Des îles à préserver
Jersey est la première destination à avoir reçu un Green Globe Award pour son action en faveur de l’écologie. Sur ses routes de campagne, la vitesse est limitée à 15 miles/h (25 km/h) ; cyclistes, cavaliers et piétons ont priorité sur les voitures. À Guernesey, de la même manière, l’île a instauré en 2000 un système des « Ruettes tranquilles ». Elles permettent de maintenir la tranquillité des campagnes et de mieux gérer le trafic des voitures sur l’île. Sur Herm, Sercq et Aurigny, la nature, magnifique, est totalement protégée. L’absence de voitures dans les deux premières îles les rend exemptes de toute pollution, si bien que sur la troisième, la quasi-totalité des habitations se concentre dans la ville de Sainte-Anne. Quant aux agriculteurs, ils n’utilisent pas de pesticides.
Mais tout n’est pas forcément rose. Parmi les principaux problèmes, le nombre trop important de véhicules de plus en plus imposants (4x4 inutiles…) sur les trois îles principales. À Guernesey, on compte ainsi deux voitures par habitant ! La question des déchets est également un vrai problème. Que faire des tonnes de déchets domestiques croissants sur des îles aussi petites ? La population est vivement encouragée à trier, mais beaucoup reste encore à faire.
Zones protégées. Les paysages sont dans l’ensemble très variés : marais, dunes, plages, falaises, prairies, bois. La diversité des milieux a favorisé la naissance d’une flore et d’une faune très riches. Afin de les préserver, plusieurs sites ont reçu le titre de site d'intérêt particulier et sont devenus des zones naturelles protégées. Grâce à leur climat très doux, quasi méridional, les îles abritent de nombreuses espèces de végétaux et d’animaux, qui sont pour la plupart en voie de disparition ou rarement observées dans la région. Les falaises et les rochers servent de refuges à des milliers d’oiseaux migrateurs. Certains îlots, celui du Lihou situé à côté de Guernesey ou ceux des Etacs au large d’Aurigny, sont classés réserves ornithologiques. Ils sont d'ailleurs interdits aux visiteurs lors de la période de nidification. À proximité des réserves d’eau douce dans l’intérieur des terres, des postes d’observation ont été construits pour permettre aux amateurs d’ornithologie de s’y installer confortablement.
Pour permettre aux visiteurs d’apprécier l’étendue des ressources naturelles des îles, les offices de tourisme proposent de nombreuses randonnées thématiques guidées. Ils tiennent aussi à votre disposition des guides spécialisés pour les férus de botanique et ornithologie.
Une faune abondante
Pendant la traversée en bateau, vous aurez peut-être la chance d’apercevoir des dauphins, des phoques gris à l'approche des côtes ou encore des requins-pèlerins au large d’Aurigny. Ne vous inquiétez pas, ces derniers sont totalement inoffensifs et se nourrissent de plancton. L’archipel anglo-normand constitue un site remarquable par les espèces qu’il abrite et se distingue par la présence d’espèces animales peu communes telles que l’écureuil roux, la grenouille agile ou encore le hérisson blond. Côté mer, la vie abonde. La plongée sous-marine peut être pratiquée dans tout l’archipel, et les eaux claires peuvent offrir de bonnes conditions d'observation. Ceux qui préfèrent rester sur la terre ferme pourront se rendre sur les côtes rocheuses pour observer une faune plus importante que sur les plages. Ouvrez l'œil, vous apercevrez peut-être des poissons gobies restés dans une mare formée à marée basse. En soulevant les algues, vous pourrez surprendre une blennie ou un lièvre de mer. Véritable éden, la plage de Shell Beach à Herm est recouverte de coquillages.
Les mammifères marins. Facétieux, ils suivent souvent les vedettes et les bateaux à voile. L’espèce la plus répandue sur les côtes de la Manche n'est autre que le grand dauphin (Tursiops truncatus), également appelé souffleur ou marsouin (même s’il n’a rien à voir avec les véritables marsouins). Sa population comprend une centaine d’individus dans l’ouest du Cotentin. Le tursiops mesure en moyenne 3 m. On l’identifie à son bec court et large, à sa coloration gris sombre à la face ventrale gris pâle. Le dauphin commun (Delphinus delphis) est une autre espèce assez courante dans cette zone. Plus petit que son cousin tursiops, il mesure environ 2 m. Il est facilement identifiable à ses nombreux sauts qui provoquent un bouillonnement intense à la surface de la mer. Il possède une coloration dorsale très sombre ; au niveau d’une zone triangulaire, il arbore une tache jaunâtre et, une autre grisâtre à l'arrière. Plus rare à apercevoir, le grampus (Grampus griseus), aussi appelé dauphin gris ou dauphin de Risso, nage parfois dans la zone. Signe distinctif : il ne possède pas de bec et peu atteindre 4 m de longueur. Sa coloration varie, un grampus peut être blanc ivoire. Des épaulards ont parfois été observés du côté du raz Blanchard. En janvier 1984, un rorqual de 3,30 m s’est échoué à Portbail. Enfin, les îles abritent des colonies de phoques gris. Ils mesurent en moyenne 2,50 m, et peuvent peser jusqu’à 300 kg.
