute l'Europe. En 2012, l'âge légal de départ à la retraite a été repoussé de 65 à 67 ans, ce qui devrait être effectif en 2031. Il faut alors avoir cotisé 45 ans pour obtenir une retraite à taux plein. Le taux de remplacement, c'est-à-dire le ratio entre la pension de retraite reçue et le salaire moyen, dépasse à peine 50 %. Cela signifie que les Allemands touchent en moyenne à la retraite à peine la moitié de ce qu'ils gagnaient pendant leur vie active, contre les trois-quarts en France. Cela explique notamment la part considérable de seniors encore actifs : un million de retraités allemands ont encore une activité professionnelle, un chiffre qui ne cesse d'augmenter. Ainsi, 20 % des 65 à 69 ans occupent encore un emploi.

Santé

L'assurance maladie a fait son apparition en Allemagne au XIXe siècle. En pleine révolution industrielle, elle prévoyait de protéger les ouvriers. Depuis sa réforme en 1988, elle est basée sur une dualité entre régime public et régime privé. Près de 90 % des Allemands sont affiliés au régime public. Son financement est assuré à la source et partagé à moitié avec l'employeur. L'assurance santé publique fournit des services similaires à la France : soins, médicaments, paiement des arrêts maladie…

Le système de santé allemand est donc très similaire au système français, et fait d'ailleurs face aux mêmes difficultés, notamment à un important déficit. En 1992, pour tenter d'y faire face, la réforme Seehofer a introduit la concurrence entre les caisses d'assurances maladies, désormais gérées comme des compagnies privées. Malgré cela, le déficit est resté important, si bien que depuis 2004, les patients doivent participer dans une moindre mesure aux frais. En cas d'hospitalisation ou de traitement de rééducation, ils doivent alors couvrir 10 € par jour, dans la limite de 28 jours par an. De la même manière, 10 % des médicaments soumis à prescription médicale sont à leur charge, dans la limite de 10 €. En cas de consultation en médecine générale, cette limite de participation de 10 € s'applique non plus à la journée, mais au trimestre.

Logement

L'Allemagne fait face à une importante crise du logement qui repose sur une équation simple : il y a bien plus de demandeurs que de logements disponibles. En 2024, on estime ainsi qu'il manque 480 000 logements pour absorber la demande, un chiffre qui pourrait grimper jusqu'à 830 000 en 2027. Toutefois, cette crise touche surtout aux États de l'Ouest, les plus dynamiques économiquement, et donc aussi les plus densément peuplés.

En cause : l'augmentation des taux d'intérêt, l'inflation touchant les matériaux de construction, mais aussi la pénurie de main-d'œuvre. Ainsi, les projets immobiliers, malgré une forte demande, ne sont tout simplement plus rentables pour les investisseurs, et nombre d'entreprises de construction font faillite. Le secteur est également l'un des plus taxés du pays, les impôts représentant 37 % du coût total d'un projet de construction, là où ils ne représentent que 19 % en France et 7 % en Autriche. Ainsi, malgré les généreuses injections d'argent du gouvernement, notamment par le chancelier Olaf Scholz qui en a fait un pilier de sa campagne électorale, les loyers continuent de grimper, subissant une hausse de 5,6 % en 2022 et de 4,8 % en 2023, avec des disparités régionales, comme à Berlin, qui a subi une hausse de près de 14 % en 2023.

D'autre part, le gouvernement Scholz a également beaucoup investi dans les logements écologiques. Les Allemands sont en effet friands de ces éco-quartiers, conçus pour consommer peu d'énergie, être partiellement autonomes, et construits en matériaux durables. Ce type de projets fleurit aux quatre coins du pays depuis les années 1980. Le quartier Vauban, à Fribourg-en-Brisgau (Bade-Wurtemberg), en est l'un des exemples les plus connus, au point d'être devenu un modèle à l'échelle européenne. Maisons végétalisées équipées de panneaux photovoltaïques, façades en bois non traité, isolation naturelle… Le quartier accueille aujourd'hui plus de 5 000 personnes.

Loisirs

Qu'elles soient traditionnelles ou plus alternatives, les fêtes allemandes sont réputées dans le monde entier. Berlin s'est ainsi faite capitale mondiale de la techno depuis les années 1990. En 2024, la culture de la techno berlinoise a même été inscrite sur le patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. La ville abrite notamment le célèbre Berghain, véritable temple de la musique électronique, réputé pour avoir le meilleur système sonore au monde. Le club est devenu un mythe du monde de la nuit en entretenant volontairement le mystère par une sélection rigoureuse des clients à l'entrée, réalisée par un physionomiste devenu une véritable célébrité médiatique, et en interdisant toute photo ou vidéo dans son antre.

Mais les fêtes allemandes ne se résument pas aux sulfureux clubs berlinois, et la plus célèbre d'entre elles est d'ailleurs bavaroise. L'Oktoberfest, ou fête de la bière, a lieu chaque année entre septembre et octobre depuis 1810. Née de la célébration du mariage de Louis Ier de Bavière, elle attire aujourd'hui surtout les amateurs de folklore et de bière. En effet, c'est elle, la boisson maltée, qui est la star de la fête, au point qu'elle ne peut être commandée autrement qu'en chopes d'un litre ! Avec plus de 6 millions de visiteurs annuels, l'Oktoberfest de Munich est le plus grand festival au monde. L'Allemagne compte bien d'autres célébrations d'envergure, à l'image du Carnaval de Cologne, considéré par les habitants de la ville comme la fête la plus importante après Noël, la Rheinkirmes à Düsseldorf, l'une des plus grandes foires allemandes, ou encore simplement la Saint-Nicolas, célébrée dans tout le pays le 5 décembre.

Bien sûr, les loisirs allemands ne se résument pas aux fêtes, et le sport tient lui aussi une grande place dans la culture populaire. Selon un sondage de la caisse d'assurance maladie Techniker Krankenkasse, un peu plus de la moitié des Allemands pratiquent une activité physique régulière. Le football est de très loin leur sport préféré. Les clubs de foot allemands comptent ainsi un total de plus de 7 millions de membres. Il faut dire que le pays se classe particulièrement bien lors des championnats internationaux, avec par exemple le Bayern Munich qui a gagné 6 fois la Ligue des Champions. L'Allemagne est également le second pays ayant remporté le plus de Coupes du Monde, avec un total de 4 victoires. D'autres sports comme le hockey sur glace, le basketball, le handball et la course automobile sont aussi particulièrement populaires outre-Rhin.

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