Découvrez le Groenland : Environnement

Voyager au Groenland, c'est entrer dans un contact privilégié avec la nature : étendues sauvages à couper le souffle, icebergs, faune sauvage, aurores boréales, lumières éclatantes lors du soleil de minuit. Faut-il rappeler que le pays abrite l'un des plus grands parcs nationaux du monde, qui couvre 45 % de son territoire ? La culture et l'histoire des Inuits sont intimement liées à l'adaptation à des conditions environnementales extrêmes. Un précieux patrimoine pour comprendre les phénomènes météorologiques actuels et passés. Le Groenland, c'est aussi le théâtre des effets du changement climatique, que viennent étudier les scientifiques du monde entier. Paradoxalement, c'est aussi pour cela qu'il attire de plus en plus de touristes, se développe économiquement et fait face à de nouvelles problématiques écologiques. Mais on aurait tort de s'en priver, tant après un voyage ici, on ne voit plus jamais la planète Terre de la même manière.

Les espaces protégés

Il y a 12 espaces protégés au Groenland. La baie de Melville est une réserve naturelle depuis 1989, destinée à la protection des bélugas, narvals, phoques et ours polaires. Dans l'ouest du pays, le site surnommé Vallée du paradis (Arnangarnup Qoorua), sur 91,9 km², est également classé depuis 1989. La pêche et la chasse y sont interdites. L'icefjord à Ilulissat est classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Étudié depuis plus de 250 ans, le site a permis d'enrichir notre compréhension du changement climatique et de la glaciologie de la calotte glaciaire. Le paysage agricole de Kujataa, dans le sud, est également classé au Patrimoine mondial.
Le Parc national (Kalaallit Nunaanni nunaeqqissisimatitaq) contient toute la partie nord-est du Groenland au nord d'Ittoqqortoormiit (Scoresby Sound) et s'étend de la Terre de Knud Rasmussen dans le nord jusqu'à Mestersvig à
l'est. Son littoral de 18 000 km comprend les deux parties les plus élevées de la plus grande calotte glaciaire de l'hémisphère Nord. L'inlandsis groenlandais peut atteindre en certains endroits jusqu'à 3 000 m d'épaisseur. Il représente 10 % de l'eau douce mondiale et est à l'origine de la formation des icebergs qui parsèment les fjords et la mer du Groenland. Ce parc est le plus septentrional au monde, reconnu Réserve de biosphère par l'UNESCO depuis 1977. Il présente une faune unique avec une population de 5 000 à 15 000 bœufs musqués, soit près de 40 % de la population mondiale de cette espèce, ainsi que de nombreux ours polaires dans les régions côtières. Séjourner sur place nécessite une autorisation spéciale à demander au moins un an à l'avance et fournie par le Ministry of Housing, Nature and Environment. Des formulaires sont à remplir en ligne sur le site du gouvernement www.naalakkersuisut.gl, dans la rubrique Travel activities in remote parts of Greenland.

La commune de Narsarsuaq abrite le seul arboretum du Groenland situé non loin de l'aéroport, sur la crête Mellemlandet. Ce jardin « arctique » de 150 ha regroupe plus d'une centaine d'espèces d'arbres et buissons plantés depuis sa création en 1954. Quinze hectares sont ouverts au public. Il est fortement recommandé d'aller s'y aventurer quelques heures. Cette
forêt sert surtout d'observatoire scientifique pour surveiller les conséquences du réchauffement climatique sur certaines espèces. D'après une équipe de scientifiques, il est fort probable qu'à l'horizon 2100, les territoires recouverts d'arbres ou d'arbustes soient bien plus étendus qu'aujourd'hui.
À Nuuk, l'Institut de la Nature, situé sur les collines surplombant la capitale, est le gardien sans précédent de 300 ans de recherches scientifiques sur l'arctique.
L'objectif est de donner des conseils sur la façon de protéger cette nature vierge et d'éduquer les politiciens, les enfants et les touristes sur la façon de respecter l'environnement arctique du Groenland, ainsi que d'assurer une utilisation durable des ressources naturelles disponibles. En outre, l'architecture moderne tout en bois est vraiment belle. Vous pouvez envoyer votre photo de baleine à l'Institut de la Nature afin d'aider les chercheurs, mais aussi apprendre quelle espèce vous avez vue.

