Découvrez l'Andorre : Architecture (et design)

Le petit territoire d’Andorre sert d’écrin à un patrimoine architectural d’une exceptionnelle richesse. La principauté est surtout connue pour ses nombreux édifices de style roman primitif. Centres névralgiques des hameaux dispersés, les églises et leurs puissants clochers-tours rythment le paysage andorran ; tout comme l’architecture traditionnelle de pierre. Bordes, orris et ponts portent fièrement l’identité andorrane, secondés en cela par un pittoresque patrimoine industriel. Mais c’est au XXe siècle que la principauté connaît les bouleversements les plus spectaculaires. Destination touristique prisée, elle se dote de nouvelles infrastructures, se laisse tenter par les nouveautés plastiques de l’architecture de granite et multiplie les grands projets comme le sanctuaire de Meritxell et le complexe Caldea. Une urbanisation aujourd’hui davantage contrôlée afin de préserver l’identité et la beauté de cette charmante petite principauté !

Richesse romane

L'Andorre abrite l’une des plus étonnantes concentrations d’églises romanes d’Europe, la plupart se rattachant à ce que l’on appelle le roman primitif ou roman lombard qui s’est développé à partir du Xe siècle. À cette époque, l’Andorre se compose de petits noyaux de peuplement épars, sans unité apparente. Dans ce contexte, les églises deviennent le centre névralgique de ces communautés. La plupart sont édifiées sur des promontoires rocheux ou à proximité des voies de passage afin de pouvoir être vues de tous. Mais l’élément le plus visible est bien sûr le clocher-tour, servant tout à la fois de repère visuel et spirituel et de tour de guet et de communication entre les hameaux. Ces tours portent la marque du roman lombard via la bande lombarde, une décoration murale constituée de bandes verticales de faible saillie reliées entre elles par de petites arcatures aveugles. Porches et sanctuaires servent, eux, de premiers lieux de réunions communautaires. D’une manière générale, ces églises se caractérisent par un plan simple avec une nef rectangulaire et une abside. En matière décorative, cet art profondément spirituel s’appuie sur une sobriété soulignant la beauté simple et brute de la pierre locale, sans pour autant faire l’impasse sur une recherche picturale et chromatique que l’on retrouve dans les superbes peintures murales des absides. Parmi les plus belles églises andorranes, notons : Santa Coloma et son tour-clocher à base circulaire, Sant Joan de Caselles jouxtant une immense nécropole médiévale, Sant Climent de Pal avec son étonnant tour-clocher aux baies géminées ou bien encore Sant Esteve De Juberri dont l’abside, à demi enterrée du fait des contraintes de la topographie, illustre l’osmose régnant entre architecture et environnement. Au fil des siècles, la plupart de ces églises ont été modifiées, tout en se dotant de mobiliers et éléments décoratifs d’une grande richesse (retables baroques, portes et grilles en fer forgé…), démontrant ainsi l’évolution progressive de la société andorrane. Ce riche patrimoine religieux comprend également de très jolies chapelles aux murs de pierre et aux toitures d’ardoise, elles aussi de style roman.

Traditions andorranes

Objet de convoitise, l'Andorre vit se développer au Moyen Age une architecture fortifiée, comme en témoignent les vestiges du Château de Sant Vincenç dont on peut encore apercevoir une tour et une partie de l’enceinte. La tour défensive Torre dels Moros en est un autre bel exemple, tout comme les meurtrières du porche de Sant Roma Les Bons, prouvant que les églises pouvaient se faire forteresse. Autres éléments clés de l’Andorre médiévale : les ponts. L’un des plus beaux est le Pont de la Margineda avec son arc en fer à cheval d’une hauteur de 9m. Si ces édifices illustrent l’histoire de la principauté, c’est son architecture traditionnelle qui en porte l’identité. Jusqu’au XXe siècle, Andorre se compose principalement d’un habitat rural marqué par les traditions montagnardes qui se manifestent en architecture par l’utilisation de la pierre sèche. Disponible à foison, la pierre sèche est employée selon une technique ancestrale consistant à assembler les pierres de façon à les faire tenir sans avoir recours à du mortier pour les sceller, permettant ainsi une adaptation aux contraintes du terrain. Les murets de pierre des étagements en terrasse, les orris – installation d’estive délimitée par un muret et comprenant une cabane voûtée à encorbellement, un enclos et un couloir de traite –, et les bordes – cabanes et maisons rustiques – portent fièrement cette identité… tout comme les maisons des cœurs de ville reconnaissables aux façades en pierres assemblées de mortier à la chaux et rythmées par des fenêtres, galeries et portes en bois et surmontée d’une toiture d’ardoise à deux pans inclinés pour éviter l’accumulation de neige. Les silhouettes de ces maisons varient évidemment selon les moyens de leur propriétaire. La Casa Cristo est un exemple d’habitat rural modeste, tandis que la Casa Areny-Plandolit est un exemple typique de maison-forte seigneuriale ayant évolué en maison commerçante, là où La Casa De La Vall apparaît comme un superbe exemple de manoir familial. Enfin, ce tour d’horizon de la culture andorrane ne serait pas complet sans l’évocation du patrimoine « industriel » allant des moulins et scieries de Cal Pal à la Forge Rossell alimentée par la Mine des Llorts.

Effervescence contemporaine

En 1913, la principauté se dote de sa première route carrossable… le début d’un développement sans précédent pour celle qui devient rapidement une destination touristique prisée. Les témoins de cet incroyable essor se parent alors des atours de l’architecture de granite. Inspirée du Noucentisme catalan qui prône ordre, clarté, mesure et rationalité, cette architecture opère une synthèse entre nouveauté formelle et attachement à la tradition de l’architecture de pierre. Le granite devient l’élément décoratif phare des façades qui arborent des pierres taillées de différentes formes, la plus répandue étant celle du nid d’abeille. Parmi les plus étonnantes réalisations de ce style notons : l’Hôtel Valira, la Centrale hydroélectrique FHASA, la station de Radio Andorra ou bien encore le Collegi Meritxell… tous symboles de la prospérité andorrane. Dans les années 60-70, l'Andorre souffre des affres de la spéculation immobilière et se dote d’édifices tout à fait « oubliables ». Cependant, quelques projets sortent du lot, tel le nouveau sanctuaire de Meritxell imaginé par Riccardo Bofill qui y propose une relecture très personnelle de l’art roman, notamment dans le grand clocher et le cloître aux superbes arcades l’ouvrant au monde. Autre projet phare d’Andorre: le complexe thermal Caldea imaginé par Jean-Michel Ruols. Sa tour de verre de 80 m est un clin d’œil aux clochers-tours romans. Formes dynamiques inspirées des reliefs montagneux, omniprésence du verre renvoyant à l’eau cristalline des sources, le complexe se veut un trait d’union entre nature et modernité… synthèse que l’on retrouve dans le nouveau siège du Parlement dont la façade alterne entre surfaces vitrées et pierre locale. De nombreux autres projets sont en cours, mais aujourd’hui, Andorre veille plus que jamais à préserver l’identité et la beauté de son territoire.

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