Les produits du marché
Au-delà du riz, du lait de coco et du piment dont nous avons déjà un aperçu assez clair, on retrouve en Thaïlande un nombre incalculable de produits rares ou méconnus en France. L’aubergine thaïe, blanche et verte, fait la taille d’une balle de golf alors que l’aubergine-pois, vert pâle, n’est effectivement pas plus grosse qu’un petit pois. On les consomme généralement en curry. Tout comme la courge kabocha, originaire du Japon ou le gombo – également appelée okra – dont le jus visqueux sert aussi à épaissir les soupes. Beaucoup de légumes verts comme le liseron d’eau, le brocoli chinois, les courges luffa (buap liam en thaï) ou les haricots-kilomètres – qui peuvent atteindre 80 cm de long – sont souvent sautés au wok avec de l’ail, de l’échalote et du piment.
Bien sûr les herbes aromatiques jouent un rôle essentiel dans la cuisine thaïe. La citronnelle, couramment appelée lemongrass, et les feuilles de citron kaffir ou combava, donnent un intense goût citronné aux currys et aux soupes. La coriandre comme le basilic sacré et le basilic thaï, qui possède un goût anisé unique, servent également à garnir les plats en sauce et les salades. La ciboule chinoise est très utilisée pour parfumer les nouilles et le riz sauté. À noter que les racines de coriandre rentrent souvent dans la composition des pâtes de curry tout comme le galanga, proche parent du gingembre, alors que le curcuma est employé pour sa superbe couleur jaune vif. Les piments bien sûr jouent un rôle essentiel, la cuisine thaïe étant généralement épicée, voire carrément brûlante. On en trouve de toutes sortes, bien que les piments langues-d’oiseaux, minuscules mais féroces sont largement ajoutés, tout comme les piments crotte-de-rat, encore plus petits et piquants. Les piments sont plutôt consommés frais, réduits en purée ou en émincés, mais parfois on les utilise séchés. Ils sont alors soit réhydratés, soit frits directement dans l’huile pour venir aromatiser des plats de viande sautée. On se sert du poivre vert frais également, bien qu’il soit parfois séché et moulu. Beaucoup d’épices sèches sont employées pour réveiller des plats aux origines indiennes, comme la cannelle, le clou de girofle ou le cumin. L’anis étoilé, ou badiane, inversement parfume des spécialités d’inspiration chinoise. Enfin, le pandan est le nom donné à un arbre – proche des palmiers – dont les feuilles très aromatiques sont utilisées en pâtisserie.
Comme dans le reste de l’Asie on retrouve beaucoup de sauces et de condiments aux saveurs puissantes. Nous connaissons la sauce de poisson en France – connue généralement sous le nom vietnamien de nuoc nam – appelée nam pla en Thaïlande. À ne pas confondre avec du pla ra, une sauce beaucoup plus sombre, épaisse et corsée également à base de poissons fermentés. La sauce soja ou d’huître – bien que d’origine chinoise – est également très appréciée. Le kapi est le nom thaï pour désigner la pâte de crevettes, un ingrédient majeur en Asie du Sud-Est. Ce condiment très puissant permet de préparer le nam phrik, une sauce très pimentée. Les crevettes séchées – connues sous le nom de kung haeng – sont employées pour leur goût iodé dans de nombreuses recettes : salade, plats en sauce, soupes, etc. La pâte de curry ou khrueang kaeng est absolument essentielle à la cuisine thaïe. On retrouve trois variétés principales. Le curry vert qui – malgré sa délicate couleur – est le plus piquant de tous, à base de piments verts, d’ail, de galanga, d’échalote. La citronnelle et les feuilles de citron kaffir lui donnant également un côté frais et citronné. Le curry rouge, à peine moins fort, doit sa couleur à l’abondance de piments rouges que l’on réduit en purée avec de l’ail, du poivre, de la citronnelle, de l’échalote et de la pâte de crevettes. Enfin le curry jaune, plus doux, possède une composition similaire, mais le piment est largement remplacé par du curcuma lui donnant une intense couleur dorée. Bien sûr encore une fois la liste des ingrédients varie parfois selon la région et le cuisinier. Enfin la pulpe de tamarin avec son goût riche et aigre vient parfumer aussi bien les soupes et les currys que les nouilles sautées.