Les oiseaux. Grâce à un faible taux de pollution et à une situation géographique spécifique, cet archipel sert de refuge à un grand nombre d’oiseaux migrateurs qui y trouvent l’eau douce et de la nourriture nécessaire. Au printemps, les touristes, passionnés ou amateurs, peuvent visiter des réserves naturelles pour y guetter des vanneaux huppés, des bécasses et des pluviers. En été, c'est au tour des oies sauvages, des grèbes et des eiders de montrer leurs plumes. Les sentiers qui s'étirent le long des falaises constituent également des lieux stratégiques pour observer des oiseaux nicher sur la falaise. Les îles Anglo-Normandes se situent sur les grandes voies migratoires. Le printemps et l’automne constituent les saisons de prédilection pour l’observation. En hiver les oiseaux visiteurs arrivent du nord pour grossir la population résidente. N’oubliez pas vos jumelles ou votre longue-vue !
Outre les conventions internationales, des conventions spécifiques aux îles sont appliquées pour protéger les oiseaux. Aurigny possède, par exemple, deux colonies de fous de Bassan apparues en 1940 sur les îlots des Etacs et d’Ortac. Aujourd’hui, elles regroupent près de 5 000 oiseaux nicheurs. Il est possible de les approcher en bateau. Le spectacle est surprenant ! L'archipel abrite également le fameux macareux moine et le guillemot de Troïl (notamment à Aurigny), ainsi que d'imposantes colonies de grands cormorans. Vous ne manquerez pas d’observer tous ces oiseaux, même si vous n’avez pas retenu leurs noms. De nombreuses espèces de fauvettes peuplent les îles : la fauvette pitchou, attirée par les landes à ajoncs d’Europe, la fauvette babillarde, dans les fourrés côtiers, et diverses espèces de pouillots. Le roitelet triple-bandeau, la mésange noire, le bruant zizi ou le bruant des roseaux, pour ne citer qu'eux, s'invitent parfois à Jersey.
Les visiteurs hivernaux remarqueront sans doute les troupes de limicoles qui trottinent sur les plages : huîtrier-pie, vanneau huppé et gravelot. Une dernière chose : veillez à respecter la faune et son habitat, et restez discret.
Les vaches de l’archipel. Pour préserver la pureté de la race bovine, l’importation de vaches et de taureaux dans les îles est interdite. Originaire de Jersey, la jersey (jersiaise) est la vache la plus répandue à travers le monde, avec plus de 15 millions de représentantes. Cette race est l’une des plus anciennes ; on a retrouvé des traces de sa présence datant de plus de mille ans. Sa principale qualité esthétique ne réside pas dans sa robe fauve ni dans ses narines noires, mais dans ses gros yeux ronds, soulignés de longs cils et de lunettes claires. C’est ce qui lui a valu le surnom de « la vache aux yeux de biche ». Elle est de petite taille et pèse en moyenne 450 kg.
La vache guernesiaise, elle, possède la taille d’une vache bretonne, des jambes fines et une robe fauve parsemée de taches blanches, de grands yeux clairs et des narines roses. Sa principale qualité : un lait très riche qui donne à la crème et au beurre une couleur jaune vif, voire orangée. Malgré le succès de la race, le temps glorieux des bovins est désormais révolu. La spéculation financière s’avère plus rentable. Pourtant si le cheptel décroît, la production laitière demeure constante.
Un merveilleux jardin
Jardin merveilleux et parfumé, les îles sont un vrai plaisir pour les yeux. Pour la flore sauvage, le printemps est particulièrement favorable. Des plantes tapissent élégamment les falaises : fougères, genêts (fleurs jaunes avec des tiges lisses), ajoncs (fleurs jaunes avec des tiges hérissées de piquants) ou bruyères. La région des dunes et des marécages recèle aussi des plantes et des fleurs intéressantes. Les pins maritimes, les yuccas et les palmiers d’ornement donnent aux paysages un cachet méditerranéen. Excellents horticulteurs, les îliens ont su apprivoiser les espaces naturels, le plus souvent d’une jolie manière. De magnifiques haies d’hortensias bordent les murs et les jardins regorgent de fleurs. Admirez, juste avant l’été, la profusion d’azalées, de camélias, de magnolias et de rhododendrons. Les parcs sont composés avec goût. À Jersey, rendez-vous au Howard Davis Park et visitez le jardin d’orchidées de la Fondation Eric Young ; à Guernesey, ne manquez pas les Candie Gardens et le parc de Sausmarez. À Sercq, faites un crochet par les jardins de la Seigneurie.
La culture des fleurs est d'ailleurs devenue une véritable industrie pour les îles : tulipes, roses, freesias, œillets, iris, jonquilles et anémones sont abondamment exportés vers la Grande-Bretagne. Pour compléter l’inventaire, citons encore les champs de lavande à Jersey, dont sont tirées les célèbres essences utilisées en parfumerie, les mimosas parfumés, les lauriers roses, des murailles de géraniums et quelques figuiers. Un bémol dans cette symphonie végétale, à Guernesey notamment, où l’on a beaucoup déboisé afin que les nombreuses serres puissent profiter au maximum des heures d’ensoleillement.