Découvrez Chypre : Nature (Biodiversité / Faune & flore)

Chypre est souvent perçue comme une destination uniquement « farniente » et/ou culturelle. C’est dommage, car le pays possède une faune et une flore surprenantes. Ici se rencontrent des espèces européennes, asiatiques et africaines qui ne cohabitent presque nulle part ailleurs sur la planète. Sans même parler des espèces endémiques comme le cèdre ou la tulipe de Chypre. Encore marginaux, certains connaisseurs s’offrent des safaris-photo à la poursuite de rares orchidées, du mouflon de Chypre, de dauphins, de grands vautours et de papillons multicolores. Et si l’on frissonne à l’idée de croiser une murène ou la vipère du Levant, ce n’est pas d’eux dont il faut avoir peur ici. Dans ce pays, votre pire ennemi sera le Culex pipiens. Ce petit moustique, le même qu’en France, vous empêchera peut-être de dormir. Mais, surtout, il est devenu le plus mortel des animaux de Méditerranée, en transmettant à l’Homme le redoutable virus du Nil occidental.

La flore

Malgré son aspect aride au premier abord, l’île est verdoyante à partir d’avril, éclatante de couleurs avec une prédominance de rose due aux cyclamens, lauriers-roses, cistes velus et orchis d’Italie présents à travers tout le territoire. Mais ce qui intéressera surtout les botanistes en herbe ou confirmés, c’est qu’ici on trouve aussi bien des plantes d’Europe, d’Asie que d’Afrique. En tout, près de 1 900 espèces végétales qui constituent un écosystème sans pareil. Pas mal pour un petit pays. En revanche les espèces endémiques (originaires de l’île) sont relativement peu nombreuses, puisqu’elles ne sont que 140, ce qui représente un taux d’endémisme de 7 %, c’est-à-dire moins qu’en Corse (11 %).

Forêts. Elles couvrent environ 41 % de la superficie de l’île, principalement sur les massifs du Troodos et du Pendatactylos, avec les deux tiers aux mains de propriétaires privés. Également deux tiers des forêts sont des futaies, c’est-à-dire composées de grands arbres, le reste étant surtout constitué de maquis. Pour faire face au risque d’incendie, vous constaterez que la végétation est souvent striée de grandes tranchées servant de pare-feu. Parfois, cela ne suffit pas, et 1 500 ha de la forêt du Troodos sont partis en fumée lors d’un des plus graves incendies de ces dernières années en juin 2016.

Grands arbres. Les conifères dominent avec le pin de Calabre (Pinus brutia), le pin noir (Pinus nigra), le cyprès (Cupressus sempervirens) et le magnifique cèdre de Chypre (Cedrus brevifolia). Ce dernier est considéré comme endémique, mais c’est une sous-espèce du cèdre du Liban (Cedrus libani). Il est présent à travers le massif du Troodos, en particulier, dans la forêt de Paphos avec la célèbre vallée des Cèdres où se concentrent environ un millier de cèdres de Chypre, ainsi que des pins de Calabre et des pins noirs. Du côté des feuillus, on trouve surtout quatre espèces : le platane d’Orient (Platanus orientalis), l’aulne oriental (Alnus orientalis), le chêne d’Alep (Quercus infectoria) et le chêne doré de Chypre (Quercus Alnifolia), espèce endémique de la famille des chênes méditerranéens. Parfaitement adapté à son milieu, ce chêne peut pousser lentement sur des terrains arides et doit son nom à ses feuilles dorées sur la face intérieure. On le trouve principalement dans le Troodos, entre 400 et 1 800 m d’altitude.

