Découvrez Chypre : Musiques et Scènes (Danse / Théâtre)

Situé à un carrefour de la Méditerranée, ce petit bout de terre qu’est Chypre a été particulièrement convoité tout au long de son existence. En quelque 9 000 années d’histoire, Chypre a connu de nombreuses invasions (17 pour être précis), sources des différentes influences grecques, turques ou arabes palpables dans sa gastronomie, sa musique ou son architecture et sa danse. Mais fort de l’état d’esprit qui caractérise Chypre, le pays a su dessiner une identité propre et indépendante, conservant et adaptant le meilleur de chacun de ses occupants successifs. Fier de sa culture, Chypre pratique et présente ses musiques et danses traditionnelles quotidiennement. Sans doute aussi un moyen de cultiver et renforcer le sentiment d’appartenance chypriote dans un territoire toujours divisé et partiellement occupé.

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La musique traditionnelle

La tradition musicale chypriote plonge ses racines jusqu’à l’époque byzantine et s’inscrit dans la continuité culturelle de la Grèce antique. Aussi, elle cultive un léger accent oriental en utilisant l’échelle mélodique turque et en s’imprégnant d’influences venues des pays arabes environnants. Essentiellement supports de danses – la tatsia, la sousta, les syrtos, les ballos, le zeibekiko, le karotseris, le sinalik, le chiftetteli ou encore l’arabiye –, la plupart des musiques traditionnelles sont jouées avec la même base instrumentale : le vlos (une flûte de roseau), le kasat (petites cymbales), le laouto (luth long), le ut (luth court) ou le zurna (une sorte de hautbois d’origine turque). Dans l’ensemble, la musique traditionnelle chypriote a de faux airs de nisiotika, ces chansons des îles de la mer Égée et du Dodécanèse, aux mélodies tendres et portées par un pouls très doux.

Toujours très populaire, la musique traditionnelle chypriote est maintenue vivante par une kyrielle d’artistes dont certains sont de vraies stars. C’est notamment le cas de Michalis Tterlikkas qui se produit encore beaucoup ou, dans la même veine, Christos Sikkis à la carrière particulièrement prolifique. Cela dit, le musicien chypriote le plus célèbre est sans conteste Mihalis Violaris. Vedette même hors de ses frontières, Violaris a popularisé en Grèce les chansons traditionnelles chantées en dialecte chypriote, comme Ta Ryalia, grand tube hellène des années 1970. Pionnier du mariage de la musique traditionnelle chypriote à d’autres genres, il a ouvert la voie à de nombreux musiciens comme Monsieur Doumani. Succès local (de plus en plus international), les trois membres du groupe s’attachent à donner une lecture moderne aux chansons populaires chypriotes et font dialoguer des sonorités du monde entier avec les traditions musicales du pays.

Où écouter la musique traditionnelle ?

Les tavernes sont des endroits de prédilection pour écouter de la musique traditionnelle à Chypre. Si toutes se valent, Polychoros 77 sort du lot. Cette taverne bien dans son jus, tenue par une ancienne chanteuse, propose une cuisine assez quelconque (il faut bien l’admettre) mais se rattrape avec de très bons groupes traditionnels pratiquement tous les soirs. La musique folklorique enchante évidemment aussi les fêtes religieuses, comme Kataklysmos qui coïncide avec la Pentecôte et est célébrée dans les villes côtières – en particulier à Larnaka – avec des parades en bateau, des feux d’artifice, des danses et beaucoup de musique folklorique. Cette dernière est aussi présente dans absolument chaque festival, comme la Fête du Vin de Limassol, évènement très (très) festif.

