Histoire Histoire

Terre d’échange et carrefour majeur des navires européens qui colonisent le Nouveau Monde entre le XVIe et le  XIXe siècle, Porto Rico a gardé les traces de son histoire. Un séjour sur l’île de Borinquen (qui signifie « Terre des êtres courageux ») permet d’en apprendre beaucoup sur les Indiens taïnos, premiers habitants de l’île, l’époque coloniale espagnole ou encore sur l’intérêt des Etats-Unis pour la région. Ce sont les descendants de ces Taïnos que Christophe Colomb et ses hommes rencontrent à leur arrivée en 1493. Au XIXe siècle, Porto Rico et Cuba sont les deux derniers territoires de la région appartenant encore à l’Espagne. En 1898, à l’issue de la guerre nord-atlantique entre les Etats-Unis et l’Espagne, Porto Rico devient le premier territoire américain non incorporé au territoire national, sans jamais devenir un Etat de l’Union. Ce cap marque le début d’une longue quête d’identité, encore très palpable aujourd'hui.

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2000 av. J.-C.

La période précolombienne

Les premiers habitants de l’île seraient issus de la culture amérindienne ortoiroïde. En 1990, la découverte sur l’île de Vieques du reste des ossements de l’homme de Puerto Ferro, un homme ayant appartenu à ce peuple, confirme cette thèse. 

De 430 à 250 av. J.-C.

Les Taïnos

Un autre peuple amérindien, les Saladoides, oblige les Ortoiroïdes à quitter l’île. Se développe alors la communauté taïno, originaire du Venezuela. Les historiens estiment entre 30 000 et 60 000 le nombre de Taïnos à Porto Rico à la fin du XVe siècle. 

XVe-XVIe siècles

La conquête espagnole

Christophe Colomb découvre Porto Rico au cours de son deuxième voyage dans le Nouveau Monde en 1493. Il prend possession de l’île au nom de la couronne espagnole. À l’époque, l’île porte officieusement le nom de Borikén, mot indigène traduit en espagnol par Borinquenet qui signifie « Terre des êtres courageux ». L’île est alors peuplée d’Indiens taïnos. En 1508, Juan Ponce de León devient le premier gouverneur de l’île et introduit les premières colonies espagnoles. Suivent les premières plantations de canne à sucre et l’arrivée des premiers esclaves venus d’Afrique. Très rapidement, Porto Rico devient un port important de l’Empire espagnol. Les Espagnols fondent San Juan en 1519 qui deviendra officiellement San Juan de Porto Rico en 1521.

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XVIe – XVIIIe siècles

Offensives maritimes et terrestres

À plusieurs reprises, Anglais et Hollandais tenteront de s’emparer du territoire, en vain. En 1589, cinquante ans après la première pierre, le fort San Felipe del Morro, conçu pour protéger la ville des attaques maritimes, est achevé. La construction des murailles autour de San Juan se poursuit jusqu’en 1630. Elle durera 48 ans. Victoire espagnole contre d’ultimes assauts britanniques en 1797.

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XIXe siècle

De l’ère espagnole à l’autonomie

Au XIXe siècle, le port de San Juan compte parmi les plus influents de la région. Porto Rico devient une province du royaume d’Espagne en 1809. Le roi d’Espagne, Fernando VII ordonne plusieurs décrets qui libéralisent le commerce avec Porto Rico. Son rattachement renforcé à l’Europe lui garantit de nombreux contrats économiques. Reste qu’après les indépendances gagnées de l’ensemble des pays sud et centraméricains jusqu’au milieu des années 1960, Porto Rico et Cuba sont les deux derniers territoires de la région appartenant encore à l’Espagne. Et des idées d’indépendance s’agitent dans les têtes de certains Portoricains.

1868

El Grito de Lares

Fondation du Comité révolutionnaire de Porto Rico. Las du manque de libertés politiques et économiques, des centaines de Portoricains, toutes classes confondues, rejoignent le mouvement. C’est dans ce contexte qu’éclate le 23 septembre 1868, le fameux « El Grito de Lares » (Le Cri de Lares), soulèvement d’une partie de la population, qui réclame l’indépendance de Porto Rico. Le mouvement est mené par Manuel Rojas. Officiellement quelque 475 rebelles sont faits prisonniers, dont le leader. Tous sont alors condamnés à mort, mais le nouveau gouverneur nommé en 1869, José Laureano Sanz, les amnistie et les fait relâcher. Malgré l’échec, « El Grito de Lares » reste positif dans la mesure où il a apporté, à l’époque, plus d’autonomie à Porto Rico. 

