Découvrez Porto Rico : La salsa portoricaine

Les amateurs de danses caribéennes ont forcément rendez-vous un jour dans leur vie avec Porto Rico. La salsa rythme les souvenirs des visiteurs, caractérisée par les coups de clave, cette percussion d’une mesure forte de trois notes et d’une mesure faible de deux notes. À Porto Rico, la salsa est une institution. Même si le reggaeton n’a cessé de gagner du terrain dans le paysage musical national ces dernières années, la salsa reste la valeur sûre. Elle se fait entendre partout, dans les bus, les taxis, les restaurants, les magasins, sur les places publiques, dans les boîtes de nuit, les bars du Vieux San Juan… À l’exception de Cuba, aucun pays au monde ne possède un tel lien de proximité avec ce genre musical. Pour les aficionados, l’idéal est de venir au carnaval de Ponce en mars, ou lors du congrès mondial de la salsa en juillet à San Juan pour l’apprécier pleinement. A San Juan, ne manquez pas les soirées dansantes de La Placita. 

Histoire de la salsa

La salsa – sauce en espagnol –,comme son nom l’indique, est issue de plusieurs influences musicales, dont les origines sont dispersées dans les Caraïbes, tout particulièrement à Cuba et Porto Rico. C’est un mélange de musiques afro-cubaines, rhythm and blues et pop music.

Au début du XXe siècle, Porto Rico bouge au son de la bomba et du seis, pendant que Cuba en fait autant avec le changuiet la rumba. Survient alorsle mouvement de migration vers New York. Des dizaines d’artistes quittent les deux îles, à la poursuite du rêve américain. Dans la Grande Pomme, les Portoricains ont un avantage administratif sur les Cubains : ils viennent de se voir offrir la citoyenneté américaine par la loi Jones de 1917. De nombreux musiciens boricua rencontrent peu à peu leurs homologues américains, essentiellement d’origine africaine. Les années 20 assistent à la naissance du jazz. Les latinos venus des Caraïbes sont nombreux à s’y faire une place. Les Portoricains d’un groupe de musiciens de la 369e infanterie de l’armée américaine ayant participé à la Première Guerre mondiale, sont les premiers artistes latino-américains à animer les clubs et autres théâtres new-yorkais.

À Cuba, pendant que les Portoricains fanfaronnent sur des sons jazzy, La Havane assiste à l’émergence d’un nouveau phénomène musical. Au début des années 30, à l’hôtel Waldorf Astoria de La Havane, Xavier Cugat, « le roi de la rumba » espagnol, s’amuse à mélanger les accents de jazz avec la rumba. La fusion entre deux genres s’opère. À New York, le mélange est symbolisé par l’éclosion d’un groupe mené par les Cubains, Mario Bauza et Frank Grillo dit El Machito. Machito and his Afro-cubanos devient alors le premier groupe à mixer du jazz afro-américain avec la mélodie latino-américaine. Avec l’aide de leur ami, Dizzy Gillepsie, des percussions sont ajoutées à l’ensemble, favorisant la naissance des premiers sons jazz afro-cubains. Puis une série télévisée, I love Lucy, conçue par le Cubain Desi Arnaz, va jouer un rôle très important dans la naissance de la salsa. Elle popularise deux nouveaux genres musicaux, nés de la fusion des cultures portoricaine et surtout cubaine, le cha-cha-cha et le mambo.

Le début des années 1950 à New York marque l’éclosion de nouvelles boîtes latines, dont le Palladium sur Broadway qui expérimente le mambo, puis le cha-cha-cha. Ces deux styles musicaux alimentent les concerts du nouveau phénomène new-yorkais, le Big Three, composé du Cubain Frank Grillo, du New-Yorkais d’origine portoricaine Tito Puente, et du Dominicain Tito Rodriguez. Fleurit ensuite toute une ribambelle d’artistes popularisant définitivement la rencontre entre des sons afro-caribéens et le jazz afro-américain, comme Eddie Palmieri, Ray Barreto, ou plus tard Willie Colon, Héctor Lavoe...

