Les musiques et danses traditionnelles
Le littoral catalan est, au même titre que le reste de la région, une terre riche de musiques. C’est notamment ici que sont nées les havaneres, chansons nostalgiques en catalan ou espagnol et aux rythmes créoles, qui étaient à l’origine entonnées par les navigateurs lors de leur départ vers la guerre d'indépendance cubaine (1895-1898). Elles résonnent encore à Calafell lors de la Cantada d’Havaneres, se tenant sur la plage et attirant un monde fou.
Bien qu’originaire de Barcelone, la rumba catalane s’est propagée avec le temps et se croise souvent sur les côtes. Cette variante de la rumba flamenca intégrant des influences cubaines et du mambo a été incarnée dans les années 1960 par Peret, l’icône du genre, ainsi que Gato Pérez et El Pescaílla. La fanfare est toujours bien ancrée dans la culture populaire. Implantée à la fin du XIXe siècle, on la retrouve dans presque tous les villages du sud de la Catalogne, toutes les formations se livrant une concurrence bonne enfant, à grand coup de trompette et de tambour, lors des célébrations publiques. Dans les Terres de l'Ebre, les fanfares d'Amposta (Lira Ampostina ou l'Unió Filharmònica d'Amposta) et de La Sénia comptent parmi les plus célèbres.
Côté danses, impossible de passer à côté de la sardane en Catalogne, la plus célèbre des danses traditionnelles de la région. Si le monde la découvre durant la cérémonie d’ouverture des JO de 1992, la sardane naît au milieu du XIXe siècle, sous l’impulsion d’un musicien de Figueres, Pep Ventura. Elle est restée depuis relativement la même et voit des danseurs – alternant si possible un homme et une femme – se tenir la main en cercle fermé et enchaîner pas courts et pas longs. La Sardane est toujours accompagnée par la musique de la cobla, ensemble de plein air typique de la Catalogne, comprenant une dizaine de musiciens et quelques instruments traditionnels comme le flabiol (flûte à bec), la tenora et le tible (deux sortes de hautbois) et le tambori (un tambour).
La danse emblématique des Terres de l’Ebre, c’est bien entendu la fameuse jota de l’Ebre. Dansée en file ou en ronde, la jota de l’Ebre voit son pas de base digresser au fur et à mesure tandis que le haut du corps exécute des mouvements latéraux, les bras au niveau des épaules, tout en marquant le rythme de claquements de doigts ou à l’aide de castagnettes. La jota de l’Ebre comporte également des chants improvisés dont les paroles relatent l’amour, la foi, la patrie ou encore la nostalgie régionale voire des revendications liées à la rudesse de la vie rurale. La jota est souvent dansée à l'occasion des fêtes patronales, notamment à Tortosa et s’avère toujours très mise en valeur dans des événements comme le festival folklorique de Roquetes, Tradicionarius.
N’oublions pas non plus de mentionner le Ball Parlat qui deux semaines durant à la mi-mai devient l'unique sujet de préoccupation à Salomó, petit village de l'intérieur de terres de Tarragone. Ce type de danse très ancien trouvant ses racines au Moyen Age et qui intègre la parole (le terme signifie « danse parlée ») est depuis 1999 une pratique culturelle reconnue par le gouvernement de Catalogne comme élément du Patrimoine d'intérêt national.La musique classique
La Catalogne est un terreau fertile qui a vu pousser quelques compositeurs parmi les plus réputés du pays comme Isaac Albéniz (1860-1909) pianiste pionnier dans la renaissance de la musique espagnole, tout comme Enrique Granados (1867-1916) ou encore le pianiste Federico Mompou (1893-1987) chez les contemporains. La région a également produit quelques très grandes voix nationales : d’abord les deux Montserrat, l’immense Caballé (1933-2018) et la moins connue mais tout aussi fabuleuse Montserrat Figueras ainsi que la soprano Victoria de Los Angeles (1923-2005) ou encore le ténor José Carreras.
Si l’on zoome sur la Costa Daurada, la région a été le berceau de son plus grand violoncelliste : le fameux Pau Casals (1876-1973). Aussi chef d’orchestre et compositeur, ce natif d’El Vendrell (dont l’ancienne maison est devenue un musée) demeure l'un des musiciens espagnols les plus remarquables du XXe siècle. Militant en faveur de la paix, de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme, il composa l'Hymne des Nations unies en l’honneur de l’ONU (où il demeure l’hymne officieux), dont il reçut d’ailleurs la Médaille de la paix.
Juste en face du musée Pau Casals se trouve d’ailleurs l’auditorium Pau Casals, inauguré en 1981. Pouvant accueillir jusqu’à 400 spectateurs, la salle de concert propose tout au long de l’année des représentations suivant plusieurs cycles allant du jazz à la danse et avec comme point d’orgue le festival international de musique Pau Casals, célébration du génie local.
Autrement, sur le littoral catalan, l’Orquesta Sinfónica de Barcelona y Nacional de Cataluña – qui n’est autre que l’orchestre symphonique de Barcelone – rayonne lui aussi comme l’un des plus prestigieux du pays. Son siège est installé dans le très moderne Auditori. L’occasion de rappeler une particularité catalane : le wagnérisme. Manifestation singulière de l’Art nouveau, l’œuvre de Wagner a influencé un grand nombre de musiciens locaux dans leurs travaux au cours du premier quart du XXe siècle. A tel point que Barcelone fut considérée comme l’une des villes les plus « wagnériennes » du monde.