Un artisanat aux multiples facettes
Côté matériaux, l’argile, les métaux, les vibres végétales, le cuir ou encore le bois sont les principaux éléments naturels qui sont utilisés pour l’élaboration manuelle des objets traditionnels et parmi les fabrications artisanales les plus répandues, vous trouverez surtout des tapis, des paniers, des dentelles, des meubles et bien sûr de la céramique. Car c’est bien la céramique traditionnelle qui est l’un des points forts de la tradition artisanale espagnole. Vous aurez l’occasion de la découvrir en Andalousie, sous forme de carreaux décoratifs comme les azulejos de Séville ; arborant une couleur verte inimitable comme celle d’Ubeda ; ou reconnaissable à ses couleurs vertes et bleues et ses motifs décoratifs (oiseaux, fleurs...) comme la Fajalauja, de Grenade, héritage direct de l’expertise nazari. D’autres étapes jalonneront cette découverte, Valence, qui demeure le premier exportateur de céramique d’Espagne et dont vous reconnaîtrez la patte des objets fabriqués à Paterna et à Manises, via leurs motifs floraux dorés, marron et cuivrés. En Castille-La Manche, ce sont les motifs végétaux bleus et jaunes qui caractérisent la célèbre céramique de Talavera de la Reina et ornent de nombreux espaces publics comme les jardins ou les fontaines. Ce périple vous conduira aussi en Galice pour admirer les fameuses céramiques de Sargadelos qui remontent à 1806 et dont les formes géométriques bleues, souvent dessinées au pinceau, ornent cafetières, bougeoirs ou assiettes. Et si vous êtes en quête de ce type d’objets, vous passerez aussi par la Bisbal d’Empordà, en Catalogne, qui maintient la tradition de la céramique depuis le XIIIe siècle, et dont vous identifierez les couleurs dominantes, bleu marine, vert bouteille et jaune paille ainsi que la finition vitrifiée de la plupart des pièces.
Du damasquinage aux espadrilles en passant par la dentelle
Un autre domaine s’est perpétué selon des méthodes ancestrales : le travail des métaux, comme le prouve l’industrie des couteaux à Albacete, en Castille-La Manche. Une tradition apportée par les Maures et qui a connu son apogée au XVIIIe siècle. Dans la même communauté, à Tolède, c’est le damasquinage (réalisation de figures et de dessins par incrustation de fils et de feuilles d’or et d’argent sur de l’acier ou du fer) qui vient orner des épées, des assiettes, des boîtes et même des bijoux. En Andalousie, le travail du bois s’incarne dans de multiples objets de marqueterie (échiquiers, jeux de dames, boîtes ou tables), avec un savoir-faire particulier à Grenade, la Taracea, une incrustation dans le bois de différents matériaux et métaux. De nombreuses autres régions comme l’Estrémadure (le châtaignier) ou la Navarre (le buis) perpétuent un artisanat du bois mais c’est au Pays Basque que vous trouverez un véritable trésor local, le makila. Ce bâton de marche cache à l’intérieur de son pommeau une pointe en acier. C’est un objet unique, dont le nom et la devise du propriétaire sont gravés sur le pommeau et qui est généralement offert de père en fils. A titre honorifique, Jean Paul II, le Général de Gaulle, Georges Pompidou et François Mitterrand, s’en sont vu offrir un. Pour se procurer de très belles dentelles, on pourra se rendre à Almagro, en Castille-La Manche ou en Galice pour découvrir le savoir-faire des dentellières pratiquant l’art du fuseau (palilleras), dans la petite ville de Camariñas. Hormis ces richesses locales, un voyage en Espagne peut aussi être l’occasion de rapporter quelques objets particulièrement emblématiques de cette destination. En premier lieu, un éventail (abanico) que vous trouverez absolument partout, et à tous les prix même si ceux qui ont requis le travail d’une vingtaine d’artisans atteignent de coquettes sommes. Ce sera aussi le haut lieu de l’espadrille (alpargatas), traditionnelle ou à la dernière mode, avec parfois la possibilité de les personnaliser. Côté couvre-chef masculin, vous pourrez opter pour le sombrero cordobés, feutre à bord large et plat, de coupe basse et cylindrique. Ou enfin, rapporter, pourquoi pas, une Chistera ? Un gant en osier traditionnel vous permettant de vous entraîner à la pelote basque ou servant d’objet de décoration.