1870-1873

L’administration espagnole reconnaît la création du Parti réformiste libéral et du Parti conservateur libéral comme les deux premiers partis politiques de Porto Rico en 1870. Le 22 mars 1873, la couronne espagnole abolit l’esclavage sur l’île.

1887

En mars, Ramón Baldorioty de Castro lance le Parti autonomiste, avec pour objectif de créer une identité politique propre à Porto Rico.

1890-1900

La prise de contrôle par les Etats-Unis

Washington travaille à la suprématie commerciale des Etats-Unis dans les Caraïbes. Le 7 décembre 1896, le gouvernement américain menace d’intervenir à Cuba si l’Espagne ne parvient pas à y rétablir le calme. En 1897, Luis Muñoz Rivera et d’autres militants convainquent la couronne espagnole de respecter la nouvelle charte d’Autonomie reconnaissant, désormais, Cuba et Porto Rico comme des provinces espagnoles d’outre-mer. En mars 1898, un nouveau gouvernement est partiellement élu à Porto Rico, selon les termes du traité. Cette même année, l’Espagne entre en guerre avec les Etats-Unis. L’identité portoricaine sera alors totalement remise en cause. 

1898

L’ultimatum

En mars, Julio J. Henna et Robert H. Todd, leaders de la section portoricaine du Parti de la révolution cubaine à La Havane, demandent d’inclure Porto Rico, dans toute action menée à Cuba. Le 29 mars, Washington lance un ultimatum demandant à l’Espagne de quitter Cuba. Madrid le rejette le 1er avril. Le 11 avril, le président américain William McKinley demande l’autorisation au Congrès d’intervenir à Cuba contre les révolutionnaires et l’armée espagnole. Le Congrès formulera une résolution autorisant l’armée américaine à intervenir, sans avoir pour objectif d’administrer Cuba à l’issue du conflit. Le 12 mai, une flotte américaine bombarde San Juan, dans le cadre de la guerre avec l’Espagne. Le 25 juillet, les troupes américaines débarquent sous les ordres du général Nelson Miles. Le 10 décembre 1898, le Traité de Paris assure le transfert de la souveraineté de Porto Rico de l’Espagne aux Etats-Unis. 

1900

L’heure américaine

Réorganisation des partis politiques, sous surveillance américaine et nomination du premier gouverneur civil états-unien. Il est choisi par le président de l’époque, William McKinley. Le 11 novembre 1906, le président américain Theodore Roosevelt est en visite officielle à San Juan, et dans un discours, il recommande aux Portoricains de devenir des citoyens des Etats-Unis. Sur le plan économique, le café devient la culture qui génère le plus de profits à Porto Rico.

1912

Vers plus d’autonomie

Fondation du premier parti qui ne souhaite rien d’autre que l’indépendance de Porto Rico. Même s’il est éphémère, il a le mérite d’inspirer de nombreux courants idéologiques défendant l’autonomie de Porto Rico.

1917-1922

Citoyenneté américaine pour tous

Le 5 décembre 1916, le président américain Wilson invite le Congrès à rédiger rapidement une loi donnant la citoyenneté américaine aux Portoricains, à travers le Jones-Shafroth Act. Ce sera chose faite en 1917, mais ils n’ont ni le droit de voter pour élire le président des Etats-Unis ni le devoir de payer les impôts fédéraux.  Ils n’ont ni représentants ni sénateurs au Capitole. La Cour suprême des Etats-Unis déclare que Porto Rico est un territoire, plutôt qu’une part de l’Union. Cette décision insinue que la constitution américaine ne peut pas s’appliquer à Porto Rico. 

1937

Massacre de Ponce

17 militants indépendantistes sont abattus par les forces de l’ordre. 

1947

La loi Jones est amendée

Les Portoricains peuvent désormais élire leur gouverneur. Mise en place de l’opération Bootstrap, en 1948, censée assurer la transition entre une économie basée sur l’agriculture, vers une économie basée sur l’industrie. 

