A partir de 50 000 av. J.-C.
L'Homo sapiens neanderthalensis s'installe sur l'île d'Elbe, alors reliée au continent. Les fouilles archéologiques ont mis au jour des outils et artefacts (conservés au musée archéologique de Marciana) attestant la présence humaine dès l'âge de pierre.
A partir de 3 000 av. J.-C.
L'âge des métaux commence, on découvre des armes fabriquées en cuivre. Les paysans et bergers vivent dans les premières communautés villageoises et défendent ensemble leur bien contre les pilleurs. L'âge du bronze entraîna un développement considérable de la civilisation, accompagné de vagues migratoires : aux Ligures s'ajoutèrent des peuples étrusques.
1 400-1 200 av. J.-C.
Sur le mont Capanne existaient de nombreux villages habités par des populations se consacrant à l'élevage et au tissage.
Autour de 1 000 av. J.-C.
Les Phéniciens et les Grecs, grands navigateurs, accostent sur l'île d'Elbe pour chercher des pierres destinées à la décoration des maisons, aux bijoux et à d'autres ornements. Un morceau de minerai de l'Elbe fut d'ailleurs découvert à Ischia, ancienne colonie grecque.
De 700 à 400 av. J.-C.
Durant l'âge du fer, l'île connut un développement extraordinaire du fait de sa richesse en minerai. Les Étrusques prennent possession de l'île d'Elbe, alors nommée Aithaleia, à la recherche de matière première pour leur production d'armes. Ils y exploitent les gisements de minerai, en quantité abondante, et se développe alors une véritable « Étrurie du fer » sur l'île.
A partir du VIIIe siècle
Les Etrusques
Aux yeux des Étrusques, l'Elbe représentait une inépuisable source de richesses. A partir du VIIIe siècle av. J.-C., ils exploitent les ressources minières de l'île et exportent le fer à travers tout le bassin méditerranéen, participant ainsi à la grande prospérité de cette brillante civilisation.
Jour et nuit, le feu des fourneaux de zinc et de fer flambent sur Aithaleia, « l'île étincelle » ou « l'île noire de suie ». Ce monopole du fer apporte une immense richesse aux Étrusques, mais aussi la paix militaire. Pour ne pas figurer sur leur « liste noire » du commerce des armes et des outils, aucun peuple n'ose les affronter.
La civilisation étrusque organisa le territoire de l'île en une série de villages fortifiés (oppida en latin), dédiés au contrôle du commerce maritime et terrestre du fer, extrait sur le versant oriental de l'Elbe.
De 400 av. J.-C. à 476 ap. J.-C.
Succède l'Empire romain qui continue l'extraction du minerai et y ajoute celle des blocs de granit à l'ouest. L'île est rebaptisée Liva à cause de son paysage lunaire.
A partir de 250 av. J.-C
Les Romains
Sous la domination romaine, l'île devient « Iiva... inexhaustis Chalybum generosa metallis », comme l'écrit Virgile dans l'Enéide. Les nuages de fumée des fourneaux continuent de noircir le ciel, mais l'approvisionnement en combustible est de plus en plus compliqué à cause du déboisement des forêts. Les Étrusques ont en effet laissé des collines sans arbres.
Se développe alors le travail du granit à l'ouest de l'île, où des blocs sont décrochés des montagnes et roulés sur des troncs d'arbres jusqu'au port. Le granit elbois devient prisé et décore des lieux prestigieux comme les colonnes du Panthéon à Rome ou le baptistère de Pise.
Les Romains sont les premiers à véritablement profiter de l'Elbe comme l'attestent les thermes retrouvés sur les côtes, ainsi que les luxueuses villas : la Villa della Linguella, la Villa delle Grotte (Portoferraio), la Villa di Capo Castello (Cavo)…
Autres témoignages du monde romain sur l'île, les épaves de naves onerariae datant de l'époque républicaine (IIe-Ier siècles av. J.-C.) et impériale (Ier-IIIe siècles ap. J.-C.), retrouvées à Sant'Andrea, Chiessi et Procchio.
476
Après la chute de l'Empire romain d'Occident commence une longue et sombre période avec peu d'informations historiques sur l'île d'Elbe.
A cette époque remonte la colonisation de l'archipel toscan par les premiers ermites chrétiens : Mamiliano, évêque de Palerme, se réfugie sur l'île de Montecristo vers 460, tandis que Cerbone, évêque de Populonia, cherche l'asile dans la vallée entre Marciana et Poggio, dans la Grotta del Santo.
