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Ville de Novo mesto © Dmitry Malov - iStockphoto.com.jpg

Une multitude de paysages hétérogènes

À l’instar du climat slovène, les régions slovènes se succèdent, s’entremêlent et se confondent.

Pour mieux saisir cette imbrication climatique, il convient de délimiter le territoire slovène en cinq types de paysages majeurs. La typologie est empruntée à la célèbre linguiste slovène Antonia Bernard dans son ouvrage La Slovénie et l’Europe : contributions à la connaissance de la Slovénie actuelle (L’Harmattan, Paris, 2005, 170 pages). On distingue entre autres :

La Slovénie alpine qui se situe au nord-ouest et au nord du pays. Elle rassemble en son sein les Alpes juliennes, les Alpes de Kamnik et le massif des Karavanke à la frontière autrichienne. On peut qualifier cet ensemble montagnard de « Préalpes orientales méridionales ». Sa dénomination remonte à l’Antiquité tardive et a été mise en évidence par l’historien romain Tacite. Il s’agit d’une zone de fort relief, faiblement peuplée, où cohabitent des pôles aménagés et des espaces vierges, typique de l’occupation humaine classique dans les Alpes occidentales.

La Slovénie méditerranéenne qui s’étend de Nova Gorica à Portoroz. La culture d’oliviers y est concentrée dans les zones basses. L’économie locale s’est toujours adaptée au rapport parfois ambivalent et concurrentiel entre les deux grands ports de la région que sont Koper et Trieste. Bien que très étroite, elle est un carrefour stratégique pour la Slovénie, en atteste le récent conflit latent avec la Croatie voisine à propos de la baie de Piran. Ses 47 km de côtes sont donc essentiels pour la vitalité économique slovène bien que le pays bénéficie de l’un des espaces littoraux les moins importants au monde au sein de la catégorie d’États bénéficiant d’un accès à la mer.

La Slovénie pannonienne qui se concentre autour du nord-est du pays, mais dont le paysage de plaine s’étend à huit pays voisins sur un territoire qui comprend l’est de l’Autriche, la Hongrie continentale, le nord de la Serbie, la Slovaquie centrale, une partie de la République tchèque, le nord-est de la Croatie et l’extrémité nord de la Roumanie. Elle propose de grands paysages de plaines – en openfield – alimentées par de nombreux cours d’eau et davantage tournées vers l’Europe centrale, la Hongrie en premier lieu.

La Slovénie dinarique qui correspond à une zone s’étendant du sud au sud-est du pays. Elle est marquée par une forte présence de massifs calcaires. Cette Slovénie karstique et forestière se distingue également sur le plan linguistique et démographique, avec une société plus métissée, aux minorités balkaniques plus importantes qu’ailleurs dans le pays, et qui pratique encore le serbo-croate fréquemment.

La Slovénie du Kernland qui est une Slovénie médiane, urbaine et centrale. Ce petit centre, dont la réalité géographique n’est pas incontestable, se révèle être le pôle d’attraction essentiel du pays sur le plan économique.

De l’artificialité de la tentative de découpage administratif

La Slovénie s’appuie sur une géographie régionale complexe et non officielle. Les régions historiques conservent une importance toute particulière en raison de l’ancienneté de leur propre passé. L’organisation des territoires semble s’articuler autour de frontières mobiles, plurielles et d’origine naturelle. Bien que l’artificialité du découpage régional ne soit plus à démontrer, il convient toutefois d’illustrer la répartition administrative de la Slovénie au regard du découpage juridique et statistique adopté en 2000, et reconduit depuis.

La plus grande région du pays, en termes de superficie, est la Jugovzhodna Slovenija, soit la zone s’étendant sur une partie du sud-est du pays, comprenant en son sein les villes de Novo Mesto, de Kocevje, de Ribnica, de Škocjan ou encore de Trebnje (2 675 km²). En termes d’habitants, c’est la région de la Slovénie centrale, l’imprononçable Osredneslovenjska, qui est en tête avec 540 000 habitants qui se répartissent pour une bonne moitié entre Ljubljana et pour l’autre moitié dans des villes périphériques plus ou moins proches comme Domžale, Vrhnika, Logatec et Kamnik.

Un réseau hydrographique abondant

La Slovénie est bordée par plusieurs rivières aux quatre coins de son territoire qui ont pour intérêt de bien irriguer les terres. Quelle est la répartition géographique de ces cours d’eau ?

La Save (990 km) est un affluent du Danube, elle est considérée historiquement comme la frontière naturelle nord des Balkans. Ses deux sources se situent dans les Alpes slovènes, respectivement à Zelenci et à Bohinj. Elle traverse ensuite la Slovénie, vient border Zagreb, atteint le nord de la Bosnie-Herzégovine avant de confluer à Belgrade. Son débit, extrêmement variable au gré des saisons, se réduit nettement en été (670 m3/s. en moyenne au mois d’août) et se décuple à la fin de l’hiver (2 300 m3/s. en mars). La Ljubljanica (41 km), célèbre affluent de la Save, a pour particularité de traverser la capitale slovène et d’emprunter un vaste réseau de grottes sur la moitié de son parcours. Sa source se situe à proximité de la ville de Vrhnika. Constamment associée à Ljubljana, cette rivière fait l’objet d’une littérature surabondante : son passé regorge d’histoires d’inondations et d’épopées commerciales tandis que son esthétisme est chanté par de grandes figures romantiques comme Ivan Cankar ou encore France Prešeren.

