Un air étouffant
C’est véritablement le gros point noir de l’écologie italienne : la qualité de son air. Parmi les cinquante villes européennes à l’air le plus pollué, les villes italiennes en représentent près de la moitié. Et dans les cinq villes qui s’illustrent dans ce domaine, quatre sont italiennes : Crémone, Padoue, Venise et Vicence. Peut-être l’aurez-vous remarqué, elles sont toutes situées dans le nord du pays. C’est le résultat d’un secteur économique industriel à deux vitesses, entre le sud, plus épargné, et le nord, qui reçoit la grande majorité des industries, mais également les villes les plus densément peuplées, et donc avec le plus de voitures.
Les résultats de l’Italie en matière de qualité de l’air sont si accablants que la Cour de justice européenne est allée jusqu’à la condamner, en novembre 2020, pour non-respect des directives sur les particules fines. En cause : des dépassements presque systématiques des limites autorisées par l’UE, et le manquement de l’Italie à mettre en place des mesures pour endiguer ce problème de longue date. Lueur d’espoir pourtant : l’Italie semble, depuis peu, déterminée à enfin prendre le taureau par les cornes. Ainsi, entre 1990 et 2015, les émissions de particules fines ont baissé de plus d’un quart, et les émissions de CO2 d’un tiers. Mais des efforts restent à prévoir, puisqu’ils restent anormalement élevés, et mettent en danger la santé publique.
Quand les lois de l’UE ne passent pas
Depuis 2019, c’est décidé : l’UE bannit les plastiques à usage unique. Ciao les pailles en plastique, cotons-tiges, et autres touillettes à café ! Si la mesure fait le bonheur des écologistes, qui applaudissent la mise à mort de ces déchets qui représentent 70 % de ceux échoués dans les océans, en Italie on grince des dents… Il faut dire que la Péninsule représente à elle seule plus de 60 % de la production européenne ! On s’inquiète alors des retombées économiques et de la perte d’emplois.
S’en suit alors une dispute entre la classe politique italienne et l’Union européenne. La première juge la mesure pénalisante pour les 280 entreprises italiennes qui produisent du plastique à usage unique, et les 815 millions d’euros qu’elles représentent. D’autant que le consommateur italien a encore bien du mal à se détacher du plastique : l’Italie en est le deuxième plus gros consommateur européen, et impressionne notamment par sa consommation de bouteilles en plastique. Mais l’UE n’en démord pas, et l’Italie se voit contrainte d’adopter cette loi.
La catastrophe climatique
Avec 7 500 km de longueur, le littoral de la Péninsule est si long, que si on le dépliait, il représenterait la distance entre Paris et Mumbai. Mais voilà, s’il offre à l’Italie des plages qui lui valent une renommée mondiale, ils la menacent aussi. Elle est ainsi particulièrement vulnérable face à la montée des eaux, et devient même un cas d’école, avec Venise, sa célèbre cité historique, qui pourrait bien finir par sombrer. Si le phénomène de l’acqua alta, la marée haute qui inonde la ville chaque automne, est naturel, il est toutefois de plus en plus fréquent, et de plus en plus violent. Pour l’instant, c’est la machine MOSE, en référence à Moïse, qui devrait sauver la Sérénissime. Ce système de barrières sous-marines mobiles s’active à chaque crue, et a sauvé Venise déjà 20 fois sur l’année 2021.
Pourtant, aussi performant que soit MOSE, il ne pourra pas prendre en charge toute l’Italie, car Venise est loin d’être un cas isolé. En fait, les exemples du réchauffement climatique se multiplient en Italie, et sont loin de se cantonner à la montée des eaux : l’effondrement d’un glacier des Alpes italiennes à l’été 2022 sous des températures record, le gravissime assèchement du fleuve Pô le même été, dont pourtant 40 % de l’agriculture italienne dépend, des années de plus en plus catastrophiques pour la viticulture ou encore des orages meurtriers dans les Marches à l’automne 2022.
En fait, avec 20 000 morts depuis 1999, l’Italie est le sixième pays au monde enregistrant le plus de décès liés aux catastrophes naturelles et le premier en Europe. La catastrophe climatique ne semble pas prête à s’arrêter là, alors que, selon la WWF, les températures en Méditerranée augmentent 20 % plus rapidement que la moyenne mondiale.
L’Italie a déjà diminué d’un cinquième ses émissions de gaz à effet de serre depuis leur apogée au début des années 2000. Mais pour s’assurer que la prochaine génération soit celle qui en vienne à bout, elle est devenue en 2019 le premier pays au monde à inscrire l’étude du réchauffement climatique comme un cours obligatoire à l’école. Ainsi, les petits Italiens, du primaire au lycée, l’étudient donc désormais à raison de 33 heures par an. Grâce à ses actions, l’Italie occupe désormais la 27e position du Climate Change Performance Index 2021, classant les pays prenant le plus de mesures pour faire progresser la question du climat.