Cuisines régionales en Thaïlande
Formée de plusieurs régions historiques, avec autant de groupes ethniques et pas moins de quatre voisins – la Malaisie, le Laos, le Cambodge et le Myanmar – la Thaïlande possède sans surprise une grande diversité culinaire sur un territoire qui s’étire du nord au sud sur quelque 1 650 km. Le Royaume du Siam notamment à partir des XVIe et XVIIe siècles a été une importante puissance commerciale où des négociants du monde entier – Chinois, Indiens, Arabes, Européens entre autres – échangeaient des produits avec le prospère royaume. De nombreux plats aujourd’hui populaires en Thaïlande étaient à l’origine des plats chinois, introduits en Thaïlande par les Hokkien et les Teochew, originaires de Chine du Sud, apportant dans la région des produits méconnus comme les nouilles ou la sauce soja. Les commerçants indiens et persans ont fait découvrir aux Thaïs l’utilisation des épices sèches. Les influences occidentales, apparues dès 1511 lorsque la première mission diplomatique portugaise est arrivée à la cour d’Ayutthaya, ont inspiré des plats tels que le foi thong, l’adaptation thaïlandaise du fios de ovos portugais, à base de jaune d’œuf et de sirop de sucre ou encore la sangkhaya, une crème anglaise où le lait de vache fut remplacé par du lait de coco. Mais l’apport le plus notable de l’Occident est l’introduction d’un grand nombre de plantes venant du continent américain : piment, tomate, maïs, cacahuète, citrouille, ananas, noix de cajou ou encore papaye qui ont façonné en profondeur la cuisine du pays.
La cuisine de la Thaïlande du Nord est l’héritière du royaume de Lanna. Les hautes terres montagneuses et les températures plus fraîches en font un endroit idéal pour cultiver de nombreuses plantes, dont une abondance d’herbes aromatiques, qui sont très présentes dans la cuisine de Lanna. Cette gastronomie partage beaucoup d’ingrédients avec la région de l’Isaan – à l’est du pays – ainsi qu’avec ses voisins que sont le Laos et surtout la Birmanie. Mais aussi avec la province chinoise du Yunnan. La cuisine y est moins épicée, usant généreusement de gingembre frais, de galanga et de poivre noir. Le khao soi, plat phare de la gastronomie Lanna, est une soupe de nouilles à base de curry et de lait de coco, servie quotidiennement dans les restaurants du nord de la Thaïlande, mais aussi du Laos et de Birmanie où il porte le nom de ohn no khao swè. Le climat plus doux permet l’élevage du porc, viande que l’on retrouve ainsi plus communément que dans le reste de la Thaïlande. Elle entre dans la composition du sai oua, des saucisses très populaires, parfumées de kaffir, de coriandre, de citronnelle, de piment et de galanga.
Grenier à riz du pays, la Thaïlande centrale est principalement composée par le bassin du Chao Praya, principal fleuve du pays avec ses 372 km. Contenant les capitales historiques de Sukhothai et d’Ayutthaya, ainsi que Bangkok, l’actuelle capitale, cette région est en grande partie couverte de rizières. Berceau de la cuisine royale thaïlandaise, son raffinement, ses techniques de cuisson et sa présentation ont exercé une grande influence sur la cuisine des plaines du centre de la Thaïlande. On peut citer l’art de la sculpture sur légumes connu pour sa délicatesse. Les goûts et l’apparence de la nourriture à Bangkok sont forcément plus internationaux, car influencés par d’autres spécialités venant des quatre coins du monde, comme c’est le cas dans la plupart des grandes capitales. Et s’il y a bien un plat emblématique de cette région qui symbolise parfois à lui seul toute la cuisine thaïe, c’est certainement le pad thai. Composé de nouilles de riz sautées avec du tofu frit, de la ciboule, de l’omelette et des pousses de soja, tout le succès de ce plat tient à sa sauce à base de pulpe de tamarin, de sauce de poisson, et de sucre de palme. Avant de servir, on ajoute quelques cacahuètes pilées et parfois des crevettes ou du poulet dans les versions plus modernes.
