L'emblématique mola
Voici peut-être la pièce de tissu la plus prisée du pays, celle que vous ne pourrez pas manquer... Arborée par les femmes guna, la mola forme l’avant et l’arrière de leur blouse, et dans le domaine de la production artisanale, la mola des Indiens de San Blas est pour beaucoup la référence. Selon la technique dite de l’appliqué-inversé, plusieurs couches de textile sont superposées, les découpes faites sur le tissu de dessus laissant apercevoir la couleur de l’étoffe de dessous et ainsi de suite. Le résultat final est un véritable tableau, dont la profondeur des matières contribue au relief. Si les motifs représentés trouvaient autrefois leur origine dans l’imaginaire ou dans les rites socioculturels des Guna, ils intègrent aujourd’hui de nombreux éléments de la culture occidentale. Certaines molas représentent ainsi le père Noël, l’arche de Noé ou encore des cloches et des gants de boxe, etc. Et la demande de ce produit phare ne cesse d’augmenter, incitant les Guna à s'organiser eux-mêmes en coopératives. L’arrivée des touristes a vivement encouragé le développement de sites Internet consacrés à la vente en ligne, et nombreux sont les étrangers qui passent directement de grosses commandes à des familles guna, pour revendre ensuite le tout dans leurs pays respectifs. Un procédé pas forcément « équitable », difficile de résister à ces magnifiques œuvres à la finesse et aux couleurs si séduisantes !
Et si vous avez envie d'un petit objet, les wini, ces rangs de perles aux couleurs vives, orneront joliment vos avant-bras et mollets.
Une flamboyante paruma
Tout comme les femmes guna, l'élégance des femmes emberá et wounaan vous charmera et vous aurez peut-envie d'acquérir une paruma, ce tissu noué autour de leurs tailles comme une jupe. À l'image du tissu wax sur le continent africain, un nouveau design sort chaque mois et les plus coquettes se jettent dans les boutiques pour se le procurer. Plus le motif est rare, plus la paruma a de la valeur à leurs yeux. Le plus étonnant, c’est que ces étoffes sont en fait fabriquées en Asie spécialement pour les Indiennes panaméennes. Elles sont distribuées par des grossistes de l’Avenida central à Panama City qui les revendent jusqu’au fin fond du Darién.
Une vannerie traditionnelle
La palette est époustouflante et revêt diverses formes : paniers, assiettes, masques... Fabriqués de façon totalement artisanale et tissés avec des fibres végétales, certains paniers nécessitent plusieurs mois de travail. Les feuilles des palmiers chunga et nawala sont d’abord cueillies, puis transformées en fibres au terme d’un long processus. Selon la nuance souhaitée, les Indiens préparent une teinture naturelle à base de roucou (pour le rouge), de jagua (pour le noir), d’une variété de yucca (pour le jaune) ou d’écorces de noix de coco (pour le marron). Les couleurs obtenues servent ensuite à teindre les fibres, lesquelles sont tressées d’une manière savante pour produire des dessins qui se mêleront à la teinte naturelle de la chunga. Les motifs géométriques, imaginés par l’artiste, font écho aux peintures corporelles encore arborées de nos jours. Pour dénicher un article de qualité, il est recommandé de se rendre directement dans les communautés indigènes, ce qui vous donnera également l'occasion d'en apprendre plus sur leur culture et le processus de fabrication. Sachez d'ailleurs que l'État panaméen, dans une loi du 26 juin 2000, a institué un régime spécial concernant la « propriété intellectuelle sur les droits collectifs des indigènes, pour la protection et la défense de leur identité culturelle et de leurs connaissances traditionnelles ». L'objectif étant de préserver les richesses, en particulier artistiques et culturelles, des différentes communautés amérindiennes du pays.
Un chácara... bien utile
Ne manquez pas non plus les chácaras des Ngäbe Buglé. Ces besaces extensibles en fibre naturelle sont communément utilisées pour transporter des marchandises. Confectionnées à partir de diverses fibres provenant de la pita, une variété de palme, elles sont également colorées avec des teintures tirées des racines et des lianes. Un accessoire dans l'air du temps qui remplacera avantageusement vos cabas en plastique à 50 centimes...
Une pièce unique en tagua
Sur les étals, une multitude de petits animaux (toucans, paresseux, colibris…) vous feront de l’œil... mais que se cache-t-il derrière ces miniatures décoratives qu'il est si tentant de rapporter dans sa valise ? Une noix, la tagua, que l'on nomme aussi ivoire végétal ! Provenant d’un palmier poussant dans les forêts tropicales humides d’Amérique du Sud, mais aussi du Panamá, le fruit de ce palmier était à l’origine prisé par les Indiens pour son lait sucré, qui se durcit pour former la tagua. La noix connut une grande popularité jusque dans les années 1930 car, à sa découverte par les Européens, au cours du XIXe siècle, elle fut exploitée en raison de sa grande ressemblance avec l’ivoire animal. On s'en servit alors notamment pour la confection de boutons et d’objets d’ornement. L’armée américaine en équipa même les uniformes de ses soldats. Puis, l’apparition du plastique signa son arrêt de mort. Tombée dans l’oubli, la tagua ressuscite aujourd'hui grâce au talent des Emberá et Wounaan qui la travaillent et excellent dans cet art. Ils sont de plus en plus nombreux à sculpter ces noix blanches à carapace marron, qu’ils peignent parfois de couleurs vives.
