Une conscience écologique en progression
Porto Rico compte plus de voitures que d’habitants sur l’île ; sur les plages, les réflexes écologiques ne sont pas toujours au rendez-vous ; les énergies renouvelables peinent par ailleurs à faire leur place. Toutefois, les initiatives citoyennes pour éduquer et développer la conscience écologique des générations futures, les mesures en matière de protection environnementale et les actions militantes(pour l’usage du vélo en ville, par exemple) se multiplient. Si les efforts gouvernementaux dans ce domaine restent insuffisants, le changement progressif des mentalités et les prises de conscience individuelles, constituent déjà un espoir pour demain.
Une faune limitée, mais unique
La faune portoricaine est unique. Bien entendu, elle abrite les espèces communes aux pays de la région ; puis, comme les autres îles des Caraïbes, des espèces endémiques. Les scientifiques ont relevé environ 350 espèces d’oiseaux peuplant l’île, dont un tiers est historiquement originaire de Porto Rico. Pour les mammifères, ils sont tous importés ou presque. Hormis la chauve-souris, ils ont tous été introduits sur l’île lors de l’arrivée des colons espagnols. Même les singes ne sont installés à Porto Rico que depuis quelques siècles. L’une des meilleures illustrations de l’île en la matière, est la présence des Paso Finos, chevaux issus du croisement entre des montures berbères et espagnoles. Eux aussi furent débarqués sur l’île par les Espagnols. Il en existerait près de 9 000 à Porto Rico, dont beaucoup vivent à l’état sauvage (on en croise beaucoup sur l’île de Vieques). L’autre attraction animale de l’île est l’Eleutherodactylus, une petite grenouille endémique, connue sous le nom plus commun de coqui. On peut l’entendre surtout la nuit dans les montagnes. Il en existait au départ une douzaine d’espèces, mais trois ont déjà disparu. Du côté de la faune marine, l’ensemble des espèces de poissons nageant en eau douce a été importé par l’homme. Pour observer des animaux uniques au monde, il est conseillé de se rendre sur des îlots isolés, tels que La Mona. On peut y rencontrer des boas ou des iguanes dont le corps s’allonge facilement jusqu’à 1 m. Y résident également les macaques rhésus, avec le cas connu de l’îlot Santiago, célèbre entre autres pour sa forte population de singes. Ces petites bêtes sont normalement originaires de Chine ou d’Afghanistan, mais elles ont été introduites à Santiago dans le cadre d’une étude scientifique en 1938, avant d’être laissées en liberté depuis plusieurs décennies.
Les iguanes, espèce invasive
Il y aurait 4 millions d’iguanes pour 3,5 millions d’habitants sur l’île ! Autant dire, beaucoup, beaucoup trop. On en voit quasiment partout, y compris sur les pelouses et les murs en pierre de San Juan. Sur certains axes routiers, ces reptiles aux allures préhistoriques, viennent se réchauffer sur l’asphalte et se font régulièrement percutés par les véhicules.Sur certains tronçons de route, il s’agit mêmed’un véritable carnage. A juste titre, les Portoricains, y compris parmi les plus fervents défenseurs de la nature, les considèrent aujourd’hui comme une nuisance, car les iguanes ravagent les plantations, endommagent les infrastructures, provoquent de accidents. Et parce qu’ils se multiplient de façon exponentielle sans prédateur aucun, ils mettent aussi en danger la biodiversité de l’écosystème. Les iguanes sont des herbivores, ils raffolent de fruits (bananes, mangues, caramboles). Ils peuvent vivre jusqu’à 20 ans, mesurer jusqu’à 2 mètres et atteindre 5kg. Ils ne sont pas agressifs et auront tendance à s’éloigner rapidement dès qu’on s’en approche. Dans d’autres pays d’Amérique centrale et du Sud, la viande d’iguane est consommée. Ce n’est pas le cas à Porto Rico. Alors ces bestioles fascinantes se reproduisent à tout va. Une femelle peut pondre jusqu’à 70 œufs, et celadeux fois par an !Il existe à Porto Rico des chasseurs d’iguane, appelés « Los Ignaneros ». Ils les chassent notamment sur les grands domaines où ils pourraient endommager les cultures.