Si l’Isaan – située dans le sud-est du pays – est la plus grande région de Thaïlande, c’est aussi la moins touristique. Fortement influencée par ses voisins comme le Cambodge et surtout le Laos, cette région possède une culture très marquée. Principalement constituée par le plateau du Khorat, connue pour son climat parfois aride en saison sèche et les crues qui sont inversement dévastatrices lors des moussons, l’agriculture n’est pas aussi développée que dans le centre du pays, bien que l’Isaan soit aussi la principale région productrice de riz gluant en Thaïlande. On y retrouve cependant de nombreux plats – également communs au Laos – comme le très connu som tam ou de salade de papaye verte. Ce plat mélange le croquant de la papaye verte, le mordant des piments rouges et l’acidité des citrons verts avec le sucre de palme et la sauce de poisson. Autre recette emblématique, le laab est une salade épicée composée de viande hachée – porc ou bœuf – et aromatisée avec du jus de citron vert, du piment et de la sauce de poisson, saupoudrée d’une poudre de riz grillée, le tout rafraîchi de menthe et de coriandre.
Enfin le Sud de la Thaïlande s’étirant principalement le long de l’Isthme de Kra jusqu’à la frontière avec la Malaisie offre un visage distinct du reste du pays. Un quart de la population y est musulmane, ce qui se traduit par certains interdits autour du porc et de l’alcool entre autres. Formée par une mince péninsule entre le Golfe de Thaïlande et la Mer d’Andaman, cette région au climat tropical humide est connue pour son abondance de poissons et de fruits de mer, mais aussi pour ses spécialités férocement épicées. Comme le kaeng som, un curry parfumé de pâte de crevettes, d’échalotes, de piments, de tamarin et de sucre de palme, garni de poisson et de crevettes.
Les classiques de la cuisine thaïe
Comme dans la plupart des pays asiatiques, la Thaïlande ne fait pas une distinction très marquée entre amuse-bouche, entrée et plat principal et tout est généralement disposé sur la table en même temps. On retrouve bien sûr de nombreux snacks souvent sous forme de friture comme les poh pia tod, ressemblant à des nems, garnis de carotte râpée, de chou et d’oignons. Contrairement à leur équivalent vietnamien, ils sont confectionnés avec des galettes de farine de blé et non de riz. Les tod mun goong prennent la forme de petites croquettes panées de crevettes et de poisson et les thung thong, celles de petites aumônières frites, farcies de crevettes hachées et de châtaigne d’eau. Très communes sur les marchés, les luk chin ping, des brochettes de boulettes de viandes ou de poissons, sont grillées au barbecue et laquées avec une sauce aigre-douce. Les saku sai moo, des boulettes de farine de tapioca, sont quant à elles farcies de porc et cuites à la vapeur puis saupoudrées de cacahuètes concassées.
Les soupes tiennent une place importante dans la cuisine thaïe et sont souvent assez consistantes pour constituer un repas entier. Parmi les plus connues, on trouve le tom kha kai, un potage crémeux de poulet et de champignons à base de lait de coco parfumé de citronnelle, de coriandre et de piment. Ou encore la tom yam kung, un bouillon léger, mais très goûteux et aigre-doux garni de crevettes et aromatisé de feuilles de citron kaffir. Le khao tom kai, une soupe de riz gluant à laquelle on rajoute herbes fraîches et viande, est généralement ingurgitée au petit déjeuner.
L’un des délices moins connus de la cuisine thaïe est le yam, c’est-à-dire tout simplement une salade, composée aussi bien de nouilles, de viande, de fruits de mer ou de légumes – même si on retrouve au cœur de chaque recette l’acidité du citron vert, le croquant des cacahuètes concassées et une bonne dose de piments. Sont particulièrement recommandés le yam som oh, au pamplemousse, le yam hua plee, à base de fleur de banane, le yam wun sen kungou, avec des vermicelles de riz et des crevettes, ou encore le yam nuea garni de lamelles de bœuf mi-cuit et de coriandre.
Si le curry vient du mot tamoul kari, en Thaïlande on les appelle kaeng. On en observe des centaines de recettes différentes à travers le pays, mais parmi les trois recettes les plus classiques on peut citer le curry vert (kaeng khiao wan) et le curry rouge (kaeng phet), à base de lait de coco, de viande, de volaille ou de fruits de mer, généralement accompagnés d’aubergines thaïes et parsemés de feuilles de basilic avant de servir. Le curry jaune (kaeng kari) plus doux est généralement préparé avec du bœuf ou du poulet et des pommes de terre. Le curry massaman (kaeng matsaman) que l’on pourrait littéralement traduire par « musulman » car il fut inspiré par les apports culinaires des marchands moghols et persans, se compose souvent de poulet et d’épices douces comme la cannelle, le cumin et le clou de girofle. Enfin le curry panang (kaeng phanaeng) doit sa texture délicieusement onctueuse à la crème de coco.