Une sculpture en cocobolo
Vous l'aurez compris, au Panamá, la nature généreuse inspire les artisans. C'est le cas du cocobolo, un arbre de taille moyenne qui pousse en Amérique centrale et dont le bois, particulièrement robuste, est utilisé pour la fabrication de sculptures d’une extrême finesse. Ses couleurs sont de toute beauté, une gamme qui s’étend du rouge vif au marron foncé. Sa texture fine dégage naturellement une huile qui lui donne un aspect brillant et lustré. Utilisé à l’origine pour la fabrication de bâtons de cérémonie, le cocobolo, considéré comme un bois précieux, est très prisé et les sculptures peuvent atteindre des prix considérables.
Un élégant chapeau
C'est l'accessoire à acquérir au début de son séjour ! Vous apprécierez sa souplesse et la protection qu'il vous offrira sous les rayons du soleil panaméen. Mais il faudra vous renseigner car les chapeaux communément appelés « panama » ne sont pas originaires de l’isthme mais d’Équateur. Le nom donné au chapeau équatorien viendrait de l’expression « panama hats » utilisée par les Américains pour désigner les chapeaux portés au début du siècle dernier par les ouvriers et les ingénieurs du canal, dont beaucoup étaient originaires d'Équateur. Les élégants chapeaux dont sont coiffés les Panaméens, surtout dans l’intérieur du pays, sont appelés pintado (ou pinta’o). Fabriqués à partir de fibres végétales, ils sont originaires du village de La Pintada. On fabrique aussi des chapeaux à Ocú, les ocueños, au style légèrement différent et reconnaissable à leur unique couleur blanche. En décembre 2017, son processus artisanal, qui permet d’obtenir des fibres végétales pour le tissage des différents éléments du chapeau, a été inscrit par l'UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. La qualité d’un chapeau se reconnaît ainsi à son tissage et à la variété des motifs du talco. Plus le nombre de tours (vueltas) nécessaires à la confection du chapeau est important, plus l’ouvrage sera fin. Pour vous faire une idée, prenez un chapeau et comptez le nombre de bandes horizontales tissées cousues ensemble. Un chapeau de sept tours nécessite quatre à cinq jours de travail et coûte autour de 30 US$ (50 US$ pour neuf tours). Un chapeau de vingt tours peut atteindre les 600 US$. En observant les différents modèles, vous vous rendrez compte que certains ont des petits dessins marron foncé ou noirs de 2 cm de long : il s’agit des talcos. Il en existe une grande variété et, autrefois, on disait que celui qui portait un sombrero avec beaucoup de talcos était amoureux (el enamorado). Renseignez-vous donc car il y a plusieurs façons de porter le pintado, selon que l’on est plutôt un « dur à cuire », un intellectuel, un jeune homme ou un vieux sage…
Une bonne bouteille... de rhum
La saga du rhum a commencé tardivement au Panamá, autour de 1936, mais la boisson a rapidement fait des émules au point que le Seco herrerano, le plus populaire, est considéré comme la liqueur nationale du pays. Bon, soyons francs, réservez plutôt la dégustation de cet alcool blanc bon marché aux fêtes de village. Il est alors servi avec du lait, c'est le seco con vaca, littéralement « seco avec vache ». De préférence, rapprochez-vous des rhums ambrés et plus particulièrement de la distillerie Carta Vieja ou encore de Ron Abuelo dont la gamme s'enrichit de rhums vieux qui n'ont rien à envier de ses voisins caribéens. C'est ainsi que l'on produit aujourd'hui, depuis la péninsule d'Azuero, la majorité des spiritueux du pays. Les amateurs sauront trouver leur bonheur.
Un café de grand cru
C'est dans les hautes terres panaméennes du Chiriquí, aux sols volcaniques et aux nombreux microclimats, que l'on pourra vous parler avec passion de la complexité aromatique qui se dégage de ce breuvage fumant, mais c'est dans tout le pays qu'il est renommé, et même au-delà des frontières panaméennes. Certaines variétés, comme le geisha, sont si prisées que le kilo peut atteindre 9 000 dollars ! Et si, par le plus grand des hasards,vous n'aviez pas ce budget, vous trouverez très certainement un café qui vous correspondra, aux notes fruitées ou gourmandes. L'idéal étant de combiner l'achat avec une dégustation, directement dans l'une des exploitations de la vallée des fleurs et de l'éternel printemps. Le tout est de bien choisir son lieu d'approvisionnement, car le café généralement servi dans les cafétérias et restaurants pourrait bien vous mettre sur une fausse route...