1949-1952

Porto Rico, un statut à part

En 1949, Luis Muñoz Marín devient le premier gouverneur élu par le peuple de Porto Rico. Porto Rico devient un État associé. Le 13 mai 1950, Antonio Fernos Isern, commissionné par le gouvernement portoricain, présente, devant la Chambre des représentants des États-Unis, un projet de loi pour autoriser la rédaction d’une constitution. La même année, est adoptée la loi Publique 600 qui reconnaît à Porto Rico le droit de choisir son gouvernement et établit la ligne de conduite de la rédaction de la constitution. Par 76,5 % de suffrages favorables, le peuple de Porto Rico approuve par référendum la relation constitutionnelle entre Porto Rico et les États- Unis. Le 25 juillet 1952, Porto Rico devient un État libre associé des États- Unis. Le drapeau portoricain est officiellement reconnu.

1967

« Non » à l'indépendance

60 % des Portoricains proclament par les urnes qu’ils ne souhaitent pas voir changer le statut d’Etat libre associé de Porto Rico. Ils refusent ainsi l’indépendance. S’en suivra une période de négociations entre San Juan et Washington, pour garantir au maximum la libre détermination de l’Etat portoricain. 

1974-1976

Crise économique internationale

Porto-Rico n’est pas épargné. Le chômage explose et concerne 21 % de la population active. L’industrie du sucre est en faillite. Pour aider Porto Rico à sortir de la crise économique, le Congrès américain adopte la clause 936 de la loi des Impôts, offrant de nombreux avantages fiscaux aux compagnies nationales souhaitant aller s’installer à Porto Rico et employant des travailleurs sur place. 

1991-1992

Le statut politique de l’île en question

San Juan demande au Congrès américain une résolution autorisant la tenue d’un plébiscite pour savoir si le peuple souhaite voir Porto Rico être converti en Etat fédéral. Mais la Chambre des représentants refuse, allant contre l’avis même du président américain George Bush. Pour relancer l’économie, des mesures fiscales sont adoptées pour attirer des compagnies des secteurs industriels de l’électronique et de la biologie à s’installer à Porto Rico. 

1993-1998

Etat libre associé ou Etat fédéral ?

Le 24 janvier 1993, une manifestation monstre envahit les rues de San Juan. Le Parti néo-progressiste qui vient de gagner les élections deux mois plus tôt, et qui est favorable à l’incorporation de Porto Rico au sein des Etats-Unis, émet l’idée de faire de l’anglais la seule langue officielle. Grave erreur, la rue le fera savoir à San Juan, mais aussi dans toutes les autres villes importantes de l’île. Au final, l’anglais et l’espagnol sont reconnus comme les deux langues officielles de Porto Rico. La même année, un plébiscite sur le statut politique de l’île révèle que 48 % des votants sont en faveur du maintien de Porto Rico comme « Etat libre associé », alors que 46 % des électeurs souhaitent voir Porto Rico devenir un « Etat fédéral » des Etats-Unis. Le choix des Portoricains est respecté, mais le Congrès américain retire progressivement les avantages fiscaux aux compagnies américaines qui s’installent à Porto Rico.

1998

Fin des velléités indépendantistes

La Chambre des représentants des Etats-Unis autorise Porto Rico à lancer le processus pour savoir si les Portoricains préfèrent l’indépendance, le statut d’Etat libre associé ou celui d’Etat fédéral. Le 13 décembre, le plébiscite populaire confirme le statut de Porto Rico comme Etat libre associé. 50,3 % des votants y sont favorables, alors que 46,5 % auraient souhaité que Porto Rico devienne le 51e Etat des Etats-Unis. Seuls 2,5 % des votants désirent que Porto Rico devienne un pays indépendant. 

2000

Sila María Calderón devient la première femme gouverneur de Porto Rico. Cette année-là également, des manifestations ont lieu pour protester contre les activités navales militaires de l’armée américaine autour de l’île de Vieques. La marine américaine abandonne ses bases de l’île de Vieques en 2003.

2009

L’île est en récession et à cours de liquidités

Porto Rico s’endette et plonge dans une profonde crise économique et financière. Les entreprises déposent le bilan et désertent l’archipel, les taxes augmentent. L’île tente de rembourser ses dettes avec de nouveaux emprunts, un cercle sans fin. L’état d’urgence fiscale est déclaré. 