Vers 500
Invasion des Germains fuyant les Huns. L'Elbe est incluse au royaume des Ostrogoths.
Entre 568 et 575
Invasion des Lombards.
774
Charlemagne, après avoir vaincu le dernier roi des Lombards, Desiderius, met fin au royaume. Les Francs firent don de l'île au pape Léon III.
De 800 à 887
Survient un grand désordre suite à la dislocation de l'Empire carolingien et aux invasions successives des pirates sarrasins. En 874 cependant, les Pisans dominent les flottes musulmanes ; c’est ainsi que cette République de Pise naissante obtient de la papauté le protectorat sur la mer Tyrrhénienne septentrionale.
A partir du Xe siècle
L'île d'Elbe est offerte aux Pisans par le pape Benoît VIII pour les remercier d'avoir combattu et vaincu les pirates.
XIe-XIIIe siècles
Une bataille navale d'importance eut lieu en 1003 entre les Pisans et le commandant Mujahid qui s'acheva par une victoire écrasante de Pise. Mais quelques années plus tard, en 1016, le même Mujahid envahit l'île, tuant et déportant une grande partie de la population.
L'île est dévastée et dépeuplée suite à ces invasions acharnées. Les survivants vivent cachés et n'ont pas confiance en la paix qui dura pourtant trois siècles sous la souveraineté de Pise.
A partir du XIe siècle
Les Pisans
De plus en plus puissante, Pise détient la souveraineté absolue sur l'archipel toscan à partir du XIe siècle. La Corse et la Sardaigne seront subséquemment sous domination pisane quelques années plus tard (1034).
L'Elbe devient une capitainerie, et est divisée en quatre paroisses. Nombre d'édifices religieux, construits dans les zones rurales et censés garantir la sécurité de la population, datent de cette période, comme San Lorenzo, San Giovanni Battista et l'église de Santa Maria del Monte. Malgré tout, les Elbois avaient si peur des invasions sarrasines qu'ils vivaient cachés dans les hauteurs ; d'où la construction de plusieurs forteresses pisanes en altitude.
En 1284, au large de Livourne, éclate la bataille de la Meloria qui vit s'imposer les Génois contre les Pisans ; la Corse et l'Elbe furent alors rattachées à Gênes. Mais, en 1299, Pise obtient de nouveau la possession de l’île à travers un compromis mercantile conclu avec les Génois. Durant le XIVe siècle, l’Elbe continue d'être gérée par le gouvernement pisan. L’exploitation des mines de fer et des carrières de granit continue également. D'ailleurs, à Pise, la plupart des colonnes des célèbres monuments de la Piazza dei Miracoli furent sculptées à San Piero in Campo, sur les pentes du mont Capanne.
1339
La guerre entre guelfes et gibelins fait rage en Toscane ; la dynastie des Appiano (seigneurs de Piombino, Pianosa et Montecristo) prend le contrôle de l'île, toujours sous la menace de la piraterie (en particulier celle du pirate turc Barberousse).
1347
La population elboise n'échappe pas à la pandémie de peste bubonique, transmise par les puces, qui, entre 1347 et 1352, a infecté l'ensemble de l'Europe. Cette catastrophe a considérablement réduit le nombre d'insulaires, comme l'attestent plusieurs documents pisans.
La famille Appiano
En 1392, le chancelier de la République de Pise, Jacopo Appiano, fait assassiner Pietro Gambacorti, seigneur de Pise. Le fils de Jacopo, Gherardo Appiano, cède la ville en 1399 à Gian Galeazzo Visconti, seigneur de Milan. Ce dernier revend Pise à la République de Florence en 1405 au prix considérable de 200 000 florins. L'Elbe reste aux mains des Appiano qui choisirent Marciana comme lieu de représentation de leurs intérêts politiques et commerciaux, en vertu du large panorama sur la mer et le canal de Piombino.
En 1509, la famille Appiano évolue de seigneurie à principauté ; ses territoires deviennent un fief impérial sous la protection de l'empereur Maximilien Ier de Habsbourg. S'ensuit alors une période marquée par les raids turcs : en 1534 notamment, Khayr ad-Din, plus connu sous le nom de Barberousse, envahit l'île d'Elbe, détruisant le centre minier de Gràssera.
