Le cuir dans tous ses états
Travaillé depuis le XIIe siècle avec les mêmes techniques et matériaux d’antan, le cuir marocain offre une qualité sans précédent, à des prix défiant toute concurrence en Europe. Cet artisanat, dont Fès fournit près de la moitié du cuir du pays, fait partie intégrante de l’histoire du royaume dont la maroquinerie porte le nom. L’apparition de l’industrie du cuir n’a pas mis fin au tannage traditionnel dont les techniques continuent de se transmettre de génération en génération. À Fès, dans la tannerie de Chouara, vieille de près de 900 ans, plus de 500 maîtres artisans s’activent tous les jours à traiter les peaux de bœufs, de moutons, de chèvres et de chameaux dans les 1 200 bassins d’eau colorée. Ici, muni d’un brin de menthe pour éviter l’odeur pestilentielle qui s’y dégage, vous pourrez observer les tanneurs travailler, tout en faisant ensuite votre shopping. Sacs et manteaux de toutes tailles, sans oublier les babouches marocaines, pantoufles utilisées par les hommes et les femmes, vous aurez un large choix d’articles de qualité, en différents types de cuir. Le tout teinté de couleurs végétales, du rouge coquelicot au vert menthe, en passant par le jaune safrané ou le noir charbon. Marrakech, Tétouan et dans une moindre mesure Taroudant sont aussi réputées pour leur travail du cuir. Vous pourrez y réaliser de très bonnes affaires, si vous négociez bien ! Méfiance tout de même sur les arguments des vendeurs qui peuvent vous certifier que l’article est en cuir de chameau, très épais et difficile à travailler, aux tarifs plus excessifs, alors qu’il s’agit de peau de chèvre ou de mouton, dont les odeurs sont souvent plus fortes.
L’orfèvrerie, une spécialité marocaine
Au nord comme au sud, les femmes trouveront facilement colliers, bracelets et boucles d’oreille dans les bijouteries artisanales. Cependant, entre les régions, on distingue différents types de bijoux, à commencer par la matière utilisée. L’or est une spécialité du nord du Maroc, notamment à Fès et à Essaouira, où ont émigré certains artisans fassis au XIXe siècle. On y déniche de magnifiques bijoux d’origine arabe, rehaussés de pierres précieuses. L’argent, quant à lui, est travaillé plutôt au sud, du côté de Taroudant et surtout de Tiznit. D’origine berbère, ils sont parés de motifs teintés aux symboles allégoriques dont chaque région possède ses couleurs. Les colliers sont souvent ornés de jade et d’ambre, des pierres très présentes dans cette région de l’Atlas, alors que les bracelets et fibules, sorte de broche, sont incrustés d’émail coloré. Les pièces authentiques étant extrêmement rares et chères, rendez-vous chez un « bazariste » qui vend de jolies imitations à bas prix, si vous n’êtes pas spécialiste. Même là, faites attention de ne pas payer des prix excessifs pour acquérir ce qui risque fort d’être du faux, l’or et l’argent étant souvent plaqués et l’ambre remplacé par du plastique. Chez les orfèvres, vous trouverez aussi des objets usuels ou décoratifs en cuivre et en bronze tels que plateaux, bouilloires, encensoirs, chandeliers et boîtes diverses, joliment ciselés. Les métaux précieux, comme l’or, l’argent et l’étain, sont obligatoirement frappés d’un poinçon, mais si ce poinçon identifie la présence d’un métal noble dans l’alliage, il n’en détermine pas la proportion exacte. Il y aurait différents poinçons en fonction de la qualité de l’alliage, mais il est souvent difficile de s’y retrouver.
Le tapis, un véritable objet d’art
Bien qu’encombrant dans une valise, le tapis est pourtant l’un des objets les plus représentatifs du Maroc à rapporter chez soi. Plus qu’un article décoratif, il a toujours été un objet utilitaire pour les tribus berbères qui gardaient la chaleur dans leur habitation grâce aux tapis en laine. À la main ou à l’aide d’un métier à tisser, ces techniques de tissage sont perpétuées d’une longue tradition vieille de plus de 1 000 ans. Les plus beaux tapis du monde sont conçus dans les montagnes de l’Atlas par les femmes berbères qui créent des pièces uniques, ornées de symboles chargés d’histoire. On trouve facilement ces tapis dans la région du Haut Atlas, mais aussi dans les grandes villes, telles Fès et Rabat. La qualité d’un tapis se détermine en fonction du nombre de nœuds tissés au mètre carré, à la qualité de la laine, au type de teintures utilisées. Pour vous assurer que votre tapis est bien en laine véritable et non en coton, vous pouvez brûler un fil dépassant du tapis, la laine véritable donnant invariablement une odeur de cheveux et de viande grillée, a contrario du coton. De plus, les tapis de qualité sont dotés d’une étiquette-certificat du gouvernement, indiquant le lieu de provenance, la qualité de la laine, et un numéro d’enregistrement. Des grilles de tarifs ont été fixées en fonction de la taille, du style, du nombre de nœuds au mètre carré, et de la matière utilisée. S’il s’avère que vous vous êtes fait avoir, et avez par exemple payé fort cher un tapis prétendu vieux de deux siècles alors qu’il n’a pas vingt ans, vous pouvez déposer une plainte à l’office du tourisme, et le marchand en question sera obligé de vous rembourser sur-le-champ. Bon à savoir : certains marchands peuvent vous envoyer le tapis acheté directement à votre domicile, moyennant un supplément.