La chasse et la pêche, des traditions encadrées

En matière de protection de l'environnement, la préservation de la faune met régulièrement le Groenland sur le devant de la scène. La chasse aux phoques, à la baleine ou aux ours polaires reste sujette à de nombreuses controverses, notamment en raison de l'intervention de célébrités opposées à la chasse aux phoques. Peut-être est-il utile de préciser ici que les phoques ne sont pas en danger dans les eaux groenlandaises, mais surtout que la chasse fait partie intégrante de l'identité culturelle des Groenlandais qui sont principalement d'origine inuite. Ils chassent avec respect à la fois pour se nourrir et aussi parfois pour utiliser la peau de leurs gibiers.
En 2015, le WWF a été l'une des premières organisations environnementales à ouvrir un bureau au Groenland, à Nuuk. L'organisation a notamment mis en place un programme visant à prévenir l'arrivée des ours en ville à Ittoqqortoormiit, dans l'est du pays. Une patrouille, menée conjointement avec la communauté locale, surveille quotidiennement la ville pendant les mois les plus critiques pour éloigner les ours qui voudraient y pénétrer. Le but est d'éviter que la population leur tire dessus pour se protéger.

La polémique des déchets nucléaires

En 1953 – le Groenland était alors une colonie du Danemark –, les Américains ont construit la base Camp Century, officiellement un centre de recherche, mais en réalité utilisée pour stocker des missiles nucléaires en pleine guerre froide. Le site de ce projet appelé Iceworm a été abandonné en 1960, à la suite d'un nettoyage minimal. Les États-Unis pensaient que les déchets, à savoir : 200 000 litres de fuel et 240 000 litres d'eaux usées, ainsi que l'enceinte de confinement du réacteur nucléaire mobile, resteraient à jamais enfouis sous la glace. La hausse des températures a fait émerger ce sujet critique. Les gouvernements danois et groenlandais ont mis en place un programme de surveillance en 2017. Ces déchets pourraient venir polluer toute la région dans les prochaines décennies. Même si le risque n'est pas imminent, il est réel. Ni les États-Unis ni le Danemark n'ont accepté de payer le nettoyage du site. Le Groenland a déposé une plainte auprès de l'ONU.

Énergie, déchets, des progrès à faire

Si le Danemark est souvent présenté comme un très bon élève sur les sujets environnementaux, cela ne s'applique pas au Groenland. L'hydroélectricité représente environ la majorité de la production électrique locale, mais n'apparaît qu'en deuxième position en matière de consommation énergétique, loin derrière le gaz et le pétrole importés, avec un impact écologique très coûteux. On a vu toutefois apparaître des panneaux solaires dans les villages les plus reculés ces dernières années. Quant à la gestion des ordures, elle est problématique. Les habitants et visiteurs génèrent de plus en plus de déchets, mais il n'y a aucun système de recyclage. La majorité des déchets sont brûlés dans des incinérateurs polluants, le reste est déposé dans des décharges à l'air libre, sans aucun tri.

Le tourisme en plein essor

L'activité touristique au Groenland a augmenté de 10 % entre 2014 et 2017, de 3 % en 2018 et de 9 % en 2023 (la meilleure année qu'ait connue le pays), selon l'office de tourisme Visit Greenland. Des pistes d'atterrissage agrandies à Nuuk et Ilulissat sont prévues d'ici à 2025, ainsi qu'un nouvel aéroport dans le sud à Qaqortoq. Pour certains, c'est l'occasion de se développer économiquement. D'autres s'inquiètent de l'impact écologique. Cela dépendra aussi de l'attitude des touristes. Quelques recommandations simples : respectez la nature, ne jetez pas vos papiers, emballages ou mégots de cigarettes. Munissez-vous d'un sac plastique afin d'y mettre directement vos déchets lors de vos balades. Veillez également à brûler votre papier toilette sur une pierre.

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