Arbres et arbustes du maquis. Voici les six espèces que vous allez le plus fréquemment rencontrer à Chypre. Ils composent l’essentiel du maquis, formation caractéristique de la végétation de la Méditerranée orientale. Il y a tout d’abord le caroubier (Ceratonia siliqua). Issu de l’ère tertiaire et dernier représentant du genre Ceratonia, cet arbre est surnommé « l’or noir de Chypre », car sa gousse, la caroube, fournissait jusque dans les années 1960 des revenus importants aux paysans. Elle est toujours utilisée dans les domaines de la confiserie et de la pharmacologie. L’olivier (Olea europaea) est quant à lui « l’arbre de vie » méditerranéen par excellence. Mais il occupe une place relativement peu importante dans l’économie chypriote avec moins d’un million d’arbres et une production d’huile d’environ 6 000 tonnes/an, comparable à celle de la France. Le lentisque (Pistacia lentiscus), aussi appelé arbre au mastic ou pistachier lentisque, ne fait pour sa part l’objet d’aucune exploitation commerciale. Cet arbuste ne possède pas les propriétés singulières du lentisque de Chios (Grèce), mais ses fruits servent ici à la confection de saucisses et ses feuilles sont utilisées pour fumer certaines viandes. Vient ensuite le genévrier. Il est ici représenté par quatre sous-espèces : le genévrier de Phénicie (Juniperus phoenicea) se trouve aussi bien près des côtes qu’en altitude et forme des petites forêts dans la péninsule de l’Akamas ; le genévrier grec (Juniperus excelsa), le genévrier dit antique ou puant (Juniperus foetidissima) et le cade (Juniperus oxycedrus) qui poussent quant à eux dans le Troodos, au-delà de 1 200 m d’altitude. Autre espèce phare du maquis : le ciste. On le rencontre surtout dans l’ouest de l’île jusqu’à 650 m d’altitude. On distingue le ciste à gomme ou lédon (Cistus ladanifer) et le ciste de Chypre (Cistus cyprius), qui donnent de belles fleurs blanches. Existent aussi le ciste de Crète (Cistus creticus) et le ciste velu (Cistus villosus) aux fleurs roses. Le ciste à gomme et le ciste de Crète sont exploités pour leur résine à l’odeur agréable, le labdanum, employée en parfumerie. Enfin, l’arbousier est un arbre typique des hauts maquis, identifiable à son beau tronc orangé jusqu’à 1 300 m d’altitude. Il en existe deux types à Chypre : l’arbousier commun (Arbutus unedo) apprécié pour ses baies globuleuses qui lui valent le surnom « d’arbre à fraises », qui a presque disparu de l’île et ne subsiste que dans l’Akamas ; l’arbousier de Chypre (Arbutus andrachne), qui n’est pas endémique contrairement à ce que son nom laisse penser, se retrouve dans presque toute l’île avec également des baies comestibles, mais moins agréables au goût. 

Fleurs. Parmi les centaines de fleurs de l’île, citons deux espèces endémiques. Tout d’abord, la tulipe de Chypre (Tulipa cypria), rare et menacée, qui pousse uniquement dans des maquis près du genévrier de Phénicie, et qui n’est présente que dans trois zones : la presqu’île de l’Akamas, près du village maronite de Kurmajit/Kormakitis, et par endroits dans les monts Pentadactylos. Ses 6 pétales sont d’un rouge sang profond, tachés de noir et bordés de jaune. Ensuite, l’orchidée d’Aphrodite (Serapias aphroditae), identifiable à sa tige rougeâtre : c’est l’une des 50 orchidées sauvages de Chypre, dont une dizaine sont endémiques. Sa découverte est assez récente, puisqu’elle a été identifiée par le naturaliste belge Pierre Delforge en 1990. Classée vulnérable, elle ne semble exister que dans les collines de l’Akamas. D’autres se nichent dans les monts Pentadactylos, comme l’étonnante orchidée abeille (Ophrys kotschyi) qui a pris la forme d’une abeille pour être mieux pollinisée. Enfin, notez que c’est autour du village de Kritou Terra (30 km au nord de Paphos) que se trouvent les plus fortes concentrations d’orchidées sauvages de l’île.

Les mammifères

On ne recense que 33 espèces de mammifères terrestres et sauvages à Chypre, 34 si l’on compte l’homme. L’impact du développement humain dans un espace aussi confiné que Chypre a causé la disparition de nombreuses espèces comme le loup gris et la belette au XXe siècle ou le daim de Perse au XVIe siècle. À l’arrivée d’Homo sapiens, il y a 10 000 ans environ, l’île comptait encore des espèces étonnantes comme l’éléphant nain de Chypre (Elephas cypriotes) et l’hippopotame nain (Hippopotamus minor) qui s’étaient adaptés au milieu en réduisant considérablement leur taille. Mais la cohabitation avec les humains leur a été fatale. Par la suite, la présence de leurs squelettes, ici et en Crète, aurait donné naissance à des légendes, comme celle des Cyclopes de la mythologie grecque. Mais l’intervention de l’homme a aussi provoqué la création de nouvelles espèces au Néolithique, puisqu’on estime que Chypre est l'un des foyers de la domestication du loup et du chat sauvage, devenus nos gentils toutous et minous.

