Découvrez Chypre : Environnement

Chypre... Derrière ce nom, des images souvent paradisiaques : soleil, plages ou criques aux eaux turquoise, vestiges archéologiques. Son caractère insulaire et ses influences méditerranéennes lui confèrent des paysages et une biodiversité uniques, qui attirent nombre de visiteurs. Précisément, l’afflux grandissant de touristes contribue à aggraver les menaces qui pèsent sur ces écosystèmes fragiles : artificialisation des terres, épuisement de la ressource eau, pollution des milieux, consommation d’énergie. Si l’on y regarde de plus près, l’île d’Aphrodite est loin d’être un paradis pour l’environnement : gestion des déchets peu performante, modèle énergétique fondé presque exclusivement sur le pétrole et qui a du mal à engager une baisse de ses émissions de gaz à effet de serre. Aux voyageurs qui se rendent sur l’île, on ne saurait donc conseiller qu’une attitude écoresponsable afin de préserver les équilibres écologiques et ne pas épuiser les ressources.

Parcs nationaux et espaces protégés

À travers toute l’île, il existe une quinzaine de zones naturelles classées bénéficiant de mesures de protection particulières (interdiction de la chasse, constructions limitées, etc.). Portant souvent le nom de « parc national », elles se rapprochent en fait davantage du statut européen de « réserve naturelle », à la réglementation plus souple.

Parc national de Karpas. C’est l’unique zone protégée de la partie sous occupation turque. Instauré en 2004 sous la pression des écologistes locaux, le parc s’étend sur 9 486 ha, occupant la pointe nord-est de l’île, à l’extrémité de la péninsule de Karpas. On y trouve une réserve d’ânes sauvages et un lieu de ponte des tortues marines caouane, mais aussi le monastère orthodoxe Apostolos Andreas.

Parc national du Troodos. Un « parc national » au sens véritable du terme, il a été créé en 1992 et s’étend sur 9 147 ha autour du mont Olympe. C’est la partie du pays où la biodiversité est la plus riche avec 750 espèces végétales différentes et la présence de l’animal emblématique de l’île, le mouflon de Chypre.

Réserve marine de Lara-Toxeftra. Située sur la côte ouest, entre Paphos et la presqu’île de l’Akamas, cette zone spéciale de 600 ha a été créée en 2013 pour protéger les lieux de ponte des tortues de mer.

Zone de protection spéciale des marais d’Akrotiri. Placée en territoire britannique, dans la base de souveraineté d’Akrotiri, c’est la plus grande zone humide du pays (210 ha). Reconnue par la convention Ramsar sur les zones humides, c’est une importante halte pour les oiseaux migrateurs avec son lac salé, ses marais, ses sols gorgés d’eau, ses poissons d’eau douce et une flore très riche.

Zone de protection spéciale du lac salé de Larnaka. Avec ses flamants roses et son Tekké Hala Sultan, c’est l'un des sites les plus beaux de Chypre. Placée au bord de l’aéroport international de Larnaka, la seconde zone humide du pays bénéficie d’une protection qui s’étend sur 1 700 ha. Classée Ramsar et Natura 2000, elle attire de nombreux oiseaux migrateurs.

Réserve naturelle de Tripylos. Située dans la forêt de Paphos, au nord-ouest du Troodos, elle couvre 3 331 ha et englobe la célèbre vallée des Cèdres.

Parc national forestier de l’Akamas. C’est la plus vaste zone protégée de toute l’île : 23 000 ha. Situé à l’extrémité nord-ouest de Chypre, le parc est réputé pour ses tortues de mer, ses paysages aux gorges profondes, ses papillons et ses 530 espèces végétales, dont des tulipes et d’orchidées endémiques.

Parc national forestier du cap Greko. Il surplombe les falaises de la région d’Agia Napa. Sur 385 ha s’étendent des buissons endémiques, des genévriers et des pins où se nichent 80 espèces d’oiseaux ainsi que des lièvres et des renards.

Gestion des déchets : un enjeu de taille

Disons-le clairement, la gestion des déchets sur l’île est encore largement perfectible. Le voyageur sera sans doute surpris à la vue de déchets gisant le long des routes, mais aussi sur certaines plages. Les encombrants finissent souvent leur vie dans des décharges sauvages dans les milieux naturels comme les forêts. En 2016, selon l’Office européen des statistiques, Chypre recyclait 10,4 % de ses déchets face à une moyenne européenne de 37,8 %. L’entrée du pays dans l’Union européenne a contribué à initier des programmes de prévention des déchets. Des actions ont ainsi été menées, en direction des habitants, avec notamment des sensibilisations dans les écoles. Ces démarches se sont accompagnées de la mise en place de dispositifs de collecte de déchets. Dans le secteur du tourisme, la Cyprus Sustainable Tourism Initiative a permis de déployer des actions de tri à la source, et de limitation des usages de bouteilles en plastique par exemple. La station balnéaire d’Agia Napia a lancé en 2018 une politique visant à collecter les déchets organiques des hôtels. Sur les plages, des bennes de recyclage permettent à tous de trier les déchets. Il s’agit d’insuffler peu à peu une culture du tri pour améliorer la situation, faire comprendre les enjeux environnementaux et rassurer les touristes.

Gestion de la ressource eau : une question prégnante

Un des problèmes cruciaux de l’île est l’approvisionnement en eau, qui s’avère plus délicat lors des épisodes de sécheresse, et avec l’accroissement de population lié au tourisme. Chypre possède peu de nappes phréatiques, et celles-ci ont souffert d’une mauvaise gestion, conduisant parfois à leur épuisement. L’eau des barrages se révélant parfois insuffisante, les agriculteurs ont creusé des puits pour tirer directement l’eau nécessaire à leurs besoins. On compte ainsi près de 50 000 puits illégaux sur l’île. Autre choix, des usines de dessalement d’eau ont été construites au Sud, afin de pallier les pénuries d’eau, notamment pendant les périodes de sécheresse. Une solution qui a fait l’objet de controverses, au regard de l’impact sur la biodiversité et les émissions de carbone du procédé. Au Nord, un aqueduc sous-marin, inauguré en 2015, permet d’acheminer l’eau depuis la Turquie, du barrage d’Alaköprü à celui de Geçitköy. Appelée « l’eau de la paix », la précieuse ressource est transportée sur une distance de 107 km.

Une énergie à décarboner

Alors que les pays de l’Union européenne ont réduit en moyenne de 23,5 % leurs émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2007, Chypre affiche… une croissance de 57,8 % de ses propres émissions. Ce constat est lié aux choix énergétiques du pays, et à une croissance économique largement fondée sur une énergie carbonée : le pétrole. En effet, les centrales thermiques de l’île qui fonctionnent au pétrole fournissent la majorité de l’énergie primaire consommée. Cela a aussi des impacts en matière de qualité de l’air. Plus encourageante cependant est la part des énergies renouvelables, au regard de la production d’électricité. Les fermes éoliennes du pays permettent de couvrir près de 20 % de la demande en électricité de l’île. Il reste des efforts à faire pour engager une véritable transition énergétique. Au vu de cette situation, on encouragera le visiteur à utiliser toute source d’énergie avec parcimonie (climatisation, etc.) et à préférer les mobilités actives ou les transports en commun à tout véhicule particulier motorisé. Comme à la maison !

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