A partir de 1535
Charles Quint, puissant prince chrétien, commence à combattre les pirates. Il attaque Tunis, le principal port des Sarrasins, et libère 22 000 esclaves chrétiens. Beaucoup d'Elbois doivent leur survie à l'empereur Habsbourg. Mais cette guerre est coûteuse et nécessite un emprunt auprès de Cosme Ier de Médicis : l'île d'Elbe est donnée en échange en 1548.
1548
Maître d'ouvrage passionné, Cosme Ier de Médicis fortifie l'île pour endiguer le phénomène de la piraterie. Feraja est rebaptisée Cosmopoli et se transforme en bastion imprenable. Ce port stratégique devient la plus importante base navale de Méditerranée. Les travaux de fortifications ont commencé en mai 1548 sous la direction de l'architecte Bellucci, et font de Portoferraio la seule ville de l'île à pouvoir résister au terrible pirate turc connu sous le nom de Dragut, qui saccagea l'Elbe en 1553 et 1555.
1557
Le peuple elbois est alors soumis à trois maîtres : les Appiano, qui obtiennent de nouveau la possession de l'île ; les Médicis, qui restent au pouvoir à Cosmopoli (Portoferraio) ; et les Habsbourg d'Espagne, qui occupent Porto Longone (Porto Azzurro).
1646
Après la déclaration de guerre de la France à l'Espagne (guerre de Trente Ans), les Français, en recherche de bases stratégiques en mer Tyrrhénienne, donnent l'assaut à Porto Azzurro.
1678
Charles II, dernier roi d'Espagne de la dynastie des Habsbourg, construit une fortification à Porto Azzurro : Forte Focardo.
De 1701 à 1713
Des régiments autrichiens et espagnols occupent l'île. Au début du XVIIIe siècle, l'île d'Elbe reste toutefois encore divisée entre la domination du Grand-Duché de Toscane et la principauté de Piombino.
1736
L'Elbe est placée sous le contrôle du royaume de Naples.
15 mai 1768
Sous le règne de Louis XV, la Corse devient française, ce qui déplaît fortement aux Anglais qui occupent maintes fois l'île d'Elbe. A la fin du XVIIIe siècle, les hostilités entre la France et l'Angleterre se cristallisent autour de l'Elbe.
25 mars 1802
Le traité de paix signé à Amiens entre l'Angleterre, la Hollande, l'Espagne et la France met un point final au bras de fer en mer Tyrrhénienne. L' « île de fer », fragmentée entre plusieurs pouvoirs depuis plus de 250 ans, arrive finalement dans les mains de la France.
1805
Napoléon Bonaparte, proclamé consul à vie et empereur héréditaire des Français, offre à sa grande sœur la principauté de Piombino. Élisa, désormais maîtresse de l'île d'Elbe, relance l'activité d'extraction du minerai de fer, nécessaire aux armes de guerre pour son frère.
3 avril 1814
Suite à l'échec de la campagne de Russie, Bonaparte, contraint d'abdiquer, est déchu par le Sénat.
11 avril 1814
Par le traité de Fontainebleau, l'ex-empereur Napoléon obtient la propriété de l'île d'Elbe érigée en principauté, en échange de son abdication. On lui accorde une petite armée parmi sa Vieille Garde.
Du 4 mai 1814 au 26 février 1815
300 jours d'exil durant lesquels Napoléon régna sur l'île d'Elbe (voir le dossier Napoléon et l’île d’Elbe).
Napoléon Bonaparte, Empereur de l’île d’Elbe
Il faut savoir que c'est Napoléon qui choisit l'Elbe car l'île est un territoire français, plusieurs de ses soldats y vivent et sa sœur, Élisa, est en Toscane. Durant 300 jours, le souverain régna minutieusement sur son royaume de quelques kilomètres carrés. Mais il ne songeait qu'à reprendre le pouvoir à Paris, au courant de l'impopularité de Louis XVIII, de l'instabilité entre les puissances européennes, des menaces pesant sur les acquis de la Révolution et de l'infidélité de Marie-Louise d'Autriche, son épouse. Le 26 février 1815, renseigné par des espions et profitant de l'absence du représentant anglais à Portoferraio, Bonaparte s'évade de l'île d'Elbe à bord de L'Inconstant et débarque à Golfe-Juan, près d'Antibes. Son retour au pouvoir durera 100 jours jusqu'à Waterloo.
9 juin 1815
Le congrès de Vienne rétablit la possession de la Toscane et de l'Elbe à la maison des Habsbourg.