En 1962 intervient le blocus américain à Cuba. Seules la République dominicaine et Porto Rico occupent la scène latine new-yorkaise. Mais le « mal » est fait. La musique latine s’est trouvé des genres et des lieux pour se reproduire. En 1964, le Dominicain Johnny Pacheco crée le label de musique Fania, qui produira l’essentiel des artistes de mambo et de cha-cha-cha. Labélisé et distribué dans le genre musical salsa, le terme restera. La salsa est née !

À Porto Rico, le groupe de salsa le Gran Combo est le plus connu, et il semble éternel. Les chanteurs Andy Montañez et Roberto Roena qui ont un temps fait partie intégrante du groupe, ont popularisé la salsa partout dans le monde. Dans les années 1960, le Gran Combo est un des groupes phares du fameux Palladium de New York. Il a fait danser des millions de salseros (danseurs de salsa) à travers la planète pendant plus de 30 ans. Les tubes du groupe sont innombrables : Brujería, La Muerte, Ojitoschinos, Se me fue...

Une danse, deux inspirations

La salsa portoricaine. Des pas agiles qui se dansent à deux sur un tempo vif : la salsa portoricaine est d’une grande technicité et parfois même très acrobatique ! Avant de pouvoir réaliser des figures, il est toutefois essentiel pour un danseur de salsa de maîtriser les pas de base et le timing sur la musique. Ainsi, en salsa portoricaine, on peut danser on two, c’est-à-dire que l’on démarre sur le deuxième temps de la musique, ou bien on one, lorsque l’on marque le temps fort sur le premier temps de la musique. La danse on one est la plus pratiquée dans le monde, excepté à New-York, car ce tempo est le plus naturel. Une fois que la base est intégrée, les danseurs peuvent donner libre cours à leur créativité en utilisant des mouvements issus de cha-cha-cha mais aussi de la danse jazz. On y retrouve par exemple, des jeux de jambes que l’on appelle des shines, effectués par les danseurs lorsqu’ils se détachent. On reconnaît la salsa portoricaine également aux tours multiples réalisés par les danseuses. Ils peuvent être spectaculaires, au point de rappeler les pirouettes du patinage artistique ! Enfin, contrairement à la salsa cubaine qui se danse de façon circulaire – la danseuse tourne autour du danseur – la salsa portoricaine se pratique sur une ligne imaginaire.

La salsa cubaine. À l’origine, en salsa cubaine, les danseurs se déplacent de manière circulaire en rueda de casino. La rueda de casino est une spécificité de la salsa cubaine, selon laquelle des couples de danseurs forment une ronde et effectuent des figures réclamées par un leader. Selon un code bien précis, les participants changent de partenaire à sa demande. En salsa cubaine, le challenge consiste à bien utiliser les bras pour effectuer des figures parfois longues, avec une grande fluidité, en se détachant le moins possible de sa partenaire. 

Les grands noms

Willie Rosario (né en 1930). Willie Rosario n’est pas né dans une famille de musiciens mais il prend des premiers cours de guitare à 6 ans, avant de s’intéresser plus tard au saxophone et à la conga. Avec des amis, il forme le groupe Coamex (il est originaire de Coamo), mais doit vite abandonner l’aventure, sa famille déménageant à New York. Dans les années 1950, il forme son groupe. Pour gagner un peu d’argent, il joue les DJ pour la radio et surtout se produit très régulièrement dans des clubs latins de New York. Il est dans l’air du temps. La salsa s’industrialise et il signe en 1962 un premier contrat avec la maison de disque Alegre Record. Il entame une tournée internationale. C’est également l’époque où il ouvre son propre club, le Tropicana, en collaboration avec son ami et bassiste renommé, Bobby Valentin. On lui doit les tubes Lluvia, El timbal de Carlitos ou encore El revendón.