Mouflon de Chypre (Ovis orientalis ophion). Animal symbole de l’île, il appelle l’admiration pour ses talents de grimpeur. Mais il suscite aussi le débat. Déjà, les spécialistes se querellent pour savoir s’il s’agit d’une espèce endémique ou d’une sous-espèce du « mouflon de Méditerranée », tant il est proche du mouflon de Corse (Ovis orientalis musimon) avec le même poids (35 kg) et les mêmes cornes pour les mâles. Impressionnantes, ces dernières s’enroulent en spirale vers l’arrière, atteignant 60 cm de longueur. Autre objet de tension, plus récent : le mouflon provoque la colère des agriculteurs en s’en prenant aux vignes et aux arbres fruitiers. Les compensations qui étaient autrefois allouées par l’État chypriote ne sont plus autorisées par l’UE. On craint donc que les habitants ne se remettent à le chasser, comme au début du XXe siècle, où il avait presque disparu avec seulement 15 individus en 1930. Protégé depuis 1939, il a prospéré avec environ 3 000 individus actuellement. Mais alors qu’il était présent dans toute l’île auparavant, il ne vit désormais que dans la forêt de Paphos. 

Âne sauvage de Chypre. Depuis peu, il détrône presque le mouflon de Chypre comme emblème de l’île. Pourtant, malgré son nom, ce n’est pas une espèce endémique et il n’est même pas considéré comme un animal sauvage, mais domestique. En fait, il s’agit de deux races importées qui cohabitent et se sont adaptées de manière ultra-rapide à leur milieu : d’une part, l’âne commun (Equus asinus) reconnaissable à son ventre couleur claire ; d’autre part, l’âne sauvage d’Afrique (Equus africanus asinus), plus petit et gris, qui est une sous-espèce de l’âne commun. Utilisés comme animaux de bât, les ânes furent soudain abandonnés par les fermiers lors de l’invasion turque de 1974. Confrontés à des conditions de vie très dures, ils faillirent disparaître. Ils bénéficient depuis 2008 d’une protection de la part des autorités des parties Sud et Nord, avec notamment la création d’une réserve naturelle dans la péninsule de Karpas. L’âne sauvage de Chypre a ainsi connu une spectaculaire renaissance avec désormais plus de 2 700 individus, dont 20 % encore identifiés comme des ânes sauvages d’Afrique.

Chauve-souris. On recense 19 espèces, faisant de la chauve-souris le mammifère terrestre le plus représenté à Chypre. À l’exception de la roussette d’Égypte (Rousettus aegyptiacus) qui est frugivore, toutes se nourrissent d’insectes.

Renard roux (Vulpes vulpes). Importé de France par les Lusignan au Moyen Âge, c’est le seul véritable animal prédateur de Chypre, et à ce titre primordial pour l’équilibre de l’écosystème. Massacré pendant des siècles par l’homme, il ne compterait plus que quelques centaines d’individus, principalement dans le no man’s land de la « ligne verte » où il se nourrit notamment de souris.

Souris de Chypre (Mus cypriacus). Parmi les 6 espèces de souris et petits rongeurs de Chypre, c’est la seule qui soit endémique. Vivant dans les champs plutôt qu’à la ville, elle est une cousine de la souris de Macédoine (Mus macedonicus), et se serait trouvée isolée sur l’île il y a 6 millions d’années, développant des oreilles et des yeux plus grands. C’est l’une des très rares espèces endémiques de Chypre à avoir survécu à la présence de l’homme.

Autres mammifères. L’île abrite deux espèces de lièvres, le lièvre du Cap (Lepus capensis), venu d’Afrique, et le lièvre d’Europe (Lepus europaeus). On trouve aussi le hérisson oreillard (Hemiechinus auritus) originaire d’Asie, et le sanglier d’Eurasie (Sus scrofa), identique à celui qu’on trouve en France.