Un panier gourmand très fourni
Votre voyage vous donnera l’opportunité de déguster toute une série de saveurs nouvelles. Si certains plats ou produits du terroir vont être difficiles à incorporer dans vos bagages, vous pourrez néanmoins vous composer un panier gourmand, pour raviver les souvenirs une fois rentré chez vous ou faire plaisir à vos amis. A tout seigneur tout honneur, vous ferez bien sûr une place de choix au produit phare de l’Espagne, le jambon ibérique, jamón ibérico. Pour garantir vos achats, une norme officielle (10 janvier 2014) définit les appellations et l’étiquetage de ce produit, en fonction de sa race, de son mode d’élevage et de son alimentation. Il vous suffira de suivre le code couleur. Noir, il s’agit du jambon ibérique dit de Bellota, produit à partir de porc 100 % ibérique et se nourrissant de glands. C’est le haut de la gamme et le seul qui peut être appelé « pata negra ». Rouge, cela concerne des porcs de race partiellement ibérique, de 50 à 70 %, mais également nourris aux glands. Vert, il concerne par exemple, le jamón de campo ibérico. Il est élevé en terre ibère, dehesa, chênaie ou pleine nature mais nourri aux fourrages, aux céréales et aux légumineuses. Blanc, il est issu de porc ibérique mais élevé en ferme et nourri exclusivement de céréales et de légumineuses. Par ailleurs, quatre jambons bénéficient d’une appellation d’origine contrôlée : DOP jabugo dont le jambon est produit dans la région du Parc naturel Sierra de Aracena y Picos de Aroche (Andalousie, province de Huelva) ; DOP Los Pedroches, produit dans la province de Cordoue. DOP Dehesa de Extremadura, produit dans les dehesas de chênes-liège et de chênes verts de Cáceres et Badajoz. DOP Guijuelo, produit dans plus de 70 communautés du sud de la région de Salamanque (Castille-et-León) et qui représente 60 % de la production de jambon ibérique espagnol. Au rayon boissons, on n’hésitera pas à rapporter quelques bouteilles des vins qui se sont déjà fait une belle réputation à l’étranger comme les vins de la Rioja, de la Ribera del Duero (Castille-et-León) ou de Jerez et de Malaga, en Andalousie. Mais sachez qu’au total, le pays compte plus de 90 appellations d’origine contrôlée que vous serez quasiment sûr de croiser, quel que soit votre circuit. En revanche, il vous faudra mettre le cap sur les Asturies, pour découvrir le cidre local et surtout une manière de le boire, très spécifique à cette région et bien différente de la nôtre. Sans être la France, l’Espagne vous permettra de découvrir quelques fromages remarquables. Chaque région produit au moins une spécialité mais il serait dommage de repartir sans l’un ou les trois des fromages les plus connus. Le manchego que vous apprendrez à apprécier, du plus tendre, 2 mois (tierno) au plus vieux (viejo ou añejo), 12 mois, en passant par le semi curado, de 2 à 4 mois, et dont vous saurez reconnaître la croûte, naturelle et non en paraffine, et frottée à l’huile d’olive vierge pour lui donner arômes et saveurs. Pour être sûr d’acheter un manchego artisanal, vous devez avoir 3 éléments : le dessin du Quijote et les mentions « artesano » et « leche cruda ». Moins connu, la Torta del Casar, fromage produit à Casar de Cáceres (Estrémadure), à base de lait de brebis de la région, se caractérise par sa croûte légère et sa texture intérieure très crémeuse et bénéficie aussi d’une origine contrôlée. Tout comme le cabrales, originaire des Asturies et produit à partir de lait de vache, de chèvre ou de brebis et qui s’apparente un peu à notre roquefort. Autre produit emblématique venant compléter votre panier, l’huile d’olive, cet « or liquide » dont la culture a beaucoup progressé au cours des dernières décennies. Longtemps limitée à la zone méditerranéenne, elle s’est répandue dans toutes régions et l’Espagne produit aujourd’hui la moitié de l’huile d’olive mondiale et elle compte 32 appellations d’origine contrôlée d’huile d’olive vierge extra. C’est l’Andalousie qui entretient la plus longue histoire avec elle. Longtemps la plus réputée dans ce domaine, la province de Cordoue est maintenant rejointe par celle de Jaén, le plus gros producteur d’Andalousie, désormais très impliqué dans la conquête de la qualité. Enfin, comme il restera toujours une petite place pour des conserves, pensez aux anchois de Santoña (Cantabrie) et de l’Escala (Catalogne), ou aux piments de Padrón (Galice). En plus elles seront peu chères.
Au plus près du producteur
Il ne vous échappera pas que le made in china a quelque peu envahi les centres un peu trop touristiques. A fuir. Au moment de l’achat, préférez les petites boutiques ou les ateliers qui vous ouvriront facilement leurs portes, aux magasins de souvenirs, plus centraux mais peu authentiques. De nombreuses villes comme Séville, Badajoz, Cáceres, Murcie, Lorca ou Valence, entre autres, ont ouvert des centres d’artisanat qui vous présentent un panorama de ce qui se produit dans la région : sacs en cuir, peintures sur soie, éventails, crèches, bijoux... ainsi que les coordonnées des artisans. C’est une garantie de qualité, n’hésitez pas à les fréquenter pour acheter mais aussi vous faire une idée des productions locales. Avant votre départ, renseignez-vous également sur les éventuelles foires ou les marchés artisanaux. Côté panier gourmand, vous pourrez toujours trouver de très bons produits dans les espaces « gourmet » des Corte Inglés qui seront présents dans quasiment toutes les villes mais c’est à réserver pour les achats de dernière minute, en cas d’oubli. Il est bien sûr préférable de privilégier les halles locales (mercados) elles aussi présentes dans toutes les villes et quasiment dans tous les villages. Mais pour de nombreux produits comme le jambon, les vins, les fromages et l’huile, le mieux sera encore de les découvrir en visitant les lieux de production. A titre d’exemple, les routes du vin de l’association espagnole des villes du vin (Acevin) vous proposent des itinéraires œnologiques incluant des visites de domaines viticoles, des explications sur les procédés de fabrication et des dégustations. Certaines municipalités ont même mis en place des « bus du vin » qui permettent une découverte en parfaite sécurité et de nombreuses bodegas proposent aussi des visites de leurs installations et des dégustations. Andalousie, Estrémadure, Castille-La Manche, Communauté valencienne, Aragon et Catalogne ont aussi mis en place des circuits d’oléo-tourisme, avec visite de lieux de productions et dégustations. Quant aux ateliers dégustations organisés par les producteurs de jambons, ils vous apprendront aussi les processus d’élevage et... l’art de la découpe, avec diplôme à la clé.