2011-2012

Une visite présidentielle inédite

Barack Obama se rend à Porto Rico le 14 juin 2011. Le dernier locataire de la Maison Blanche qui avait fait le déplacement était Kennedy en 1961. L’année suivante, le gouverneur de Porto Rico organise un référendum pour prolonger jusqu’en 2020 le statut actuel d’Etat libre associé. 65 % des votants sont en faveur d’un changement de statut qui permettrait à Porto Rico de devenir un Etat des Etats-Unis. 

2014

Le gouvernement se déclare en défaut de paiement. Ce qui génère le début d’un exode massif des Portoricains vers les Etats-Unis avec un départ de plus de 70 000 personnes en 2015, aggravant la crise économique. 

11 juin 2017

Référendum consultatif

Le nouveau gouverneur, Ricardo Rosselló, organise un référendum consultatif non contraignant en vue d’appuyer le désir des Portoricains de faire de leur île le 51e Etat des Etats-Unis. Boycotté par la population et l’opposition, il réunit seulement 23% des électeurs. Au même moment, le militant indépendantiste Oscar López Rivera est libéré de prison des Etats-Unis après un séjour de 36 ans derrière les barreaux.

2017

Année du chaos

En mai 2017, Porto Rico se déclare à bout de souffle et lance un processus de faillite. En septembre de la même année, les ouragans Irma et Maria (catégorie 5) dévastent l’île, aggravant la crise économique.

Juillet 2019

Bye Bye « Ricky »

Des manifestations géantes pousse le gouverneur de Porto Rico, Ricardo Rossello, au départ. Celui-ci est impliqué dans un scandale mêlant corruption et propos homophobes.

2021

San Juan fête ses 500 ans

San Juan, la « capitale » de Porto Rico, fête ses 500 ans. Le gouverneur nouvellement élu, Pedro Pierluisi, plaide que l’archipel des Caraïbes devienne le 51e Etat des Etats-Unis. Avec  l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, une délégation parlementaire est élue afin d’aller plaider à Washington la cause de la pleine intégration du territoire aux États-Unis. 

2022

Année de l'espoir

L’île se relève à peine de la crise économique liée à la pandémie de Covid-19. Une juge fédérale approuve par ailleurs un plan de restructuration de la dette publique de Porto Rico. Un soulagement pour l’île qui va pouvoir sortir de l’état de faillite déclaré cinq ans auparavant.

Top 10 : Personnages historiques

Les grandes figures historiques de Porto Rico

L’histoire de Porto Rico est jalonnée de personnalités hors du commun, qui ont lutté à travers les siècles, et luttent encore pour l’intégrité du territoire, son identité, son autonomie. De Diego Salcedo à Jesús Piñero, certains de ces hommes s’élèvent au rang de héros pour les Portoricains.

Diego Salcedo

Espagnol tué par les Taïnos, pour vérifier si les « blancs » sont immortels, avant la révolte.

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Juan Ponce de León

Premier gouverneur de Porto Rico (1510-11). A l’origine des premières colonies espagnoles sur l’île.

Rafael Cordero

Né de parents esclaves en 1790, religieux et enseignant autodidacte. Père de l’éducation publique.

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R. E. Betances

Révolutionnaire, Ramón E. Betances a participé au mouvement indépendantiste « El Grito de Lares ».

E. M. de Hostos

Eugenio María de Hostos a consacré sa vie à deux idéaux : l'indépendance et l'éducation du peuple.

José C. Barbosa

Premier Portoricain diplômé en médecine aux Etats-Unis. Père du mouvement étatiste portoricain.

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Luis Muñoz Rivera

Co-fondateur du Parti de l'Union en 1904. Figure majeure de la lutte pour l'autonomie politique.

José de Diego

Grand défenseur de la langue espagnole et de la culture portoricaine, au début du XXe siècle.

Pedro Albizu Campos

Leader nationaliste le plus influent du XXe siècle. Symbole anti-impérialiste de l'Amérique.

Jesús T. Piñero

Premier natif de Porto Rico à occuper le poste de gouverneur, nommé par le président Truman en 1946.

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