Statistiques générales

La population groenlandaise est un mélange d'Inuits (89 %) et d'Européens (11 %). Elle compte 55 847 habitants, dont 7 000 nés en dehors du Groenland (principalement des Danois). Cette population habite les régions libres de glace ou les îles côtières. La ville capitale, Nuuk, compte 17 316 habitants. La densité de population est extrêmement faible (0,03 habitant au km²). Alors que la population était stable entre les années 1998 et 2014 (entre 56 000 et 57 000 personnes), elle régresse depuis quelques années en raison d’une forte migration vers le Danemark qui accueille 15 000 personnes nées sur le territoire groenlandais, à savoir 20 % de personnes de plus qu’il y a 10 ans. La qualité de vie et les conditions matérielles y seraient plus avantageuses qu’au Groenland. L’accroissement annuel est de 0,02 % avec 800 naissances et 500 morts, ce qui donne donc un résultat de 300 personnes par an. L'espérance de vie est plus faible qu'en Europe : elle est de 69,1 ans pour les hommes et 73,07 ans pour les femmes. La moyenne d’âge est de 33 ans, ce qui fait des Groenlandais une population résolument jeune. Fait plus sombre, le Groenland possède un taux de suicide parmi les plus élevés au monde.

Le kalaallisut et le tunumiisut, des langues eskimo-aléoutes

Le groenlandais appartient à la famille des langues eskimo-aléoutes et compte environ 50 000 locuteurs. Il est très proche des idiomes inuits parlés au Canada et en Alaska, dont l'inuktitut, la langue « esquimaude » commune à tous les peuples de l'Arctique. Le groenlandais compte trois grands dialectes : le kalaallisut dit « groenlandais occidental » qui est le principal dialecte groenlandais et la langue officielle du Groenland depuis 2009, l'inuktun ou l'avanersuarmiutut qui est le dialecte le plus septentrional parlé autour de la ville de Qaanaaq (Thulé), et le tunumiisut dit « groenlandais oriental » qui est pratiqué autour des villes de Tasiilaq et Ittoqoortoormiut. Les dialectes de l'ouest et de l'est diffèrent de celui du nord quant au vocabulaire et à la prononciation. À l'instar des autres langues de sa famille, il s'agit d'une langue dite polysyllabique, polysynthétique (un mot peut avoir plusieurs sens) et agglutinante. Il n'y a presque pas de phrases composées, la plupart du vocabulaire résultant des variations des noms et des verbes. Autrement dit, les mots se composent de parties de divers vocables qui s'agglutinent autour d'un radical. Le mot se construit à partir d’un radical nominal et/ou verbal, dont on modifie le sens à volonté en y ajoutant infixes et suffixes ; tout cela devenant une phrase. On peut ainsi rajouter des notions aussi diverses que la grandeur, les sentiments, un jugement et le temps, en un seul mot qui pourra occuper une ligne entière dans une grande page. Autrement dit, un seul mot groenlandais exprime souvent une phrase entière, ou plusieurs phrases dans une autre langue ! Le mot n'est pas fixe, il est vivant et malléable à volonté pour transmettre le maximum d'informations en restant concentré. Vous serez du coup un peu moins surpris par la longueur étonnante de certains mots. Sa prononciation est relativement facile pour les Français en raison des consonnes et des voyelles identiques à notre langue. À l’oreille, le groenlandais est magnifique. Il résonne de chuintements et de claquements sonores harmonieux.

Être groenlandais aujourd'hui

D'un point de vue linguistique, cela n'est guère simple, car vous remarquerez assez vite que tout le monde ne parle pas toujours la langue officielle, à savoir le groenlandais de l'ouest (kalaallisut). Vous croiserez par exemple assez facilement un Groenlandais qui ne parle que son dialecte (le groenlandais de l'est, de l'ouest ou du nord) ou un habitant natif de Nuuk qui ne parle que danois. Ce phénomène s'explique par différentes raisons : l'isolement de certaines populations qui ne ressentent pas le besoin d'apprendre une autre langue ou encore la mode dans les années 1970 et 1980 qui consistait à mettre ses enfants dans un système éducatif privé danois (plus réputé).

À l’école, les langues apprises sont le groenlandais de l’ouest (langue officielle) en première langue, le danois en deuxième langue puis l’anglais. Ce système trilingue peut se révéler très lourd pour les Groenlandais de l’est et du nord qui doivent en plus apprendre leurs propres idiomes, à savoir : le tunumiit oraasiat pour les Groenlandais de l’est et l'inuktun pour ceux du nord. Ces immenses efforts linguistiques sont source de découragement et participent souvent à l’échec scolaire en plus du manque d’éducation des parents qui ne peuvent pas aider leurs enfants après la classe. Une situation doublement empirée par le manque d’éducation de la nouvelle jeune génération de professeurs de langue groenlandaise, malheureusement encore trop peu formée (à la différence des anciens enseignants danois).

Dans la pratique, le danois est encore largement utilisé dans l'administration et dans l'enseignement supérieur. Il reste également la première ou la seule langue pour certains immigrants danois à Nuuk et dans d'autres grandes villes. À défaut, les autres étrangers échangent en anglais sur place et de plus en plus de Groenlandais se mettent ainsi à apprendre la langue de Shakespeare. Beaucoup de Groenlandais sont donc bilingues groenlandais/danois au minimum, voire trilingues avec l'anglais. Par conséquent, ne vous inquiétez pas, vous trouverez toujours quelqu'un sur place pour vous comprendre !

Kaffemik

Importé du Danemark, le kaffemik « avec du café » désigne une tradition groenlandaise qui se perpétue chaque fois qu'une occasion spéciale se présente (naissance, anniversaire, baptême, communion, remise de diplôme, premier jour d'école, premier gibier attrapé…). Alors que d'autres personnes dans le reste du monde sortent en général pour une telle occasion, les Groenlandais préfèrent faire la fête à la maison. La famille, les amis, les voisins et des collègues sont alors tous invités à venir fêter l'événement au cours duquel l’hôte les recevra avec une sélection de mets préparés par ses soins, souvent quelques jours en avance. De manière générale, les conviés qui vont et qui viennent tout au long de la journée ne restent pas trop longtemps afin de laisser leur place aux prochains invités. D’abord, ils goûtent à une sélection de mets locaux (bœuf musqué, renne, agneau, viande de baleine séchée, de phoque), et ensuite à une ou deux parts de gâteaux faits maison ou de petits pains aux raisins, avec une ou deux tasses de café ou de thé. Bref, une cuisine pleine de spécialités groenlandaises ! Profitez de cette expérience unique en rejoignant une famille le temps d’un kaffemik, souvent par le bouche-à-oreille ou sinon via un tour-opérateur. Tout le monde peut être invité au kaffemik, même ceux qui ne connaissent pas la famille. N'oubliez pas qu'il est d'usage d’apporter un petit cadeau à la personne fêtée !