1860
L'île est annexée au royaume d'Italie, dirigé par Victor-Emmanuel II. De longues années de pauvreté et d'émigration s'ensuivirent, jusqu'à la construction de hauts-fourneaux à Portoferraio qui donna enfin à l'île un nouvel essor économique. La production annuelle de fer avoisine les 850 000 tonnes dans les années 1910.
1914-1918
Pendant la Première Guerre mondiale, l'Elbe subit une seule attaque, le 23 mai 1916, d'un sous-marin autrichien qui bombarde Portoferraio. Mais des centaines de jeunes Elbois sont recrutés sur les champs de bataille et, sur l'île, le travail forcé dans les mines pour fabriquer fonte et acier, nécessaires au matériel de guerre, fait beaucoup de dégâts.
1943
Après le débarquement des Alliés et l'effondrement fasciste en Italie, les Allemands bombardent et occupent l'île.
Les installations industrielles furent réduites à néant durant la Seconde Guerre mondiale lors de l'opération Brassard, menée par les Alliés du 17 au 19 juin 1944. En effet, l'île d'Elbe représentait un poste avancé pour les troupes allemandes et fut défendue « jusqu'au dernier homme et à la dernière cartouche », a écrit le commandant allemand Feldmarschall Kesselring.
1950
Création de la Cassa per il Mezzogiorno pour le financement de travaux publics et d'infrastructures dans le sud de l'Italie, dont bénéficie l'île d'Elbe. Ce fonds de développement économique permet la construction et la modernisation d'installations touristiques. Dans les années 1950, les premiers touristes découvrent l'île. C'est le début d'une période de paix qui, en quelques décennies, a transformé le visage de l'île qui nous est offert aujourd'hui.
Années 1960-1970
Les effets des subventions sont significatifs, l'Elbe réussit avec succès sa reconversion d'industrie lourde à industrie du tourisme.
Années 1990
L'île traverse sans encombre la crise du tourisme en Italie, et s'oriente de plus en plus vers la protection environnementale.
1996
Le Parc national de l'archipel toscan (Parco Nazionale Arcipelago Toscano) est créé, il constitue le plus grand parc marin d'Europe (18 000 hectares terrestres et 56 766 hectares de mer).
2002
Graves inondations causées par des tempêtes, les dégâts se chiffrent à plusieurs millions.
22 avril 2013
Un référendum sur l'unification de l'île d'Elbe en une seule commune est soumis aux Elbois. 75 % des insulaires ont voté contre.
2014
Bicentenaire de l'arrivée de Napoléon sur l'Elbe. Tout l'été, l'île a vécu au rythme des commémorations et défilés en costumes d'époque. 200 ans après, les Elbois sont toujours très attachés à ce souvenir.
Eté 2017
Une importante sécheresse a infligé de sérieux dégâts à l'agriculture et un nombre record de feux de forêt.
2019
Cinquième centenaire de la naissance de Cosme Ier de Médicis, premier grand-duc de Toscane.
2020
Alors que la Covid-19 a laissé des plaies profondes en Italie - le pays le plus durement touché de l'Union européenne début 2020 -, l’épidémie n'a contaminé que peu de personnes sur l’île d’Elbe. Face à ce bilan « exemplaire », l’île, qui vit essentiellement du tourisme, s'est targuée d'être « la destination idéale pour l’été 2020 ».
5 mai 2021
Célébrations, expositions et nombreux événements organisés sur toute l'île et durant tout l'été, à l'occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte.
Juin-octobre 2021
La première exposition du projet « Uffizzi diffusi », consacrée à Napoléon, eut lieu sur l'île d'Elbe. Une sélection d'œuvres provenant de la Galerie des Offices de Florence a été exposée à la Pinacothèque Foresiana de Portoferraio.
25 septembre 2022
Après la démission de Mario Draghi, des élections législatives anticipées sont marquées par la victoire de Giorgia Meloni, et de son parti d'extrême droite, Fratelli d'Italia. La Toscane, traditionnel bastion de gauche, a majoritairement voté pour le Parti Démocrate (PD) de l’ancien Premier ministre Enrico Letta.
Octobre 2022
L'édition 2022 de IgersItalia s'est tenue sur l'île d'Elbe. Plus de 80 photographes, vidéastes, blogueurs et créateurs de contenus de toute l'Italie, professionnels ou amateurs, se sont réunis pour promouvoir les beautés de l’île. IgersItalia, un hashtag très populaire sur Instagram, est aujourd'hui aussi devenu un événement numérique important en Italie dans le cadre de la promotion territoriale, touristique et culturelle.