La Drave (750 km) est un autre grand affluent du Danube, elle prend sa source dans la petite commune italienne de San Candido avant de poursuivre son trajet dans le Tyrol oriental autrichien, d’atteindre l’est de la Slovénie, et notamment Maribor, puis de terminer son parcours à la frontière entre la Croatie et la Hongrie. Lieu de biodiversité important, elle connaît de sérieux problèmes de pollution ces dernières années en raison de la surindustrialisation de la région et de la forte exploitation hydroélectrique.

La Mur (465 km) prend sa source à la frontière italo-autrichienne, puis sillonne le quart sud de l’Autriche, traversant la belle ville de Graz, transitant par l’extrémité est de la Slovénie. Elle se jette ensuite dans la Drave. Son débit hydrologique est relativement modéré, oscillant entre 85 et 250 m3/s. en fonction des aléas météorologiques. La partie slovène du cours d’eau a été classée réserve de biosphère par l’Unesco en 2018.

La Kolpa (296 km) sert de frontière naturelle entre la Slovénie et la Croatie. Sa source se situe à une quarantaine de kilomètres de Rijeka, dans la région montagneuse de Gorski Kotar.

Une position de carrefour géostratégique déterminante

Le pays occupe une position de carrefour géostratégique au sein du Vieux Continent. En effet, il est un espace de transition entre quatre sous-ensembles européens : l’Europe de l’Ouest avec l’Italie, l’Europe du Sud avec la Croatie, l’Europe centrale avec l’Autriche et l’Europe de l’Est avec la Hongrie. Sa position centrale lui a permis de particulièrement bien s’intégrer aux grands axes européens de communication.

Sur le plan géopolitique, l’État slovène joue un rôle essentiel puisque sa frontière avec la Croatie (670 km sur 1 334 km de frontières au total) est l’une des portes d’entrée dans l’espace Schengen.

Cette localisation privilégiée, à la croisée des routes commerciales, se manifeste notamment dans la compétition acharnée au nord de l’Adriatique entre Koper, Trieste (Italie) et Rijeka (Croatie) pour décrocher le statut d’escale dans les nouvelles routes de la soie. Le port de Koper produit quelque 24 millions de tonnes, exporte 750 000 véhicules et fait transiter près d’un million de conteneurs EVP. Trieste n’est pas en reste avec une production totale supérieure (près de 63 millions de tonnes), mais des statistiques plus faibles en ce qui concerne l’exportation automobile (309 000 véhicules) et 725 000 conteneurs EVP. Les deux ports se livrent une véritable guerre des investissements, qui se traduit par une volonté de séduire le partenaire chinois pour devenir un point de passage essentiel de la nouvelle route de la soie. Koper présente quelques atouts comme sa position intéressante pour désenclaver une grande partie de l’Europe centrale, mais aussi pour faire la liaison entre l’Asie du Sud-Est et l’Europe. Toutefois, son principal retard réside dans la vétusté du réseau ferroviaire à l’inverse de l’Italie voisine.

La position de carrefour géostratégique de la Slovénie attire également les responsables de l’OTAN qui voient en Koper un avantage certain pour se rapprocher des éventuels théâtres d’opérations dans l’est de l’Europe.

Ressources naturelles et priorités agricoles

La Slovénie bénéficie d’un sous-sol relativement riche, en raison notamment de son importante variété climatique. À Kranj, les minerais de fer ont longtemps été l’un des atouts économiques de la région. À Idrija, le mercure a occupé une place essentielle. La mine de la ville reste encore aujourd’hui la deuxième plus grande au monde. Découverte à la fin du XVIe siècle, elle a été aménagée avec plus de 700 km de galeries souterraines. Le mercure extrait se présente sous une forme liquide – fait rarissime – qui a permis à la mine d’être classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 2012, une vingtaine d’années après sa fermeture définitive. Le charbon, ressource majeure des régions de Velenje et de Trbovlje, est exploité depuis le début du XIXe siècle sous la forme du lignite. Ce type de charbon a pour particularité d’être naturel et de se composer de houille et de tourbe. Il permet encore aujourd’hui d’alimenter la centrale électrique voisine. Enfin, la production de plomb et de zinc se concentre autour de la municipalité de Mežica et s’est poursuivie pendant plus de trois siècles, entre 1665 et 1994.

Sur le plan agricole, les cultures de terre sont réparties de la façon suivante : forêts et bois (54 %), pâturages permanents (24 %), terres arables (12 %), terres cultivées (3 %) et autres (7 %). Les basses terres sont privilégiées pour la culture de céréales tandis que le reste du pays privilégie davantage l’élevage, la viticulture et la sylviculture.