Au-delà des plats en sauce, de nombreux plats sautés ou frits émaillent la gastronomie thaïlandaise comme le pla sam rot, un poisson entier, frit et nappé d’une sauce aigre-douce au tamarin et au piment. Ou le pla muek phat phrik phao, des calamars sautés avec des légumes. L’immanquable kai phat met mamuang himmaphan ou poulet aux noix de cajou est commun dans la plupart des restaurants alors que le phat khing, une recette de poulet au gingembre, est typique de l’Est de la Thaïlande et du Laos. C’est aussi le cas du kai yang, un plat de poulet grillé mariné dans un mélange de plusieurs dizaines d’épices. Enfin l’emblématique suea rong hai – dont la traduction littérale donne « tigre qui pleure » – se compose d’une pièce de bœuf grillée, mais saignante, coupée en fines lamelles et servie avec une sauce aigre-douce au piment.
Vendues sur tous les stands de marché, les nouilles sont aussi bien à base de farine de riz que de blé. Elles peuvent être rondes ou plates, très larges (sen yai), moyennes (sen lek) ou inversement fines comme des vermicelles (sen mi). Les nouilles de blé aux œufs portant le nom de bami alors que les vermicelles de soja s’appellent wun sen. Au-delà des immanquables pad tai, on peut citer le kuai tiao ruea, un bouillon léger généreusement garni de nouilles, de boulettes de poisson, de porc et de pousses de soja. Le pad see ew est confectionné avec de très larges nouilles de riz sautées et enrichi de viande émincée – porc, bœuf ou poulet – et des légumes-feuilles. Très proche, le rat nat est agrémenté d’une épaisse sauce très aromatique au poivre noir et au piment. À l’inverse les mi krop sont des vermicelles frits et croustillants, garnis de coriandre et accompagnés d’une sauce aigre-douce.
Le riz – comme dans la plupart des pays asiatiques – est l’élément de base des repas. Le riz blanc classique est appelé khao chao en thaï. Il est consommé à tous les repas, alors que le riz au jasmin (khao hom mali), plus précieux, est réservé aux plus grandes occasions. Malgré la croyance il n’est pas parfumé avec des fleurs, mais les grains de cette variété de riz développent d’eux-mêmes une molécule aromatique. Enfin, le riz gluant (khao niao) est originaire du Laos et des régions adjacentes du nord de la Thaïlande et de l’Isaan. Il possède un pourcentage très élevé d’amidon lui donnant une texture naturellement collante. On le cuit dans des petits paniers tressés à la vapeur. Les plats de riz sont donc légion, incluant le khao phat, une recette de riz frit aux légumes garni de morceaux d’omelette ou encore le khao na pet, où le riz est couronné de lamelles de canard laqué dans une sauce sucrée-salée. Le khao khluk kapi est un plat composite où le riz, cuit avec de la pâte de crevettes, est entouré d’une multitude de produits : bâtonnets de concombre, crevettes frites, échalotes ciselées, piments, poitrine de porc laqué, etc. Et pour finir, bien sûr le spectaculaire khao pad sapparod, le fameux riz à l’ananas parfumé au curry et garni de raisins secs, de noix de cajou, de poulet, de crevettes et de ciboule, le tout servi dans la coque d’un ananas évidé.
Desserts, fruits exotiques et boissons
Les desserts sont les parents trop souvent oubliés de la cuisine thaïlandaise, concurrencés par des fruits, nombreux et succulents. Ils méritent pourtant eux aussi d’être découverts. En premier lieu, le khao niew mamuang, est le dessert le plus apprécié des Thaïlandais. Il est mieux connu sous le nom de riz gluant à la mangue, que l’on sert arrosé de lait de coco. Symbole délicieux de la cuisine de rue thaïlandaise, le roti kluai khai est une crêpe à la banane faite d’une fine pâte croustillante, généreusement nappée de lait concentré sucré. C’est un immanquable dans le pays. Tout comme les khao mao tod, des bananes frites saupoudrées de noix de coco râpée. Le mo kaeng est un flan préparé à base d’une crème de haricots mungo, un proche parent du soja, alors que le sangkaya faktong est un flan cuit dans une citrouille. Le khao tom mat est une bouchée vapeur à base de riz gluant et de banane cuite dans une feuille de bananier. Le sakoo piak, se prépare à base de perles de tapioca, de lait de coco et de cubes de gelée de fruits. Certaines pâtisseries sont servies pour les grands événements comme les khanom chan, des petits gâteaux confectionnés à partir de différentes farines (riz, tapioca, soja, etc.) et de lait de coco. Ils sont souvent composés de neuf couches, neuf étant un nombre sacré dans la culture thaïe.
