Une société plutôt individualiste
De nombreuses enquêtes ont mis en évidence le caractère profondément individualiste de la société açorienne, expliquant par cela un certain immobilisme socio-économique. C'est ainsi que, dès le début du peuplement, la richesse fut donnée à une poignée de capitaines-donataires et leurs familles, sur São Miguel plus particulièrement ; le peuple n’eut souvent que le droit de les servir. Aujourd’hui encore, on constate une évidente humilité en face de l’autorité, et les différentes municipalités, si elles ne se livrent pas une guerre acharnée, font leurs petites affaires dans leur coin. Cependant, cette idéologie individualiste, qui trouve son expression la plus aboutie dans la cellule familiale, noyau suprême de la société, est aussi le gage d’une certaine convivialité sociale. Corvo est un exemple à part, les habitants, peu nombreux, ayant l’habitude de vivre comme au sein d’une grande famille. La vie associative y est là-bas parfaitement organisée, chacun participant à la survie de cette microsociété qui se gère elle-même.
Une émigration impressionnante
Le ratio parle de lui-même : environ 250 000 Açoriens sur l’archipel et plus d’un million à l’étranger ! Loin du continent et de certaines commodités, pays à la nature lunatique, les locaux « fuient » principalement aux États-Unis dans la région de Boston et au Canada à Toronto. L’émigration est un fait non négligeable dans l’histoire et dans la vie sociale des habitants. L’argent des émigrés fait vivre de nombreuses familles sur les 9 îles. Cette émigration est aussi présente entre les îles elles-mêmes. En effet, les plus grandes sont privilégiées, au détriment des plus petites, souvent pour des raisons professionnelles. Cependant, depuis quelques années, la vague semble s’être calmée. Le niveau de vie aux Açores s’améliore, de nombreux retraités reviennent aux sources et ceux qui regagnent l'archipel se font construire des demeures comme à Beverly Hills ! L’idée de la terre promise, celle de tous les rêves qu’étaient les États-Unis, se dissipe peu à peu, et le calme et la beauté de l’archipel séduisent ceux qui étaient partis. Les Açores deviennent également une région d’accueil, par exemple pour les pays d’Afrique où la langue est le portugais, et pour les Brésiliens.
Les femmes aux Açores
Une chanson populaire de São Miguel, Tanchão, raconte « qu’il est triste d’être une femme : si elle est belle, elle est suspecte ; si elle est laide, personne n’en veut ». Traditionnellement, la femme se vêt de noir quand elle est veuve ; si cette attitude nous semble archaïque, il suffit de se promener à São Miguel, par exemple, pour constater qu’elle est encore bien présente chez les générations les plus âgées. Jusqu’au tout début du XVIIIe siècle, on interdisait parfois à la femme de participer aux pèlerinages : on la disait disciple de Satan ! Les archives paroissiales témoignent à l’occasion de telles frayeurs délirantes ; ainsi, un texte paroissial de 1698, à Ponta Delgada, met en garde contre la présence des femmes dans les romarias : elles s’y abandonneraient en effet à leurs « appétits désordonnés ». Force est pourtant de constater qu’aujourd’hui les femmes sont plus présentes que les hommes dans les églises. D’autres croyances tout aussi farfelues rappelaient que, si la première personne à pénétrer dans un établissement récemment inauguré était une femme, mieux valait envisager le pain sec ! Et si, par malheur, elle y entrait du pied gauche, il était recommandé de mettre la clé sous la porte aussitôt ! En fait, toute une tradition séculaire, entretenue par l’Église, a voulu inscrire la femme dans un rôle mineur, tant dans la vie privée que sur la scène sociale.
Éducation et université des Açores
Le système d’éducation açorien est sensiblement similaire à celui du Portugal (et donc de la France) et s’inscrit dans une dynamique européenne. Des écoles, collèges et lycées sont présents sur chaque île et de nombreux établissements ont récemment été modernisés et agrandis. Au niveau de l’enseignement supérieur, l’archipel dispose de sa propre université. Fondée en 1976 à Ponta Delgada, elle est composée de trois campus : un à Ponta Delgada sur l'île de São Miguel, un second à Angra do Heroísmo sur l'île Terceira et un dernier à Horta sur l'île de Faial. L’université des Açores s’organise en dix départements et deux écoles supérieures. Elle est notamment spécialisée et mondialement connue pour son département d’océanographie et de pêche. L’idée de créer une institution locale d'enseignement s’est développée avec la Révolution des Œillets qui éclate sur le continent dans les années 1970. Cette dernière entraîne des difficultés scolaires, notamment avec la fermeture de nombreuses universités portugaises. Les riches familles açoriennes décident donc d’envoyer leurs enfants aux États-Unis ou au Canada afin qu’ils puissent poursuivre leurs études. Cela crée un déclic pour les autorités locales qui décident de se lancer dans le projet d’une université açorienne.
Un système de santé de bonne qualité
Quelques données pour avoir une idée de la situation sanitaire dans l'archipel, et convaincre les plus réticents qu'on ne part pas en Amazonie, même si des efforts peuvent encore être menés. La difficulté principale est de trouver des spécialistes, certains domaines ont bien du mal à faire venir les médecins sur leur île et il faut parfois prendre l'avion pour avoir une consultation en cardiologie ou en cancérologie. Chaque île possède un centre médical qualifié pour soigner les blessures bénignes ou les maladies sans gravité. Pour des interventions plus complexes, les patients sont transférés à São Miguel ou à Terceira, dans des hôpitaux plus équipés. Le taux de mortalité est en quasi baisse constante depuis 2002 : en 2022, il s'élevait à 11,3 ‰ (moyenne nationale du Portugal : 11,9 ‰). Le système de santé açorien est d'aussi bonne qualité qu'au Portugal continental ou en France. N'oubliez pas que, même si l'on se trouve au milieu de l'océan Atlantique, on est dans l'Union européenne ! Avec la carte européenne d'assurance maladie, vous pourrez ainsi vous faire rembourser vos soins au même taux qu'en France. L'hôpital le mieux équipé de l'archipel reste celui de Ponta Delgada, à São Miguel.