Découvrez Porto Rico : Société (vie sociale)

Porto Rico est en ébullition sociale quasi-permanente. Les manifestations ne sont pas rares et les Portoricains souvent désabusés. La population subit un plan d’austérité depuis 2016, visant à rembourser la dette extérieure, entraînant une précarisation des conditions de travail et des restrictions budgétaires. L’étau se resserre avec le passage dévastateur de l’ouragan Maria en 2017 (qui détruit près d'un demi-million de maisons), une crise politique sans précédent et la pandémie deux ans plus tard. Près de la moitié de la population vit toujours en dessous du seuil de pauvreté. Le ras-le-bol est profond. Face à cette situation, un nombre croissant de Portoricains choisissent d’émigrer aux Etats-Unis. En 2021 toutefois, l’économie redémarre doucement, le chômage se stabilise à 8,3%, le nouveau gouvernement semble prendre ses responsabilités, et les espoirs d’une vie meilleure regagnent du terrain.

Santé

Porto Rico bénéficie d’un système de santé correct, à condition de pouvoir y accéder. Comme aux Etats-Unis, la couverture n’est pas universelle pour tous les soins. En fonction de la gravité de la maladie ou d’une blessure, le patient doit lui-même prendre en charge le coût des soins, à moins de disposer d’une assurance privée, ou bien d’une prise en charge dans le cadre de son entreprise.

Toujours est-il que les Portoricains vivent relativement longtemps, 76,7 ans pour les hommes, 83,6 ans pour les femmes. L’un des problèmes majeurs de santé publique concerne l’obésité, 23 % des Portoricains en souffrirait et 66,2 % de la population serait en surpoids selon l’OMS.

L’archipel dispose de sa propre politique de santé, indépendante de celle de Washington. C’est certainement ce qui lui a permis une bonne gestion de la crise sanitaire en 2020. Habitués aux catastrophes et situations d’urgence, les Portoricains étaient, en quelque sorte, préparés à l’arrivée de la pandémie. Les campagnes de vaccination et décisions de confinement n’ont fait l’objet d’aucune controverse. La population, traditionnellement favorable aux vaccins, n’a opposé aucune résistance. Le taux de mortalité dû au Covid-19 a été bien moindre qu’aux Etats-Unis (103 pour 100 000 habitants en 2021, contre 239 pour 100 000 sur le continent) et, en mai 2022, 83,3 % de la population était complètement vaccinée.

Famille

A Porto Rico, comme dans beaucoup de pays d’Amérique latine, la famille est sacrée. Même si de nombreux magasins sont ouverts le dimanche, cette journée est consacrée aux proches. L’île étant relativement petite, les membres d’une même famille peuvent se réunir fréquemment et facilement. Il n’est pas rare de les voir passer leur dimanche à la mer, autour d’un bon barbecue. Les nombreuses installations mises en place dans les hôtels un peu partout dans l’île, pour accueillir les enfants, témoignent de ce goût prononcé des Portoricains pour leur famille.

Place de la femme

Il ne faut surtout pas dire aux femmes portoricaines qu’elles vivent dans une société machiste. Elles répondront que si c’est le cas, elles n’ont qu’à s’en prendre à elles-mêmes. Elles possèdent aujourd’hui autant de droits que les hommes, bien que certaines inégalités subsistent, telles que celles liées aux salaires. La femme portoricaine n’est pas du genre à se plaindre de son statut. Elle se sent suffisamment libre pour prendre les décisions qui s’imposent et surtout pour en assumer les conséquences. Le temps est révolu où elle était stigmatisée lorsqu’elle divorçait ou élevait seule ses enfants. Outre des artistes féminines, de nombreuses femmes ont acquis des places de choix dans la société portoricaine, y compris au poste de gouverneur, même si les exemples ne sont pas encore aussi nombreux que pour les hommes.

Violences domestiques

De nombreuses féministes s’érigent contre les faits sexistes perpétrés contre les femmes, et notamment contre l’impact de la musique reggaeton sur les jeunes générations. Les paroles des chansons et les vidéos clips qui les accompagnent représentent la femme comme un objet sexuel. Mais le sujet qui préoccupe le plus les féministes à Porto Rico, ce sont les violences faites aux femmes, notamment domestiques. En 2021, près de 8 000 cas de violences domestiques ont été officiellement enregistrés, les victimes restent à 85% des femmes, le féminicide étant la « manifestation la plus grave de discrimination et de violence à l'égard des femmes ».

En 2021, 53 féminicides ont été comptabilisés, selon l'Observatoire national de l'égalité des genres à Porto Rico (Observatorio Nacional de Equidad de Genero), contre 60 en 2020. Un chiffre que les associations jugent inférieur à la réalité, car il ne prend pas toujours en compte les «  trans-féminicides ». Tout le monde se souvient à Porto Rico du meurtre d’Angie Noemí González Santos, infirmière et mère de trois enfants, étranglée par son compagnon, en janvier 2021. Ce fait divers a soulevé les cœurs et entraîné de grandes manifestations.Dans la foulée, le gouverneur tout juste élu, Pedro Pierluisi, a proclamé l’état d’urgence contre la violence de genre (en vigueur jusqu'au 30 juillet 2022). Des actions de prévention et de lutte contre ces violences, ont été développées, incluant la requalification de certains homicides contre une personne transgenre, en féminicide.

LGBTIQ+

Destination gay friendly, l’île attire de plus en plus de touristes LGBTIQ+, notamment à San Juan. La ville offre une variété d'hébergements, de restaurants, de bars et de clubs qui s'adressent à cette communauté ; ils se distinguent par leur petit drapeau arc-en-ciel déployé sur la façade. Bien qu’il ne soit pas officiellement reconnu comme étant le quartier gay de San Juan, Condado regroupe un bon nombre d’établissements fréquentés par la communauté gay et lesbienne. Libre de s’unir par les liens du mariage depuis 2015, la communauté gay s’est élargie et paraît comme la plus accueillante des Caraïbes. Ces dernières années toutefois, malgré les lois qui interdisent la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle, Porto Rico a connu une recrudescence des cas de violences, basés notamment sur le genre. En juillet 2019, choqués par la révélation d’échanges LGBTphobes, misogynes et sexistes entre membres du gouvernement, sur la messagerie Telegram, 600 000 personnes descendent dans la rue, poussant vers la sortie le gouverneur Ricardo Rosselló.

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