Il est vrai que parfois si les desserts en Asie du Sud-Est semblent un peu moins sophistiqués qu’en Europe, c’est aussi parce qu’ils font difficilement le poids face à la diversité impressionnante de fruits plus délicieux et sucrés que les uns que les autres. On retrouve bien sûr des ananas qui fondent en bouche et des mangues mûries à la perfection. Mais aussi des papayes qu’il ne faut trop attendre de consommer, car elles développent un goût légèrement âcre lorsqu’elles sont trop mûres. Sans parler des bananes – parfois grosses, parfois naines, voire même rouges – dont le goût en Thaïlande est inimitable, à mille lieues de ce qu’on peut trouver en Europe. Les litchis sont aussi communs que leurs cousins – les ramboutans – avec leur peau couverte de longs poils. Le longane possède à l’inverse une peau lisse, beige, et une chair translucide et blanchâtre. Côté agrumes, on retrouve le pomelo et le pamplemousse. Attention les termes divergent. En Asie le pomelo est notre pamplemousse jaune orangé à la pulpe rouge alors que le vrai pamplemousse est un énorme agrume vert au moins aussi gros qu’un melon, qui possède une pulpe vert jaune, délicatement acidulée. Les oranges et les mandarines sont très appréciées en jus, tout comme la grenade ou la goyave. La pastèque – rafraîchissante – est également plébiscitée en Thaïlande.
Mais on s’amuse aussi des fruits plus étranges ou du moins inhabituels. Dans cette catégorie, impossible de ne pas citer le durian. De la taille d’un ballon de football, recouvert de piquants, ce fruit repousse par son odeur presque nauséabonde, au point d’être interdit dans les transports publics ou les hôtels au risque d’une amende. Sa chair jaune et crémeuse a un goût difficilement définissable que certains considèrent comme délicieuse alors que d’autres décrivent comme écœurante à mi-chemin entre des oignons macérés et un camembert trop fait. L’idéal est de goûter pour se faire une opinion. Le jaquier à l’aspect proche du durian – quoique recouvert de piquants un peu moins menaçants – peut atteindre un poids record de 50 kg. Sa pulpe jaune, fibreuse et légèrement élastique est extrêmement appréciée des végans, car elle imite très bien la texture de la viande. On en fait notamment des currys, mais aussi des desserts. Le fruit du dragon, avec son apparence préhistorique, vient d’un cactus, qui dévoile une pulpe blanche ou violette, dont le goût rappelle légèrement le kiwi. Le mangoustan cache sous son épaisse peau violacée une pulpe fondante et sucrée. Enfin, la carambole se transforme en jolies étoiles jaune clair lorsqu’elle est découpée en tranches. Son goût est rafraîchissant, un peu comme celui de la jambose ; en forme de poire, sa chair, bien qu’à peine sucrée, est délicieusement juteuse et croquante.
Il va sans dire que les jus de fruits rentrent dans la composition d’une multitude de boissons, des jus bien sûr, mais aussi des fruits shakes, à base de fruits évidemment, mais aussi de sirop de sucre et de beaucoup de glace pilée. On passe le tout au mixer et on obtient un smoothie désaltérant. Sinon on retrouve d’autres mélanges, des thés glacés, comme le cha yen servi avec du lait concentré sucré et des glaçons. Bien sûr, le thé – noir – classique reste la boisson chaude la plus consommée en Thaïlande, bien que le café soit extrêmement populaire et on trouve sans difficulté d’excellents expresso ou cappuccino au coin de la rue. Côté boissons alcoolisées la bière coule évidemment à flots en Thaïlande, que ce soit chez les Thaïs ou les touristes étrangers. La Singha et la Chang sont de loin les plus communes. On retrouve également du vin – australien – souvent bien trop cher dans de nombreux restaurants un peu haut de gamme. Il existe également quelques boissons plus fortes, comme le mekhong, un alcool de canne à sucre, proche du rhum, produit en Thaïlande depuis 1914. Certains pourront trouver exotique de rapporter une bouteille de vin de riz, réputé aphrodisiaque, contenant un serpent ou un scorpion. Non seulement c’est d’un goût douteux, mais c’est bien souvent illégal, car beaucoup de reptiles qui finissent tristement ainsi sont des espèces menacées.