Ismael Rivera (1931-1987). Figure emblématique de la musique boricua, Ismaël Rivera est un monument à lui tout seul. Il est si respecté, son talent d’interprète et d’improvisateur si reconnu, que le légendaire chanteur cubain Benny Moré le surnomme un jour le Soneromayor (artiste majeur du genre).Ismael Rivera fait ses débuts officiels dans un groupe insulaire à l’âge de 18 ans, avant de rejoindre le groupe Cortijo y su Combo. Les différents styles de musique interprétés par le groupe, comme les sonorités bomba ou encore plena, séduisent le public. Les contrats se multiplient, les concerts et les tournées aussi. Mais le goût du groupe pour la drogue le mène tout droit en prison. Fin d’une période. Libéré et de retour à Porto Rico. Très vite, il enregistre de nouveaux albums, dont le mémorable Traigo de Todo en 1974. Mais ce sont cette fois-ci des problèmes de santé et notamment des soucis altérant sa voix qui viennent gâcher la fin de sa carrière. Il décède en 1987 à la suite de troubles cardiaques, laissant une trace indélébile dans la culture moderne de Porto Rico. 

Héctor Lavoe (1946-1993). Pour tous les fans de salsa, Héctor Lavoe est parti bien trop tôt, à l’âge de 46 ans. D’ailleurs son surnom « El cantante de los cantantes » (le chanteur des chanteurs) ne trompe pas. Originaire de Ponce, Héctor Lavoe fait ses premiers pas de musicien au sein de l’école de musique de la ville. Il part ensuite conquérir New York. Après quelques performances sur scène dans de petits clubs, il rencontre le très célèbre Willie Colon qui lui fait intégrer son groupe. Ils travailleront ensemble jusqu’au milieu des années 1970. Héctor Lavoe se lance ensuite dans une carrière solo qui sera couronnée de succès. Victime du sida, son état de santé ne lui permettra malheureusement plus de travailler dans de bonnes conditions à la fin des années 1980. 

Eddie Santiago (né en 1955). Comme beaucoup de grands chanteurs de salsa, Eddie Santiago fait ses premières armes au sein de formations locales. Natif de Toa Alta, il prend son envol en solo à seulement 30 ans, entouré de ses propres musiciens. Il se range dans le genre salsa romantique, alors à la mode, devenant même l’un de ses principaux ambassadeurs dès la fin des années 1980. Avec les chansons Devorame otra vez, Lluvia,Tu me haces falta ou Que locura fue enamorarme de ti, Eddie Santiago a inscrit son nom au palmarès des chansons de salsa les plus populaires de tous les temps. 

Giberto Santa Rosa (né en 1962). Surnommé le gentleman de la salsa, Giberto Santa Rosa est considéré comme une légende vivante de la salsa. Il est adolescent lorsqu’il se produit sur scène pour la première fois. Son talent est très vite remarqué par les autres artistes portoricains qui lui proposent des collaborations. Giberto Santa Rosa se distingue notamment sur l’album hommage à Eddie Palmieri. Il évolue aux côtés des grands : El Gran Combo, le Puerto Rican All Stars, Willie Rosario... En 2005, il participe à l’éclosion de Victor Manuelle, l’étoile montante de la salsa. 

Jerry Rivera (né en 1973). Il est l’une des étoiles made in Porto Rico de la salsa. Mais avec Jerry Rivera, il ne faut pas s’attendre à danser sur un rythme endiablé. Sa spécialité est plutôt la salsa romantique. Natif de Santurce, il se forge facilement une bonne oreille musicale, sa mère étant chanteuse et son père guitariste. Dès l’adolescence, il se produit sur scène avec son père et l’accompagne au chant. Un producteur le repère alors qu’il n’a que 14 ans. Un premier contrat suivra quelques mois plus tard. Son premier album Abriendo Puertas séduit toute l’Amérique latine. Les suivants feront de même, notamment le très bon Cuenta Conmigo qui n’est autre que l’album de salsa le plus vendu dans l’histoire de l’industrie musicale. Jerry Rivera continue toujours de se produire sur scène. 

La diaspora de la salsa portoricaine

Ils sont nés à Porto Rico ou pas, ont grandi aux Etats-Unis, mais font tout de même partie de la culture boricua. Parce qu’ils sont la fierté de l’île, beaucoup de Portoricains les considèrent comme leurs concitoyens. À des époques différentes, ils ont marqué et continuent de marquer le monde de la salsa. Ils ont pour nom Tito Puente (1923-2000), Ray Barreto (1929-2006), Eddie Palmieri (né en 1936), Willie Colón (né en 1950), Frankie Ruiz (1958-1998), Marc Anthony (né en 1968) ou encore Elvis Crespo (né en 1971).

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