La musique classique

Bien qu’aucun Chypriote n’ait vraiment marqué l’histoire du genre, Chypre cultive aujourd’hui une scène riche et dynamique de musique classique. Le pays possède un orchestre symphonique – avec une bonne réputation locale et quelques chefs internationaux invités – ainsi que son Cyprus Youth Symphony Orchestra, une école de musique qui forme les futurs prodiges nationaux. Des talents de demain qui viendront alimenter les rangs déjà bien fournis des bons musiciens chypriotes comme les pianistes Cyprien Katsaris (franco-chypriote), Martino Tirimo et surtout le prodige, mort prématurément d’un accident de voiture, Nicolas Economou.

Parmi les compositeurs les plus connus, on peut citer Marios Joannou Elia (Yannis Kyriakides), l’auteur d’une symphonie pour 265 musiciens, le très avant-gardiste Yannis Kyriakides (1969-), Solon Michaelides (1905-1979) très joué en Grèce, Andys Skordis (1983-), nom prisé de la musique contemporaine, ou encore Christina Athinodorou, un des nouveaux talents nationaux. Comme la plupart des grands spectacles à Nicosie, les concerts symphoniques ont lieu au Théâtre municipal de Strovolos. On y entend aussi des opéras joués par la troupe de la ville, Opera Nicosia.

Le rock

Cela peut vite se constater en allumant la télé ou la radio : les Chypriotes aiment le rock ! Le genre a une histoire dans le pays où, dès la fin de la guerre en 1974, une scène très active se met en place. Les pionniers s’appellent Kimstyle TR et ont longtemps été jugés outrageants – les autorités allant jusqu’à brûler leurs CD. Ils ont ouvert la voie à de nombreux groupes, souvent très portés sur les extrémités du rock comme le metal. Parmi les plus célèbres, on trouve Armageddon, très heavy metal, et toujours sur scène quarante ans après sa formation dans les années 1980, et, plus récemment, Methysos ou Winter’s Verge. Pour les amateurs de rock de passage à Nicosie, une des scènes les plus indiquées (et une des seules en ville) est Downtown Live.

La danse

Au même titre que la culture chypriote au sens large, le répertoire des danses traditionnelles a adopté et adapté de nombreux éléments helléniques ou d’Asie Mineure. On y trouve beaucoup de danses faisant appel à l’adresse et la virtuosité, employant souvent un objet et comprenant énormément d’improvisations. Ce dernier aspect est peut-être un des traits les plus frappants de la danse traditionnelle chypriote avec le côté dialogué, l’effet de réponses entre danseurs. La danse la plus courante pour hommes et femmes est celle exécutée en couples s’affrontant, le karsilamas. Parmi les plus répandues, on peut aussi citer la sousta, détenant une certaine charge érotique et s’exécutant en couple ou en rang d’hommes et de femmes se faisant face. Typiquement chypriote, la tatsia est un exercice d’adresse où le danseur doit faire tournoyer autour de lui un tamis contenant des verres de vin à moitié pleins. Plutôt impressionnant. Le syrtos, d’origine grecque, a pour spécificité chypriote d’être dansé exclusivement par des femmes. Dérivé du syrtos, le ballos est une danse masculine entremêlée d’un chant souvent triste. Également d’origine grecque, le zeimbekiko est une danse ancienne, exclusivement masculine et comprenant beaucoup d’improvisations et d’acrobaties. L’antikristos, également d’origine grecque, se danse face-à-face. D’origine roumaine cette fois-ci, la karotséris est une danse rapide exécutée seul, en couple ou en groupe et s’apparentant un peu à la sousta. Citons aussi la mantra, également appelée « danse de l’au revoir », car souvent effectuée par les danseurs avant de quitter la scène.

Où peut-on voir ces danses ?

Au même titre que les musiques traditionnelles, les festivals sont des moments privilégiés pour profiter des danses chypriotes. Citons en premier lieu le Festival d’Agia Napa se tenant chaque année en septembre et consacré au folklore dans son ensemble, ou encore le festival de l’olive de Kyrenia qui, en plus de proposer de déguster des olives, permet d’assister à de multiples représentations folkloriques.

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