Des grenouilles qui chantent
À Porto Rico, il existe 17 espèces différentes de grenouilles, dont 13 vivent à l’intérieur du parc El Yunque et 11 espèces de la réserve sont endémiques, c’est-à-dire qu’elles ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. Actuellement, deux d’entre elles sont menacées de disparition, à cause du changement environnemental observé ces dernières années dans le parc. La plus petite grenouille, la Dente, ne mesure pas plus de 15 mm, alors que la plus grande peut atteindre 9 cm de long, comme c’est le cas pour la Palmeado. Ouvrez l’œil ! Les Portoricains aiment leur donner le terme générique de coquí, à cause du son qu’elles produisent. Mais en réalité, seules les grenouilles de montagne et communes poussent un cri qui s’en approche. Les coquís commencent à chanter au coucher du soleil. Selon les spécialistes, chaque espèce émet un bruit différent, dû principalement à la différence de taille d’une espèce à l’autre. Les observateurs sont persuadés qu’elles chantent pour trois raisons différentes : pour désigner leur liaison avec une autre grenouille, pour signaler leur présence sur un territoire et donc se l’approprier, et enfin pour indiquer une source de nourriture. L’un des coquís le plus facilement visible est le Palmeado qui se trouve près des petits cours d’eau ou au pied des cascades. Bien sûr, lorsque le flot de visiteurs investit la chute d’eau de La Mina, elles se cachent. Mais le matin venu, lorsque tout est encore bien calme, il n’est pas rare de les voir se balader. La grande majorité des espèces vit dans les arbres. Les coquís se différencient également des autres grenouilles par leur manière de se reproduire. Elles n’ont pas besoin de période d’accouplement. Elles placent leur ponte dans la terre humide. On estime que les portées vont de 25 à 30 œufs. Sur les 13 espèces résidant dans le Yunque, cinq d’entre elles imposent au mâle de couvrir et protéger les œufs. Dans tous les cas, les femelles sont chassées une fois que les œufs ont été pondus ! C’est avec le symbole du coquí que Porto Rico mène désormais ses campagnes de communication. Et vous pourrez en acquérir sous forme de bijoux puisque la bête a inspiré de nombreuses créations locales.
Une grande variété d’espèces végétales
Pour ce qui est des plantes, là encore il existe une grande variété d’espèces malgré la taille relativement petite de l’île. Ce phénomène s’explique par la différence de relief entre la côte et le centre montagneux de Porto Rico, mais aussi par les différents climats qui y apparaissent. Les amateurs de fruits exotiques se régaleront, entre bananes, papayes, caramboles, ananas... L'écosystème le plus connu des visiteurs est probablement la mangrove, que l’on rencontre un peu partout, surtout le long de la côte nord et dans les zones marécageuses. Plus à l’intérieur des terres, c’est le flamboyán (flamboyant) qui attire l’œil avec son trésor de fleurs rouges ou jaunes. Les Portoricains s’amusent souvent à dire qu’il suffit d’avoir un beau flamboyán dans son jardin pour donner l’impression d’avoir une belle maison. Les forêts subtropicales du cœur de l’île renferment également leurs bijoux végétaux. Plus de 50 espèces d’orchidées ont ainsi pu être enregistrées à Toro Negro ou au Yunque. Il est également possible d’y trouver de très beaux mahoganys comme il en existe en Martinique. Enfin, l’autre phénomène intéressant est la végétation de la forêt sèche de Guánica, si rare en zone subtropicale. Des espèces familières de la côte méditerranéenne ou du Mexique y ont élu domicile, telles que des petits cactus et beaucoup de broussailles.
Bioluminescence, un phénomène rare
Phénomène presque unique au monde, les baies bioluminescentes de Porto Rico font partie intégrante des trésors naturels de l’île. Alors qu’il n’en existe que cinq dans le monde, Porto Rico à la chance d’en compter trois. Elles sont situées à La Parguera, à Fajardo et sur l’île de Vieques. À la nuit tombée, sous un ciel étoilé, l’eau scintille et s’illumine au moindre mouvement, cela fait penser un peu aux scènes nocturnes du film Avatar. La bioluminescence est créée par des dinoflagellés, micro-organismes qui réagissent en se signalant par un petit néon lumineux quand l’eau s’agite.
Les parcs nationaux
Porto Rico, île aux 50 nuances de vert, compte une vingtaine de parcs nationaux reconnus. Il serait impardonnable de venir sans en visiter au moins un. Il est important de noter que certains parcs ne seront peut-être pas à la hauteur de vos espérances, dû au travail de restauration en cours de certains d’entre eux.
Bosque Nacional El Yunque, au nord-est, est le plus connu de tous. Situé à seulement 45 minutes en voiture de San Juan. Il s’agit encore aujourd’hui de la seule forêt vierge subtropicale des États-Unis protégée par le Service des forêts américain et reconnu par ce dernier comme la plus diversifiée sur le plan biologique.
Bosque Estatal de Toro Negro, au centre du pays, est une plus petite version d’El Yunque, moins fréquentée. C’est dans ses environs que se trouve le point culminant de l’île, Cerro de Punta (1 338 m).
Bosque Estatal de Piñones, à l’est de San Juan, est le plus grand système naturel continu de mangroves de l’île et s’étend sur 630 hectares. Il représente un habitat naturel pour une grande diversité de vie marine et terrestre.Quelques fonds mériteraient d’être investis pour réhabiliter les chemins de promenade.
Bosque Estatal de Cambalache, entre Barceloneta et Arecibo est connu pour ses plantations d’eucalyptus et de teck. La forêt recouvre les collines calcaires côtières appelées « mogotes ». Paisible et aux températures agréables, il est possible d’y camper, de préférence entre les mois de février et juin pour éviter les pluies.
Bosque Estatal de Guánica, au sud-ouest de Porto Rico est l’unique forêt sèche de l’île et en est aussi le meilleur exemple des Caraïbes. Couvrant près de 1 000 hectares, elle abrite aussi bien chemins de randonnées forestiers et sentiers côtiers le long de la plage, qui feront le bonheur des randonneurs et amateurs d’ornithologie.