Les animaux marins

Les eaux de la Méditerranée orientale sont plus chaudes et plus salées, avec une flore plus riche qui a permis le développement (et la préservation) d’espèces rares ou inconnues dans le sud de la France. Différentes agences et associations proposent ainsi des plongées au milieu des poissons colorés et des observations de tortues de mer, dauphins et baleines. Mais le développement du tourisme et le réchauffement climatique modifient peu à peu le milieu, avec la quasi-disparition du phoque moine et l’apparition récente de la dangereuse rascasse volante.

Tortues de mer. Deux des cinq espèces de tortues de mer de Méditerranée ont fait de Chypre leur base principale pour pondre leurs œufs. Il s’agit de la caouanne (Caretta caretta), la plus courante avec 2 000 individus en Méditerranée et classée « vulnérable », dont 30 % des nids sont situés sur les plages de l’île, et de la tortue verte (Chelonia mydas), plus rare avec 500 individus et classée « en danger », dont 20 % des nids se trouvent à Chypre. Ces grosses tortues, dont la carapace peut dépasser 1 m de longueur, nidifient à la même période (mai-août) pour une durée d’incubation similaire (éclosions entre juillet et octobre) et partagent à peu près les mêmes plages, toutes situées sur la côte nord, entre la presqu’île de l’Akamas et la péninsule de Karpas avec la célèbre Turtle Beach (Alagadi), près de Kyrenia/Girne, comme lieu de ponte principal. Comme ces deux espèces sont dorénavant bien protégées, leurs plages sont d’un accès restreint aux hommes pendant toute la saison estivale.

Dauphins et baleines. Dans les parties Nord et Sud, plusieurs bateaux proposent des excursions pour aller observer ou nager avec les six espèces de dauphins vivant au large de l’île, notamment le dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba) et le dauphin à bec étroit (Steno bredanensis). On peut aussi apercevoir trois sortes de baleines : la petite baleine de Cuvier (Ziphius cavirostris), aux allures de gros dauphin, et deux espèces atteignant 20 m de longueur, le rorqual commun (Balaenoptera physalus) et le grand cachalot (Physeter macrocephalus).

Phoque. Du fait du développement du tourisme, le phoque moine de Méditerranée (Monachus monachus) a quasiment disparu de Chypre ces dernières années. Moins de dix spécimens avaient été comptabilisés en 2006, et un seul a été aperçu en 2019 au large de Protaras, près d’une formation rocheuse justement appelée arche Monachus monachus.

Poissons. Il existe environ 250 espèces de poissons dans les eaux chypriotes comme l’anguille (Anguilla anguilla), le congre (Conger conger) ou la daurade coryphène (Copyphaena hippurus). Dans les restaurants, on retrouve surtout le thon rouge (Thunnus thunnus), le bar (Dicentrarchus labrax) et la daurade royale (Sparus aurata). Ces trois-là représentent aussi 80 % de la production des fermes aquacoles, secteur en pleine expansion depuis les années 2000. Plus rares au menu et plus chers, mais aussi plus typiques de l’île : le mulet (Mugil cephalus) et le scare de Crète (Scarus cretensis), à la chair particulièrement savoureuse.

Espèces dangereuses. Les requins sont rares et la dernière attaque mortelle remonte à 1901. En revanche, les pêcheurs locaux savent qu’il faut se méfier de l’espadon (Xiphias gladius) avec son rostre de 60 à 70 cm de longueur et de la murène (Muraena helena) aux dents tranchantes comme des rasoirs. Mais les poissons les plus dangereux des eaux chypriotes sont ceux aux épines venimeuses, comme la vive-araignée (Trachinus araneus) ou la rascasse rouge de Méditerranée (Scorpaena scrofa). Et, surtout, celle qui inquiète le plus les autorités locales, c’est la rascasse volante (Pterois volitans), originaire de l’océan Pacifique et apparue au large de l’île en 2012. Ses épines très venimeuses peuvent causer la paralysie ou la mort chez l’homme. Les plongeurs doivent s’attendre à la croiser entre 5 et 55 m de profondeur. Aussi appelée poisson-lion ou diable rouge (red lionfish en anglais), elle a déjà entraîné des dégâts considérables parmi la faune maritime locale. Elle fait l’objet d’une lutte intensive et l’UE considère Chypre comme la « première ligne de défense » pour empêcher la rascasse volante d’envahir le reste des eaux européennes.