Les déchets : un problème dont on a du mal à se défaire
Nous avons tous en tête la crise des déchets, qui a frappé Naples à de multiples reprises depuis les années 1990. La grève des éboueurs de 2007, notamment, avait valu à la capitale de la Campanie de faire la une des journaux du monde entier, tant elle était ensevelie sous les sacs-poubelles. Cette médiatisation a eu l’avantage de mettre en exergue de véritables failles dans le système des déchets italien. Aujourd’hui encore, elles sont loin d’être résolues, comme on le voit avec Rome, qui fait à son tour les unes internationales, jonchée de détritus. À l’origine du problème de la capitale : la fermeture, en 2013, de ce qui était alors la plus grande décharge d’Europe, car elle était loin de respecter les normes environnementales. Seul bémol : aucune alternative n’est mise en place. Cerise sur le gâteau : l’incendie de l’une des deux seules usines de traitement de la ville, qui assurait le traitement de 900 tonnes de déchets par jour. Naples et Rome ne sont pourtant que des symptômes d’une longue crise qui frappe tout le pays, et plus particulièrement sa moitié sud.
En cause, notamment : le manque d’infrastructures. Les décharges publiques sont peu efficientes, loin d’être aux normes, et souvent sur le point de déborder, quand il ne s’agit pas carrément de décharges sauvages. Pour faire face à la crise qui s’éternise, et faute d’infrastructures adaptées, l’Italie a opté pour l’exportation de ses déchets vers d’autres contrées. Malheureusement, il s’agit là d’une solution de plus en plus difficile, car les pays à accepter de recevoir de tels fardeaux sont toujours moins nombreux, comme l’illustre la Chine, qui a mis un coup d’arrêt à l’exportation indiscriminée de déchets en 2018, au grand malheur de l’Italie.
Pour l’heure, l’Italie peine encore à trouver les solutions de cette crise qui traîne depuis plusieurs décennies. Toutefois, pour éviter de continuer à surcharger ses décharges, elle mise de plus en plus sur le recyclage, et se montre bien plus efficace en la matière ! Elle est ainsi la championne européenne du recyclage du papier et du carton. Alors que 70 % de ces emballages sont recyclés en moyenne en Europe, l’Italie hisse ce score à 90 %... et anticipe ainsi de 15 ans les objectifs fixés par l’Union européenne !
Les aires protégées italiennes
L’Italie dénombre 25 parcs naturels sur son territoire, le Sud étant un peu plus gâté que le Nord en la matière. C’est d’ailleurs dans le Sud, entre les frontières de la Basilicate et la Calabre, que se trouve le plus grand parc national : le parc national du Pollino. Au cœur de ses presque 2 000 km2 de superficie, le parc cache un trésor : le plus vieil arbre d’Europe. Ce pin de Bosnie (Pinus heldreichii), que les scientifiques ont surnommé Italus serait âgé de 1 230 ans ! L’histoire du parc est d’ailleurs intimement liée à celle de cette espèce d’arbre, puisque c’est pour en protéger les derniers spécimens d’Italie, qu’on a décidé, en 1985, de promulguer ce qui était alors un simple parc régional, en parc national.
Le parc national du Cilento, lui aussi au sud, cette fois en Campanie, est le second plus grand parc naturel italien. Il n’a pourtant rien à envier au premier, puisque lui, est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. S’il a cet honneur, c’est qu’en plus de paysages exceptionnels, il abrite un patrimoine historique très riche et des traces d’occupation humaine vieilles de 250 000 ans. L’importance du parc ne s’arrête pas là, puisqu’il accueille aussi, le long de ses trois crêtes, 10 % d’espèces végétales en danger, et notamment la Primula palinuri, une petite primevère endémique de cette minuscule zone d’une centaine de kilomètres du sud de l’Italie.
Un autre site classé lui aussi au patrimoine mondial de l’Unesco, et bien connu des randonneurs, n’est autre que les Dolomites. Le majestueux massif alpin culmine jusqu’à 3 343 m d’altitude en son point le plus haut. D’un point de vue administratif, il ne représente pas un ensemble, mais est en fait divisé en plusieurs aires protégées, parmi lesquelles le parc naturel des Dolomites frioulanes, le parc naturel Schlern-Rosengarten, le parc national des Dolomites Bellunèses, ou encore le parc naturel des Tre Cime. Ensemble, ils constituent une zone de protection remarquable, où s’épanouissent de nombreuses espèces alpines, comme le Bouquetin des Alpes, l’ours brun, le lynx, le blaireau et la marmotte.