La poterie, une tradition ancestrale
L’origine de la poterie au Maroc semble remonter au IXe siècle, lorsque les musulmans émigrés d’Andalousie introduisirent cet artisanat à Fès, réputée aujourd’hui pour sa poterie de qualité et très résistante. Les articles en terre cuite sont en général réalisés par les femmes, pour un usage domestique, alors que les hommes se consacrent à la faïence, dans le but de la commercialiser. Cette dernière se différencie de la poterie par les émaux qui la décorent, et qui se solidifient lors d’une seconde cuisson au four. À Fès ou à Safi, vous trouverez les plus beaux exemples de poterie, dont les plats à tajine qui raviront les cuisiniers. Ce plat creux, à bord évasé, fabriqué en épaisse argile brune et indissociable de son couvercle en forme de chapeau pointu, sert à la cuisson du plat du même nom. Au contact de cet ustensile en terre, les aliments, longuement mijotés, acquièrent une saveur unique. Dans les souks, vous dénicherez également des vases, des cendriers, des coupoles et des assiettes, très colorés et finement décorés. À vous de bien négocier !
Les produits du terroir, une valeur sûre
Huile d’olive, miel, épices, eau de rose ou encore argan, on trouve de plus en plus facilement les produits du terroir marocain, qui étaient autrefois vendus en vrac sur le bord de la route. Aujourd’hui, les petits producteurs se sont regroupés en coopératives et proposent des produits au packaging attractif, tout en garantissant la meilleure qualité et l’origine grâce à des labels AOP, qui ont fleuri ces dernières années. Outre chez les petits commerçants, vous retrouverez certains de ces produits dans les supermarchés ou au duty free, à l’aéroport. Mais pour obtenir les meilleurs prix, le mieux est de les acheter dans les régions productives, avec en prime la qualité assurée : l’eau de rose, dans la province de Kelâat M’gouna, située entre Ouarzazate et Tinghir, l’huile d’argan, dans les régions d’Agadir et d’Essaouira et l’huile d’olive, aux alentours de Fès-Meknés. Là, vous pourrez trouver directement des espaces de vente dédiés au produit recherché, à des prix inégalables. Ils sont gérés par les Groupements d’Intérêt Économique, qui réunissent de nombreuses coopératives, comme celle de Dar Azaafaran, à Taliouine.
Vannerie et sculptures en bois
À partir de jonc, d’alfa, de roseau ou de raphia, les vanniers fabriquent des objets usuels de manière traditionnelle. Certains sont encombrants et difficiles à rapporter à l’instar d’un fauteuil ou d’un tabouret, mais vous pourrez toujours avoir le coup de cœur pour un panier que vous pourrez utiliser comme bagage à main dans l’avion ! À Essaouira, ville de l’osier par excellence, vous dénicherez de jolis paniers, qui sont ensuite décorés par les artisans de Marrakech. Il existe également en fibres végétales des dessous de plats, des boîtes à bijoux, des corbeilles de différentes tailles et même des plats à tajine décoratifs, que vous pourrez trouver un peu partout dans les grandes villes. Bien que l’artisanat du bois soit répandu au Maroc pour la fabrication, entre autres, de meubles en cèdre ou en citronnier, il est peu dédié au tourisme. Cependant, dans la région d’Essaouira, là où le thuya est l’arbre roi pour les petits objets, vous mettrez la main sur de belles sculptures ou de jolies boîtes en bois. Mais ce dernier a pris une grande valeur et les marchands sont de véritables antiquaires. Le marchandage y est très difficile et vous devrez souvent rendre les armes devant votre interlocuteur sûr de lui.
La broderie, l’excellence marocaine
C’est sûrement l’art féminin le plus raffiné du Maroc où patience et dextérité sont mises à rude épreuve chez les femmes. Très tôt, les petites filles apprennent à broder nappes, vêtements, coussins, mouchoirs et parfois les babouches. Travaillant à domicile, les brodeuses ne sont pas regroupées en corporation, et il n’existe pas de souk consacré spécifiquement à la broderie. Cependant, certaines familles ont ouvert leur propre commerce en ville, où il est possible d’apprécier ce travail minutieux. N’hésitez pas non plus à pousser les portes des merceries dans les souks, elles sont bien fournies en tissus brodés de toutes parts. Les plus belles broderies proviennent de Fès, où elles décorent avant tout les nappes et les draps. Leur particularité ? Elles sont complètement réversibles, avec des motifs semblables à l’endroit comme à l’envers, ce qui demande un savoir-faire précis et une logique mathématique infaillible. Monochromes comme celles de Fès, les broderies de Rabat, elles aussi réputées, sont réalisées avec des motifs géométriques, qui apparaissent seulement sur le devant de l’ouvrage.