Les reptiles, les insectes et les arachnides

Serpents, araignées et scorpions sont partout sur l’île et certains sont potentiellement mortels pour l’homme. Mais la vraie petite bébête dont il faut se méfier, c’est le moustique, principal vecteur du virus du Nil oriental. Heureusement, on peut contempler sans crainte de splendides papillons.

Arachnides. Cette famille comprend à la fois les araignées et les scorpions, dont certaines espèces sont ici dangereuses. Parmi les araignées, plusieurs sont venimeuses, mais aucune n’est mortelle. On note plusieurs espèces endémiques comme la tarentule de Chypre (Chaetopelma karlamani) identifiée seulement en 1997 et appelée aussi « araignée loup ». Velue et de couleur brunâtre, on ne la rencontre que dans la partie Nord, dans les terrains rocheux à l’est de Kyrenia et dans la péninsule de Karpas. L’effet de son venin est comparable à celui d’une abeille, et si elle est considérée comme « agressive », elle préfère généralement fuir l’homme. Il faut surtout se méfier du stéatode toxique (Steatoda paykulliana), localement appelé « veuve noire » ou « veuve de Chypre », mais qui existe du Moyen-Orient à la Corse. Reconnaissable à son abdomen bulbeux, noir, brillant et taché de rouge, il vit aussi bien en zone aride que près de sources d’eau. La femelle est extrêmement toxique, puisque son venin peut tuer un rat. En cas de morsure, vous devez très rapidement prendre un traitement, pour éviter des complications (vomissements, crampes et gonflements qui peuvent durer 5 jours). Enfin, mentionnons l’araignée sauteuse de Chypre (Aelurillus cypriotus). Velue, beige et presque mignonne avec ses grands yeux, elle saute, fréquente les oliveraies et les vieilles maisons et sa morsure entraîne un impressionnant gonflement. Du côté des scorpions, les amateurs – ça existe ! – noteront que deux des quatre espèces présentes sont endémiques et ont été découvertes très récemment. Le nom vernaculaire de « scorpion de Chypre » est ainsi donné aussi bien au Buthus kunti, identifié en 2011, qu’au Mesobuthus cyprius, signalé en 2000. Ils côtoient le scorpion méditerranéen (Mesobuthus gibbosus) et le scorpion languedocien (Buthus occitanus). Tous sont venimeux, mais aucun n’est dangereux pour un homme en bonne santé (méfiance en revanche pour les enfants et les personnes faibles). Et les quatre espèces sont d’apparence semblable (couleur jaune ou sable, longueur de 7 cm) et présentes partout, avec de plus fortes concentrations dans la région de Paphos, autour du mont Olympe et dans les monts Pentadactylos.

Insectes. Scarabées aux reflets multicolores, splendides papillons, tapageuses cigales, abeilles mieux préservées qu’en Europe occidentale… Mais parmi les 3 000 sortes d’insectes de Chypre, ce sont les moustiques qui font parler d’eux. En effet, de tous les animaux, le moustique commun (Culex pipiens) est de loin l’espèce la plus dangereuse, puisqu’elle est le principal vecteur du virus du Nil occidental, à qui l’on attribue le décès d’au moins deux personnes dans le pays en 2019. La propagation du virus est sans précédent et concerne désormais (en été) l’ensemble du territoire. Comme il n’existe pas de traitement, il convient de prendre des précautions : vêtements longs et de couleur claire en soirée, produit insecticide, moustiquaire aux fenêtres. Dans un autre registre, plus léger, Chypre fait le bonheur des lépidoptéristes : les spécialistes des papillons recensent ici en effet 52 espèces de papillons diurnes, dont neuf sont endémiques. Parmi ces dernières, la femelle du myrtil de Chypre (Maniola cypricola) se distingue par une tache orange entourant un ocelle noir sur chaque aile. Et, dans les maquis de l’ouest et du sud de l’île, le papillon bleu de Paphos (Glaucopsyche paphos) présente une teinte uniforme d’un joli bleu chez les mâles, tandis que les femelles sont davantage grises avec de multiples ocelles noirs cernés de blanc.