Entre marchés flottants et street food
Mais découvrir la cuisine thaïe c’est aussi plonger aux cœurs des innombrables marchés de rue qui débordent de fruits frais, d’épices aux couleurs vibrantes, de poissons, de viande et de condiments aux odeurs plus ou moins surprenantes. Les plus importants se situent évidemment à Bangkok comme le Khlong Toei près de la station de MRT du même nom considéré comme le plus grand marché de Thaïlande. Il est un incontournable pour tous les amateurs de street food notamment grâce à ses bas prix et son choix. Le marché Wang Lang lui se situe, dans le quartier de Thonburi, de l’autre côté du fleuve Chao Phraya. Dans ses allées longues et étroites, vous trouverez des restaurants occupant tous les espaces libres disponibles. Le marché de Bangkok – Chinatown (station de MRT - Hua Lamphong) est inratable. En effet, la Thaïlande possède l’une des plus grosses communautés chinoises d’Asie et c’est probablement le pays du monde où ils furent le mieux intégrés, ce qui ne fut pas forcément le cas dans les pays voisins comme l’Indonésie. Appelé Yaowarat par les Thaïlandais, le quartier de Chinatown de Bangkok date de 1782. Vous y verrez beaucoup de produits chinois évidemment, rares dans les autres marchés comme des champignons séchés, des fruits à coques, des dizaines de variétés de thé et bien plus encore. Assurez-vous de goûter au thé chinois local avant de découvrir quelques-uns des temples centenaires qui sillonnent le quartier. Le marché de Chatuchak est souvent considéré comme l’un des plus grands marchés de Thaïlande et sûrement le plus grand marché de week-end du monde. En effet, il n’est ouvert que du vendredi soir jusqu’au dimanche à 18h, accueillant plus 15 000 stands et près de 200 000 visiteurs chaque week-end.
Mais la Thaïlande c’est aussi les marchés flottants. La plupart se trouvent également dans la région de Bangkok. En effet le dense réseau de canaux et de rivières qui entourent le Chao Phraya a permis de créer ces marchés uniques au monde où les vendeurs glissent sur l’eau proposant toute sorte de denrées, parfois cuites à même leur barque. Situé dans la province de Ratchaburi, à une centaine de kilomètres de la capitale, le marché flottant de Damnoen Saduak est le plus grand de Thaïlande. Ouvert tous les jours de 6h30 à 11h environ, il propose aux visiteurs – Thaïs comme touristes étrangers – de nombreux produits, venant généralement de la campagne environnante. Si le marché flottant d’Amphawa n’est pas aussi vaste que Damnoen Saduak, il est plus authentique et accueille presque exclusivement des Thaïlandais. Inversement, il est ouvert en soirée, du vendredi au dimanche de 16h à 21h. Il se situe dans la province de Samut Songkhram, à environ 70 km de Bangkok. En raison de leur popularité, les étals de nourriture se sont étendus à partir des rives du fleuve jusqu’aux bâtiments environnants. Une autre activité populaire dans le district d’Amphawa consiste à prendre un bateau et à observer les lucioles voletant au-dessus de l’eau les nuits de pleine lune. Le marché flottant de Don Wai se tient dans le district de Sam Phran, au bord de la rivière Tha Chin à moins d’une vingtaine de kilomètres de la capitale. On retrouve également d’autres marchés flottants plus petits dans la proche banlieue de Bangkok, pour les plus pressés, comme les marchés flottants de Taling Chan et de Khlong Lat Mayom. Il existe quelques rares marchés de ce genre hors de Bangkok, comme celui de Khlong Hae, le seul marché flottant du sud de la Thaïlande. Situé dans le district de Hat Yai, à moins de 20 km de la frontière malaisienne, il est unique en son genre, mêlant harmonieusement les cultures bouddhiste thaïlandaise et musulmane.
Et si vous avez des doutes sur l’importance qu’a la street food dans la gastronomie thaïlandaise, il vous suffit de regarder les restaurants étoilés du pays. Pas moins de 23 établissements se sont vu décerner des étoiles, dont un restaurant de rue connu sous le nom du Raan Jay Fai, une gargote à première vue, avec ses chaises en plastique rangées sur le trottoir, face au grand wok où des omelettes farcies au crabe et autre tom kha kai garnie d’énormes crevettes, sont préparées à un rythme d’enfer par Supinya Junsuta, une ancienne couturière, qui du haut de ses 74 ans, est une véritable star de la street food thaïlandaise.