Reptiles. Il existe 10 espèces de serpents à Chypre, principalement des couleuvres, non venimeuses, sauf dans le cas de la couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus). Mais celle-ci est paisible et ses crochets sont placés en arrière, si bien qu’il faut vraiment mettre son doigt dans sa gueule pour être mordu. En fait, seule la vipère du Levant (Macrovipera lebetina), unique vipère de l’île, présente un vrai danger. Épaisse, courte (de 1,3 à 1,7 m de longueur) et aux motifs rectangulaires, elle n’attaque que quand elle est surprise. Et si elle est potentiellement mortelle, aucune des 20 attaques constatées chaque année en moyenne n’a entraîné de décès à Chypre depuis l’an 2000. Il faut aussi se méfier de la couleuvre de Ravergier (Hemorrhois nummifer), au corps orné d’anneaux marron : elle est très agressive et munie de dents acérées. L’île compte deux espèces de couleuvres endémiques, la couleuvre des herbes de Chypre (Natrix Natrix Cypriaca) et le serpent à fouet de Chypre (Dolichophis cypriensis), qui sont menacées d’extinction par l’agriculture intensive. Côté tortues, hormis celles vivant en mer (lire ci-avant), Chypre accueille l’émyde caspienne (Mauremys caspica), une espèce aquatique du Moyen-Orient. Enfin, la famille des lézards est présente avec 11 espèces, dont le caméléon commun (Chamaeleo chamaeleon), le gecko de Kotschy (Mediodactylus kotschyi) et l’endémique lézard du Troodos (Phoenicolacerta troodica). Ce dernier est de petite taille (12 cm de longueur) avec une longue queue et vit dans les rochers du Troodos, évitant les heures les plus chaudes pour sortir.

Les oiseaux

À l’image du célèbre flamant rose (Phoenicopterus roseus) du lac salé de Larnaka, la plupart des 400 espèces d’oiseaux de Chypre sont des migrateurs venus d’Afrique et du Moyen-Orient. En hiver, le ciel est presque vide, puisque seulement 53 espèces résident sur l’île en permanence.

Oiseaux migrateurs. Entre le printemps et l’automne, ils sont des millions à nidifier ou faire halte ici. Dès février arrivent les premiers passereaux et hirondelles suivis du magnifique coucou geai (Clamator glandarius). Mars amène la « reine des oiseaux » d’Aristophane, la huppe fasciée (Upupa epops), mais aussi le torcol fourmilier (Jynx torquilla), une flopée d’alouettes, fauvettes, pipits, bruants et bergeronnettes, ou encore, le premier rapace, le busard pâle (Circus macrourus). En avril s’installent les habitants des marais avec différentes espèces d’aigrettes, limicoles et hérons. C’est aussi le mois des oiseaux colorés comme le rollier d’Europe (Coracias garrulus). Pour une quarantaine d’espèces commence alors la nidification, notamment pour le vautour fauve (Gyps fulvus), l’aigle de Bonelli (Aquila fasciata), la buse féroce (Buteo rufinus) et le faucon d’Éléonore (Falco eleonorae). À l’automne, d’autres grands oiseaux viennent faire escale à leur retour d’Europe. Les plus imposants visiteurs sont les pélicans, dont le très rare pélican frisé (Pelecanus crispus). Mais il y a aussi les cigognes – noire (Ciconia nigra) et blanche (Ciconia ciconia) –, le percnoptère d’Égypte (Neophron percnopterus), l’aigle pomarin (Clanga pomarina), la bondrée apivore (Pernis apivorus), le milan noir (Milvus migrans), le faucon crécerellette (Falco naumanni), etc.

Espèces endémiques. Parmi les six espèces et sous-espèces endémiques de l’île, deux passent leurs « vacances d’hiver » au Proche-Orient et en Afrique : la fauvette de Chypre (Sylvia melanothorax) et le traquet de Chypre (Oenanthe cypriaca). Le grimpereau Dorothée (Certhia brachydactyla dorotheae), le geai chypriote (Garrulus glandarius glaszneri), le petit-duc de Chypre (Otus cyprius) et la mésange noire de Chypre (Periparus ater cypriotes) sont, eux, de vrais sédentaires.

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